Scission
La scission d'une organisation (parti, syndicat, ou autre) est lorsque deux groupes (tendances, fractions...) se séparent. Le terme est général, cela peut se concrétiser par une exclusion d'une minorité par une majorité ou par une séparation d'un commun accord (plus rare). Il n'est pas rare que les deux parties aient des versions différentes sur la façon dont la scission s'est faite (car apparaitre comme responsable d'une scission est généralement mal vu). Quant aux raisons justifiant la scission, il n'y a presque jamais accord entre les deux groupes.
1 Causes des scissions[modifier | modifier le wikicode]
Il est fréquent que l'on compare la fréquence des scissions entre familles politiques, et que des explications soient données, reposant sur des facteurs idéologiques. Ces facteurs peuvent avoir une importance, mais il faut les relativiser, sous peine de tomber dans des explications idéalistes et fausses. En réalité les scissions sont souvent favorisées par des facteurs objectifs, comme la taille des organisations et leur écho dans la société, qui alimentent typiquement des cercles vicieux ou des cercles vertueux :
- Des organisations politiques de petite taille sont souvent repliées sur elles-mêmes, avec la volonté de se protéger des influences de l'opinion publique majoritaire, et elles recherchent souvent les causes du manque de succès dans des torts internes, en particulier des torts causés par des tendances internes qui peuvent en venir à faire figure de véritables ennemis intérieurs.
- Des organisations politiques avec une dynamique de croissance sont souvent source d'enthousiasme pour leurs militant·es, et même lorsque ceux-ci ont des désaccords internes importants, ils et elles se disent qu'il faut rester, qu'il y aurait plus à perdre à scissionner.
Par exemple, si l'on compare l'état du mouvement socialiste à la Belle Époque, on a une situation très différente entre l'Allemagne, où le Parti social-démocrate est sur une dynamique de succès croissant, et subit très peu de scissions (quelques anarchistes, les Jungen...), et la France, où le mouvement socialiste est extrêmement divisé jusqu'à la création de la SFIO en 1905.
Évidemment, les clivages idéologiques sont aussi des facteurs de scission, notamment lors de grands événements politiques. Par exemple, le double choc de 1914 (la majorité des socialistes se vautre dans l'Union sacrée) et de 1917 (la Révolution d'Octobre, soutenue par la plupart de ceux qui étaient restés internationalistes), va provoquer une scission à l'échelle mondiale, celle entre communistes et socialistes.
2 Quelques données[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Socialisme français[modifier | modifier le wikicode]
En France, le mouvement socialiste est extrêmement divisé jusqu'à la création de la SFIO en 1905.
2.2 Maoïstes[modifier | modifier le wikicode]
La révolution chinoise de 1949 va provoquer de nombreuses scissions « maoïstes » à l'échelle mondiale dans les PC, ce qui était une expression (très) déformée d'une critique interne de l'attitude non révolutionnaire des PC staliniens. Mais ces organisations maoïstes sont restées la plupart du temps très minoritaires, et très souvent ont connu l'engrenage des scissions en série.
2.3 Remarques sur les biais[modifier | modifier le wikicode]
Il faut par ailleurs porter un regard critique sur les sources listant les différentes organisations, car il est difficile d'être exhaustif, et cela prend du temps (et ce n'est pas forcément l'objet de recherche le plus populaire), donc ceux qui entreprennent de faire ce type de schémas sont biaisés par leurs propres connaissances. Par exemple, dans le schéma suivant, Libération est certainement biaisée par sa meilleure connaissance des organisations d'extrême gauche des années 1970 (le milieu de ses fondateurs), et à l'inverse ignore de nombreuses autres scissions dans les décennies suivantes, ce qui donne une vision d'ensemble déformée.
3 Ressources[modifier | modifier le wikicode]
- Sur les scissions anarchistes : Roland Biard, Histoire du mouvement anarchiste, 1945-1975
- Sur les scissions trotskystes :
- Daniel Coquema, De Trotsky à Laguiller, contribution à l’histoire de la IVème Internationale
- Christophe Nick, Les trotskistes
- Sur les scissions maoïstes :
- Christophe Bourseiller, Les maoïstes
- Patrick Kessel, Le mouvement maoiste en France, tomes 1 et 2
- (Vidéo) Quel bord politique scissionne le plus ? - Minutes Rouges ep 42