Époque de transition
« L'époque de transition » est dans un certain nombre d'écrits communistes l'époque située entre le capitalisme et le socialisme.
1 Contexte[modifier | modifier le wikicode]
On trouve en particulier cette expression très utilisée dans les textes des débuts de la IIIe internationale. La violente secousse de la guerre de 1914-1918 avait profondément ébranlé l'Internationale ouvrière. Dans chaque pays, les dirigeants réformistes ont fait l'Union sacrée avec leur bourgeoisie, et ont justifié le massacre d'ouvriers de tous les pays.
Lénine, en se basant sur d'autres penseurs, a alors théorisé un changement d'époque vers la fin du 19e siècle : l'entrée dans le « stade impérialiste ». Alors que le capitalisme jeune connaissait un développement rapide et avait un rôle globalement progressiste, le capitalisme à son stade suprême est celui de la stagnation (en tout cas dans les pays du centre) et de « la réaction sur toute la ligne ».
Sur le plan politique, l'époque impérialiste est celle des « guerres et des révolutions ». Les bolchéviks se sont basés sur l'exemple de la révolution d'Octobre, mais aussi plus généralement de la vague révolutionnaire qui a parcouru l'Europe. Ils étaient convaincus que la Russie n'était qu'un premier maillon, et que la chaîne des révolutions allait se compléter jusqu'à la révolution mondiale, signifiant la victoire réelle de la révolution socialiste. C'est pourquoi ils parlaient dans leur analyse de la situation de « l'époque de transition ».
2 Internationale communiste[modifier | modifier le wikicode]
Dans une discussion en 1922, des communistes comme Radek et Zetkin évoquaient un horizon de 20 ans d'ici lequel le capitalisme serait renversé.[1]
La première des conséquences de la conviction d'être dans l'époque de transition est qu'il faut être prêt au combat révolutionnaire :
« Le caractère de la période de transition fait un devoir à tous les partis communistes d'élever au plus haut point leur esprit de combativité. Chaque combat isolé peut aboutir à un combat pour le pouvoir. Le Parti ne peut acquérir ce mordant nécessaire que s'il donne à l'ensemble de sa propagande le caractère d'une attaque passionnée contre la société capitaliste. »[2]
Les communistes ont rejeté l'ancienne conception du programme minimum de la social-démocratie, souvent en le justifiant par le changement de période :
« Il ne s’agit pas d’un programme minimum de l’Internationale communiste. Un semblable programme ne serait historiquement possible que lorsque nous serions persuadés que nous entrons dans une période de longue stabilisation du capitalisme. Il s’agit de l’établissement d’un programme de revendications transitoires servant de levier à l’action qui conduira à la conquête de la dictature. »[1]
Les bolchéviks au pouvoir ont aussi débattu des formes économiques de la « période de transition » entre capitalisme et socialisme.[3]
3 Débats ultérieurs[modifier | modifier le wikicode]
La lutte de classe est restée intense dans les pays impérialistes jusqu'à la Seconde guerre mondiale, avec des hauts et des bas. Mais pendant les « 30 glorieuses », une forte intégration des couches supérieures du prolétariat et de leurs organisations a eu lieu.
L'idée de « l'époque de transition » a par conséquent été moins utilisée. L'idée de stade impérialiste a aussi été critiquée ou amendée par plusieurs théoriciens marxistes. Plus généralement, cela questionne l'idée de vieillissement_du_capitalisme, et de ses cycles.
4 Notes[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ 1,0 et 1,1 Discussion sur le programme de l'IC, 8 juin 1922
- ↑ Internationale Communiste, IIIe Congrès - Thèses sur la tactique, juin 1921
- ↑ Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/10/vil19191030.htm L'économie et la politique à l'époque de la dictature du prolétariat], 30 octobre 1919