Agriculture en France

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Cette page vise à regrouper des informations sur le secteur agricole en France.

1 Conditions naturelles favorables[modifier | modifier le wikicode]

La France bénéficie d'une surface agricole utile importante (292 800 km2, soit environ 1/2 hectare par habitant) et d'une situation géographique et climatique favorable.

2 Politiques d'État[modifier | modifier le wikicode]

L'intensification de l'agriculture et l'exode rural a eu tendance à se répandre partout, mais avec des rythmes extrêmement différents. Elle touche d'abord les pays du centre capitaliste. Mais même parmi ces derniers, cette tendance a parfois été fortement freinée, notamment parce qu'elle rencontre de forts obstacles politiques, qui ont été particulièrement forts en France.

2.1 Protection de l'électorat paysan[modifier | modifier le wikicode]

Après une période de libre-échange avec l'Angleterre dans les années 1860, qui commence à stimuler l'intensification de l'agriculture française, un tournant protectionniste est opéré. La bourgeoisie française souhaitait préserver le tissu de petits paysans propriétaires hérité de la Révolution, lequel était un appui fondamental de l'État bourgeois. Son effondrement par un exode rural et une prolétarisation massive représentait un risque politique élevé. De plus, le total de l'épargne de la paysannerie était une somme importante pour le secteur bancaire français, qui aurait été mobilisé autrement si les paysans avaient été poussés à des investissements massifs pour tenir la concurrence. Le capitalisme français restait un capitalisme moins industrialisé que ses voisins anglo-saxons et plus tourné vers la finance.[1]

2.2 Accompagnement de la concentration[modifier | modifier le wikicode]

Pop-agricole-France.jpg

Après la Seconde guerre mondiale, la bourgeoisie française comprend que le secteur agricole va devoir se moderniser et se concentrer si elle veut rester dans la course à la compétitivité au plan international.

Cela a été coordonné au niveau de l'Union européenne par la Politique agricole commune (PAC).

L'État français se met alors à accompagner ce changement plutôt qu'à tenter de le freiner.

La surface moyenne d'une exploitation agricole est passée de 19 ha en 1970 à 56 ha en 2010.

De 2010 à 2020 le nombre d'exploitation a continué à baisser de 18%, pour atteindre 496 000. La surface moyenne est passée dans le même temps de 56 ha à 69 ha.

2.3 Réformes « écologiques »[modifier | modifier le wikicode]

Avec la montée des signaux d'alertes de crises environnementales, et la pression de l'opinion publique et des mouvements écologistes, les gouvernements ont été poussés à prendre de timides mesures allant dans le sens d'une « agriculture durable ». En France, l'agriculture est en 2019 la deuxième source d'émission des gaz à effet de serre, avec 19% du total national.

La principale tendance dans ce sens a été celle de mettre en avant une « agriculture raisonnée », décrite par exemple dans un décret de 2002.[2] Le Plan Ecophyto (2008), a fixé comme objectif la réduction de 50% des phytosanitaires en 10 ans, et le retrait du marché des substances les plus polluantes. Une diminution réelle a été mesurée. La consommation de pesticides en France est passée de 120 500 tonnes en 1999 à 63 700 en 2012. Les consommations de phosphore et de potasse ont baissé de 70% en 20 ans. Mais la France a encore importé 2,1 millions de tonnes d’engrais azotés en 2019-2020, essentiellement pour les grandes monocultures céréalières.[3]

Puis de plus en plus, l'État a affiché un soutien à l'agriculture biologique. Ainsi le plan Barnier de 2007 a affiché un objectif de développement du bio.[4] Encore en 2018, le plan Ambition bio vise à atteindre 15 % de surfaces bio en 2022.[5]

L'agriculture bio en France couvre en 2020 une surface agricole utile de 2,8 millions d'hectares (10%), avec 58 000 exploitations. Principalement en PACA et Occitanie. Les productions les plus cultivées en bio sont les plantes aromatiques, la vigne et les cultures fruitières. Les légumes et les céréales sont en retrait.

3 Main d’œuvre et conditions de travail[modifier | modifier le wikicode]

En 2019, en France, environ 400 000 personnes en emploi sont, dans leur emploi principal, agriculteurs exploitants, soit 1,5 % de l'emploi total.[6] En 1982, on comptait 1,6 million d'agriculteurs, soit 7,1 % de l'emploi total.

Le nombre d'ouvriers·ères agricoles (rattachés par l'Insee au groupe social des ouvriers), a lui aussi baissé, mais dans une moindre mesure : de 310 000 en 1982 à 250 000 en 2019. On est donc passé d'une proportion d'ouvrier·ères agricole de 16% à 38%.

Près des trois quarts des agriculteurs exploitants n'emploient aucun salarié : 69 % sont à leur compte sans avoir de salarié et 5 % sont des aides familiaux. Quand ils sont employeurs, les agriculteurs exploitants ont souvent peu de salariés : dans 53 % des cas, ils en ont un seul et dans 33 % des cas ils en ont entre 2 et 4 ; seuls 5 % ont au moins 10 salariés.

Le modèle de l'agriculture conjugale et familiale a beaucoup reculé. Les agriculteurs exploitants sont de plus en plus souvent des hommes (73% d'hommes en 2019 pour 61% en 1982 - alors que dans le même temps les femmes sont passées de 41% à 49% dans l'emploi total) et seulement 19% d'entre eux ont un ou une conjointe qui exerce le même métier qu'eux.

Les agriculteurs sont en moyenne moins diplômés que l'ensemble des personnes en emploi, mais leur qualification ne cesse d'augmenter avec le temps. La proportion d'agriculteurs de moins de 30 ans ayant le bac n'a jamais été aussi élevée.

La très grande majorité (88 %) travaillent le week-end. Ils ont un temps de travail en moyenne plus long que le reste de la population (55 heures / semaine en moyenne, et moins de congés d'où une durée annuelle effective supérieure de 65% à la moyenne).

Le phénomène de concentration des exploitations continue, en particulier au travers du fait que les conditions particulièrement difficiles pour les petits exploitants découragent les nouvelles générations. Chaque année beaucoup d'exploitations ne trouvent plus de repreneurs : 20 000 départs contre 14 000 nouvelles installations. Plus d'un agriculteur sur deux est âgé de 50 ans ou plus.

En parallèle, une proportion croissante des agriculteurs sont des entrepreneurs qui cumulent plusieurs fonctions sur plusieurs exploitations agricoles.

4 Syndicats agricoles[modifier | modifier le wikicode]

4.1 FNSEA[modifier | modifier le wikicode]

La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles est le principal syndicat agricole français, qui représente donc, de par leur poids économique, les plus gros agriculteurs capitalistes du pays. Créé en 1946, il regroupe 212 000 adhérents et 31 associations spécialisées.

4.2 Jeunes Agriculteurs[modifier | modifier le wikicode]

Ce syndicat créé en 1957 représente des agriculteurs de moins de 38 ans. Il essaie de contre-carrer le vieillissement de la population des agriculteurs·ices en incitant des jeunes à se lancer dans l'activité.

4.3 Modef[modifier | modifier le wikicode]

Le Mouvement de défense des exploitants familiaux a été créé en 1959. Il s'agit essentiellement d'un regroupement visant à augmenter le rapport des force des petits exploitants, face notamment à la pression à la concentration qui s'est renforcée suite au développement de la grande distribution.

4.4 Confédération paysanne[modifier | modifier le wikicode]

Créée en 1987, la Confédération paysanne est membre de l'organisation internationale Via Campesina. Elle regroupe des petits paysans autour d'une vision « anticapitaliste », entendu surtout comme une la critique de la pression qu'exerce le marché international pour la concentration et l'adoption de méthodes « productivistes » Elle soutient à l'inverse une « agriculture paysanne », reposant sur de nombreux petits paysans indépendants.

4.5 Coordination rurale[modifier | modifier le wikicode]

La Coordination rurale a été créée en 1992 suite à la réforme de la PAC, . Comme le Modef, elle exprime plutôt une voix des petits agriculteurs et un rejet des compromis faits par la FNSEA, mais sur une base plus réactionnaire, poujadiste, voire d'extrême droite.

4.6 MRJC[modifier | modifier le wikicode]

Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne est une association gérée et animée par des jeunes âgés de 13 à 30 ans, héritière de la Jeunesse agricole catholique (JAC) créée en 1929, en Lorraine et de la Jeunesse agricole catholique des femmes (JACF).

5 Chambres d'agriculture[modifier | modifier le wikicode]

En France, des « chambres d'agriculture » ont été mises en place en 1924. Ce sont des « organismes consulaires » à l'image des chambres de commerce.

Elles sont chargées de représenter l'ensemble des organisations impliquées dans l'agriculture : les exploitants agricoles aussi bien que les syndicats d'ouvriers agricoles, les petits paysans et les petits, les mutualités agricoles, les coopératives agricoles, le crédit agricole...

Elles sont donc dans une logique interclassiste et corporatiste, axée sur le « développement et la modernisation », c'est-à-dire avant tout la croissance de la production et de la productivité, avec peu de préoccupation sociale et environnementale.

6 Salon de l'agriculture[modifier | modifier le wikicode]

Depuis 1964, le Salon de l'agriculture regroupe à Paris sur une dizaine de jours un millier d'exposants venus de toute la France. C'est la plus grande foire de ce type en Europe.

7 Pratiques pseudo-scientifiques[modifier | modifier le wikicode]

Les chambres d'agriculture sont critiquées par les scientifiques pour leur perméabilité en ce qui concerne les pseudosciences, ce qui pose problème puisqu'elle sont financées par l'État. Elles dépensent et incitent à dépenser des quantités[7] d'argent non négligeables dans des formations à des pseudosciences comme la géobiologie, la radiesthésie ou encore des sourciers.

8 Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Michel Augé-Laribé, La Révolution agricole, 1955
  2. Décret n°2002-631 du 25 avril 2002 relatif à la qualification des exploitations agricoles au titre de l'agriculture raisonnée
  3. Carbone 4, La guerre, l’agriculture et le climat : les limites de notre système alimentaire, Avril 2022
  4. Déclaration de M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur le développement de la consommation de produits issus de l'agriculture biologique et sur les grandes lignes du plan d'action "Agriculture biologique : horizon 2012", Paris le 12 septembre 2007.
  5. Terre-net, Lancement du plan Ambition bio pour atteindre 15 % de surfaces bio en 2022, Juin 2018
  6. Les agriculteurs : de moins en moins nombreux et de plus en plus d'hommes - Insee Focus - 212, 23/10/2020
  7. G Milgram, L’État, noyauté par le bullsh*t (Enquête : suite et fin), sur Youtube, 18 octobre 2024