Parti mondial

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Affiche1erMaiURSS.jpg

Les communistes voulaient construire un parti mondial de la révolution avec la Troisième internationale (ou Internationale communiste). La notion de parti mondial est donc un synonyme d'une internationale ouvrière. Néanmoins, cette notion renvoie à des questions organisationnelles : comment sont structurées les sections ? à quel niveau se situe le centralisme ?

1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Émigrations républicaines[modifier | modifier le wikicode]

Dans les deux premiers tiers du 19e siècle, il existaient de nombreux exilés républicains un peu partout en Europe, qui formaient des sociétés (publiques ou secrètes) internationales. C'était dû à leur condition d'éclatement, mais aussi à l'aspect unifiant de leur revendication commune de la république, certains radicaux envisageant même des républiques à l'échelle européenne (États-Unis d'Europe). Ces milieux, dominés par des républicains bourgeois, ont influencé les premiers socialistes, qui ont récupéré les militants les plus sincères et les plus internationalistes à mesure que les organisations républicaines internationales déclinaient parce que devenant des acquis et du fait de la montée des nationalismes.

1.2 Ligue des communistes[modifier | modifier le wikicode]

La Ligue des communistes (1847-1852) fut la première organisation internationale dont les idées peuvent être considérées comme « marxistes ». Elle avait des membres principalement en Allemagne et parmi l'émigration allemande à Paris, à Londres et en Suisse.

Chaque section de district, quel que soit son pays, correspondait directement avec le Conseil central.

En 1850, dans un contexte de fortes tensions internes, un débat eut lieu entre Marx, qui voulait maintenir une organisation centralisée au niveau international, et Schapper, qui voulait créer à Cologne un centre spécifique pour toute l'Allemagne.

En avril 1850, Marx et Engels, ainsi que deux blanquistes français et un chartiste britannique proclament une éphémère Société Universelle des Communistes Révolutionnaires qui se veut radicalement internationaliste :

« l'association formera des liens de solidarité entre toutes les fractions du parti communiste révolutionnaire en faisant disparaître conformément au principe de la fraternité les divisions de nationalité. »[1]

1.3 Première internationale[modifier | modifier le wikicode]

L'Association internationale des travailleurs est fondée à Londres en 1864. Son Conseil général est largement animé par Marx, mais celui-ci était attaché à ce qu'elle soit une organisation de l'ensemble du mouvement ouvrier, si bien qu'elle comprenait de nombreux courants (proudhoniens, bakouninistes...). Elle subit une scission et disparaît après la répression de la Commune de Paris (1871).

1.4 Deuxième internationale[modifier | modifier le wikicode]

Vers la fin du 19e siècle, la plupart des pays en Europe atteignent une unification nationale, et des mouvements socialistes se développent à l'intérieur de chaque pays, même si ces mouvements se revendiquent internationalistes.

L'Internationale ouvrière est fondée à Paris en 1889, avec le puissant parti social-démocrate allemand comme modèle. L'Internationale ouvrière était assez peu centralisée, et de fait moins que la première. Les congrès réunissaient des délégués de différents pays, qui adoptaient des déclarations de principes qui pouvaient avoir une influence morale mais qui n'avaient pas de pouvoir de décision sur les partis membres.

Engels semblait considérer qu'il n'y avait pas besoin de plus de centralisme international, parce qu'il était confiant dans l'avenir du socialisme. Il déclare au 3e congrès : « L'association lâche, le lien volontaire que favorisent les congrès, suffisent à nous faire remporter la victoire qu'aucune puissance au monde ne pourra plus nous arracher. »[2]

En France, le parti socialiste affilié à la Deuxième internationale était la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Ce nom fut délibérément choisi pour afficher une appartenance internationale.

1.5 Troisième internationale[modifier | modifier le wikicode]

L'Internationale communiste, initiée en 1919 en rupture avec le réformisme de l'Internationale socialiste, s'est construire autour du rôle moteur du Parti bolchévik après la révolution de 1917. Le tout premier appel à la fondation de cette 3e internationale fixait comme objectif la « création d'un organisme de combat chargé de coordonner et de diriger le mouvement de l'Internationale communiste et de réaliser la subordination des intérêts du mouvement des divers pays aux intérêts généraux de la Révolution internationale. »

En France, la scission (majoritaire) de la SFIO se nomme Section française de l'Internationale communiste (SFIC).

Ce mouvement vers le centralisme n'était pas une lubie des bolchéviks imposée à des révolutionnaires suivistes dans le reste du monde. Il avait sa source dans un profond rejet de la trahison des principes de l'internationalisme socialiste par les dirigeants des principaux partis. Une opposition caricaturale est parfois dressée entre un Lénine avant-gardiste et une Rosa Luxemburg spontanéiste, mais celle-ci a défendu dès 1916 qu'il fallait allait vers une nouvelle Internationale beaucoup plus centralisée :

3. C’est dans l’Internationale que réside le centre de gravité de l’organisation de classe du prolétariat. C’est elle qui décide en temps de paix de la tactique des sections nationales en ce qui concerne les questions du militarisme, de la politique coloniale, de la politique commerciale, de la fête du premier mai et de toute tactique à suivre en cas de guerre.

4. Le devoir d’exécuter les décisions de l’Internationale passe avant tous les autres devoirs des organisations. Les sections nationales qui s’opposent à ses décisions s’excluent d’elles-mêmes de l’Internationale.[3]

1.6 Quatrième internationale[modifier | modifier le wikicode]

Lors de la fondation de la Quatrième internationale, Trotski a voulu reproduire le modèle de l'Internationale communiste des origines.

Suite à de nombreuses scissions, plusieurs organisations internationales se réclament de la Quatrième internationale. Celles-ci ont des physionomies différentes et ont des fonctionnements différents (plus ou moins de centralisme...).

Aujourd'hui, il existe très peu de débat entre ces différentes organisations.

2 Débats[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Centralisme démocratique[modifier | modifier le wikicode]

A propos du centralisme et du risque bureaucratique, Ernest Mandel écrivait :

« Mais de même que nous n'accepterons jamais d'identifier communisme, léninisme d'une part, et stalinisme d'autre part, dictature du prolétariat d'une part et dictature de la bureaucratie d'autre part, de même nous ne devons pas accepter l'identification entre le centralisme démocratique international d'une part, c'est-à-dire la nécessité d'une discipline internationale sur les questions internationales après débat démocratique, la nécessité d'une action commune de l'avant-garde prolétarienne contre le capital international et la bureaucratie, et, d'autre part, l'idée d'un « centre unique » bureaucratique qui aurait le droit de bouleverser comme bon lui semble la composition de directions nationales et d'imposer à des partis des tactiques nationales non acceptées par la majorité de leurs membres. »[4]

2.2 Construire l'internationale simultanément ou par étapes ?[modifier | modifier le wikicode]

Les trotskystes sont d'accord sur la nécessité de construire des partis révolutionnaires et une internationale révolutionnaire.

Mais certains privilégient davantage la construction de leur parti national, remettant plus ou moins à une étape ultérieure la construction d'une réelle internationale. Ils estiment souvent qu'il est de peu d'intérêt de se lier à des petits groupes d'autres pays si cela ne peut qu'être une internationale verbale.

Par exemple Ernest Mandel critiquait ce qu'il appelait le "national-trotskysme" de Lutte ouvrière :

« Ceux qui nous disent, comme les camarades de Lutte ouvrière, que l'on ne peut pas construire une véritable Internationale sans une direction qui aurait déjà gagné une autorité politique, se jettent un brûlot entre leurs propres jambes. La direction nationale de LO a-t-elle fait la révolution prolétarienne ? A-t-elle gagné une autorité politique au sein du prolétariat français, grâce à son rôle dans la lutte des classes ? Comment peut-elle alors imposer son autorité, sa discipline aux cellules et aux régions de sa propre organisation ? »[4]

2.3 Construire l'internationale par croissance ou fusion ?[modifier | modifier le wikicode]

On peut opposer schématiquement deux logiques : faire croître une internationale à partir d'un noyau existant, ou chercher à fusionner plusieurs noyaux existants.

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

Pourquoi une Internationale ?, Brochure de la LCR de 1982

  1. Statuts de la Société Universelle des Communistes Révolutionnaires, avril 1850
  2. Friedrich Engels, Closing Speech at the International Socialist Workers' Congress in Zurich, 12 August 1893
  3. Rosa Luxemburg, Soit l'un ... soit l'autre, Spartacus, avril 1916
  4. 4,0 et 4,1 Ernest Mandel, Actualité du trotskisme, Critique Communiste, novembre 1978.