Cordon sanitaire

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En Belgique, il y a un « cordon sanitaire » contre l'extrême droite, en particulier contre le Vlaamsbelang.

Le cordon sanitaire est à l'origine une zone de sécurité établie pour contenir une maladie et éviter la propagation d'une épidémie.[1]

Le terme est beaucoup utilisé par analogie, dans le domaine politique.

1 « État tampon »[modifier | modifier le wikicode]

Pour endiguer la vague révolutionnaire qui suit la guerre de 1914 et la révolution bolchévique, une série d'États capitalistes sont mis en place (Finlande, Pays baltes, Pologne et Roumanie). Le ministre français des Affaires étrangères Stephen Pichon désignait cela en comme un cordon sanitaire, qui devait agir de manière défensive pendant que les troupes impérialistes intervenaient de manière offensive aux côtés des contre-révolutionnaires russes[2].

On parle aussi d'États tampons.

2 Front médiatique et politique contre un parti[modifier | modifier le wikicode]

Dans certains pays, les partis politiques principaux se mettent d'accord pour empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir. Concrètement cela passe par des désistements de candidats et des consignes de vote pour favoriser l'opposant le mieux placé à l'extrême droite. Mais dans les faits, par proximité idéologique (nationalisme, anticommunisme...) et sociologique, il y a toujours eu un certain nombre de liens entre droite et extrême droite.

2.1 Belgique[modifier | modifier le wikicode]

En Belgique, les partis de gauche et de droite se sont mis d'accord (avec beaucoup d'hésitations) à partir de 1989 pour faire bloc contre la montée du Vlaamsblang, parti d’extrême droite, en Flandre.

Côté francophone (Wallonie), ce cordon sanitaire s'étend aussi aux médias du service public, qui refusent de donner la parole en direct à des politiciens d'extrême droite.

2.2 France (« Front républicain »)[modifier | modifier le wikicode]

La droite et l'extrême droite française ont eu et ont de nombreux liens. En 1937, la soi-disant droite républicaine de la Fédération républicaine s'alliait à l'extrême droite contre le Front populaire.[3] Un parti comme le CNIP a été une passerelle entre droite et extrême droite, depuis le poujadisme des années 1950 jusqu'au soutien à Zemmour en 2022.

En France, la politique visant à contenir la montée du Front national depuis les années 1980 a été appelée « Front républicain ». Elle a été mise en application quasi systématiquement par la gauche, et avec beaucoup plus d'hésitations par la droite (dont une grande partie de l'électorat déteste bien plus la gauche que l'extrême droite).[4][5] L'origine de cette expression vient du fait que le FN a notamment été fondé par des anciens partisans du régime de Vichy, qui avait aboli la République. Cette notion de régime républicain n'est pas très clairement définie, mais fait référence globalement à un régime démocratique respectant l'État de droit. Le FN / RN dément de son côté être antidémocratique, et se prétend au contraire « du côté du peuple ».

Le même Chirac qui cautionnait un accord avec le FN en 1983 se présentait comme rempart face à Le Pen en 2002...

En 1983, la droite (RPR de Jacques Chirac et UDF) s'allient au FN pour gagner la mairie de Dreux. Chirac déclare alors :

« Ceux qui ont fait alliance avec les communistes sont définitivement disqualifiés pour donner des leçons en matière de droits de l'homme et de règles de démocratie. […] Je n'aurais pas du tout été gêné de voter pour la liste RPR-FN au second tour. »[6].

Le FN et la droite ont fait à plusieurs reprises des alliances électorales dans les années 1980.

La tendance du RPR opposée aux alliances avec le FN devient progressivement majoritaire, dans les années 1990, alimentée par les multiples propos polémiques de Jean-Marie Le Pen, jusqu'au second tour de l'élection présidentielle de 2002, où Chirac joue face à Le Pen la carte de la la droite « républicaine ».

Sur le plan rhétorique, le FN a beaucoup profité du fait que le PS et l'UMP (puis LR) ont fait globalement la même politique économique pro-capitaliste pour les attaquer comme « partis du système », avec la formule « UMPS ». Depuis des années, en quête de respectabilité, surtout depuis la présidence de Marine Le Pen, le RN affiche plutôt un profil de dialogue avec la droite, pour essayer de faire sauter ce verrou qui freine sa marche vers le pouvoir. Cela tend à fonctionner, puisqu'aux législatives de 2024, où le RN a été aux portes du pouvoir :

  • un pan entier de LR (derrière Eric Ciotti) se rallie au RN (ralliement activement soutenu par le milliardaire Bolloré[7]) ;
  • dans des duels gauche / RN au second tour, l'électorat de LR s'est beaucoup plus reporté sur le RN ;
  • les macronistes ont eu beaucoup d'hésitations entre le Front républicain et la posture « ni-ni ».

De son côté le petit parti de droite CNIP soutient Zemmour en 2022.[8]

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Cf. Cordon sanitaire sur WIkipédia
  2. Jean-Baptiste Duroselle, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Paris, Dalloz, , 871 p. (lire en ligne), p. 38 et 40.
  3. Wikipédia, Front de la liberté
  4. Le Monde, Entre la droite et l’extrême droite, une longue histoire tourmentée, 15 juin 2024
  5. Le Monde, Droite : trente ans d'hésitations face au FN, 14 juin 2012
  6. Hugo Romani, « Le pacte entre Éric Ciotti et le RN, la fin de quarante ans de tradition politique à droite », sur Slate.fr, (consulté le 4 juillet 2024)
  7. Le Temps, Eric Ciotti a préparé avec Vincent Bolloré son ralliement au RN en vue des législatives françaises, 13 juin 2024
  8. Le Monde, Eric Zemmour rejoint par le CNIP, petit parti de droite, 29 janvier 2022