Esprit critique

De Wikirouge
Aller à la navigation Aller à la recherche
Pour pouvoir faire preuve d'esprit critique, il faut développer une pensée sur ses propres pensées (métacognition).

La notion d'esprit critique, ou de pensée critique, désigne l'effort pour mener des raisonnements rigoureux, notamment en s'efforçant d'écarter les biais cognitifs, pour aboutir à des conclusions véridiques, ou moins fausses. Évidemment, cela implique un positionnement sur l'épistémologie qui accepte au moins une version faible du réalisme.

Le scepticisme scientifique (souvent appelé zététique en France ces dernières années), qui vise à délimiter les sciences des pseudo-sciences, fait partie de l'esprit critique.[1]

1 Biais cognitifs[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir sur Wikipédia : Biais cognitifs.

2 Biais idéologiques[modifier | modifier le wikicode]

L'idéologie dominante d'une société donnée affecte les jugements des individus de cette société, que ce soit des jugements émotionnels peu construits ou des raisonnements plus élaborés.[V 1]

3 Métacognition[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir sur Wikipédia : Métacognition.

4 Rôle de l'éducation[modifier | modifier le wikicode]

L'éducation est souvent vue comme le principal levier par lequel l'esprit critique peut être diffusé.

Le système scolaire est critiqué pour enseigner davantage aux élèves à mémoriser des contenus qu'à raisonner correctement.[2]

Certains soulignent que la culture scientifique n'est pas assez valorisée. Par exemple, si quelqu'un dit dans une soirée qu'il ne connait pas Shakespeare, il passera pour un inculte. En revanche s'il dit qu'il ne connaît pas le second principe de la thermodynamique, il passera seulement pour quelqu'un qui ne s'intéresse pas aux sciences. Implicitement, la notion de "culture" n'inclut pas la "culture scientifique".

Or, cette hiérarchie implicite est plus que discutable. Avoir au moins une vague idée du second principe de la thermodynamique permet par exemple d'être immunisé aux légendes urbaines à propos de mouvement perpétuel, ou encore de mieux comprendre certains débats en matière d'énergie et de politique.

5 Scepticisme[modifier | modifier le wikicode]

5.1 Généralités[modifier | modifier le wikicode]

Le philosophe de la Grèce antique Pyrrhon est connu pour son scepticisme radical, le conduisant à nier toute vérité. S'éloignant de ces postures aussi spectaculaires que peu praticables, la philosophie a eu tendance à défendre de plus en plus un scepticisme modéré. Russel le définissait ainsi : « Ne rien admettre sans preuve et suspendre son jugement tant que la preuve fait défaut ».[3] Ce scepticisme modéré et pragmatique, nourri par le développement de l’industrie et des sciences, allié au mouvement rationaliste, est la source principale du scepticisme scientifique moderne, et donc d'une bonne partie du « mouvement de l'esprit critique ».

Cependant il y a toujours eu des tensions dans cette mouvance, entre un deux pôles :[V 2][V 3]

  • un pôle se voulant plutôt apolitique (« zetapo », « rationaliste naïf »...), tendant à se focaliser sur les biais cognitifs, les apports des sciences de la nature, et visant l'idéal d'un individu plus éclairé ;
  • un pôle insistant sur les conditions sociales du rationalisme (« relativiste », « matérialiste », « militant »...), insistant sur l'existence de biais sociaux, sur l'apport des sciences sociales, et sur la nécessité de changements politiques pour obtenir une réelle hausse de l'esprit critique dans la société.

Dans ses formes les plus caricaturales, cette dichotomie rejoue parfois la « guerre des sciences » (opposition essentialisante entre chercheurs en sciences sociales et en sciences naturelles). Il y a trop souvent un conflit sur qui est plus légitime pour parler de l'esprit critique, entre chercheurs en sciences naturelles et chercheurs en sciences sociales (sciences de l'éducation, épistémologie, sociologie des sciences...)[V 3]. Évidemment, il y a dans la pratique de nombreux « sceptiques » qui ne se rangent pas de façon nette dans un pôle.

D'un point de vue marxiste, il est évident que le scepticisme apolitique est un reflet de l'idéologie dominante, de par son aveuglement aux déterminismes sociaux et sa tendance à raisonner uniquement sur l'individu. L'absence de prise en compte des biais sociaux peut avoir de nombreux effets politiques (transformer la zététique en outil de distinction sociale individuelle et de mépris de classe, aveuglement face aux conflits d'intérêts dans la science...). En revanche, de nombreux marxistes critiquent certaines dérives ultra-relativistes (nourries par le postmodernisme), qui sous couvert de dénoncer les biais idéologiques, en reviennent à une sorte de scepticisme radical.

5.2 Outils[modifier | modifier le wikicode]

5.2.1 Principe de parcimonie (rasoir d'Ockham)[modifier | modifier le wikicode]

Le principe de parcimonie est l'idée qu'il faut privilégier les explications qui nécessitent le moins d'hypothèses. Il a été énoncé à de nombreuses reprises sous des formes différentes, la plus connue étant celle du « rasoir d'Ockham »).

Rigoureusement, il y a cependant une nuance à faire à ce sujet. Entre deux croyances, le principe de parcimonie indique laquelle est la plus plausible. Mais l'idée qu'il faut choisir d'agir en fonction de la croyance la plus plausible ne va pas de soi, cela dépend du contexte.[V 4] Par exemple, si un médicament est suspecté d'avoir des effets secondaires négatifs suite à une étude, mais que cette étude a un très faible pourcentage de certitude, et qu'aucun mécanisme d'action connu ne permet actuellement d'expliquer l'éventuel effet secondaire. Faut-il dépenser des ressources pour mener d'autres études ou est-ce que c'est irrationnel parce que cela implique une hypothèse de plus (supposer un mécanisme d'action inconnu) ? On voit qu'une approche conséquentialiste peut justifier le principe de précaution (mener plus d'études), si beaucoup de personnes peuvent être impactées.

5.2.2 Curseur de crédence / bayésianisme[modifier | modifier le wikicode]

Le bayésianisme est un courant en épistémologie qui prône l'utilisation des probabilités bayésiennes pour définir ce qu'il est plus ou moins rationnel de croire ou de faire.[4]

6 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

Vidéos

  1. Tzitzimitl - Esprit Critique, Le pouvoir spirituel / l'esprit critique comme arme politique, 9 févr. 2020
  2. Tranxen, Les deux familles du scepticisme (Conférence), Observatoire Zététique, 21 oct. 2022
  3. Revenir plus haut en : 3,0 et 3,1 Charlotte Barbier, La face cachée de l'esprit critique (Comité Para), Conférence à Bruxelles Sceptiques au Pub, 28 févr. 2022
  4. Enfin, peut-être | Nicolas Martin, Non, il ne *faut* pas privilégier les hypothèses les plus parcimonieuses !, 30 mars 2024

Articles et ouvrages

  1. Articles Wikipédia : Scepticisme scientifique, Zététique
  2. Normand Baillargeon, Petit cours d'autodéfense intellectuelle, Lux, 2005
  3. Bertrand Russell, Essais sceptiques, 1928
  4. Enfin, peut-être | Nicolas Martin, Penser le monde avec des probabilités [Partie 1/2] (Conférence Alderan - Toulouse), 11 févr. 2021