III. Le document européen et la section française

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La camarade Mary Alice Waters a montré les graves erreurs de méthode et d'orientation du document européen de la majorité. Bien que nous ne soyons pas spécialistes de l'Europe et que l'opinion des camarades européens nous semble indispensable, ce document nous pose toute une série de questions qu'il nous parait nécessaire d'exprimer. C'est l'objectif de ce chapitre. Il en résulte que les questions que nous formulons seront plus nombreuses que les réponses catégoriques que nous pouvons apporter. Ainsi posées, sans plus de prétention, ces questions peuvent aider à expliquer pourquoi nous considérons que le document européen est, pour le moins, inapte à armer nos sections européennes pour le développement de leur activité.

1. L'Europe occidentale est-elle devenue une île ?[modifier le wikicode]

Le document européen de la majorité ne pêche pas par faute d'audace dans les analyses ou de timidité dans les perspectives qu'il prévoit, quand il affirme que nos sections doivent se préparer pour :

« La révolution socialiste est de nouveau à l'ordre du jour... d'un point de vue conjoncturel » et exige de "préparer le prolétariat européen à s'opposer massivement à toute tentative d'intervention contre-révolutionnaire internationale contre une première révolution socialiste dans un seul pays d'Europe capitaliste, préparation qui doit se faire à l'avance et d'une manière systématique à mesure que le prolétariat renoue avec ses traditions internationalistes. » ("La construction des partis révolutionnaires en Europe capitaliste", BII n°4, p.5 et 48). Cette formule éthérée synthétise une bonne partie de la pensée des camarades de la majorité et, placée dans le contexte du document, nous oblige à poser cinq questions que nous considérons importantes.

1ère question : Qui va diriger la révolution socialiste en Europe capitaliste ?[modifier le wikicode]

Le document de la majorité affirme que « la révolution socialiste est de nouveau à l'ordre du jour... d'un point de vue conjoncturel » et de plus se donne une politique pour « une première révolution socialiste dans un seul pays d'Europe ». La première question qui nous vient est : qui va diriger cette « première révolution socialiste » ? Elle a une seule réponse trotskiste : en principe, cette victoire de la révolution socialiste dans un pays, seul un parti trotskiste ayant gagné une influence de masse peut la garantir.

Mais le document affirme que la perspective de construction de partis trotskiste de masse est exclue à cette étape de la lutte de classe en Europe. On ne peut donc en déduire qu'une seule chose: pour les camarades de la majorité, il existe des possibilités que le prolétariat prenne le pouvoir dans un pays d'Europe sans être conduit par nous. Cela reviendrait à dire que nous devons réviser toute notre analyse et tout notre programme.

Si ce n'est pas le cas, si les camarades pensent que nous pouvons construire dans un pays d'Europe un parti trotskiste de masse qui dirige le prolétariat vers « une première révolution socialiste », nous sommes en présence d'une seconde contradiction : la simple existence d'un tel parti signifierait un changement d'ensemble pour toute notre Internationale, puisque cela montrerait la possibilité de construire des partis similaires dans le monde entier ou du moins dans toute l'Europe.

Quelque soit la réponse des camarades de la majorité, celle-ci sape à la base tout le document. S'il se produit une révolution socialiste non dirigée par nous, nous devons commencer par réviser l'ensemble du trotskysme, et le document ne le mentionne pas. Si c'est nous qui dirigeons cette révolution, la possibilité de construire des partis trotskystes avec une influence de masse est posée d'une manière immédiate dans toute l'Europe, et par conséquent le reste du document perd sa raison d'être puisqu'il est basé sur la prémisse opposée.

2ème question : l'Europe occidentale n'a-t-elle rien à voir avec l'Europe de l'Est ?[modifier le wikicode]

Dans le document de la majorité pour l'Europe, on dirait que l'Europe occidentale est devenue une île qui n'a rien à voir avec le reste de l'Europe. On veut construire des partis révolutionnaires en « Europe capitaliste » qui préparent les masses pour le triomphe d'une révolution socialiste dans un pays capitaliste, mais sans les préparer à la victoire d'une révolution politique dans un pays d'Europe de l'Est.

Un document qui traite d'hypothèses théoriques devrait dire qu'une des possibilités est aussi grande que l'autre. L'intensification du commerce entre l'Est et l'Ouest va provoquer des crises sérieuses dans les États ouvriers de l'Europe de l'Est. Si cette internationalisation du commerce peut diminuer un peu l'intensité de la crise en Occident, ce que nous pensons, il est absolument certain qu'elle accélérera la crise des régimes bureaucratiques de l'Est, renforcera les tendances restaurationnistes et aiguisera en peu de temps les contradictions internes.

Les raisons sont multiples pour que cela se produise. Une augmentation des échanges entre l'Occident capitaliste et les États ouvriers bureaucratique, sans le contrepoids de la démocratie et de la mobilisation permanente de la classe ouvrière, renforce les tendances bourgeoises et petites-bourgeoises des secteurs majoritaires de la bureaucratie et de la classe moyenne, encouragées par le meilleur niveau économique de l'impérialisme. La défense des États ouvriers en tant que conquête des travailleurs est alors posée.

Une grande révolution peut être provoquée par un grave danger et une offensive brutale déchaînée par la réaction. C'est pour cela que nous devons suivre avec beaucoup d'attention le cours général des États ouvriers de l'Europe de l'Est, et particulièrement celui de la Yougoslavie et de l'URSS, car il peut y surgir des situations qui fécondent le processus révolutionnaire en Occident, posant le problème de la solidarité des travailleurs occidentaux avec cette révolution politique.

Mais comme dans le cas précédent, cette révolution politique dans un des États ouvriers de l'Europe de l'Est ne pourra avoir lieu que si elle a à sa tête un parti trotskiste de masse. Ainsi elle provoquerait la crise définitive du stalinisme et signifierait un saut colossal, une croissance massive pour toutes nos sections européennes (et du monde) ; le parti trotskiste de masse qui aurait dirigé la révolution politique deviendrait l'axe de notre Internationale.

Un document européen digne de ce nom devrait comprendre tout un chapitre consacré à l'Europe de l'Est, et devrait présenter tout un programme de transition pour la révolution politique dans ces pays. Ce programme, qui devrait partir des mots d'ordre démocratiques élémentaires et de la revendication économique minimale de réduction des privilèges des bureaucrates, est totalement absent du document européen de la majorité.

Cette carence est une grave erreur pour deux raisons. La première est celle que nous avons vue: rien ne permet de prévoir qu'il y aura d'abord une victoire de la révolution socialiste dans un pays de l'Europe occidentale plutôt qu'une révolution politique dans un pays de l'Europe de l'Est. La deuxième tient au stade élevé d'organisation gagné par la révolution européenne à partir de la Révolution française. Ce facteur fait que la révolution européenne est un processus unique, tant du point de vue historique que conjoncturel et, qu'il commence par l'Est ou par l'Ouest, il s'étendra comme une traînée de poudre d'une manière quasi instantanée à toute l'Europe.

Un document qui ne se réfère qu'à la construction de partis trotskistes en Europe capitaliste ne vaut rien, même pour ces partis d'Europe capitaliste et même si ce document était accompagné d'un autre sur la construction de partis en Europe de l'Est et d'un programme spécifique. Le prolétariat d'Europe capitaliste a d'immenses tâches devant lui si c'est la révolution politique qui est d'abord victorieuse dans un des pays de l'Europe de l'Est. Sans la détermination de ces tâches, sans les mots d'ordre qui en découlent, toute analyse sur la situation européenne et toute orientation basée sur celle-ci est invalidée.

3ème question : Que faire après avoir pris le pouvoir dans un pays ? Poursuivre l'offensive ou passer à la défensive ?[modifier le wikicode]

La troisième question qui se pose en lisant le document européen concerne la phrase suivante, apparemment correcte :

« préparer le prolétariat européen à s'opposer massivement à toute tentative contre-révolutionnaire contre une première révolution socialiste dans un seul pays d'Europe capitaliste ».

Il est évident qu'une première révolution socialiste court le danger d'être attaquée par la bourgeoisie du reste de l'Europe et du monde impérialiste. Il est également juste d'appeler le prolétariat européen et du monde à la défendre. Mais est-ce notre stratégie ?

Selon la théorie de la révolution permanente, si la révolution triomphe dans un pays d'Europe, cela implique immédiatement le développement de la révolution dans le reste de l'Europe, c'est-à-dire une politique offensive et non défensive. Selon la théorie du socialisme en un seul pays, si la révolution triomphe dans un pays du monde, les partis communistes doivent se consacrer à défendre cette révolution en tant que tâche la plus importante, au lieu d'essayer de l'étendre à tous les pays. C'est la théorie qui mise en pratique par la bureaucratie soviétique, signifia la transformation de tous les partis communistes du monde en agents de la diplomatie du Kremlin et finit ; par détruire la IIIème Internationale.

La formulation du document européen est extrêmement dangereuse car elle coïncide formellement avec la formulation stalinienne. Du point de vue de la théorie trotskyste, la première chose à dire est qu'une révolution dans un pays d'Europe implique la tâche offensive de l'étendre aux autres pays et non la tâche défensive que pose le document. Cette tâche défensive est correcte et juste, si elle fait partie de la stratégie offensive que nous enseigne le trotskysme. Exprimée comme seule tâche, telle qu'elle est dans le document européen, c'est pour le moins dangereux.

4ème question : Pourquoi les États-Unis socialistes d'Europe ne figurent-ils pas parmi les dix tâches centrales ?[modifier le wikicode]

L'oubli de l'Europe de l'Est et la formulation incorrecte d'une politique défensive après la prise du pouvoir dans un pays d'Europe capitaliste nous conduisent à la quatrième question : le mot d'ordre d'États-Unis socialistes d'Europe ne figure pas parmi les dix tâches centrales de cette étape, et il n'est mentionné que comme un axe secondaire de propagande. Cependant, quand Trotski formula ce mot d'ordre, il le fit à partir d'une question théorique (la théorie de la révolution permanente, en particulier son caractère international) et d'une question de la réalité concrète (l'unité spécifique de la révolution européenne).

Cette dernière caractéristique a été renforcée par une unité de plus en plus grande du capitalisme européen pendant ces dernières années.

Pour le trotskysme, si une révolution politique triomphe à l'Est ou si une révolution socialiste triomphe à l'Ouest de l'Europe, cela implique le développement permanent de la révolution en l'étendant à tous les pays d'Europe. Et quel mot d'ordre avons-nous pour cela sinon celui de Fédération des Etats-unis socialistes d'Europe ? L'absence de ce mot d'ordre parmi les dix qui sont centraux dans le document européen de la majorité est un exemple clair des périls qui nous menacent derrière les autres formulations obscures ou incorrectes. En effet, si nous pensons que l'Europe occidentale n'a rien à voir avec l'Europe de l'Est et que, une fois le pouvoir pris dans un pays, la tâche centrale est de la défendre et non d'étendre la révolution, l'absence de ce mot d'ordre parmi les dix centraux apparaît comme une conséquence inévitable.

5ème question : N'y-a-t-il aucun lien entre la révolution européenne et la révolution dans les colonies et semi-colonies de l'impérialisme européen ?[modifier le wikicode]

Cette question tient son origine du fait que le document européen ne prend absolument pas en compte le lien organique qui existe entre la révolution européenne et la révolution dans les quelques colonies et les nombreuses semi-colonies de l'impérialisme européen, ou celles que celui-ci peut encore conquérir.

Nous ne parlons pas du lien général qu'il y a entre tous les processus révolutionnaires, qu'ils soient coloniaux ou non, mais du lien qui existe par exemple entre la révolution européenne et la lutte héroïque actuelle des guérillas dans les colonies portugaises contre l'impérialisme portugais et européen en général ; ou encore des guérillas et des mouvements de masse des colonies et semi-colonies françaises contre l'impérialisme français. Nous parlons du lien concret, spécifique entre les luttes de libération nationale dans toutes les colonies et semi-colonies des divers impérialismes européens et la révolution socialiste en Europe.

C'est-à-dire que, pour nous, il n'y a aucune possibilité de construire des partis révolutionnaires en Europe capitaliste sans une agitation permanente sur des mots d'ordre fondamentaux contre l'impérialisme européen. Cela parce que la base du capitalisme euro­péen est l'exploitation impérialiste de ses colonies et semi-colonies et que la seule manière de détruire le capitalisme européen est de le faire en tant que capitalisme impérialiste, tel qu'il est. Sans le mot d'ordre central de lutte contre l'impérialisme européen, on peut construire en Europe capitaliste n'importe quel type de partis, mais pas de partis trotskiste.

2. L'Europe occidentale a-t-elle cessé d'être impérialiste ?[modifier le wikicode]

Apparemment, la partie la plus faible du document est justement la première, celle qui traite de la crise économique et sociale du "néocapitalisme", mais qui ne consacre pas une seule ligne, ne parlons pas d'un chapitre, à la crise de l'impérialisme européen, des relations des métropoles avec leurs colonies et semi-colonies. Le capitalisme européen, si nous suivons l'analyse sociale et économique du document, n'exploite que les travailleurs de ses pays. Il faut reconnaître que le document est conséquent jusqu'au bout avec son caractère ouvriériste, mais la réalité est autre : l'impérialisme européen exploite la classe ouvrière de ses pays mais aussi de ses colonies et semi-colonies. Il y a une dialectique économique, politique et sociale entre l'Europe et les pays qu'elle exploite, dialectique que le document ne signale pas.

Les pays impérialistes européens, bien qu'impérialistes secondaires, n'ont pas cessé d'être impérialistes pour autant. Ils sont devenus des petits frères de l'impérialisme yankee, au sein de sa structure. A cause de la révolution coloniale, ils ont transformé leur mode de domination, imitant les américains, mais leur domination continue à exister. D'empires coloniaux ils sont devenus - en grande partie -semi-coloniaux, leur domination ne s'exerce plus sur des colonies mais sur des pays dépendants, des semi-colonies. Le cours de l'histoire a provoqué la transformation de la révolution coloniale, de lutte contre l'assujettissement politique direct, elle est devenue lutte pour la libération nationale économique et politique. Elle est devenue plus complexe, mais pas moins importante.

Des hypothèses non envisagées[modifier le wikicode]

Si les pays européens sont passés d'empires coloniaux à semi-coloniaux, nous devons, dans un document général d'hypothèses, tenter de préciser leur situation actuelle et leur dynamique probable. Les empires européens en viendront-ils à l'intervention armée dans leurs semi-colonies (comme l'impérialisme américain) si leur domination est menacée ? l'intervention en Irlande, au Tchad et dans les colonies portugaises sont-elles les dernières interventions ou indiquent-elles une tendance probable ?

Pour nous, cela ne fait aucun doute: l'intervention en Irlande et dans les colonies portugaises montre l'attitude future de l'impérialisme européen, si les travailleurs ne parviennent pas à lui lier les mains. Déjà l'impérialisme français passe son temps à provoquer des coups d'État et à intervenir dans les pays qu'il domine.

Mais il y a quelque chose d'aussi grave : le document prévoit l'inflation et le chômage pour les travailleurs occidentaux, et la possibilité de batailles décisives dans les quatre ou cinq ans entre la réaction capitaliste et les travailleurs. Cette misère et ce chômage croissants, tout comme la tendance à des gouvernements réactionnaires et des luttes décisives ne se traduiront-ils pas d'une manière encore beaucoup plus brutale dans les relations entre les empires européens et les masses coloniales et semi-coloniales ? Nous affirmons catégoriquement oui, car cela obéit à la logique de la domination impérialiste qui est de tenter de se décharger de ses crises sur les colonies et semi-colonies. Et il y aura également des réactions brutales de la part des masses coloniales et semi-coloniales, si nous nous référons aux mouvements de grève en Mauritanie, en Afrique du Sud et en Rhodésie ou aux mouvements de guérillas en Angola et au Tchad.

Le document de la majorité ne prévoit rien de tout cela et ne daigne même pas effleurer ce sujet, même au détour d'une phrase.

Une déviation dangereuse ?[modifier le wikicode]

Entre le document européen et certaines affirmations générales de "Rouge", nous trouvons des contradictions. "Rouge" n°200 dit :

« La IVème Internationale assume les responsabilités du soutien et de la participation active dans la dénonciation de la pénétration impé­rialiste sur le continent noir. »

Mais de cet engagement solennel, aucune nouvelle n'est donnée dans le document européen de la majorité. Nous avons lu et relu ce document, mais nous n'avons pas trouvé une seule phrase de ce genre. Nous n'avons pas trouvé non plus cette tâche parmi les dix centrales. En particulier, étant donné qu'il s'agit d'un document pour l'Europe, il manque le mot d'ordre fondamental : « Pour l'autodétermination de toutes les colonies et semi-colonies de l'impérialisme européen ! ».

L'absence de ces mots d'ordre, le fait que la lutte pour l'autodétermination des colonies et semi-colonies de l'impérialisme européen ne soit pas considérée comme une des tâches centrales des ouvriers et des masses européens, le fait que l'on considère que l'on peut « construire des partis révolutionnaires en Europe capitaliste » sans qu'ils avancent ces mots d'ordre parmi les plus importants, constituent apparemment une dangereuse déviation idéologique, dont nous pourrions craindre qu'elle se transforme en capitulation politique objective devant l'impérialisme européen, si nous ne savions pas que dans la pratique quotidienne, nos sections et nos militants européens mènent une lutte réelle contre l'impérialisme européen !

3. Un document muet sur le Viêt-nam de l'impérialisme européen : les colonies portugaises.[modifier le wikicode]

L'apparent oubli du caractère impérialiste de l'Europe se reflète dans une carence fondamentale du programme qu'avance la majorité dans son document: il n'y est pas dit un seul mot sur le "Viêt-nam" de l'impérialisme européen : les guérillas et les mouvements de libération nationale des colonies portugaises. Ce silence, ce mutisme seraient inexcusable même dans le cas où les colonies portugaises seraient exclusivement opprimées par le Portugal. Mais c'est encore pire car ce n'est pas le cas : les colonies portugaises ne sont que formellement portugaises, ce sont en réalité des colonies de l'impérialisme européen dans son ensemble, principalement de l'Angleterre, l'Allemagne et la France, en association avec la Belgique, les États-Unis et le Japon. Le Portugal est de fait une sous-métropole ou sous-impérialisme. C'est le pays le plus pauvre d'Europe occidentale et son économie est contrôlée par les investissements étrangers, en particulier anglais.

Les colonies portugaises : un véritable « Viêt-nam »[modifier le wikicode]

Financé par l'impérialisme américain et européen, surtout par ce dernier par l'intermédiaire de l'OTAN, le Portugal a lancé une terrible répression contre les mouvements de libération de ses colonies. La brutalité de cette répression a provoqué, dès qu'elle a été connue, l'horreur de l'opinion publique mondiale. Pour la seule année 1961, au début de la guérilla du Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola (MPLA), la guerre impérialiste a fait environ 50 000 morts.

Parmi les pays de l'OTAN, l'Allemagne, l'Angleterre et la France sont ceux qui fournissent le plus d'armes pour la guerre contre les peuples des colonies portugaises. La France surtout n'a posé aucune restriction à ses livraisons, elle n'a voté aucune sanction contre le Portugal tant à l'ONU qu'au Conseil européen et, depuis 1960, elle refuse l'entrée sur son territoire des représentants des mouvements de libération.

Actuellement, la guerre dans les colonies portugaises a le même carac­tère que celle du Viêt-nam. Des 150 000 soldats portugais de l'OTAN qui étaient en Europe, il n'en reste que 10 000, les autres sont allés en Afrique. Les Portugais tentent de raser les zones libérées et de réinstaller la population paysanne dans des villages fortifiés qui sont de véritables camps de concentration. Les communications entre les centres urbains se font presque exclusivement par air, étant donné que les guérilleros contrôlent les principales voies terrestres. La réalité de la lutte de classes dans les colonies portugaises, c'est le véritable « Viêt-nam » de l'impérialisme européen.

Une « solidarité » insuffisante[modifier le wikicode]

Pourtant le document européen de la majorité n'en dit pas un seul mot. Et ce silence ne peut pas être compensé par une phrase disant que nous serons « solidaires » des luttes anti-impérialistes en général. Cela ne sert à rien de parler de « solidarité », si nous devons en grande partie notre haut niveau de vie à l'exploitation de ceux qui sont massacrés. Il est totalement insuffisant de parler de « solidarité » lorsque la seule façon pour que nos frères de classe des colonies portugaises triomphent est que nous nous mobilisions contre l'impérialisme de notre propre pays et de notre propre continent. Ce l'est encore moins si nous sommes conscients du fait que le triomphe des guérilleros serait une grande avancée pour les travailleurs européens. Cela parait-il suffisant aux camarades de la majorité de parler de « solidarité » en général, sans même nommer les guérilleros des colonies portugaises ?

Il ne s'agit pas ici de « solidarité », d'une phrase dite en passant dans tout un document. Il s'agit de quelque chose de bien plus important: la dénonciation et la lutte « contre notre propre impérialisme » est, avec la dénonciation et la lutte contre notre propre capitalisme, notre principale tâche à l'échelle historique. Si les masses travailleuses de notre continent ou de notre pays, intoxiquées par le chauvinisme impérialiste, ne comprennent pas que leurs pays sont impérialistes, nous devons le dénoncer chaque jour, chaque heure qui passe et sans jamais prendre cette dénonciation et cette lutte comme une tâche secondaire qui ne mérite qu'une phrase en passant.

Mais peut-être les camarades de la majorité pensent-ils que l'on peut aujourd'hui « construire des partis révolutionnaires en Europe capitaliste » sans mettre au premier plan la lutte contre l'impérialisme européen assassin des peuples africains ? Sont-ils sûrs que ces partis peuvent alors être « révolutionnaires » ?

Ou peut-être les camarades de la majorité pensent-ils que l'on peut remédier à cette omission en faisant une campagne de solidarité avec la lutte anti-impérialiste des Irlandais ? Est-il certain, par ailleurs, que le document de la majorité pose sérieusement cette campagne ? Il nous semble que non, car il n'est pas dit que nous devons faire dès maintenant une campagne spécifique avec le mot d'ordre « Dehors les troupes anglaises d'Irlande, tout de suite ! ». N'est-ce pas l'un des mots d'ordre fondamentaux de notre agitation en direction du prolétariat britannique et européen en général ? Que reste-t-il des campagnes de solidarité sans ce type de mot d'ordre ? Pour nous, absolument rien !

Où est passée la prédilection pour la « lutte armée » ?[modifier le wikicode]

Mais cela devient plus grave encore en ce qui concerne les colonies portugaises. L'Irlande a le privilège d'être une partie de l'Europe, et le document européen de la majorité la nomme donc au moins en passant. Mais des colonies portugaises, pas un mot.

Que penser de ceux qui défendent la guérilla et la lutte armée pour l'Amérique latine et qui ne nomment même pas les héroïques guérilléros des colonies portugaises ? Comment expliquer qu'ils ne posent pas la nécessité de défendre ces guérilleros contre les attaques brutales de l'impérialisme européen ? Comment comprendre qu'ils soient pour la lutte armée pour toute une période et pour tout un continent dominé par l'impérialisme américain, et qu'ils ne disent pas un seul mot de la lutte armée dans les pays dominés par leur propre impérialisme ? N'est-il pas étrange que ceux qui défendent l'ERP en Argentine votent à deux mains un document européen qui ne nous donne pas d'orientation pour le peuple des colonies portugaises, le seul peuple qui soit aujourd'hui en guerre civile avec l'impérialisme européen lui-même.

Nous ne devons pas perdre de vue que ce document européen, qui n'est pas centré autour des deux seuls endroits de l'empire européen où il existe ou peut exister une lutte armée, est l'autre face et a les mêmes auteurs qu'un document où est défendue la lutte armée pour tout un continent et que la résolution pour l'Amérique latine du IXème Congrès de notre Internationale.

Tout comme la section bolivienne est pour les camarades de la majorité la section modèle en Amérique latine, la section française a l'honneur de porter ce titre pour l'Europe. C'est peut-être parce que, de la même manière que la section bolivienne a appliqué (avec des résultats catastrophiques) la résolution du IXème Congrès, la section française est un fidèle reflet de l'inconséquence du document européen face à l'impérialisme de ce continent ? Nous avons quelques raisons de le supposer puisque "Rouge" se caractérise par le fait de ne pas avoir de politique systématique de dénonciation de l'impérialisme français et européen, et de ne pas avancer comme mot d'ordre central et permanent l'autodétermination des colonies et semi-colonies de ces impérialismes.

"Rouge" et les guérillas portugaises : trois articles en deux ans[modifier le wikicode]

Commençons par l'impérialisme européen et son « Viêt-nam » : la guérilla dans les colonies portugaises. Pendant l'année 1972 et l'année 73 en cours, "Rouge" l'organe officiel de la section française ne leur a consacré que trois articles.

1er article intitulé « Halte à l'envoi d'armes aux colonialistes portugais », publié dans le n°164 : « La bourgeoisie française, dont les intérêts économiques au Portugal et dans les colonies portugaises sont considérables, participe activement au soutien militaire (entre autres) des colonialistes portugais, en particulier en livrant des armes à l'armée portugaise. La France est un des plus grands fournisseurs d'armes de l'armée portugaise (...) Arrêt des livraisons d'armes aux colonialistes portugais ! Vive la lutte des peuples d'Angola, de Mozambique et de Guinée ! ».

2ème article : déclaration du BP de la Ligue communiste qui occupe une moitié de colonne dans la rubrique "Notes internationales" du n°167 : « Nous appelons les travailleurs français et portugais à alerter l'opinion publique et à renforcer l'unité contre le colonialisme portugais et contre l'aide du gouvernement français à Lisbonne ».

3ème article : une page du n°216 consacrée à la guérilla dans les colonies portugaises : « Les militants révolutionnaires français doivent rappeler que de nombreuses entreprises françaises participent au pillage du Mozambique et que Giscard d'Estaing y a réalisé il y a quelques mois un safari ! Nous devons exiger le droit de séjour en France pour les dirigeants du FRELIMO, du MPLA et du PAIGC. Enfin, nous devons participer aux actions de solidarité, comme l'ont fait nos camarades de l'IMG pour la visite de Caetano à Londres ».

La cause de cette insuffisance[modifier le wikicode]

Trois articles en tout. Alors qu'il s'agit d'une lutte de libération nationale dont l'importance historique pour l'impérialisme européen est presque aussi grande que celle du Viêt-nam pour l'impérialisme américain, nos camarades français ne le font pas beaucoup valoir. Et pourtant ces trois citations suffisent à démontrer qu'ils ne manquent pas de courage pour dénoncer leur propre impérialisme. Pourquoi alors ne pas mener une campagne de dénonciation systématique ? Simplement parce que les camarades de la majorité qui dirigent la section française lui donnent l'importance qu'ils jugent bonne de lui donner, la même importance que celle qui se dégage à la lecture du document européen, pour eux, cette tâche est totalement secondaire.

Il serait bon que chaque camarade français compare la collection de "Rouge" avec celle de "The Militant". Ils pourraient étudier ainsi la campagne systématique de nos camarades américains sur un thème analogue, la lutte de la guérilla vietnamienne contre leur propre impérialisme. Dans toute la collection de "The Militant", il n'y a pas un seul numéro qui ne donne pas une importance fondamentale à la défense des guérilleros et à la dénonciation de leur propre impérialisme. Mais, nous le savons bien, c'est de l' « archéo-trotskysme » pour les camarades de la majorité.

L'impérialisme français[modifier le wikicode]

Les camarades de la direction de la Ligue peuvent nous répondre que, si en deux ans ils n'ont fait que trois articles sur la guérilla contre le Portugal, c'est parce que ce sont des colonies portugaises et non des semi-colonies de leur propre impérialisme. Nous avons déjà dit qu'il n'en était pas ainsi, que les colonies portugaises sont des colonies de l'impérialisme européen en général et de l'impérialisme américain et japonais. Mais voyons ce qu'il en est avec le seul impérialisme français.

Si nous analysons véritablement la réalité économique française, nous voyons que l'impérialisme français continue à exister et exploite ses anciennes colonies, bien que la plupart d'entre elles soient actuellement des pays politiquement indépendants. Des traités comme l'OCAM établissent avec ces ex-colonies une relation semi-coloniale. Les traités de Yaoundé I et II étendent cette relation au Marché commun européen. Le traité d'Evian place sous la domination de la France et de l'Europe les pays du Maghreb. Et si cela n'était pas suffisant, il existe des bases militaires à Djibouti et Madagascar, où la France a des unités prêtes à intervenir pour répondre à l' « appel » des gouvernements francophiles, comme elles le font au Tchad en essayant d'écraser le soulèvement dirigé par le Front de Libération du Tchad.

Il est évident que l'impérialisme français existe et qu'il est relativement puissant.

Une promesse de la Ligue Communiste[modifier le wikicode]

Quand nous avons commencé à rechercher quelle orientation les camarades de la section française se donnent face à leur propre impérialisme, nous avons trouvé un début prometteur. Le CC d'août 1972 lançait :

« Une campagne contre le colonialisme français, pour la libération de Courbain (militant du Mouvement de Libération de la Martinique) et faire des propositions dans ce sens aux organisations révolutionnaires françaises » ("Rouge" n°170).

La dénonciation faite par "Rouge" était encore plus prometteuse :

« L'impérialisme français, notre impérialisme, a une place privilégiée sur le podium olympique de la colonisation après le Portugal, duquel il est par ailleurs un des principaux fournisseurs d'armes. La France est aujourd'hui la seconde puissance coloniale directe du monde ». ("Rouge" n°174).

La promesse semblait se transformer en réalité lorsque "Rouge" disait :

« Les révolutionnaires qui luttent au sein de la métropole se doivent de faire une propagande anti-colonialiste permanente. Contre le chauvinisme, contre l'ignorance, nous devons montrer le vrai visage de la France coloniale ». ("Rouge"n° 176).

Pas un mot sur les semi-colonies[modifier le wikicode]

Les camarades français nous disaient que la France est la seconde puissance coloniale directe du monde. Nous devons ajouter qu'elle est la 3ème ou 4ème puissance coloniale indirecte, cela veut dire qu'elle a des relations semi-coloniales, comme nous l'avons vu, avec ses ex-colonies et de plus qu'elle intervient comme associé secondaire de l'impérialisme américain dans l'exploitation de semi-colonies importantes de ce dernier, comme par exemple l'Argentine.

Au cours de notre recherche dans "Rouge", nous avons trouvé plusieurs fois le mot d'ordre d'indépendance pour les colonies, mais pas celui d'autodétermination politique et économique de ces colonies, ni non plus celui de « Dehors les monopoles impérialistes français des semi-colonies ! », ni encore celui de « Rupture immédiate des pactes semi-coloniaux ! » ou « Dehors les monopoles français des colonies et semi-colonies des autres impérialismes ! ».

C'est très grave, car la plus grande part des investissements impérialistes français à l'extérieur n'est pas faite dans ses colonies mais dans ses semi-colonies et dans celles des autres impérialismes où la France intervient en seconde main. Cela signifie que les camarades français n'attaquent pas la base fondamentale de l'impérialisme français, qui n'est pas sa domination coloniale mais semi-coloniale.

Une promesse non remplie[modifier le wikicode]

De toute manière, intéressés par la promesse de la campagne de « propagande anti-impérialiste permanente », même si elle était partielle, nous avons revu les 86 numéros de "Rouge" qui vont du 6 janvier 1972 au 19 octobre 1973. Mais nous avons été très déçus. Nous n'avons trouvé au total que 23 articles, c'est-à-dire un article tous les 4 numéros. Cela signifie que les camarades de la Ligue dénoncent leur propre impérialisme une fois par mois.

Ces articles sont en grande partie descriptifs et ne constituent pas une campagne permanente, ils ne tournent pas autour d'un mot d'ordre central et, sauf exceptions, ils portent la signature de correspondants ou sont des déclarations des mouvements de libération et donc pas des positions officielles de notre section française.

Les 86 numéros de "Rouge" que nous avons relus comportent au total 1 548 pages, le problème colonial en occupe 11, cela signifie que la dénonciation du colonialisme français occupe bien moins de 1% de l'organe officiel de la Ligue communiste. Enfin, dans les 23 articles que nous avons trouvés, deux occupent 2 pages chacun, 4 occupent 1 page chacun et 3 une 1/2 page chacun. Les 14 restants occupent moins d'une demie page chacun et sont donc secondaires par rapport à l'ensemble du journal.

Le programme, le CC et le Congrès de la LC face à l'impérialisme français[modifier le wikicode]

Cette carence n'est pas seulement celle de "Rouge". Tant dans les analyses que dans les programmes de la section française, il faut faire beaucoup d'efforts pour trouver une mention de la France coloniale et semi-coloniale.

Le dernier Congrès de la LC s'est ouvert par un texte approuvé par le CC : « Ce que veut la Ligue communiste ». Ni dans ce texte, ni dans aucun autre des documents du Congrès, la direction de la Ligue n'a analysé la crise de l'impérialisme français, faisant comme si n'existaient ni la Guyane, ni la Martinique, ni la Côte d'Ivoire, ni le Togo, ni les millions de francs investis par les monopoles français dans leurs colonies et semi-colonies ainsi que dans les colonies des autres impérialismes. Le document national de la LC tourne autour de l'analyse de la crise du capitalisme et du « système néocapitaliste », et il n'y a pas un mot, ne parlons pas de paragraphe ou chapitre, sur l'impérialisme français.

Le programme de ce document est un peu meilleur que la partie analyse car il comprend la reconnaissance immédiate du : « (...) droit à l'autodétermination et à l'indépendance des prétendus Territoires et Départements d'Outre-Mer (TOM-DOM) » et le soutien aux « luttes d'indépendance nationale » (p.167) et « l'indépendance nationale des TOM-DOM » (p.161).

Mais tout cela est dit en passant, sans poser la nécessité de la liquidation des pactes semi-coloniaux comme celui de l'OCAM, d'Evian, etc. Finalement, dans tout le document, qui compte 171 pages, l'importance donnée à la question de l'impérialisme français peut se mesurer au fait que toutes les références faites à ce sujet n'en occupent que 2.

Laissons ce document et voyons dans quelle mesure la direction de notre section française est préoccupée par le fait que son pays est impérialiste. Le CC des 8 et 9 janvier 1972 a adopté quatre campagnes: Éducation sur « le socialisme que nous voulons et comment y parvenir » ; le Viêt-nam et le FSI ; pour la libération des trois camarades français emprisonnés en Espagne ; dénonciation du général Massu (assassin de la guerre d'Algérie). Sauf ce dernier point qui est lié indirectement avec lui, rien n'est dit du problème colonial français.

Le CC d'août adopta, enfin, une campagne qui ne fut pas menée systématiquement par "Rouge" comme nous l'avons vu. Le Congrès n'avance pas le mot d'ordre d'autodétermination nationale des semi-colonies. Le manifeste du 1er mai ne mentionne pas l'impérialisme européen ni français. La résolution politique approuvée par le Congrès n'en parle pas et parle encore moins bien sûr de l'autodétermination nationale.

Campagne électorale de la Ligue Communiste[modifier le wikicode]

Il nous restait un espoir : la campagne électorale. C'était une bonne occasion puisqu'elle permettait de faire notre propagande en direction de secteurs beaucoup plus larges de la population. Nous avons enfin pu voir que Krivine parlait contre l'impérialisme français, au sujet de la Martinique, une colonie de la France. Mais nous avons été déçus en ce qui concerne la propagande anti-impérialiste faite dans le cœur de l'impérialisme, c'est-à-dire sur le territoire français.

Dans un article programmatique sur la campagne électorale, Weber, apparemment au nom du parti, expliquait « le véritable programme de transition au socialisme » en France de la manière suivante :

« (...) pour notre part, nous disons aux travailleurs communistes : un véritable gouvernement des travailleurs ne se limitera pas à nationaliser treize nouveaux trusts et à instituer un simulacre de gestion ouvrière. Il nationalisera sans indemnisation ni rachat les principales entreprises capitalistes, afin que le secteur public soit réellement le secteur dominant de l'économie. Il nationalisera simultanément le commerce extérieur, afin de soustraire l'économie au contrôle du système capitaliste mondial. Il placera les entreprises publiques sous la gestion ouvrière en donnant réellement aux comités de gestion - réunissant les délégués ouvriers élus et révocables à tout moment - les pouvoirs et les moyens d'administrer leurs usines. Dans les entreprises du secteur privé, ils institueront le contrôle ouvrier sur la production par la reconnaissance et la protection des comités de contrôle des travailleurs. Le pouvoir des travailleurs sur toute l'économie s'exercera à travers l'élaboration démocratique du plan, débattu dans chaque conseil ouvrier et approuvé par leur congrès national. La réalisation d'un tel programme économique, par un gouvernement qui forgera par ailleurs un nouvel appareil d'État, impulsera réellement une "nouvelle logique du développement", assurant un progrès prodigieux des forces productives. Mais il faut pour cela autre chose qu'une victoire électorale. Il faut l'existence d'un mouvement de masse d'une amplitude inégalée, seul capable d'exproprier la bourgeoisie et de démanteler son État. Il faut, pour parler clairement, une révolution sociale. » ("Rouge" n°190, p.11).

Pas un seul mot de la liquidation de l'impérialisme français pour donner la liberté économique et politique aux colonies et semi-colonies, c'est-à-dire, le droit à l'autodétermination nationale. Curieux oubli pour un des grands dirigeants de la Ligue, n'est-ce-pas ?

L'Union de la Gauche est-elle pro-impérialiste ou anti-impérialiste ?

Cette erreur n'est pas due au hasard. L'article du camarade Weber découle de la conception même du document européen et de la direction de la section française; la dénonciation et la lutte contre son propre impérialisme n'est pas une des tâches centrales du parti révolutionnaire du prolétariat français.

C'est ainsi que le CC et la section française ont caractérisé l'Union de la Gauche de « projet réformiste global » et non de front populaire. Nous ne voulons pas nous arrêter sur ce problème, mais sur un autre plus grave: à aucun moment l'Union de la Gauche n'a été définie comme un projet pro-impérialiste, comme Trotski avait défini les fronts populaires d'Espagne et de France. Qu'en pensent les camarades de la majorité ? L'Union de la Gauche est-elle pro-impérialiste ou anti-impérialiste ? Cette question demande réflexion car, dans une métropole comme la France, être anti-impérialiste veut dire être anticapitaliste; et s'il s'agit d'un projet « réformiste », il peut difficilement être anticapitaliste. Mais alors s'il ne l'est pas, comment les camarades de la direction de la Ligue peuvent-ils expliquer qu'ils n'aient pas dénoncé le caractère pro-impérialiste de l'Union de la Gauche ?

Cet « oubli » contraste fortement avec le fait que le même document signale comme une tâche importante le « travail Indochine » et l'appel au front unique avec le Parti communiste pour l'Indochine. En effet, la seule intervention anti-impérialiste proposée est celle qui est liée directement à un autre impérialisme, l'impérialisme américain, et rien n'est dit de son propre impérialisme ni de ses colonies et semi-colonies.

"Trois axes" : aucun contre l'impérialisme[modifier le wikicode]

Dans son ensemble, la campagne électorale commet le même « oubli », ses « trois axes », selon ce que nous pouvons déduire par "Rouge", sont bien clairs et la dénonciation de l'impérialisme français ne figure pas parmi eux :

« En premier lieu, ce doit être une intense campagne de dénonciation anticapitaliste... Il s'agit de dénoncer l'exploitation, l'oppression, la gabegie capitaliste sous toutes ses formes ». « En second lieu, notre campagne doit être une campagne de démystification du Programme commun et de l'Union de la Gauche ». « En troisième lieu, les révolutionnaires pourront mettre la campagne à profit pour récuser le "socialisme" bureaucratique qui, quoiqu'il en dise, tente toujours Georges Marchais » ("Rouge" n°186, p.11).

Finalement, le manifeste électoral de la LC ne mentionne pas que la France est un pays impérialiste, et ne daigne même pas dire qu'il a des colonies et des semi-colonies.

Quelle différence énorme avec les camarades du SWP ! Ils n'ont jamais réalisé un congrès qui n'ait posé la lutte contre leur propre impérialisme comme un de ses axes centraux. Ils n'ont jamais effectué une campagne électorale sans faire de l'agitation sur la dénonciation et la lutte contre leur impérialisme. Peu importe que leur tactique soit correcte ou non, car il ne s'agit pas ici de questions tactiques mais de principes. Le SWP, dans toute son histoire politique, s'est montré trotskiste et léniniste conséquent: avant tout la dénonciation de son propre impérialisme. La LC, avec une orientation confuse et abstentionniste, a été incapable de dénoncer de manière conséquente le rôle impérialiste de sa bourgeoisie, bien que, nous le répétons, elle n'ait eu aucune crainte à le faire les quelques rares occasions où elle l'a fait. Nous connaissons également l'activité pratique des camarades français contre leur impérialisme. Malheureusement, cette pratique ne se reflète pas d'une manière conséquente dans leur journal et absolument pas dans le document européen. Bien sûr, la conception du document européen, pour ce qui n'est qu'une tâche de second ou troisième ordre, est pour quelque chose dans cette orientation incorrecte.

4. Dix "commandements" ou une seule orientation correcte ?[modifier le wikicode]

En commençant ce chapitre, nous avons signalé cinq insuffisances graves du document européen. Nous avons traité longuement parmi elles le manque de politique conséquente contre l'impérialisme. Mais ce ne sont pas les seules observations que nous avons à faire.

Dix tâches centrales et aucun axe politique fondamental[modifier le wikicode]

Le document nous dit qu'il existe actuellement en Europe dix tâches centrales qui :

« (...) sont les tâches dont l'accomplissement stimule la dialectique de la lutte des masses et l'élévation de la conscience de classe ».

Les auteurs affirment que ces tâches ont une profonde cohésion interne. Nous pensons le contraire, il nous semble que plutôt qu'un programme c'est une liste qui peut se mettre dans n'importe quel ordre, dans tous les sens, car cela revient au même. On dirait un catéchisme de dix commandements, tous très importants, pas un plus que l'autre, du « contrôle ouvrier » à la « popularisation systématique » du « modèle socialiste ».

Quel est l'axe de cette liste programmatique pour l'Europe ? Impossible de le savoir, car le document européen ne répond pas à cette question. Et il ne répond pas car il ne peut pas le faire, puisque ses axes varient de pays à pays, et que dans chaque pays d'Europe il existe une situation spécifique de la lutte de classes qui exige des mots d'ordre spécifiques. Voulons-nous dire par là qu'il faut renoncer à faire une analyse d'ensemble de la situation en Europe ? En aucune façon. Cette analyse est très importante comme point de départ pour les analyses nationales. Si nous disons, par exemple, qu'il y a un ou deux pays d'avant-garde qui montrent la tendance pour toute l'Europe à entrer dans une situation pré-révolutionnaire, cette analyse est indispensable pour formuler ensuite la politique pour chaque pays. Mais si nous nous limitons à cela, nous ne serons pas en condition de la formuler.

Nous ne prétendons pas non plus que le document doive être une longue liste de pays avec chaque orientation spécifique. Mais il serait correct de définir les traits essentiels de l'orientation pour les pays qui sont dans une situation similaire. Quelle est l'orientation pour l'Irlande qui connaît une situation particulière ? Quelle est-elle pour la France et l'Italie qui se trouvent face à de grandes luttes économiques défensives ? Quelle est-elle pour l'Espagne et la Grèce qui subissent des dictatures fascistes ou semi-fascistes ? Ce sont là les questions concrètes auxquelles le document de la majorité ne répond pas.

Un document qui n'arme pas les militants[modifier le wikicode]

Les documents politiques doivent servir à ce que tous nos militants sachent après leur lecture quoi faire le lendemain dans leur usine, leur lycée, leur université ou dans la rue. Tous les militants doivent sortir armés du Congrès Mondial, afin de se mettre dès le lendemain à leur tâche révolutionnaire de mobilisation des masses, de défense et de renforcement du parti.

Est-ce que le document européen des camarades de la majorité sert à cela ? Est-il utile, comme le disait Lénine, aux militants pour accrocher « le premier maillon de la chaîne » ? Par quoi doit commencer un militant ouvrier belge ? Par « soutenir les luttes quotidiennes des masses » ou par « défendre une série de mot d'ordre de transition centrés sur le contrôle ouvrier » ? Et un militant espagnol ? Commencera-t-il par « propager systématiquement notre "modèle de socialisme" » ou par « rééduquer l'avant-garde ouvrière sur la nécessité de l'autodéfense armée » ? Et un militant anglais ? Commencera-t-il par « une propagande internationale de solidarité avec les luttes anti-impérialistes » ou par « éduquer les masses et l'avant-garde sur des conceptions opposées à l'électoralisme et au parlementarisme » ?

Nombre de ces dix tâches sont correctes, mais si nous leur donnions à toutes la même importance, nous sommes obligés de faire les dix tâches à la fois. Sinon, comment les militants de chaque pays d'Europe peuvent-ils savoir quelle est la tâche la plus importante pour commencer ? Ils ne peuvent pas le savoir, car la situation de la lutte de classes est différente dans chaque pays et exige que l'on commence par une tâche distincte. C'est pour cela que nous disons que ce document n'arme pas les militants et, par conséquent, qu'il n'est pas utile au développement de la lutte de classes ni de notre Internationale.

De plus, il manque dans, cette énumération de tâches certaines autres extrêmement importantes.

Première omission importante : les mots d'ordre économiques[modifier le wikicode]

D'après le document, dans les prochains mois et prochaines années, il va y avoir un chômage croissant et une baisse du niveau de vie en Europe occidentale. Cela signifie que l'offensive est actuellement dans les mains de la bourgeoise dans la majeure partie des pays européens, et cela constitue la raison de la rupture de l'équilibre. Cette réalité est à l'origine de la quasi totalité des luttes ouvrières actuelles. Cela signifie que les masses européennes sont en train de développer d'importantes lutte économiques défensives : elles luttent pour défendre leur niveau de vie et leur emploi et non pas pour arracher de nouvelle conquêtes économiques à la bourgeoisie.

Si cette offensive économique contre le mouvement ouvrier existe, si celui-ci a commencé à se mobiliser pour s'en défendre, pourquoi n'y a-t-il dans le document européen aucun mot d'ordre autour de ce problème ? Cette question n'est même pas effleurée. Il est dit seulement en passant que nous devons intervenir dans les luttes revendicatives toutes réformistes ou timides qu'elles soient. Tout cela est très bien mais avec quels mots d'ordre intervenons-nous ? Si nous nous limitons à intervenir sans avancer de mot d'ordre général pour mobiliser de larges secteurs, ne tombons-nous pas dans le syndicalisme ?

Pourquoi n'avançons-nous pas nos mots d'ordre traditionnels d' « échelle mobile des salaires et des heures de travail » ou toute autre formulation tactique ? Pourquoi n'avançons-nous pas le mot d'ordre adapté à toute cette étape : « combattons l'offensive capitaliste contre le niveau de vie et d'emploi du mouvement ouvrier » ? Pourquoi ne commençons nous pas à poser l'orientation de front unique ouvrier pour freiner cette offensive ? En ne le faisant pas, ne sommes-nous pas condamnés à rester dans le cadre initial réformiste de ces luttes économiques que les réformistes et les bureaucrates veulent précisément maintenir ?

Cette première omission est peut-être liée à la dernière tactique adoptée pour cinq ans par les camarades de la majorité : le travail fondamental sur l'avant-garde et non pas sur le mouvement des masses. Mais, d'où qu'elle provienne, cette absence de mots d'ordre économiques défensifs nous désarme face aux luttes concrètes que mènent les travailleurs dans des pays importants du continent et qu'ils continueront à développer dans un futur proche.

Seconde omission importante : les mots d'ordre démocratiques[modifier le wikicode]

Cette offensive économique de la bourgeoisie sera inévitablement accompagnée d'une offensive politique : la tendance à des gouvernements réactionnaires, à la limitation des libertés démocratiques, à l'attaque des secteurs les plus exploités de la classe ouvrière, etc. Cela signifie que cette offensive ouvrira également une étape politique défensive, la bourgeoisie rompant l'équilibre, les ouvriers et d'autres secteurs exploités tenteront dans un commencement à rétablir cet équilibre. Chaque nouveau durcissement d'un gouvernement amènera les masses à se mobiliser pour reconquérir la liberté démocratique perdue ou pour défendre celle menacée.

Mais le document européen ne prépare pas nos sections à cette situation. Son indifférence face aux mots d'ordre démocratiques élémentaires commence par ne pas avancer celui de « Dehors les troupes anglaises d'Irlande et les troupes portugaises des colonies », et continue par l'abandon des sections grecque, espagnole et portugaise, dont les régimes semi-fascistes ont liquidé toutes les libertés démocratiques.

Que disons-nous aux travailleurs de ces pays ? Qu'ils luttent pour le « contrôle ouvrier » ou pour notre « modèle de socialisme » ? Ne parait-il pas beaucoup plus correct aux camarades de la majorité d'avancer un mot d'ordre démocratique spécifique (Assemblée consti­tuante, élections libres, liberté pour les prisonniers politiques, légalité pour les partis, ou tout autre mot d'ordre adéquat) comme mot d'ordre politique principal pour ces pays ?

Cet oubli devient une amnésie historique quand n'est pas posé le mot d'ordre traditionnel de notre Internationale pour l'unification de l'Allemagne dans une Allemagne soviétique et socialiste. La restitution au peuple allemand de son droit à une nation unifiée avec un Etat unifié et socialiste, est la plus grande tâche démocratique posée en Europe, beaucoup plus importante que l'indépendance de l'Irlande. C'est une tâche qui s'affronte aussi bien à l'impérialisme qu'à la bureaucratie stalinienne et qui ne peut être accomplie qu'en les battant, c'est-à-dire en faisant la révolution socialiste à l'Ouest et la révolution politique à l'Est. Pourtant les camarades de la majorité l'ignorent totalement.

Troisième omission importante : le gouvernement ouvrier et paysan[modifier le wikicode]

Le document européen envisage la possibilité d'une victoire prochaine de la révolution socialiste dans un pays d'Europe occidentale, mais il ne pose pas comme mot d'ordre central celui de « gouvernement ouvrier et paysan ». Pourtant, dans la majeure partie, ou tout au moins dans un nombre important de pays européens, cette révolution se fera au moyen de l'alliance ce la classe ouvrière avec la paysannerie et les secteurs appauvris de la petite bourgeoisie urbaine.

Pour que la révolution triomphe, le prolétariat doit conquérir la direction de toutes les classes qui y participent et doit donc se donner une politique pour les gagner. Notre parti, en tant que représentant historique du prolétariat, doit par conséquent se doter d'un programme de transition pour ces classes ou secteurs de classe. Nous ne comprenons pas comment on se propose de populariser notre « modèle » de socialisme sans y faire entrer l'alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie.

Ne pas poser cette alliance, ne pas se donner un programme de transition pour la paysannerie et la classe moyenne pauvre des villes, qui permette au prolétariat de se placer à leur tête, cela prend tout à fait l'aspect d'une position ouvriériste et rend impossible la prise du pouvoir. Cette alliance, résumée dans la formule de gouvernement ouvrier et paysan, n'est pas avancée dans le document européen de la majorité.

Comment peut-on nous demander d'adopter un document qui, d'une part considère que dans les prochaines années il y aura « une première révolution socialiste », et d'autre part ne pose pas parmi les dix tâches centrales le gouvernement ouvrier et paysan, la seule manière de réaliser cette révolution socialiste ? Nous sommes très ouverts, mais il y a des choses que nous n'arrivons pas à comprendre. Nous attendons que les camarades de la majorité nous l'expliquent.

5. Le programme pour les ouvriers immigrés.[modifier le wikicode]

La façon dont le document européen envisage la question des ouvriers immigrés est liée à deux insuffisances : le manque de mots d'ordre démocratiques et le manque de mot d'ordre sur l'autodétermination nationale. Dans la mesure où les ouvriers immigrés constituent un secteur économique, social et politique discriminé vis à vis du prolétariat européen, les mots d'ordre les concernant sont fondamentalement démocratiques; dans la mesure où nombre d'entre eux proviennent de colonies ou ex-colonies de l'impérialisme européen, ils sont liés également à la question nationale.

Les ouvriers immigrés: un pilier de l'économie bourgeoise[modifier le wikicode]

Les ouvriers immigrés ne sont pas un petit secteur marginal de la société ni de l'économie bourgeoise européenne, au contraire, ils sont un de leurs piliers.

En France, sur 4 OS, c'est-à-dire l'épine dorsale du mouvement ouvrier, un est travailleur immigré. Pour ce secteur fondamental du mouvement ouvrier, et qui est d'une certaine manière une expression déformée du problème colonial, puisque nombreux sont ceux qui viennent des colonies ou ex-colonies, la résolution du document européen se borne à signaler, dans un point secondaire parmi les dix tâches centrales, que nous devons organiser des « campagnes de solidarité avec les ouvriers immigrés (contre toute forme de racisme et de xénophobie) ».

Encore une « solidarité » insuffisante[modifier le wikicode]

Le terme de « solidarité » signifie dans un certain sens que cela nous est éloigné. Autrement dit, ce n'est pas une tâche de nos partis en Europe de se donner un programme de transition pour ce secteur, mais seulement d'être « solidaires » avec leurs luttes, comme si celles-ci se passaient dans un pays lointain. Ce qui démontre le mieux que c'est ce jugement que porte la résolution, c'est le fait d'avoir mis cette tâche nos tâches internationalistes et pas dans notre programme national pour chaque section. Elle est mise à côté de la solidarité avec les « luttes anti-impérialistes », les « luttes ouvrières dans d'autres pays européens » et les « luttes anti-bureaucratiques dans les Etats ouvriers staliniens ». Toutes ces luttes étant lointaines par rapport à chaque pays.

Mais il y a d'autres faits qui démontrent que la résolution européenne ne comprend pas les travailleurs immigrés comme partie intégrante des travailleurs de chaque pays européen. Elle ne signale pas que nombre d'entre eux viennent de colonies ou semi-colonies, principalement en France. Parce que tout cela provoque une relation dialectique, inégale, contradictoire, au sein de la classe ouvrière de ces pays qui n'est pas envisagée ni dans l'analyse ni dans le programme européen.

Un secteur fondamental pour notre activité[modifier le wikicode]

Les ouvriers immigrés constituent un des principaux, et même peut-être le principal secteur d'intervention immédiate ou à court terme de nombre de nos sections européennes. Il sera peut-être la base de beaucoup d' « unités-débordements » des organisations réformistes qui les ignorent. Ce sera le secteur le plus durement atteint par le chômage et la misère comme par le durcissement du régime. Ce sera un processus parallèle au processus colonial, dans la tentative par l'impérialisme de sortir de sa crise en utilisant les inégalités. De plus, tout comme le colonialisme, ce secteur est source de sur-profits pour le capitalisme européen et, dans cette mesure, la base objective du réformisme. C'est l'aspect économique et social que le document européen, ainsi que celui de ses disciples français, n'a pas posé et ne tente pas de résoudre.

De plus, le problème colonial et national lié à ce secteur n'est pas posé non plus par le document européen. Les immigrés n'ont-ils pas le droit de maintenir leurs communautés nationales, leurs quartiers, leurs langues, leurs écoles et de nommer leurs représentants sur la base de ces communautés de quartiers ? Les colonisés peuvent-ils et doivent-ils faire partie de la révolution coloniale ? ou devons-nous exiger d'eux qu'ils s'intègrent à la culture, la langue et les coutumes du pays impérialiste ? N'est - il pas temps de mettre dans nos programmes leur droit de faire ce qu'ils veulent et que nous, trotskistes, sommes prêts à respecter leur volonté, que nous sommes pour l'autodétermination nationale, même s'ils ne représentaient qu'un pour cent de la population active ? Pourquoi n'en parle-t-on pas dans le document européen ?

Une expérience et une histoire glorieuses de la section française[modifier le wikicode]

Malgré son travail important et correct parmi les ouvriers immigrés, et bien que son journal donne de l'importance à ce problème, la section française ne considère pas comme importante la question des travailleurs immigrés dans son document national, ni dans son programme électoral. Même pendant les élections, elle n'a pas lancé le mot d'ordre « A bas la circulaire Fontanet ». Pour son dernier Congrès, elle a écrit sur tout, mais pas sur les immigrés et les peuples colonisés !

Cependant, la section française de la IVème Internationale a une expérience et une histoire glorieuses sur ce sujet: ses documents sur l'Indochine et sur l'Algérie. La nouvelle génération trotskiste doit étudier ces documents car ils nous permirent de renverser la direction stalinienne des ouvriers indochinois et algériens en France.