Municipalisme
Le municipalisme, ou communalisme, est une tendance politique mettant en avant l'importance de l'échelle communale. Ce sont souvent des courants pro-démocratie qui mettent en avant le municipalisme, avec l'idée que l'échelon local est plus facile à s'approprier pour les citoyens·es. Mais il existe toutes sortes de tendances (dont le socialisme municipal). Et à l'inverse, le socialisme au sens large est traversé de désaccords sur le municipalisme.
1 Héritage de traditions bourgeoises[modifier | modifier le wikicode]
Il est plus facile de se réunir fréquemment pour délibérer à l'échelle d'une ville qu'à l'échelle de grands territoires ruraux. C'est pourquoi des traditions démocratiques sont apparues dès l'Antiquité dans les villes (en Grèce antique notamment), tout en maintenant les rapports de classe (esclavage notamment).
Durant le Moyen-Âge européen également, les habitants des bourgs (bourgeois) continuent à lutter pour l'affranchissement de leurs villes (villes franches, bastides), par rapport aux nobles et à la royauté. Il y a donc un certain héritage de traditions démocratiques communales.
Cependant, avec plus ou moins de radicalité selon les pays, l'essor du capitalisme s'est accompagné d'un passage à l'échelon national : les marchés se sont unifiés à cette échelle, et les superstructures s'y sont adaptées (idéologies nationalistes, régulations économiques à l'échelle nationale...).
2 Municipalisme socialiste et communiste[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Essor du socialisme[modifier | modifier le wikicode]
Le socialisme municipal est né à la fin du 19e siècle, avec l'essor du mouvement socialiste. A ses origines le mouvement socialiste, faible, a évidemment été confronté à la question du pouvoir local avant celle du pouvoir central. Même ceux qui imaginent la révolution internationale se structurent en fait surtout à l'échelle de leurs premières audiences, celles du bassin local d'emploi (l'industrie locale).
Par ailleurs à cette époque la situation objective accentue le clivage villes-campagnes. En France par exemple, par trois fois, (1789/1799, 1848, 1870) la « République sociale » a été refusée aux ouvriers des villes qui la réclamaient, non seulement par la bourgeoisie mais par la majorité rurale, plus conservatrice.
2.2 Communalisme insurrectionnel de 1870-1871[modifier | modifier le wikicode]
En 1870-1871, lorsque le Second Empire s'écroule, une vague « d'insurrections communalistes » secoua la France : Commune de Lyon (1870), Commune de Marseille, Commune de Saint-Étienne, Commune de Paris (1871)...
Les anarchistes revendiquent ce mouvement comme un mouvement anarchiste, notamment du fait de l'aspect fédéral, « anti-autoritaire ». Cependant les communards appelaient les autres villes à s'organiser de façon communalistes, pour qu'elles puissent ensuite se « fédérer ». Au nom de la Première internationale, Karl Marx soutenait lui aussi totalement ces objectifs.
2.3 Socialisme municipal[modifier | modifier le wikicode]
Beaucoup vont alors tenter de prendre des mesures sociales locales pour améliorer la vie de la classe ouvrière (régies publiques, logements sociaux...). En parallèle vont aussi se développer des illusions réformistes sur la possibilité de changer graduellement le système ville par ville.
En France, la première vague du socialisme municipal s'inscrit entre 1888 et 1914/1918 par une élaboration doctrinale et une conquête du pouvoir d'abord désordonnée dans des cités ouvrières, puis, avec unité avec la SFIO de Jaurès. A partir des années 1920-1930, les élus municipaux socialistes ont constitué des viviers de cadres pour le socialisme de gouvernement (sous le Front populaire et après). Dans l'après-guerre, les communistes vont aussi conquérir de nombreuses mairies, et le « communisme municipal » va connaître une évolution similaire à celle du socialisme municipal.
2.4 Municipalisme libertaire[modifier | modifier le wikicode]
Les courants anarchistes ont historiquement beaucoup mis en avant la question communale.
Des anarchistes du 19e siècle comme Pierre Kropotkine ont théorisé le « communalisme », opposant les villes aux États.
Le municipalisme libertaire est théorisé à nouveau dans les années 1970 par Murray Boockchin.
Plus récemment la Commune d'Oaxaca (révolte de Oaxaca) en 2006.
3 Autres sens[modifier | modifier le wikicode]
3.1 Intermunicipalisme[modifier | modifier le wikicode]
L'intermunicipalisme (ou municipalisme institutionnel) est un courant qui vise à renforcer le pouvoir des Villes en réalisant des alliances entre elles.
Cette idée émerge au début du 20e siècle en Belgique, au Pays-Bas et en France à travers la mise en place de réseaux d'échanges au-delà des États. Une Union internationale des Villes (UIV) est créée en 1913 à Gand par les militants pacifistes Paul Otlet et Emile Vinck, puis, après la seconde guerre mondiale, la fédération mondiale des citées unies (FMCU). Le courant inter-municipaliste sera unifié en 2004 à travers Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU) qui a son siège à Barcelone.[1]
Aujourd'hui c'est une tendance largement réalisée dans les différentes intercommunalités, mais aussi vidée de toute substance politique revendicative. La motivation est essentiellement de rechercher des économies d'échelle pour améliorer les finances publiques.
3.2 Histoire et anthropologie[modifier | modifier le wikicode]
Le Kommunalismus est un terme utilisé par l'historien allemand Peter Blickle pour définir une forme de gouvernement représentatif en Europe avant 1800. Le concept est principalement basé sur l'Allemagne du Saint-Empire romain où il décrit l'institutionnalisation communale répandue dans les villages et les villes entre le 14e siècle et le 16e siècle[2].
En anthropologie, le terme a été utilisé dans l'analyse de la société et de la politique en Inde. En général, il se réfère aux politiques locales liées aux communautés religieuses ou aux castes, par opposition aux autres formes d'organisations sociales comme la nation ou l'État.
4 Notes[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Didier Fradin et Magali Fricaudet, Commons Camp, Qu’est ce que le municipalisme ?
- ↑ (nl) J.F.A. Wassink, Van stad en buitenie : Een institutionele studie van rechtspraak en bestuur in Weert 1568-1795, Uitgeverij Verloren, 2005, [lire en ligne].