Révolution Meiji

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Le Neuf combattant l'Ancien au début de l'ère Meiji

La Restauration Meiji de 1868, est la fin du régime féodal des Shogun, et l'un des événements majeurs de l'histoire du Japon.

Fondamentalement, la Révolution Meiji va accomplir entre 1868 et 1889 les première tâches d'une révolution bourgeoise, qui prendront vraiment fin en 1945 avec l'occupation du pays par les États-Unis.

1 Contexte[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Un petit pays féodal et fermé[modifier | modifier le wikicode]

Hermétiquement clos à toute relation avec l’extérieur depuis le début du XVIIème siècle, le Japon était alors un pays féodal de 29 millions d’habitants, dirigé par un pouvoir central relativement faible, le shogunat, sorte de gouvernance militaire. Celui-ci avait prit l'ascendant depuis des siècles sur l'empereur et le reste de la noblesse, les grands seigneurs (daimyos) et la caste de guerriers qui en dépendaient, les samouraï. Ces derniers étaient très nombreux, avec près de 7% de la population. Tous ces nobles vivaient sur le dos des 80% de paysans. Une certaine bourgeoisie s’était bien développée mais elle souffrait d’un handicap : son développement s’était fait uniquement dans des limites strictement nationales.

Le Japon avait eu la chance jusqu'alors d'échapper à la domination des puissances européennes. Pour une part sans doute, il faut l’attribuer à un concours heureux de circonstances. Anglais, Français, Russes, Allemands étaient occupés ailleurs, dans les Balkans ou en Afrique. Et en Asie, c’est surtout la Chine qui était à l’époque l’objet d'une colonisation déguisée. Le Japon, petit pays sans ressources naturelles, n'intéressa que tardivement les capitalismes occidentaux.

1.2 La menace de l'impérialisme[modifier | modifier le wikicode]

Commodore-Perry-Japon.jpg

En juillet 1853, une puissante escadre états-unienne se présenta dans la baie de Tokyo. Le commodore Perry qui la commandait venait remettre un ultimatum qui exigeait du gouvernement japonais l’ouverture des ports et la liberté de commerce. Un an plus tard, il revint chercher la réponse avec le quart de la marine des États-Unis. Le gouvernement japonais s’inclina et signa des traités inégaux prévoyant, en autres, l’ouverture de plusieurs ports aux bateaux américains et de faibles droits de douane à l’entrée des marchandises (convention de Kanagawa de 1854, puis Traité d'amitié et de commerce en 1858). Et, comme il était habituel à l’époque, toutes les autres grandes puissances, l’Angleterre, la Russie, la France, le Portugal et l’Allemagne, se précipitèrent alors pour obtenir les mêmes avantages.

Rapidement, les traités inégaux amènent la ruine des cultures industrielles du Japon, comme le coton et le chanvre, ainsi que celle de sa production artisanale de cotonnades. Le sentiment anti-occidental, expression d'une forme précoce d'anti-impérialisme, prend de l'ampleur. Les tensions éclatent sporadiquement, comme avec l'incident de Namamugi en 1862, au cours duquel un britannique est tué, et le Bombardement de Kagushima en représailles en 1863. Si une partie de la classe dirigeante rejette la modernisation avec les occidentaux, de brillants politiciens soutiennent qu'il n'y pas d'autre choix pour le pays que de rattraper son retard capitaliste. Ce sont souvent des hommes de la petite noblesse, comme Katsu Kaishū, voire des bourgeois annoblis comme Ryōma Sakamoto.

1.3 Conflits entre nobles
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La signature par le shogunat des Tokugawa des traités inégaux le rend très impopulaire. En particulier cela entraîne l’indignation d’une partie des daimyos et des samouraï. Un mouvement de jeunes samouraïs prend pour slogan Sonnō jōi, « Révérez l’Empereur, expulsez les barbares ». L'insoumission est particulièrement forte dans les provinces du Sud-Ouest (Satsuma, Chōshū, Hizen, Tosa). Le 30 septembre 1863 avait déjà eu lieu une tentative de coup d'État par les samouraïs de Chōshū, mais s'était retrouvée trop isolée.

L'empereur Kōmei, qui avait désapprouvé les traités, devient le symbole de l'opposition. Ou du moins, l'institution impériale le devient, car Kōmei lui-même ne sut pas prendre l'initiative. Son "Ordre d'expulsion des barbares" ne fut pas appliqué par le shogunat. En 1866, une expédition punitive contre la province rebelle de Chōshū est vaincue, ce qui affaiblit encore le pouvoir central. La même année, les provinces de Satsuma et Chōshū scellent une union secrète pour renverser le shogunat (alliance Satchō).

Le clivage sur la question des étrangers s'ajoute à un conflit latent, avivé par la situation déclinante du pays. Le shogunat est affaibli par des querelles internes, et les daimyos de l'entourage de l'empereur (notamment Sanjô Sanetomi et Iwakura Tomomi) cherchent à en tirer avantage. Le 3 février 1867, après la mort de Kōmei, un empereur de 15 ans est mis sur le trône. Celui qui deviendra l'empereur Meiji est l'instrument de l'opposition au shogunat, et donnera son titre ("gouvernement éclairé") à cette fameuse ère de l'histoire du Japon.

2 Les événements[modifier | modifier le wikicode]

2.1 1867 - Tentative de transition douce
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Sous la pression des daimyos de la cour impériale, le Sogun Tokugawa Yoshinobu rend ses prérogatives à l'empereur le 9 novembre 1867. Officiellement, c'est la restauration. Il s'agissait d'une tentative de compromis entre les classes supérieures pour assurer une transition du pouvoir, et Yoshinobu conservait en fait d'immenses pouvoirs.

Mais de nombreux samouraïs radicalisés, principalement dirigés par l'alliance Satchō, marchent sur la capitale et font pression pour que le shogunat soit profondément détruit.

2.2 1868 - La guerre de Boshin[modifier | modifier le wikicode]

Devant les temporisations de la cour, ils prennent le Palais impérial et proclament leur Restauration le 3 janvier 1868, ce qui marquera le début de l'ère Meiji. Le 27 janvier, de nombreux samouraïs liés au shogunat se soulèvent, craignant la fin de leur pouvoir. C'est le début de la "guerre de Boshin".

Les forces du Shogun sont trois fois plus nombreuses, mais presque entièrement composées de samouraïs traditionnels. A l'inverse, l'armée impériale est modernisée et dispose de nombreuses armes à feu. Officiellement, les occidentaux restèrent neutres dans le conflit. En réalité, la Grande-Bretagne misait avec clairvoyance sur le nouveau pouvoir, qu'elle soutenait en sous-main, tandis que la France aidait discrètement le Shogun. En mai 1868, Edo (ancien nom de Tokyo), le siège du shogunat, se rend. Le 26 octobre, toute Honshu, l'île principale, est contrôlée par les forces impériales. Même si des forces pro-shogun résisteront jusqu'en mai 1869, le nouveau régime est déjà solidement en place.

Troupes du Shogun entraînées par la France

2.3 Réforme profonde de l'État et de la société
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La priorité des révolutionnaires était de mettre immédiatement le pays sur la voie d'un développement économique rapide, et ceci principalement pour le doter d'une armée capable de faire face aux impérialismes occidentaux. Pour cela, il fallait un État fort. C'est pourquoi il y eut un relatif consensus des classes dirigeantes pour créer, autour de l’empereur, une bureaucratie efficace et adaptée à la forme économique supérieure, le capitalisme. Cela impliquait une série de réformes mettant fin à la plupart des caractères féodaux du Japon.

Dès 1868, toutes les terres shogunales, soit environ le quart des terres cultivables, sont nationalisées. Le 5 mars 1869, les daimyos des 4 principaux clans révolutionnaires (Satsuma, Chōshū, Hizen, Tosa) renoncent à leurs droits féodaux et remettent leurs fiefs à l'Etat. Le 25 juillet, les anciens daimyos deviennent des gouverneurs impériaux. Le gouvernement indemnisa grassement les daimyos qui perdaient leur pouvoir politique, ce qui leur permit de se reconvertir, au point de posséder dix ans plus tard 40% du capital des banques.

En 1871, les 300 domaines (han) sont étatisés et réogranisés en préfectures, que l'on réduira à 75 en 1888. En échange, les anciens daimyos recevront une rente annuelle d'un dixième de la production de ces terres. 

2.4 Fin des samouraïs[modifier | modifier le wikicode]

Ironiquement, les samouraïs, qui ont été des acteurs majeurs de la Révolution, vont disparaître en tant que classe des suites mêmes de cette Révolution. La société bourgeoise a eu un effet dissolvant immédiat sur eux. Non seulement d'autres sources d'enrichissement les appelaient, mais au vu de leur grand nombre, leurs rentes constituaient un fardeau pour le nouvel Etat.

En 1870 est abolie la stratification sociale à quatre niveaux – guerriers, paysans, artisans, marchands. En 1873, la conscription nationale est organisée, et le port d'arme des samouraïs est aboli. Cette même année, les allocations gouvernementales aux samouraïs deviennent imposables. En 1874, le gouvernement les incite à échanger ces allocations contre des obligations du gouvernement. En 1876, c'est un échange obligatoire.

Une bonne partie d'entre eux s'est reconvertie volontiers : mieux instruits que la majorité de la population, ils sont souvent devenus des petits-bourgeois, des enseignants, des fabricants d'armes à feu, des fonctionnaires, ou des officiers militaires. Mais ces mesures conduisirent à des révoltes de samouraïs, dont la plus célèbre est celle de Saigo Takamori. Mais elles furent sans succès, et écrasées promptement par une police très moderne.

SaigoWithOfficers.jpg

2.5 Industrialisation étatique
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L’État endossa le rôle économique principal. Lui seul était capable de rassembler les capitaux nécessaires à la construction de grandes entreprises modernes, et de décider ce qu’il était nécessaire de produire, même à un coût élevé, plutôt que d’acheter à l’étranger. L’État intervint dans l'armement, mais il exploita aussi les mines en y introduisant les techniques occidentales les plus modernes, créa une industrie mécanique, rebâtit de toute pièce une industrie textile par l’achat d’un nombre important de broches en Angleterre... Il n’y eut pour ainsi dire pas de secteurs qui furent délaissés. Il fallait de la laine pour les uniformes de l’armée : le gouvernement fonda un important élevage de moutons et une filature. Il lui fallait une flotte marchande pour développer le commerce : il acheta 140 navires et développa ses propres chantiers navals. Et cela sans parler de la rénovation du réseau de transport intérieur, de la création des postes et, un peu plus tard, du télégraphe.

Yokohama kaigan tetsudo jokisha no zu.jpg

Pour soutenir ces investissements, il augmenta de 50 % la valeur de l’impôt payé par les paysans. En fait, à cette époque, la quasi totalité des ressources de l’État provenait de la surexploitation du monde rural.

Cette industrialisation à marche forcée donna de spectaculaires résultats. Et ce, malgré la mauvaise posture dans laquelle le pays était suite aux traités inégaux, et la domination commerciale des autres puissances. Le seul atout conjoncturel du Japon était la maladie qui frappait les vers à soie en France et en Italie, qui donna un grand essor à son élevage.

Cette intervention massive de l’État dans une économie arriérée eut pour effet immédiat de concentrer la jeune industrie naissante dans un nombre assez restreint de grandes unités de production, modernes pour l’époque. Grâce à leurs liens avec les nouveaux dirigeants du pays, de riches marchands, comme la famille Mitsui, obtinrent des droits exclusifs pour exporter certains produits sortant des usines et des mines de l’État. Ainsi se formèrent de puissantes sociétés commerciales, prospectant à l’étranger pour y trouver des sources d’approvisionnement, des machines, des matières premières et des débouchés intéressants. Ces sociétés purent se développer sous l'aide de l'Etat, malgré les traités inégaux, et concentrer l’essentiel du commerce extérieur japonais, sans le laisser aux mains des étrangers.

2.6 Années 1880 - l'État brade ses entreprises
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Puis, au cours des années 1880, l’État vendit la plupart de ses entreprises à des intérêts privés. Le prix de vente équivalait à peine au quart de la valeur des entreprises, mais seul un petit nombre d’acquéreurs put profiter de cette aubaine : quelques grands marchands et une poignée d’anciens daimyos et samouraïs à qui fut offerte l’opportunité d’investir les sommes que leur avait donné le gouvernement en contrepartie du rachat de leurs anciennes charges féodales.

Ainsi naquirent quelques grosses firmes très liées au pouvoir de qui elles dépendaient pour les commandes, les subsides et les protections contre la concurrence étrangère. Ces firmes, appelées zaïbatsu, contrôlaient dès leur naissance la plus grande part de l’industrie nippone. A peine né, le capitalisme japonais se présentait déjà sous forme monopolistique de grands trusts liés à l’État.

2.7 1889 - la Constitution
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Le 11 février 1889 est promulguée la première Constitution du pays. L’empereur est déclaré « sacré et inviolable » et l’exécutif dispose d’un pouvoir quasi absolu. L’empereur sanctionne ou rejeter les lois votées par l’Assemblée et les ministres sont responsables devant lui. L’Assemblée comprend une Chambre des Pairs, nommés par l’empereur à titre héréditaire, qui dispose de pouvoirs équivalents à ceux de la Chambre des Représentants qui compte 381 députés élus au suffrage censitaire. Le vote ne deviendra secret qu’en 1900. Un certain nombre de libertés fondamentales sont garanties aux citoyens mais soumises « aux lois en vigueur », ce qui les limite sérieusement.

3 Un nouvel impérialisme
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3.1 Jeune...
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L’économie commençant à se développer, le Japon dut très vite trouver des matières premières à l’extérieur, puisqu’il en était presque totalement dépourvu, et des débouchés, compte tenu de l’étroitesse du marché intérieur. Il était de plus aiguillonné par la crainte de voir les autres puissances impérialistes dépecer l’Asie sans lui laisser une part et, pourquoi pas, s’en prendre à lui après en avoir fini avec la Chine. Le Japon se présenta donc très tôt comme candidat au partage.

Le Japon arrivait à un moment où le partage du monde était presque terminé, mais pas tout à fait. Il restait la Chine à dépecer. Et ce petit impérialisme japonais, qui n’aurait pas fait le poids face aux grandes puissances, put tout de même se tailler une petite place grâce précisément aux rivalités inter-impérialistes.

La nouveau nationalisme japonais s'affirme aussi dans les symboles. En 1872, le drapeau du soleil rouge sur fond blanc devient l'étendard national du Japon. En 1888, ce sera l'hymne national qui sera adopté.

3.2 ...et allié à la Grande-Bretagne
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C’est l’Angleterre, la plus forte puissance impérialiste de l’époque, qui décida de se servir du Japon pour contrer les appétits russes au nord de la Chine, du côté de la Mandchourie et de la Corée voisine. Dès 1876, le gouvernement de Tokyo força celui de Corée à signer à son tour un traité inégal.

C’est l’Angleterre qui aida le Japon à constituer sa marine de guerre. Ce sont des ingénieurs anglais qui aidèrent à la construction des voies ferrées, des lignes télégraphiques, des filatures de coton, des usines métallurgiques. C’est avec l’Angleterre que s’effectuait le tiers du commerce extérieur japonais. Et c’est l’Angleterre qui, la première, accepta en 1894 d’abroger les traités inégaux. Ce fut encore elle qui donna en 1895 le feu vert au Japon pour déclarer la guerre à la Chine dans le but d’en détacher la Corée.

Après quelques mois de guerre, l’armée japonaise l’emporta contre les troupes chinoises. Pekin fut menacé et la Chine capitula. Le traité de paix accorda au Japon, outre la prétendue indépendance de la Corée, la possession de Formose (aujourd’hui Taïwan), une forte indemnité de guerre et l’ouverture de plusieurs ports chinois au commerce japonais. Après la guerre sino-japonaise, les investissements industriels firent un nouveau bond en avant grâce à l’argent des réparations : c’est en Chine qu’avaient eu lieu les destructions de la guerre, mais c’est la Chine qui dut payer des réparations au Japon. Si bien que 80 % des entreprises industrielles existant au Japon en 1900 avaient été créées après 1894. Et c’est aussi à partir de cette date que les cotonnades japonaises se répandirent sur les marchés chinois et coréens.

4 Evolutions ultérieures[modifier | modifier le wikicode]

4.1 Modernisations rapides[modifier | modifier le wikicode]

Quelques dates permettent d'illustrer à quelle vitesse le Japon est transformé par sa Révolution industrielle, et fait converger rapidement ses formes de sa superstructure socio-politique avec celles de l'Occident.

  • 1870 : Apparition du premier journal quotidien japonais, le Yokohama Mainichi.
  • 1871 : Création de la monnaie nationale, le Yen
  • 2 décembre 1871 : l'enseignement primaire est obligatoire pour les enfants de six à treize ans
  • 1er janvier 1873 : Substitution du calendrier grégorien au calendrier lunaire chinois et création d’un nouveau système de poids et mesures.
  • 1878 : ouverture de la Bourse de Tokyo
  • 1882 : Institution d’un code pénal d’inspiration française, remplacé en 1903 par un système davantage inspiré par le modèle allemand. Tout comme le code civil adopté en 1898 et les codes commerciaux de 1890 et 1897. Création le 10 octobre de la Banque du Japon.
  • 1887 : Apparition de l’éclairage électrique au palais impérial de Tokyo.
  • 2 février 1890, une loi organise la justice sur le modèle prussien.
  • 1890 : Débuts du téléphone entre Tokyo et Yokohama, entre Tokyo et Osaka en 1899.
  • 1891 : Apparition des premiers tramways à traction électrique.

4.2 Les faiblesses du capitalisme nippon
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Cependant, malgré l’exploitation de ses colonies, l’économie japonaise avait bien du mal à se développer. L’État s’endetta à tout va pour la soutenir, pour développer encore et toujours l’armée dont le budget augmentait de 10 % par an. Il multiplia les impôts indirects.

Beaucoup de paysans furent ruinés. La Révolution n'avait procédé à aucune réforme agraire et le sort de la paysannerie ne fit que s’aggraver. Le nombre de paysans qui ne possédaient pas de terre doubla pour atteindre 45%.

L’industrie japonaise centrée sur le textile n’exportait que des cotonnades et des soiries et le commerce extérieur restait fortement déficitaire car le Japon devait importer les deux tiers de l’acier qu’il consommait, la moitié de la fonte, sans compter un certain nombre de produits finis.

4.3 Vers un prolétariat japonais[modifier | modifier le wikicode]

Les transformations profondes de la société japonaises devait nécessairement apporter un autre produit du capitalisme, la forme moderne de la lutte des classes.

Dès 1888, les mines de charbons de Takashima furent le théâtre d'une grande grève des travailleurs.

En 1889 est fondée la Société pour l'étude du socialisme, qui deviendra en 1900 la Ligue socialiste.

5 Caractérisation de la révolution
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Ce fut une révolution, qu’on hésite à appeler bourgeoise car la bourgeoisie elle-même n’y a été pour rien. Mais tout de même, cette sorte de révolution, en mettant en place un État fort, axé sur le développement économique, allait donner au pays les moyens d’abord de sauvegarder son indépendance, puis de demander une place dans le concert des grandes puissances.

Tout cela put faire dire à Trotski que loin d’être une révolution bourgeoise, ce fut plutôt « une tentative pour en faire l’économie », « une action réflexe des classes dirigeantes exprimant leur instinct de conservation ».

Cette Révolution ne s'est pas faite indépendemment des puissances en place. Européens et états-uniens ont bien essayé de transformer ce pays en semi-colonie. Mais le Japon a réussit dans un formidable sursaut national à impulser une vigoureuse industrialisation auto-centrée, et à saisir la possibilité, toujours plus ténue en cet âge pré-impérialiste, de développer son propre capitalisme. Certes la Grande-Bretagne a tiré de son alliance avec le Japon (dès 1869, des ingénieurs anglais installaient la première ligne de télégraphe entre Tokyo et Yokohama), mais elle n'a pu qu'accompagner son développement en tant que partenaire économique, et pas le mettre sous sa coupe.

6 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

L’impérialisme à la fin du XXe siècle : le Japon peut-il remplacer les États-Unis, Cercle Léon Trotski, 16 mars 1990
La Révolution des Meiji, Clio