Ligue communiste révolutionnaire (France)

De Wikirouge
(Redirigé depuis Rouge (journal))
Aller à la navigation Aller à la recherche
Logo LCR rouge.png

La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) était un parti d'extrême gauche, Section française du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (SUQI). Il est issu de la Ligue communiste (1969-1973), et fut reformé sous le nom de LCR de 1974 à 2009, année où il s'autodissout dans le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).

1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Origines[modifier | modifier le wikicode]

La LCR était directement issue de la Ligue communiste, reformée sous ce nom après la dissolution de 1973 par l'État français.

La Ligue communiste, elle, était issue du Parti Communiste Internationaliste (1944-1968) et de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (1966-1969).

1.2 1973-1981 : les années Giscard[modifier | modifier le wikicode]

Progressivement la LCR s'éloigne du gauchisme soutenu par Daniel Bensaïd (Jebracq, Ségur), Pierre Rousset, Pierre de Verbizier la Treille (Vergeat), Yves Salesse (Boris)… Charles Michaloux, « Garcin », Jeannette Habel, François Sabado et d'autres recentrent la LCR vers des positions plus ancrées sur le mouvement social (gauche de la CFDT notamment) qui laissent envisager à certains un éventuel rapprochement avec l'OCI lambertiste (voir par exemple les écrits d'Edwy Plenel, alias Krasny). Les anciens dirigeants de la JCR (Krivine, Weber, Bensaïd) sont progressivement affaiblis. Un groupe du PSU, mené par Jacques Kergoat et Jean-Marie Vincent (auteur de La théorie critique et l'école de Francfort, 1976), rejoint la LCR en 1972.

Lors de la campagne électorale de 1974, Krivine se dit prêt à soutenir la candidature, dès le premier tour, du syndicaliste Charles Piaget, militant de la CFDT célèbre pour son activité à Lip, qui est membre du PSU et poussé par une partie des militants autogestionnaires du PSU. Mais le 7 avril 1974, un mois avant le premier tour, Michel Rocard convainc le PSU de soutenir Mitterrand. Krivine se présente donc pour le « Front communiste révolutionnaire», obtenant 0,36 % des suffrages, trois fois moins qu'en 1969 et six fois moins qu'Arlette Laguiller (LO). Les années Giscard commencent.

Diverses tendances officielles voient le jour en 1974:

  • la Tendance 1 (T1) derrière Gérard Filoche, et Daniel Gluckstein, qui prône l'investissement dans les syndicats et s'opposent à la priorité donnée à l'« hégémonie sur l'avant-garde large »; elle obtient 20 % des voix ;
  • la T2, derrière Krivine, Weber et Bensaïd, qui demeure majoritaire;
  • la T3, derrière Lequenne, Jean-René Chauvin et d'autres anciens militants du PCI, qui prône l'unité d'action avec les réformistes et la constitution d'une avant-garde large ;
  • la quatrième tendance, derrière Jacques Cotta et Denis Colin, qui s'oppose aux dérives guérilleristes et prône l'alliance avec les lambertistes, est exclue avant de s'être officiellement formée.

L'année suivante, des négociations sont menées avec le Parti socialiste unifié (PSU) afin d'opérer une fusion, les rocardiens ayant quitté ce dernier après les Assises du socialisme. La fusion échoue cependant (en revanche, l'AMR, pabliste, fusionnera dans le PSU). La même année 1975, la tendance bolchévik-léniniste de la LCR rejette l'« électoralisme » de l'organisation, ainsi que son analyse de l'URSS, et scissionne pour créer l'Union ouvrière, qui évoluera vers l'ultragauche. D'autres rejoignent au contraire le Parti socialiste (Martine Lignières-Cassou, qui sera élue maire de Pau dans les années 2000, etc.).

Afin de concurrencer les maoïstes de Libération, l’édition de "Rouge" devient quotidienne en 1976.

Des négociations sont ensuite menées, en 1977, avec l'Organisation communiste libertaire (OCL) pour fusionner: nouvel échec. La LCR compte alors 3 800 militants (l'OCI lambertiste 8 000), et 10 000 sympathisants dans les Cercles rouges.

De 1975 à 1978, la majorité de la LCR perd tout contrôle sur son secteur étudiant pourtant formellement dirigé par François Sabado, expérience qui se répète en 1996-98. Fort de son poids dans le mouvement étudiant de 1976, Dominique Losay (Stackhanov/ Letourneau) prend le contrôle du secteur étudiant et commence à imposer un tournant vers le syndicalisme. Avec François Cortes (Ulysse) ils ont la majorité absolue sur les étudiants de la Ligue. Derrière, avec Gilles Casanova (Swanee), Robi Morder et Didier Leschi, une minorité plus polarisée sur les mouvements sociétaux échappe aussi au contrôle de la direction, rejoignant en 1977 les Comités communistes pour l'autogestion (CCA) où sont présents des pablistes. Letourneau et Ulysse rejoignent quant à eux le camp lambertiste (OCI, tandis que Gluckstein abandonne Filoche pour prendre la tête de la T4, prônant l'union PS-PC et l'alliance avec les lambertistes. La T2 de Krivine s'oriente aussi vers l'idée du front unique PS-PC.

De 1977 à 1981, la LCR dénonce la « politique de division » du PCF qui voit l'union se faire à son détriment. La LCR défend le maintien de « l'unité des organisations ouvrières ». Aux législatives de mars 1978, la LCR constitue des listes communes avec les CCA et l'OCT, intitulées « Pour le Socialisme, le Pouvoir aux travailleurs ».

Celles-ci sont cependant un échec, et peu après, Rouge est confronté à d'importantes difficultés financières: 110 journalistes doivent être licenciés, Gérard Filoche étant chargé du plan social. Alors que Lambert propose à la Quatrième Internationale - Secrétariat unifié d'organiser des négociations en vue de l'union des trotskistes, Krivine, réticent mais contesté en interne, accepte, en tentant de convaincre LO de s'y associer afin de ne pas se retrouver seul face à Lambert. LO est réticent; la LCR l'y pousse en acceptant l'union lors des élections européennes de juin 1979. La liste commune ne fait que 3,08% (aucun élu).

En novembre 1979, la direction de la LCR est mise en minorité concernant sa volonté d'appuyer l'intervention soviétique en Afghanistan (Jean-Marie Vincent, qui devient philosophe à Nanterre, fait partie de ceux qui s'y opposent). Dans le même temps, l'exclusion de la tendance léniniste-trotskyste (TLT) produit du regroupement de partisans français du Socialist Workers Party américain (SWP) (Dominique Losay, alias Letourneau, et Daniel Gluckstein, alias Seldjouk) et de pro-lambertistes (Némo, Ulysse) ainsi que de la tendance bolchévique, pro-Nahuel Moreno (PST Argentin) lors du congrès de l'Haÿ-les-Roses. Dans son intervention de réponse à Daniel Bensaïd pour la majorité, Dominique Losay alias Letourneau, au nom de la TLT, appelle au regroupement avec l'OCI (devenue PCI puis Parti des travailleurs) au sein d'une « conférence mondiale ouverte ».

Les dissidents exclus en novembre 1979 au congrès de l'Haye les Roses, qui représentent 20% de l'organisation fondent la Ligue communiste internationaliste (LCI), qui refuse notamment l'appui au Front sandiniste en raison de la présence d'éléments « bourgeois ». La LCI fusionne en octobre 1980 avec l'Organisation communiste internationaliste (OCI) « lambertiste ». Dominique Losay (Letourneau) et Christian « Leucate » (Némo) ne feront qu'un très bref passage à l'OCI alors que Daniel Gluckstein en deviendra le principal dirigeant. L'OCI profite de ce coup pour marginaliser Julien Dray et Sylvia Zappi (LCR, 15% des voix) lors du Congrès UNEF-ID de Nanterre de 1980: les lambertistes mettent la main sur le syndicat étudiant, alors que la LCR avait réussi à être présente, les années précédentes, aussi bien au sein de l'UNEF-US que du Mouvement d'action syndicale, contrôlé par la LCR depuis 1977.

Le départ de Gluckstein permet à Krivine et Bensaïd de reprendre la majorité, n'ayant plus besoin d'une alliance avec Filoche. L'Union de la gauche est dénoncée, la LCR appuie le « virage à gauche » de Georges Marchais et soutient la guerre en Afghanistan. L'année suivante, Christian Picquet et ses amis du groupe Révolution! reviennent à la LCR. Alors que Filoche est à 20% et que la T3 de Lequenne, Chauvin et Piquet est à 27%, Krivine obtient alors 40% des votes des militants: la LCR s'engage dans l'ouvriérisme, les militants devant aller s'établir à l'usine (« ligne de prolétarisation industrielle »).

Organisation Militants[1]
LO 650
LCR 1800
LCI 430
OCI 4500
LTF 150
LOR 80


1.3 1981-1988[modifier | modifier le wikicode]

Forte de 3 800 militants vers 1977, la LCR ne compte plus en 1981 que 570 militants (457 titulaires et 113 stagiaires) selon Jean-René Chauvin, alors au bureau politique, soit à peu près autant qu'en 1966. Affaiblie, elle n'obtient pas le nombre de 500 signatures d'élus pour pouvoir présenter un candidat à l'élection présidentielle de mai 1981. Elle appelle à voter pour Arlette Laguiller (LO) ou Georges Marchais (PCF) au premier tour et pour François Mitterrand au second, tandis que l'OCI appelle à voter Mitterrand dès le premier tour.

En décembre 1981, plusieurs personnalités s'en vont, dont : Julien Dray, ancien secrétaire général du MAS et secrétaire général adjoint de l'UNEF-ID, exclu après avoir passé des vacances chez l'« ennemi », Jean-Christophe Cambadélis (secrétaire général de l'UNEF-ID et lambertiste). Il rejoint le PS, emportant avec lui la plupart des militants de Seine-Saint-Denis. Question socialiste, le courant de Dray au PS, prend le contrôle du courant Pour l'unité syndicale (PLUS, socialiste) de l'UNEF-ID et fonde SOS Racisme en 1984. Harlem Désir (président de SOS Racisme de 1984 à 1992) Laurence Rossignol (militante du MAS puis de l'UNEF-ID, présente au comité central de la LCR, elle accompagne Dray au PS, et devient par la suite conseillère régionale de Picardie) Jean-Marie Vincent, ancien directeur de publication de Tribune socialiste.

La LCR considère que la victoire de François Mitterrand en 1981 est un effet différé de Mai 1968. Elle compare cette élection à celle du Front populaire de 1936 et considère que la dynamique de l'élection doit déboucher sur un nouveau « juin 1936 » (grève générale). Cette analyse de la situation l'amène à une stratégie politique qu'elle nomme « tournant ouvrier ». En effet, prévoyant la possibilité de la grève générale, elle veut être « là où ça se passe », c'est-à-dire dans les usines. La LCR veut « changer sa composition sociale par effet mécanique d'implantation ».

400 militants sont impliqués dans ce « Tournant ouvrier ». Mais, selon le bilan fait plus tard par la LCR, « le tournant ouvrier fut une mauvaise réponse à un vrai problème : sa faiblesse d'implantation dans les concentrations ouvrières, mais une mauvaise réponse car on ne peut se fabriquer une implantation ouvrière en transformant intellectuels, étudiants et employés en ouvriers ». Les maoïstes expérimentent cette politique dès les années 1960-1970 et font les mêmes constats. Plus tard, suite à la grève de 1995, un groupe d'étudiants appartenant à la Tendance minoritaire « R! » décide à nouveau d'abandonner ses études pour se consacrer au militantisme ouvrier, dont Olivier Besancenot.

Affiches de la LCR en 1981, interpellant le PS et le PCF pour qu'ils forment un gouvernement ouvrier plutôt qu'un gouvernement de type front populaire.

En 1983, la situation politique change brusquement avec la « tournant de la rigueur » du gouvernement Fabius pour maintenir la France dans le système monétaire européen : suppression de l’indexation des salaires, report des 35 heures, blocage des salaires des fonctionnaires. La LCR juge que le gouvernement adhère aux thèses capitalistes et considère que cela accélère le « déclin du PCF » et la transformation « social-libérale » du Parti socialiste.

Puis vient la défaite électorale de la gauche en 1986, et l'arrivée de Jacques Chirac comme premier ministre. La LCR amorce alors un déclin, ayant surestimé les possibilités révolutionnaires de 1981. De plus, le virage brusque de la politique de François Mitterrand ne leur profite pas. Au contraire, tous les mouvements d'extrême gauche décroissent durant cette période (beaucoup d'électeurs se tournant vers le Front national). La LCR perd beaucoup de militants et donc de visibilité. Elle s'est cependant investie dans des conflits sociaux de l'époque, notamment dans les mouvements des ouvriers de l'automobile (Peugeot, Talbot) ou de la sidérurgie. Elle s'implique aussi dans la création et le développement de SOS Racisme, dans les mouvements de grèves étudiantes de 1986 contre la loi Devaquet ou le mouvement de grève à la SNCF la même année. Selon Christophe Nick, elle n'a au contraire aucune « prise ni le plus petit début d'influence » sur SOS Racisme et les grèves étudiantes de 1986, qui ont comme porte-parole David Assouline, suggéré par Cambadélis, passé au PS. Au niveau international, elle soutient les sandinistes au Nicaragua et le FLNKS en Nouvelle-Calédonie.

La LCR commence à se mettre en cause à partir de 1984, élaborant un aggiornamento à l'initiative de Christian Picquet. Elle se rapproche alors du Parti pour une alternative communiste (PAC "est le nouveau nom donné en 1985 au Parti Communiste Marxiste-Léniniste (PCML) afin d'officialiser sa rupture avec le maoïsme"), de la Fédération pour une gauche alternative (FGA) - , où s'activent des pablistes - et du PSU.

En 1988, pour l'élection présidentielle, la LCR décide de soutenir et de s'investir dans la campagne de Pierre Juquin, candidat dissident du Parti communiste. Sa candidature suscite le soutien du Parti socialiste unifié, de la LCR et de groupes pablistes (Maurice Najman et Gilbert Marquis jouent un rôle important dans la campagne). Jean-Paul Deléage (LCR) devient directeur de campagne de Juquin, assisté de Christophe Aguiton. Des comités de soutien se mettent en place dans toute la France, mélangeant des militants communistes, des militants du PSU, de la LCR. Le résultat est décevant : Pierre Juquin n'obtient que 2,08 % des voix, tandis que Les Verts recueillent 3,8 %, Lutte ouvrière 1,9 % et le Parti des travailleurs 0,4 %.

La même année, après la grève des infirmières, dans laquelle Françoise Filoche et Pascal Dias se sont impliqués, Edmond Maire expulse les trotskistes de la LCR de la CFDT, Pierre Héritier étant exclu de la direction: Christophe Aguiton fonde alors Sud-PTT.

1.4 Chute du mur de Berlin[modifier | modifier le wikicode]

En 1989, le mur de Berlin s'effondre, puis en 1991 l'URSS. L'économie de marché s'installe dans tous les pays de l'Est. Cela provoque un profond changement politique à l'échelle internationale. Les partis communistes s'effondrent, les partis socialistes de toute l'Europe abandonnent l'anticapitalisme et acceptent l'économie de marché. L'hypothèse de Trotski n'est pas validée, à savoir qu'à l'effondrement du régime de l'Union soviétique succède une « révolution anti-bureaucratique » vers le socialisme. Or rien de tout cela ne se produit; même, une vague d'optimisme souffle sur les pays occidentaux durant les années 1990 (croissance économique, révolution numérique).

La LCR s'oriente alors vers la création d'un nouveau parti. Elle fait une analyse de la situation : « Nouvelle époque, nouveau programme, nouveau parti ».

Nouvelle époque car elle considère que le socialisme a perdu le siècle mais que le capitalisme n'a pas résolu ses problèmes, que ce n'est pas la fin de l'histoire et que la lutte des classes continue, et qu'il y aura donc de nouvelles crises, de nouvelles contradictions affichées par le capitalisme, de nouvelles guerres et donc de nouvelles révolutions. Nouveau programme qui puisse prendre en compte le bilan du stalinisme et de la social-démocratie, pour une nouvelle stratégie de transition du capitalisme vers le socialisme, les effets de la mondialisation, l'aspect central de la démocratie socialiste ainsi qu'une première étape « à gauche du possible ».

Tout ceci doit donc entraîner la création d'un nouveau parti, un « parti anticapitaliste large » appelé de ses vœux. Ce projet a pour originalité de s'ouvrir également à ceux qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans le « marxisme révolutionnaire » de la LCR. Il est défini comme étant « stratégiquement non délimité ».

Juin 1994 : scission des militants de Démocratie et Révolution (Gérard Filoche). Démocratie et Révolution rejoint le Parti socialiste (PS) en octobre 1994 et devient sous le nom de Démocratie et Socialisme le mensuel de la Gauche socialiste, courant du PS où se retrouvent notamment les anciens de Questions Socialistes.

Scission de militants du Mouvement d'action syndicale (MAS) qui fondent Questions Socialistes. En mai 1992 Questions Socialistes rejoint le Parti socialiste (PS).

1.5 1995-2006[modifier | modifier le wikicode]

En 1995, la LCR ne présente pas de candidat à l'élection présidentielle, et appelle à voter pour Robert Hue, Arlette Laguiller ou Dominique Voynet.

La LCR se revigore à partir du mouvement de novembre-décembre 1995 contre le plan Juppé. La LCR considère que ce fut la « première révolte anti-libérale ». Par la suite, la LCR s'immerge dans le mouvement altermondialiste, né suite aux manifestations de Seattle en 1999 ou Gênes en 2001.

En même temps, se met en place la « gauche plurielle » rassemblant le Parti socialiste, le Parti communiste, le PRG, le MRC ou encore les Verts, cette fois-ci sans programme commun. La LCR ne participe pas à cette nouvelle union de la gauche, qui ne s'inscrit pas dans une lutte contre le capitalisme (Clermont-Ferrand est la ville la plus importante qui, après un accord électoral ayant pour clause prérequise l'autonomie des élus trotskistes, eut sur ses listes des militants de la LCR. Ces militants constituaient l'opposition de gauche de la majorité et n'ont pas voté le budget de la municipalité, jugé contraire à leurs idées).

En 1999, lors des élections européennes, la LCR se présente derrière une candidature commune avec Lutte ouvrière. Pour la première fois lors de cette élection, l'extrême-gauche obtient cinq députés dont deux sont de la LCR (Alain Krivine et Roseline Vachetta). Le 20 janvier 2000, les eurodéputés LO/LCR ne votent pas (3 contres et 1 abstention) une initiative du parlement européen sur la taxe Tobin, ce qui est critiqué par des députés français comme Alain Lipietz. La LCR confirme ce refus car il s'agissait d'établir une commission sur la question dirigée par Charles Pasqua.

Lors de l’élection présidentielle de 2002, après le refus de LO de continuer l'aventure des listes communes de 1999, la LCR décide de présenter un candidat LCR pour la première fois depuis 1974 et la candidature d'Alain Krivine. Il s'agit d'Olivier Besancenot un jeune facteur de 27 ans inconnu dans le monde politique qui a été un an assistant parlementaire de Krivine au Parlement européen (1999-2000). Sa personnalité connaît un réel succès médiatique et remporte 4,25 % des voix soit plus que le PCF qui obtient 3,37 % des voix. Entre les deux tours, la LCR appellera à « battre Le Pen dans la rue et dans les urnes », qui sera interprété par presque tout le monde comme un appel à voter Chirac, au contraire de LO et du PT. Suite à cette élection, la LCR connaît une inflation du nombre de ses militants (environ 3 000 membres) et de sa popularité.

Pour les élections régionales et européennes de 2003 et 2004, Lutte ouvrière ayant proposé de faire liste commune, la LCR accepte pour créer un pôle « à gauche de la gauche plurielle » mais malgré un résultat supérieur à celui des élections régionales de 1998, elle n'arrive pas à profiter de sa popularité avec l'effet « vote utile » en faveur du PS. En 2005, la LCR s'engage dans la campagne pour le « non » à la constitution à travers les collectifs unitaires de la Fondation Copernic auxquels participent certains militants du « non » de gauche (PC, PS, Verts, etc.). Grâce à cette campagne, la LCR et son porte parole, Olivier Besancenot connaissent un regain de popularité. Alain Krivine n'a pas souhaité se représenter pour être élu au bureau politique en janvier 2006.

La suite de la campagne pour le Non à la constitution européenne a amené d'importants remous au sein de la LCR. De nombreux débats ont animé l'organisation quant à l'attitude à adopter à propos du projet de candidatures unitaires de la gauche antilibérale. Lors d'une conférence nationale en juillet 2006 la LCR a déclaré la candidature d'Olivier Besancenot. Les tendances partisanes du processus unitaire antilibéral ont maintenu leur participation aux collectifs antilibéraux. Une minorité de la LCR avec Christian Picquet et Léonce Aguirre a cherché à poursuivre l'objectif d'une candidature unitaire antilibérale. La conférence nationale ayant déclaré la possibilité d'un retrait de la candidature d'Olivier Besancenot en cas d'accord avec les autres composantes et les collectifs. La majorité, avec François Sabado, Alain Krivine, Daniel Bensaïd, Ivan Lemaitre, a essentiellement appuyé la nécessité de refuser tout accord avec le Parti socialiste. Le Parti communiste français ne semblait pas répondre aux critères d'indépendance vis-à-vis du Parti socialiste. Toutes les tendances de la LCR estimaient indispensable l'affirmation de l'indépendance vis-à-vis du PS. Le désaccord à l'origine de cette forte polémique dans la LCR est de nature stratégique : la minorité pensant qu'il était possible de mener une bataille politique dans les collectifs pour obtenir une amélioration du programme et affirmer l'indépendance face au PS et la majorité pensant qu'il n'était plus possible de gagner des avancées positives dans les collectifs antilibéraux.

1.6 2007[modifier | modifier le wikicode]

Le 22 avril, la LCR, par la candidature d'Olivier Besancenot, recueille 1 498 581 voix, soit 4,08 %, à l'élection présidentielle, ce qui représente une baisse en pourcentage (4,24 % des suffrages en 2002) mais une augmentation numérique de 287 019 voix par rapport à l'élection de 2002. La LCR se hisse alors à la 5e position et devient la deuxième force de gauche après le PS. Suite au 2e tour qui oppose Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, Olivier Besancenot appelle ses électeurs à manifester le 1er mai pour les « mesures d’urgence sociales » qu'il a défendues durant la campagne, avant d'appeler à « voter contre Nicolas Sarkozy, sans pour autant soutenir Ségolène Royal » dans ce qui lui semble un « référendum anti-Sarkozy ».

Au premier tour des élections législatives, la LCR décide de présenter pour la première fois 492 candidats sur tout le territoire français. Avec un total d'un peu moins de 529 000 voix, la LCR progresse de 209 000 suffrages par rapport à 2002 (elle avait alors totalisé 320 000 voix dans 441 circonscriptions).

La LCR échappe donc au recul qui touche l'ensemble des autres composantes de la gauche en dehors du PS. La majorité des militants estiment qu'il s'agit d'une « victoire » qui cautionne la ligne politique de critique ferme de la social-démocratie et du social-libéralisme (PS, PCF, Verts, etc.) ; d'autres, très minoritaires, pensent que la présence de la LCR lors de ce cycle électoral a pu participer à l'échec des autres partis de la gauche du « non ».

1.7 Vers le NPA[modifier | modifier le wikicode]

À l'issue des élections de 2007, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) annonce la volonté de créer un nouveau parti anticapitaliste implanté dans la jeunesse, les entreprises, les services publics, les quartiers populaires. Elle propose ainsi à tous les anticapitalistes de se rassembler pour construire les mobilisations qui, pour elle, doivent préparer un changement radical, révolutionnaire, de la société.

Les JCR ont également voté pour la construction du Nouveau Parti Anticapitaliste, en soulignant qu'il faudrait qu'il s'agisse d'un parti révolutionnaire en plus d'être anticapitaliste (ainsi les affiches « Pour construire un parti anticapitaliste et révolutionnaire. »)

Cette voie la conduit à s'auto-dissoudre dans le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) lors de son congrès de dissolution le 5 février 2009.

Dans la même période, le chef de file de la tendance minoritaire Christian Picquet, perd son statut de permanent en mars 2008, puis décide en mars 2009 de lancer son propre mouvement afin de participer au Front de gauche avec le PCF et PG pour les européennes de 2009.

2 Vie interne[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Démocratie interne[modifier | modifier le wikicode]

La LCR était caractérisée par un large droit de tendance pour l'expressions des divergences sur l'orientation. Lors d'un congrès, les différents courants de pensée se cristallisent en plateformes (designées en alternance par des lettres ou des chiffres). Chaque plateforme a le droit à un financement de ses activités de préparation du congrès, à la publication de tribunes dans le journal hebdomadaire etc. La Direction nationale, élue par le congrès, d'une centaine de membres, comprend des représentants de chaque plateforme au prorata des votes lors du congrès.

Entre les congrès également, différents courants ont le droit de produire des publications. Ainsi, par exemple, les courants Avanti, Unir, Démocratie révolutionnaire, SPEB et Socialisme international, produisent des bulletins électroniques ou des revues.

Autre élément important, la direction nationale doit être paritaire — moitié hommes, moitié femmes, et différentes tactiques sont mises en œuvre pour assurer que c'est le cas. Souvent, l'ordre du jour d'une réunion de la direction nationale comprend un temps réservé pour des réunions non-mixte, permettant aux membres femmes de discuter des questions concernant l'oppression des femmes et pour s'assurer que ces problématiques sont suffisamment prises en compte par la direction nationale.

2.2 Organisation de la jeunesse[modifier | modifier le wikicode]

La jeunesse de la LCR était organisée de façon partiellement autonome au sein des Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR). 

Il existait aussi à certains endroits des sections jeunes de la LCR, parfois par manque d'implantation dans la jeunesse, plus souvent par désaccord avec la ligne majoritaire des JCR. Ces désaccords mêlaient à la fois la question de l'autonomie de la jeunesse, ardemment défendue par les JCR, et des questions d'orientation (les JCR étaient généralement considérées "plus à gauche" / "gauchiste" selon les points de vue).

Les JCR était présents essentiellement dans les lycées et les universités, et dans certains centres de formations d'apprentis (CFA). Ils disposaient de plusieurs sections « Jeunes travailleurs ».

Les JCR se sont dissoutes à l'occasion de leur dernier congrès pour préparer leur entrée dans le NPA.

2.3 Courants internes[modifier | modifier le wikicode]

2.3.1 Socialisme par en bas (SPEB)[modifier | modifier le wikicode]

17-18 janvier 2004

adhésion à la LCR de Socialisme Par En Bas (SPEB, ex-Socialisme International)

19-22 janvier 2006 pour le 16e congrès forme avec Léonce Aguirre (plateforme 1 en 2003, ex-Révolution) la plateforme 4 : 8,94%

2.3.2 Avanti![modifier | modifier le wikicode]

14 novembre 2002 appel à la formation d'un courant
janvier 2003 premier numéro d'Avanti!
30 octobre-1er-2 novembre 2003 pour le 15e congrès forme la plateforme 5 avant de fusionner avec la plate-forme 1 (majorité)
19-22 janvier 2006 pour le 16e congrès forme la plateforme 5 : 4,28%

2.3.3 Démocratie Révolutionnaire (DR)[modifier | modifier le wikicode]

30 novembre 2001 premier numéro de Débat Militant
30 octobre-1er-2 novembre 2003 pour le 15e congrès forme la plateforme 2 : 12,46%
19-22 janvier 2006 pour le 16e congrès forme la plateforme 2 : 12,14%


2.3.4 Voix des travailleurs (VDT)[modifier | modifier le wikicode]

1er-4 juin 2000 adhésion à la LCR de Voix des Travailleurs (VDT)
participe à la création du courant Démocratie Révolutionnaire

2.3.5 Sensibilité écologiste libertaire et radicalement sociale-démocrate (SELS)[modifier | modifier le wikicode]

Animateurs : Nadia Benhelal et Philippe Corcuff

3 Presse[modifier | modifier le wikicode]

La LCR éditait un journal hebdomadaire, Rouge, et une revue théorique trimestrielle, Critique communiste. Rouge a publié son dernier numéro le 12 février 2009, et Critique Communiste a cessé sa parution en février également, fusionnant avec la revue Contretemps. Les deux journaux laissant la place au système de presse du Nouveau Parti Anticapitaliste.

3.1 Rouge[modifier | modifier le wikicode]

« Cercle ouvert » sur le PCF organisé par Rouge avec Daniel Bensaïd.

Le premier numéro de Rouge sort le , peu après Mai 68. Il est alors le journal de la Ligue communiste (LC).

Le journal est quinzomadaire du numéro 1 au numéro 17 (). Daniel Bensaïd et Henri Weber, tous deux membres du bureau national de la JCR, reversent à ce journal les droits d'auteur de leur premier livre, Mai 68 : une répétition générale ?, l'un des ouvrages écrits l'année même du mouvement par des militants pour contribuer à une partie de son financement[2].

Rouge devient hebdomadaire par la suite, en raison de la candidature d'Alain Krivine à l'élection présidentielle de 1969. Henri Weber en devient le directeur de la publication le .

Il devient quotidien, sur huit pages, pendant la campagne présidentielle de 1974, avec l'aide de professionnels comme Hervé Hamon et Jean-Michel Helvig, et la contribution journalière d'une équipe de dessinateurs (Wiaz, Piotr et Pélous).

LCR décide de monter sa propre imprimerie dans le but de lancer son journal quotidien. Rotographie est ainsi créée fin 1975 et sur sa rotative, Rouge est quotidien du au vendredi . Mais, devenu une charge financière trop lourde pour cette organisation, Rouge redevient hebdomadaire jusqu'à la dissolution de la LCR, sauf durant les quelques jours du Forum social européen de Paris-Saint-Denis en 2003.

Il était publié à 5500 exemplaires en février 2009.[3]

Le paraît l'ultime numéro de Rouge (n° 2286), arrêté à la suite de la dissolution de la LCR dans le NPA.

3.2 Red[modifier | modifier le wikicode]

En 1996, les Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR), alors organisation de jeunesse associée à la LCR, commencent la publication mensuelle de la revue Red. Son nom est l'acronyme de « Révolution égalité démocratie », un hommage à l'organisation du même nom ayant fusionné avec les JCR-Égalité sociale en 1994 pour donner les JCR.

Red est écrite par les militant·es, souvent des étudiants et des lycéens, à qui elle s'adresse. Elle est directement vendue sur les universités, lycées, et dans les manifestations.

Lors des mobilisations, le format ou la périodicité de Red peut changer. Par exemple, pendant le mouvement contre le CPE, Red devient hebdomadaire, du numéro 63 (semaine du 6 au ) au numéro 69 (semaine du au 1er mai). Pendant la campagne présidentielle de 2007, le numéro 79 () comptait 16 pages.

Le dernier numéro est daté de , Red disparaissant avec les JCR.[4]

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération, 1988
  • Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002
  • Histoire du pablismeInstitut international d'histoire sociale
  • Dictionnaire de l'extrême gauche, Serge Cosseron
  1. Les révolutionnaires dans la France Social-Démocrate 1981, Pierre Turquin, 1995
  2. "Enquête sur Edwy Plenel, par Laurent HUBERSON, éditions du Cherche Midi, 2011 [1]
  3. Wikipédia, Rouge
  4. Wikipédia, Red