Troisième voie

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Logo d'un groupe nationaliste révolutionnaire fondé en 1930 en Allemagne (Gruppe Sozialrevolutionärer Nationalisten).

La notion de « troisième voie » a eu plusieurs utilisations en politique. (On parle aussi parfois de tercérisme).

Le plus souvent, il s'agit d'un discours confusionniste, voire fasciste, de rejet à la fois du capitalisme (un rejet verbal et hypocrite) et du socialisme.

1 Utilisations réactionnaires[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Christianisme social[modifier | modifier le wikicode]

Le terme serait né au 19e siècle, lorsque le pape Léon XIII appelle à une troisième voie entre capitalisme et socialisme, dans son encyclique Rerum Novarum.[1] Il s'agissait de définir une doctrine sociale de l'Eglise, pour enrayer la perte de vitesse du clergé associé à la réaction.

1.2 Fascisme[modifier | modifier le wikicode]

La notion de troisième voie a été développée par les nouveaux courants radicaux de l'extrême droite au 20e siècle, qui veulent un ancrage populaire contrairement aux vieux courants monarchistes et traditionalistes. Par exemple, le régime fasciste italien se voulait une troisième voie entre le capitalisme et le bolchévisme. L'internationalisme communiste était rejeté, au profit d'une voie nationale. Le « national-socialisme » en Allemagne incarnait aussi cette volonté.

Pendant la guerre froide, le courant «  nationaliste révolutionnaire » a proclamé la nécessité de créer une « troisième voie » entre le communisme soviétique et le capitalisme états-unien. Par exemple le Mouvement jeune révolution avait pour slogan « Ni droite ni gauche, en avant ! ».

Un mouvement politique français nationaliste révolutionnaire et solidariste a porté le nom Troisième Voie entre 1985 et 1991, puis de 2010 à 2013.

1.3 Gaullisme[modifier | modifier le wikicode]

En France, le gaullisme, qui dominait la droite, a été présenté comme une troisième voie entre les deux modèles antagonistes des grandes puissances[2],[3],[4],[5],[6]. On a même pu parler de gaullisme de gauche.

Au début des années 1970 en France, le Front national est le seul parti à se réclamer ouvertement de droite (ce qui provoque d'ailleurs des frictions avec les tendances tercéristes dans l'extrême droite), terme honteux depuis la Libération.[7]

1.4 Nationalismes tiers-mondistes[modifier | modifier le wikicode]

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi présentait ainsi sa propre doctrine, la troisième théorie universelle, comme la troisième voie entre communisme et capitalisme.

On peut également évoquer le baasisme.

1.5 Social-libéralisme[modifier | modifier le wikicode]

On a beaucoup de "Third Way" à propos du New Labour blairiste.

La notion de troisième voie a aussi été utilisé par des courants sociaux-démocrates se transformant en sociaux-libéraux, c'est-à-dire rejetant explicitant ce qu'il restait de références marxistes chez eux.

Cela a pu être utilisé par Bill Clinton (même si le Parti démocrate n'a jamais été un parti socialiste...), et surtout par Tony Blair à propos du New Labour de la fin des années 1990. A ce moment-là, des ouvrages cherchent à théoriser cette voie, comme ceux d'Anthony Giddens[8].

Le gouvernement de gauche plurielle dominé par Jospin à la même époque peut être vu comme proche dans la pratique, même si cela a été beaucoup moins assumé théoriquement par la gauche française.

Le président français Emmanuel Macron et son parti La République en marche se prétendent une incarnation de cette troisième voie, par leur rejet du clivage traditionnel gauche/droite et leur synthèse entre socialisme et libéralisme[9],[10],[11]. Son exercice du pouvoir, avec une incontestable et rapide dérive à droite, a clairement montré qu'il n'y avait rien de socialiste dans sa troisième voie.

2 Autres utilisations[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Socialisme anti-stalinien[modifier | modifier le wikicode]

Dans le contexte de la guerre froide, certains courants ont voulu rejeter le faux dilemme d'un « communisme » dictatorial et d'une démocratie libérale capitaliste.

Le régime de Tito en Yougoslavie se voulait une troisième voie entre le capitalisme occidental et le communisme soviétique.[12]

Dans les années 1960 en en Tchécoslovaquie, appartenant au bloc de l'Est, une volonté de réforme du régime apparaît. L'économiste tchèque Ota Šik formalise la notion de troisième voie, qui doit viser un socialisme à visage humain. La répression du Printemps de Prague en 1968 étouffera cette volonté. En exil, Šik théorisera l'idée d'une « démocratie économique humaine ».[13]

Au sein du PC italien, Enrico Berlinguer proposait dans les années 1970 une « troisième voie » entre la social-démocratie et le socialisme soviétique[14].

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Third Way Debate Summary
  2. Redaction, « Le gaullisme, une troisième voie sur tous les domaines – Gaulhore » (consulté le 15 janvier 2021).
  3. « De Gaulle : la participation, une timide troisième voie », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  4. « Le gaullisme social : le rendez-vous manqué de la droite française ? », sur SudOuest.fr (consulté le 15 janvier 2021)
  5. « Charles De Gaulle, paroles publiques - Plaidoyer pour l'"association" dans les entreprises - Ina.fr », sur Charles de gaulle - paroles publiques (consulté le 15 janvier 2021)
  6. « Ni socialisme d'Etat, ni ultra-libéralisme : si on essayait le gaullisme ? », sur LEFIGARO (consulté le 15 janvier 2021)
  7. Nicolas Lebourg, Aux racines du FN : l'histoire du mouvement Ordre Nouveau, Fondation Jean Jaurès,‎ 2014
  8. The Third Way. The Renewal of Social Democracy (1998), The Third Way and Its Critics and The Global Third Way Debate (2000)
  9. « Macron, la troisième voie », sur Le Monde, (consulté le 5 janvier 2017)
  10. « "Révolution" : la troisième voie d'Emmanuel Macron », sur Le Point, (consulté le 5 janvier 2017)
  11. « Rocard, Blair, Clinton... Macron dans l'histoire de la "Troisième voie" », sur France Culture, (consulté le 5 janvier 2017)
  12. (en) Jacobin, « La vie et la mort du socialisme yougoslave »,
  13. Der dritte Weg paru à Hambourg en 1972 (třetí cesta trad. La troisième voie, Paris : Gallimard, 1974).
  14. « Enrico Berlinguer, la volonté de rénover le communisme », sur L'Humanité,