Crise politique

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Protestations contre Boris Johnson suite au Partygate (2022). Un exemple de crise politique mineure.

Une crise politique est une situation de tension entre la population et le gouvernement, ou entre institutions ou partis de gouvernement.[1]

Il y a des degrés de gravité très différents de crises politiques, d'un conflit momentané entre partis bourgeois dans une coalition gouvernementale, jusqu'à une situation révolutionnaire.

1 Exemples de crises[modifier | modifier le wikicode]

Les crises politiques les moins aigües sont les cas où, par exemple :

  • seul un gouvernement (voire, seul un ministre) est visé par un scandale, sans perte de confiance dans les institutions en général ;
  • des tensions apparaissent entre partis formant une coalition gouvernementale (possiblement en lien avec une crise touchant l'un des partis) ;
  • des tensions apparaissent entre diverses institutions politiques (entre le Parlement et le président par exemple) ; dans les cas où les rapports de pouvoir entre ces différentes institutions ne sont pas clairs, on peut parler de crise institutionnelle ou crise constitutionnelle.

Parmi les crises plus sérieuses, il y a les cas où des franges significatives de la population se mobilisent contre le gouvernement, par exemple suite à une crise sociale (impopularité d'une réforme, brusque montée des prix ou du chômage...) ou à des violences policières. Lorsque le mouvement ouvrier est puissant, qu'il soit très organisé ou plutôt spontané, cela peut ébranler l'hégémonie idéologique des capitalistes, et déstabiliser sa domination par des manifestations et des grèves. En particulier, des grèves généralisées et reconductibles menacent les profits du patronat, et peuvent le pousser à des concessions.

Souvent les niveaux de violence augmentent lorsque l'État lui-même est discrédité, et pas seulement le gouvernement au pouvoir. Par exemple, lorsque l'institution policière est clairement perçue comme coupée de la population (ce qu'elle est dans une société de classe), il arrive que des émeutes éclatent.

Une situation de crise politique radicale débouche sur une situation révolutionnaire, c'est-à-dire propice au renversement du régime en place, ou des rapports sociaux en général (rapports de propriété et de pouvoir dans les entreprises capitalistes).

Il est fréquent cependant qu'une telle situation donne aussi du potentiel à des forces d'extrême droite, qui désignent des boucs-émissaires et peuvent alors canaliser la colère sociale vers des impasses. Cela peut fanatiser des pans entiers de la population, et déboussoler profondément des centristes « raisonnables ». Stefan Zweig exprimait ainsi son désarroi de l'Europe des années 1930 et la « fièvre » extrémiste, terme repris dans une série française du même nom :

« Peu à peu, il devint impossible d’échanger avec quiconque une parole raisonnable, les plus pacifiques, les plus débonnaires, étaient enivrés par les vapeurs de sang, des amis que j’avais toujours connus comme des individualistes déterminés s’étaient transformés du jour au lendemain en patriotes fanatiques. Toutes les conversations se terminaient par de grossières accusations, il ne restait dès lors qu’une chose à faire, se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre. »[2]

Le point de vue centriste renvoyant dos-à-dos « les extrêmes » n'offre cependant aucune issue. Malgré tous les défauts qu'il peut avoir, le mouvement ouvrier socialiste et communiste et sa quête d'égalité ne peut pas être assimilé au fascisme. Il est au contraire le seul courant qui peut enrayer cette issue fatale à la crise, en sortant du capitalisme qui la nourrit.

2 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Philippe Askenazy et Daniel Cohen, 5 Crises : 11 nouvelles questions d'économie contemporaine - Economiques 3, Albin Michel, , 768 p. (ISBN 9782226288462 et 2226288465, lire en ligne)
  2. Laure Beaudonnet, « La Fièvre » sur Canal+ : Comment les fabricants d’opinion créent le chaos, 20 minutes, Mars 2024