Société amicale
Une société amicale est une association dont le but est la protection mutuelle de ses membres. Contrairement aux guildes médiévales, les membres d'une société amicale n'appartiennent pas nécessairement à une même profession. Elles prospèrent particulièrement au cours du 19e siècle, tenant lieu de mutuelles d'assurance à une époque où il n'existait aucune protection sociale. Elles sont une des sources du mouvement ouvrier, exprimant un degré de corporatisme intermédiaire entre les guildes médiévales et les systèmes de sécurité sociale modernes. Elles déclinent avec la généralisation de celles-ci.
Par contraste, les clubs politiques, parfois appelés « sociétés populaires », sont plutôt des lieux de discussion idéologique entre membres des classes supérieures.
1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]
Ce type de société apparaît d'abord au Royaume-Uni au début du 18e siècle et aux États-Unis au début du 19e siècle, sous les nom de friendly society, mutual society, benevolent society, fraternity ou fraternal organization[1]. Les plus connues d'entre elles sont les Odd Fellows et les Foresters (Ancient Order of Foresters…). Le terme de « Odd Fellows » (compagnons dépareillés) vient du fait que les membres n'étaient pas forcément des mêmes corps de métier, ce qui était notamment important dans les petites localités. Ces sociétés amicales seront reconnues par une loi de 1793, le Friendly Societies Act.
Les sociétés amicales prospèrent particulièrement au cours du 19e siècle, tenant lieu de mutuelles d'assurance à une époque où il n'existait aucune protection sociale. Elles assuraient un certain nombre de services :
- Elles rémunéraient généralement un médecin qu'elles mettaient gratuitement à la disposition de leurs membres.
- Elles participaient aux frais de funérailles et prenaient soin des veuves et orphelins de leurs membres.
- Elles assuraient des tâches éducatives et culturelles...
Elles sont fréquemment composées de personnes qui partagent en commun des valeurs sociales, religieuses ou politiques communes.
Les sociétés amicales pratiquaient généralement des cérémonies d'initiation de leurs nouveaux membres qui, dans certains cas (par exemple chez les francs-jardiniers), empruntèrent une part non négligeable de leur symbolisme aux rituels de la franc-maçonnerie. Elles étaient composées d'organismes locaux appelés loges, qui se réunissaient eux-mêmes en fédérations nommées ordres. Elles contractaient fréquemment entre elles des accords de reconnaissance mutuelle permettant à un membre amené à voyager ou à déménager de continuer à bénéficier de son affiliation et des secours mutuels qui y étaient attachés.
Mais à la différence de la franc-maçonnerie et des « fraternités », leur but principal est le système d'assurance mutuelle entre les membres, alors que l'aspect rituel et philosophique, quoique presque toujours présent, y est beaucoup moins développé.
Parmi les friendly society, les Working men's club[2] regroupent plus particulièrement des hommes de la classe ouvrière.
En Allemagne, l'équivalent est ce qui a été appelé les « associations ouvrières » (Arbeiterverein), qui connaissent un fort développement au 19e siècle, et qui ont été une source importante du mouvement ouvrier en Allemagne (Arbeiterverbrüderung, ADAV, VDAV...).
En France, on peut rapprocher ce mouvement des mutuelles et des bourses du travail.
En Espagne, des sociétés ouvrières commencent à se former dans les années 1830 en Catalogne.[3]
Ces formes de solidarité relativement locales et basées sur des rites particuliers tend à décliner à mesure que s'instaurent des solidarités plus universelles. Ces dernières ont été portées par le mouvement ouvrier organisé et en particulier les socialistes et communistes, mais ont fini dans la majorité des cas par être pris en charge par les États bourgeois (notion « d'État-providence »).
Par exemple suite à la création du National Health Service au Royaume-Uni en 1948, les sociétés amicales y perdirent leur principal intérêt. Elles ont aujourd'hui presque disparu dans ce pays. Elles demeurent en revanche actives aux États-Unis, pays où la protection sociale à l'échelle fédérale est peu développée.
2 Sociétés amicales[modifier | modifier le wikicode]
Quelques-unes des sociétés amicales les plus connues au Royaume-Uni (par ordre chronologique)[4] :
- l'Order of the Free Gardeners (1676)
- les Oddfellows (1748)
- l'Ancient Order of Druids (1781)
- l'Ancient Order of Foresters (1790)
- le Royal Antediluvian Order of Buffaloes (1822)
- le Loyal Order of Ancient Shepherds (1826)
- l'United Ancient Order of Druids (1833)
- la Foresters Friendly Society (1834)
- l'Independent Order of Rechabites (1835)
- l'Order of Druids (1858)
- l'Independent Order of Foresters (1874)
- le Catholic Order of Foresters (1879)
3 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ https://en.wikipedia.org/wiki/Friendly_society
- ↑ https://en.wikipedia.org/wiki/Working_men%27s_club
- ↑ https://es.wikipedia.org/wiki/Societarismo
- ↑ .Victoria Solt Dennis, Friendly and Fraternal Societies : their badges and regalia, London, 2008.