Défense de l'URSS

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Le mouvement ouvrier a largement pris la défense de l'URSS, qui au lendemain de la révolution d'Octobre a été agressée par les puissances capitalistes (France, Grande-Bretagne, États-Unis, Japon...).

Une des tâches de l'Internationale communiste était d'appeler à étendre la révolution russe, et bien sûr de la défendre. Malgré la bureaucratisation de l'URSS, Trotski a continué à proclamer que l'opposition de gauche appelerait toujours à défendre l'URSS face à toute agression impérialiste.

Cependant, cette position a soulevé de plus en plus de critiques, dans le mouvement trotskiste et dans l'extrême gauche en général.

1 La position de Trotski[modifier | modifier le wikicode]

La position de défense de l'URSS de Trotski découle de son analyse de la nature de l'URSS.

Pour Trotski, les rapports de production capitalistes avaient été abolis en URSS par la révolution, et les rapports de production étaient donc des rapports de production ouvriers et socialistes, définis en particulier par le fait que la production est nationalisée.

Pour lui, la bureaucratie est une excroissance qui repose sur cette production étatique, et qui malgré elle est donc obligée de la maintenir. Donc, elle "protège" les acquis de la révolution, tout en accaparant ses fruits aux détriments du prolétariat russe. Pour Trotski, ce n'est pas une classe sociale à part entière.

Donc Trotski considérait que les rapports de production en URSS étaient progressistes par rapport aux pays capitalistes, et que si l'URSS était défaite par des pays capitalistes, cela conduirait à une restauration réactionnaire du capitalisme. Trotski précisait que ce devait être une "défense inconditionnelle", dans le sens où cela ne dépendait pas d'une exigence que les staliniens changent de politique.

2 Politiques divergentes[modifier | modifier le wikicode]

Cette position de principe a été l'objet de polémiques récurrentes au sein du mouvement trotskyste, soit en raison de désaccords sur la nature de l'URSS, soit en raison de problèmes stratégiques ou tactiques, liés parfois à la difficulté à mener de front cette défense de l'URSS et la nécessaire critique de la bureaucratie stalinienne.

2.1 Du vivant de Trotski[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1930, face à la montée des tensions entre puissances impérialistes, une question stratégique importante se pose. La ligne des communistes révolutionnaires depuis Lénine était celle du « défaitisme révolutionnaire » : ne prendre parti pour aucun des blocs, ne pas faire d'union sacrée avec "sa" bourgeoisie, et militer pour transformer la guerre impérialiste en guerre civile. Mais si deux blocs impérialistes se forment et entrent en guerre, et que l'URSS se retrouve dans l'un des deux camps, quel impact cela doit-il avoir ? Comment concilier défaitisme révolutionnaire et défense de l'URSS ? Pour Trotski, il fallait maintenir la ligne de défaitisme révolutionnaire, mais adapter la tactique, en favorisant de fait la victoire du camp militaire dans lequel se trouverait l'URSS :

« Le prolétariat d'un pays capitaliste qui se trouve l'allié de l'U.R.S.S. doit conserver pleinement et complètement son irréductible hostilité au gouvernement impérialiste de son propre pays. En ce sens, sa politique ne sera pas différente de celle d'un prolétariat dans un pays qui combat l'U.R.S.S. Seulement, dans la nature des actions pratiques, il peut apparaître, en fonction des conditions concrètes de la guerre, des différences considérables. Par exemple, il serait absurde et criminel, en cas de guerre entre l'U.R.S.S. et le Japon, que le prolétariat américain sabote l'envoi de munitions américaines à l'U.R.S.S. Mais le prolétariat d'un pays combattant l'U.R.S.S. devrait absolument recourir à de telles actions : grèves, sabotages, etc. »[1]

Cette position de Trotski entraine des critiques fortes parmi les trotskistes, notamment de Leonetti et Bauer, qui considéraient que Trotski affaiblissait trop le "défaitisme révolutionnaire", ou du dirigeant du PSR belge Georges Vereeken, qui l'accusait de revenir à une forme indirecte d'Union sacrée.

Lorsque l'URSS a signé un pacte de non agression avec l'Allemagne nazie, cela a causé beaucoup de troubles dans l'ensemble du mouvement communiste. Malgré leur aveuglement sur les crimes du stalinisme, beaucoup de militants communistes voulaient voir dans l'URSS le fer de lance de la lutte contre le fascisme à l'échelle mondiale. De plus, cela apparaît nettement contre une incohérence de Staline, qui avait justifié une bonne partie de sa politique (front populaire...) par l'antifascisme.

Ce revirement ébranle aussi les trotskistes. Certains doutent du caractère progressiste de l'URSS, et proposent d'y voir une nouvelle forme de société de classe (Yvan Craipeau) et d'appliquer sans nuances tactiques la ligne de défaitisme révolutionnaire, en ne faisant pas de différences en fonction de l'URSS. C'est-à-dire remettre en cause la ligne de défense de l'URSS. Trotski maintient néanmoins sa position.

Alfred Rosmer témoigne :

« Chaque fois qu’un nouveau "tournant" accentuait et soulignait la dégénérescence du régime soviétique, des voix s'élevaient pour en demander l'abandon ; il était désormais impossible, disait-on, de considérer l'État stalinien comme un État prolétarien, et impossible surtout de parler de défense de l'U. R. S. S., car les ouvriers ne nous comprendraient plus. Trotski répondait patiemment; il ne convainquait pas toujours, mais la divergence sur ce point était tolérée.  »[2]

Après le déclenchement de la Seconde guerre mondiale, certains trotskistes critiquent aussi la politique de l'URSS dans les régions qu'elle envahi militairement. Certains trotskistes, notamment une minorité (Max Shachtman, James Burnham...) dans le Socialist Workers Party des États-Unis, qualifient sa politique d'impérialisme. Trotski reconnaissait que c'était une forme d'impérialisme au sens général et anhistorique, mais répliquait que le terme d'impérialisme depuis Lénine avait pris un sens particulier, celui de l'impérialisme capitaliste, reposant sur des critères économiques (trusts privés, exportation de capital, colonialisme...) ne s'appliquant pas à l'URSS. Trotski a polémiqué durement avec la minorité du SWP.

Max Shachtman plaide pour passer à une "défense conditionnelle de l'URSS". Il voulait que les trotskistes différencient selon la sitution militaire concrète. Dans le cas de l'invasion par l'armée rouge de la Pologne et de la Finlande, il estimait que les Alliés comme l'Axe étaient deux camps impérialistes, et qu'il fallait donc appliquer le défaitisme révolutionnaire. Dans le cas d'une invasion de l'URSS par des États capitalistes, il disait maintenir la défense de l'URSS.[3]

2.2 Après 1940[modifier | modifier le wikicode]

l'importance de ce point dans l'analyse et la stratégie pabliste...

Au moment de la 1ère guerre d'Afghanistan...

Le courant autour du SWP anglais a rompu avec cette ligne, et a défendu une ligne « Ni Moscou ni Washington » pendant la guerre froide.

2.3 La défense d'autres Etats[modifier | modifier le wikicode]

Il est à noter qu'une analyse en partie similaire a été tenue par certains groupes en défense d'autres régimes, soit en raison des acquis réels ou supposés de mouvements révolutionnaires dans ces pays, soit en raison de leur opposition de fait à l'impérialisme dominant...

3 Pour aller plus loin[modifier | modifier le wikicode]

Quelques textes de Trotski sur ce sujet :