Fin de l'Histoire
La fin de l'Histoire est un concept découlant de certaines philosophies de l'Histoire, selon lequel la société n'évoluera plus une fois le "bon" modèle trouvé.
1 Hegel et Marx[modifier | modifier le wikicode]
La Révolution française et les avancées du libéralisme politique, à la suite de l'humanisme et de la Renaissance et de la sortie du Moyen-Âge, ont alimenté une intense réflexion sur l'histoire au XIXème siècle. Hegel fut notamment un des premiers à penser l'Histoire dans une perspective globale, en développant ce que l'on peut appeler la "vision téléologique de l'Histoire". Pour lui, l'humanité a suivi un progrès constant, et ce progrès n'était que la réalisation de l'Esprit de l'Homme, trouvant sa forme aboutie dans l'État moderne.
Karl Marx a été fortement influencé par Hegel, et notamment par sa pertinente description dialectique de l'évolution sociale. Mais il a rejeté l'idéalisme de cette philosophie, et par là même son finalisme. Car dans le matérialisme historique, l'évolution des sociétés humaines est fondée sur la production et la lutte des classes. Si on constate que celle-ci permet effectivement un progrès intellectuel et une plus large liberté, c'est une résultante de lois immanentes (à l'humanité et au monde matériel qui l'englobe), et pas d'une Idée transcendante préétablie.
2 Le capitalisme, fin de l'histoire ?[modifier | modifier le wikicode]
C'est sans surprise ce qu'insinuent bon nombre de politiciens, journalistes ou intellectuels partageant plus ou moins consciemment l'idéologie dominante.
Nous sommes désormais bien loin de la bourgeoisie révolutionnaire de 1789, et c'est évidemment parce qu'elle devenue réactionnaire qu'elle insiste sur l'ordre (voire "l'ordre juste" pour son aile gauche) et en cas de besoin, fait son possible pour préserver "la paix sociale".
Le changement de toute la structure de la société ne s'est certes pas fait de façon instantannée après "la Révolution", et le XIXème siècle a encore connu des luttes fractionnelles importantes dans la bourgeoisie, mais dès le lendemain de 1789 on pouvait faire connaissance avec sa face réactionnaire :
« la Révolution s'est faite selon les principes qui l'on commencée ; elle est finie. »[1]
On peut citer des exemples tirés par les cheveux, comme Alexandre Kojève, qui estimait (en pleine Guerre froide), que la fin de l'Histoire avait déjà eu lieu, parce qu'aussi bien aux États-Unis qu'en URSS ou en Chine, il n'y avait plus de classes sociales ! L'états-unien Francis Fukuyama a soutenu lui que la fin de l'Histoire, c'était l'avènement du néolibéralisme et de l'économie de marché. Au delà de ces exemples que pas grand monde n'ose revendiquer, la quasi-totalité des penseurs bourgeois nourrit de fait l'illusion d'une fin de l'Histoire. Car même ceux qui admettent les forts conflits politiques qui demeurent espèrent une pacification définitive prochaine, soit par une forme de démocratie (bourgeoise) qu'il reste à trouver, soit par des révolutions d'ordre technologique ou autre, mais surtout pas une révolution sociale !
3 Le communisme, fin de l'histoire ?[modifier | modifier le wikicode]
Certains prétendent que, pour Marx, le communisme sera la "fin de l'histoire" puisque pour le marxisme, la lutte de classe étant son moteur, ces dernières disparues, l'historie disparaîtra de même que ses contradictions et son développement.
En fait, l'instauration réussie du communisme sera la fin de la "préhistoire" de l'humanité, préhistoire déterminée par le règne de la nécessité et de l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme ouvrira au contraire la voie au règne de la liberté dont l'évolution ultérieure ne peut pas être fixée aujourd'hui. L'histoire continuera donc dans et au-delà du communisme, malgré le fait que la séparation en classes sociales aura disparu, puisqu'elles n'auront plus de bases économiques ni idéologiques. Des contradictions existeront toujours, mais sous d'autres formes, et tout ne sera pas parfait de A à Z (ainsi, par exemple, des formes de criminalité, dans un degré bien moindre qu'aujourd'hui continueront à exister).
Dans ses "Manuscrits de 1844", Marx insiste sur le fait que le communisme « est une figure nécessaire » et un « principe dynamique », mais qu'il n'est pas « comme tel, le but de l'évolution humaine - la figure définitive de la société humaine »[2]
Isaac Deutscher disait :
« Nous ne soutenons pas que le socialisme puisse résoudre tous les problèmes de la race humaine. Nous luttons tout d’abord contre les problèmes qui sont créés par l’homme et que l’homme peut résoudre. Trotski parlait ainsi des trois tragédies dont souffrait l’humanité : la faim, le sexe et la mort. La faim est l’adversaire dont le marxisme et le mouvement ouvrier moderne relèvent le défi […]. Oui, le sexe et la mort poursuivront encore l’Homme Socialiste ; mais nous sommes convaincus qu’il sera mieux équipé que nous pour leur faire face. »[3]