Sujet révolutionnaire

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Le terme de sujet révolutionnaire désigne dans les débats marxistes l'acteur capable de réaliser la révolution socialiste. Pour Marx et l'immense majorité des marxistes, le sujet révolutionnaire est le prolétariat. La révolution socialiste est une révolution prolétarienne. On parle de « centralité de la classe ouvrière ».

1 Le prolétariat[modifier | modifier le wikicode]

Pour les marxistes, le prolétariat mène des luttes progressistes de résistance sous le capitalisme (luttes syndicales, luttes contre la répression...) - c'est donc une classe progressiste - et plus largement, il est capable d'acquérir une conscience communiste révolutionnaire :

  • Puisqu’il fait tourner la société en produisant toutes les richesses.
  • Puisqu’il constitue la grande majorité de la population.
  • Puisqu’il est concentré dans les villes ou dans une entreprise et que donc il est lié, qu’il discute de ses problèmes et se rend compte qu’il a les mêmes que ses collègues : il a par conséquent la capacité de s’organiser.

C'est cette notion centrale que Marx exprimait dans le Manifeste communiste :

« Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle.  »[1]

Que le prolétariat soit le sujet révolutionnaire ne signifie pas qu'il est une "classe révolutionnaire" en tout temps. Pour Lénine, le prolétariat, en période de fonctionnement "normal" du capitalisme, a une conscience "syndicaliste" (trade-unioniste).

2 Autres sujets révolutionnaires[modifier | modifier le wikicode]

Régulièrement, certains marxistes ont remis en cause l'idée que le prolétariat serait le sujet révolutionnaire, ou qu'il serait le seul sujet révolutionnaire. Ils ont pu parler à ce propos d'ouvriérisme.

Par exemple, les réformistes ont souvent proposé des révisions du marxisme élargissant la théorie jusqu'à la petite-bourgeoisie, pour justifier le poids croissant de celle-ci dans les partis ouvriers bureaucratisés.

D'autres ont centré leur stratégie sur la paysannerie, comme les narodniks ou les maoïstes.

Pour le dirigeant trotskiste Ernest Mandel :

« L’une des thèses fondamentales de Marx (...) c’est que seule la classe ouvrière acquiert par sa place dans la production capitaliste et dans la société bourgeoise les « qualités positives », c’est-à-dire la capacité d’une auto-organisation massive, de solidarité et de coopération sur grande échelle, qui sont les pré-conditions d’une solution socialiste à la crise de l’humanité. (...) D’autres classes ou couches sociales ont certainement un énorme potentiel révolutionnaire anticapitaliste (anti-impérialiste) « négatif », par exemple la paysannerie pauvre des pays sous-développés. Mais l’histoire a prouvé encore et toujours qu’elles n’ont pas le potentiel « positif » pour l’organisation socialiste consciente. »[2]

3 Dans la révolution bourgeoise ?[modifier | modifier le wikicode]

La question du sujet révolutionnaire dans une révolution bourgeoise doit a priori être différenciée de la question du sujet révolutionnaire dans une révolution prolétarienne. Cependant, la réponse intuitive qui serait « le sujet révolutionnaire de la révolution bourgeoise est la bourgeoisie » n'est pas satisfaisante, pour la bonne et simple raison que la bourgeoisie est une classe nettement minoritaire.

Ainsi pour les marxistes, les révolution bourgeoises « classiques » comme la révolution française ou la révolution anglaise, sont des révolutions dirigées par la bourgeoisie s'appuyant sur la paysannerie comme bélier, mais souvent contre des secteurs de la grande bourgeoisie qui sont trop conservateurs.

En revanche, pour les révolutions bourgeoises tardives, la situation s'est avérée très différente. Dès la révolution de 1848 en Allemagne, Marx et Engels avaient constaté que la bourgeoisie était trop lâche pour prendre la direction d'un mouvement révolutionnaire largement composé d'ouvriers. Ainsi au début du 20e siècle, dans une Russie encore largement féodale, la classe ouvrière était nettement développée, et c'était la classe la plus révolutionnaire, ce qui effrayait la bourgeoisie. Les marxistes étaient alors partagés entre une aile qui voulait freiner la combativité ouvrière pour laisser la bourgeoisie faire la révolution, et une aile (bolchéviks) qui voulait au contraire la pousser au maximum en avant, assumant que la révolution, bien que bourgeoise dans ses tâches, aurait la forme d'un gouvernement ouvrier et paysan. Trotski a radicalisé et généralisé cette orientation, dans sa théorie de la révolution permanente.

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Marx et Engels, Le manifeste du Parti communiste, 1847
  2. Ernest Mandel, Marx, la crise actuelle et l’avenir du travail humain, Revue Quatrième Internationale n°20, mai 1986