August Bebel

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August Bebel

Ferdinand August Bebel (1840-1913), est un artisan allemand et un autodidacte, devenu une figure majeure de la social-démocratie, et le dirigeant du plus important parti d'Allemagne, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Il était connu pour ses talents d'orateur.

1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Premières années[modifier | modifier le wikicode]

Ferdinand August Bebel naît dans un barraquement militaire à Deutz (près de Cologne) le 22 février 1840. Il était fils d'un sous-officier prussien/polonais.[1] Devenue veuve, sa mère retourna dans sa famille à Wetzlar.

August Bebel apprit à Leipzig le métier de tourneur en compagnonnage. Comme beaucoup de travailleurs allemands à l'époque, Bebel dut voyager beaucoup pour son travail, et cela lui donna une bonne connaissance de la condition ouvrière.

A Salzbourg, où il passe quelques temps, il rejoint un groupe ouvrier catholique. En 1859, dans le Tyrol, il se porte volontaire pour la guerre contre l'Italie mais il est rejeté pour mauvaise condition physique.

Il fonda une entreprise artisanale de tournage à Leipzig en 1860. Il participa aux associations des compagnons et travailla pour l'éducation des ouvriers.

Initialement opposé au socialisme, Bebel est gagné aux idées socialistes, notamment par la lecture de pamphlets de Lassalle, qui popularise les idées de Karl Marx. En 1865, il rencontre Wilhelm Liebknecht qui le convainc définitivement de se dédier à la cause socialiste, en adhérant à la Fédération des associations ouvrières allemandes (VDAV).

1.2 Carrière politique[modifier | modifier le wikicode]

Après la mort de Lassalle (1864), Bebel fait partie des socialistes qui refusent de suivre von Schweitzer, le nouveau leader de l'ADAV, qui coopère avec Bismarck. En 1867, avec Wilhelm Liebknecht, il fonde le Sächsische Volkspartei (Parti populaire saxon). Il adhère, comme Wilhelm Liebknecht, à l'Association internationale des travailleurs (AIT).

La même année 1867, il est élu au Reichstag de la Confédération de l'Allemagne du Nord en Saxe. C'est alors le premier député ouvrier dans un parlement bourgeois. Il y restera jusqu'à sa mort, sauf en 1881-83 (soit 43 ans de mandat de député).

En août 1869, Bebel et Liebknecht fondent à Eisenach le SDAP (Sozialdemokratische Arbeiterpartei, Parti social-démocrate d'Allemagne des travailleurs), connu sous le nom de « parti d'Eisenach ».

En 1868, Bebel entre en relations avec l'équipe du journal Volksstaat (Leipzig). Il sera emprisonné plusieurs fois comme agitateur socialiste à partir de 1869. Il passera au total 5 années en prison.

En 1870, Bebel et Liebknecht refusent de voter les crédits de guerre contre la France. En 1871, Bebel est le seul socialiste au parlement, et il proteste contre l'annexion de l'Alsace-Lorraine, et exprime sa sympathie à la Commune de Paris. Bismarck dira que ce discours fut un « rayon de lumière » qui lui fit comprendre que le socialisme était l'ennemi à abattre. Bebel est alors accusé de haute trahison sur le faux prétexte d'avoir prévu de libérer des prisonniers français pour attaquer l'armée allemande dans le dos. Mais faute de preuve, il n'est pas condamné. D'autres charges sont alors invoquées en 1872 (prêche de doctrines dangereuses et complot contre l'Etat). Bebel et Liebknecht sont alors emprisonnés pendant deux ans dans la forteresse de Königstein. Bebel fera également 9 mois supplémentaires en prison ordinaire pour insultes envers l'Empereur. Cette répression donna un certain prestige à Bebel dans le grand public.

En 1874, Bebel fonde une petite usine de boutons avec un partenaire, qu'il abandonnera en 1889 pour se consacrer entièrement à la politique.

Le SDAP « marxiste » fusionne en 1875 avec l'ADAV (« lassallien ») pour former le SAP (Sozialistische Arbeiterpartei, Parti ouvrier socialiste), qui deviendra en 1890 le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD).

Bebel est l'auteur de La Femme et le socialisme (1883), où il argumente en faveur de l'égalité des sexes, et choque en critiquant radicalement l'institution du mariage. Cet ouvrage féministe de Bebel fut traduit dans plusieurs langues, par exemple en anglais en 1904 par Daniel DeLeon, ce qui entraînera une critique[2] de l'Irlandais James Connolly qui y voyait un livre « lubrique » qui ferait fuir les sympathisants socialistes. Dans sa préface, DeLeon prend même ses distances avec Bebel sur ce point, affirmant que la monogamie est la plus désirable des formes d'organisation.

Bebel utilisa aussi son temps d'emprisonnement pour des études intensives comme l'histoire des États islamiques. En 1884, il publia Die mohammedanisch-arabische Kulturperiode, un plaidoyer pour le dialogue des cultures.

Vers 1890-1891, Bebel est critiqué sur sa gauche et sur sa droite. Tandis que les jeunes socialistes de Berlin refusent l'action parlementaire, les partisans de Volmar qui avançaient une vision gradualiste du passage au socialisme. En sortant vainqueur de ces critiques, Bebel affirme son image de porte-parole de la ligne marxiste juste. En 1891 il est en relations avec l'équipe du Vorwärts (Berlin).

En 1893, il est élu député SPD de la ville de Strasbourg au Reichstag. ll la représentera jusqu'en 1898.

Après la mort de Wilhelm Liebknecht en 1900, il devint président du SPD. Se déclarant révolutionnaire, il se situait au centre du Parti, entre la gauche (Rosa Luxemburg) et les réformistes (Eduard Bernstein).

Bebel faisait campagne contre les violences des officiers sur leurs soldats.

En 1900, Bebel dénonce devant le Reichstag la répression de la révolte des Boxers :

« Non, il ne s'agit de pas de croisade, de guerre sainte; mais d'une très ordinaire guerre de conquête... On a n'a jamais vu de campagne de vengeance aussi barbare dans les siècles derniers, et pas souvent dans l'histoire... pas même avec les Huns, pas même avec les Vandales... C'est sans comparaison avec ce que les troupes allemandes et d'autres puissances étrangères, ainsi que les troupes japonaises, ont fait en Chine... »

Bebel a aussi fermement condamné les massacres des peuples Herero et Nama dans les colonies africaines allemandes (1904). Plus généralement il combattra les théories sur la hiérarchie et la pureté des races, notamment dans le contexte des élections de 1907.[3]

En 1911 a lieu un vote pour élire le co-président du parti aux côtés de Bebel. Friedrich Ebert, qui représente l'aile droite du parti, se présente contre Hugo Haase, proche de Bebel. Il est battu de peu.

Bebel est cependant de plus en plus droitier. Dès 1907 il a des accents chauvins :

« Si nous devions vraiment défendre une fois la patrie, nous la défendrions alors parce que c’est notre patrie (…), parce que nous voulons faire de notre patrie un pays qui n’aurait nulle part dans le monde rien de semblable ».

Certains considèrent dès cette époque que « le Bebel d'aujourd'hui » est plus opportuniste qu'avant. C'est ce qui disait par exemple Lounatcharski, ce que dément Lénine.[4]

Au congrès d'Iéna de 1911, il demande à Trotski (qui était alors en exil en Europe) de renoncer à faire un discours dénonçant le tsar pour éviter d’attirer des ennuis…[5]

1.3 Décès[modifier | modifier le wikicode]

August Bebel décède à 73 ans, le 13 août 1913 d'une crise cardiaque lors d'une visite dans un sanatorium à Passugg (Suisse). Il est enterré à Zürich.[6]

Peu après, le 20 septembre, Friedrich Ebert est élu co-président du parti avec Hugo Haase, avec 433 voix sur 473.

2 Postérité et hommages[modifier | modifier le wikicode]

La célèbre citation « L'antisémitisme est le socialisme des imbéciles » est fréquemment attribuée à Bebel, mais vient probablement du social-démocrate autrichien Ferdinand Kronawetter. Elle était souvent utilisée parmi les social-démocrates allemands dans les années 1890.[7]

Lorsque le journal socialiste new-yorkais The Forward érige son nouveau siège en 1912, il est orné de bas-reliefs figurant Marx, Engels, Lassalle et Bebel.

Lénine rend hommage à Bebel lors de sa mort.[8]

Angelica Balabanova écrit dans ses mémoires :

« Il avait été, avec Wilhelm Liebknecht, l’artisan de la Social-Démocratie allemande, et depuis la mort de celui-ci, il en était devenu le chef incontesté. En 1907, il n’y avait pas d’homme plus influent en Europe. (...) Aucun homme dans le mouvement révolutionnaire ouvrier d’avant-guerre ne bénéficia d’un tel prestige ni d’une telle popularité auprès des travailleurs du monde entier ; mais l’admira­tion que l’on vouait à Bebel n’avait rien à voir avec la prosternation hystérique qui caractérise aujourd’hui le culte du « chef bien-aimé ». C’était le produit d’un attachement, d’un enthousiasme et d’une amitié sincères qui ne firent jamais perdre à Bebel sa simplicité et sa modestie naturelles. »[9]

L'ancienne place Opernplatz de Berlin, où eut lieu l'autodafé nazi de 1933, fut renommée Bebelplatz en 1947 sous la RDA.

3 Ses écrits[modifier | modifier le wikicode]

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1891 La femme et le socialisme
1895 May Day in Germany
1897 Entretien avec J. Huret
1898

On Homosexuality and the Penal Code

Assassinations and Socialism
1899 The Darwinian Theory and Socialism
1902 The Situation in Germany
1903 Features of the Electoral Battle
Clericalism and the Socialist Attitude Thereto
1904 Discours au congrès socialiste international d'Amsterdam
1905 For Union and Unity
Socialism and Internationalism
Socialism and the General Strike in Germany
Socialism and the Student
1907 England and Germany
1908 A Justification of Our Position
An Explanation
1911 Reminiscences / Souvenirs sur ma vie

4 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Rines, George Edwin, ed. (1920).
  2. The Connolly-DeLeon Controversy, On Wages, Marriage and the Church, 1904
  3. Andrew Deas, Germany's Introspective Wars. Colonial and Domestic Conflict in the German Press. Discourse on Race. 1904–1907 (April 2009)
  4. Lénine, Préface à la brochure de Voinov (A. Lounatcharski) sur l'attitude du parti à l'égard des syndicats, novembre 1907
  5. Léon Trotski, Ma vie, 16. Deuxième émigration - le socialisme allemand, 1930
  6. Carola Stern, Willy Brandt, p. 7, Rowohlt Taschenbuch Verlag, 2009
  7. Richard J. Evans, The Coming of the Third Reich (Penguin Group, 2005: ISBN 0-14-303469-3), p. 496.
  8. Lénine, August Bebel, Severnaya Pravda No. 6, 8 août 1913
  9. Angelica Balabanova, Ma vie de rebelle, 1981