Parti des communistes de Hongrie
Le Parti des communistes de Hongrie (hongrois : Kommunisták Magyarországi Pártja, KMP) était un parti politique hongrois, fondé en 1918. Il fut au pouvoir sous le régime de la République des conseils de Hongrie (1919). Dissous pendant la Seconde Guerre mondiale, il se recrée sous la forme du Parti communiste hongrois en 1944.
1 Historique[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Faillite de la révolution bourgeoise[modifier | modifier le wikicode]
La Hongrie décrète au mois de novembre 1918 son indépendance, Mihály Károlyi prenant la présidence de la République démocratique hongroise. Mais les réformes démocratiques tardent à venir - la loi électorale date de 1848 et seuls 6,7% de la population peuvent voter. La réforme agraire est limitée et freinée par l’aristocratie terrienne - dont Karolyi lui-même est issu. L'instabilité politique du régime républicain, l'état économique désastreux du pays, rend porteuse la propagande communiste.
Le Parti des communistes de Hongrie est fondé immédiatement après la Première Guerre mondiale, en novembre 1918, par des militants politiques hongrois revenus de captivité en Russie et gagnés aux idées du nouveau régime de la Russie soviétique. Ces militants, dont Béla Kun est la figure dominante viennent de différents groupes, dissidents du Parti social-démocrate hongrois ou anarcho-syndicalistes.
A Budapest, les manifestations se succèdent : les chômeurs s’organisent et les soldats réclament une indemnisation. Des soviets de tout genre éclosent : chez les paysans, parmi les étudiants, dans les quartiers, chez les notaires (!), etc. Même l’Eglise est traversée par un vent de contestation ; le bas clergé revendique la séparation intégrale de l’Eglise et de l’État ainsi que la fin du célibat des prêtres. Partout, l’exemple de la Révolution russe est dans les esprits. En janvier et février, dans plusieurs usines de la capitale, les ouvriers chassent les administrateurs et élisent les nouveaux « directeurs » parmi leurs rangs. Le 20 février, des paysans pauvres chassent quant à eux de grands propriétaires terriens et se partagent les terres. Le gouvernement est désemparé, ses ministres socialistes sont débordés par l’aile gauche de leur parti tandis que le jeune Parti des communistes gagne chaque jours plus d’audience et d’adhésions (il passe de 5.000 membres en novembre 1918 à 70.000 en 1919) et dispute la direction des soviets aux social-démocrates. Ses principales revendications font mouche : contrôle ouvrier et nationalisation de l’industrie ; expropriation des grands propriétaires terriens ; désarmement de la bourgeoisie est armement du prolétariat ; alliance révolutionnaire avec la Russie soviétique ; remise du pouvoir aux seuls conseils d’ouvriers, de soldats et de paysans. Le tout est résumé par la formule de dictature du prolétariat.
La défaite de la Révolution allemande et l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht (le 15 janvier) poussent le gouvernement Karolyi, soutenu par l’aile droite du Parti social-démocrate, à réprimer les communistes. Le 21 février, suite à une provocation policière ; la direction du Parti est arrêtée ainsi que son leader, Bela Kun. La manoeuvre se retourne pourtant contre le gouvernement.
D’une part parce que le mouvement de masse s’accroît, tout comme la sympathie envers les communistes et d’autre part parce que l’Entente envoie, le 12 mars, un véritable ultimatum. En échange de la paix, la Hongrie doit accepter d’être amputée de vastes territoires (les plus riches) en faveur de ses voisins roumains, tchèques et serbes. Pour la bourgeoisie et l’aristocratie démocrate nationaliste, c’est l’électrochoc. Le gouvernement rejette l’ultimatum mais ne peut mener aucune résistance armée.
1.2 La république des conseils[modifier | modifier le wikicode]
La situation est sans issue. Aussi, le 20 mars, conscient que le mouvement ouvrier - seule force organisée de la nation - peut sauver l’intégrité territoriale avec l’aide du mouvement ouvrier international, le comte Karolyi propose de constituer un gouvernement social-démocrate homogène et d’entamer des négociations avec le Parti des communistes. Mais les social-démocrates de gauche, sous la pression des masses, vont plus loin. Ils négocient avec Bela Kun en prison et décident ensemble d’unifier les deux partis (qui s’appelera désormais Parti socialiste), de prendre le pouvoir en instaurant la dictature du prolétariat et d’organiser une armée rouge !
Les Conseils d’ouvriers et de soldats approuvent avec enthousiasme et donnent les pleins pouvoirs au nouveau Parti socialiste pour former un Conseil des Commissaires du peuple Le 21 mars, devant le fait accomplis, la bourgeoisie ne peut que se plier. Karolyi abdique par ces mots : « Je démissionne et je remets le pouvoir au prolétariat des peuples de Hongrie » ! Le même jour, on proclame la République soviétique hongroise. Tout comme en octobre, la Révolution de mars fut réalisée sans violence. Et fait unique dans l’histoire, la bourgeoisie a cédé le pouvoir sans résistance... parce qu’elle en était incapable à ce moment-là ! Les choses seront différentes par la suite...
Le 21 mars 1919, au lendemain de la démission de Károlyi, communistes et sociaux-démocrates proclament un Conseil révolutionnaire de gouvernement, composé d'une trentaine de commissaires du peuple, donnant naissance au régime de la République des conseils de Hongrie. Le nouveau régime doit cependant faire face à une opposition intérieure, avec la création à Szeged d'un gouvernement rival contre-révolutionnaire, et des relations tendues avec la Triple-Entente. Une politique de terreur rouge est appliquée par les éléments radicaux du régime comme Tibor Szamuely, provoquant des tensions avec les sociaux-démocrates. Le conflit de la Hongrie communiste avec le Royaume de Roumanie entraîne la fin de la République des conseils, dont le gouvernement prend la fuite en août.
1.3 Entre fascisme et stalinisme[modifier | modifier le wikicode]
Une politique de terreur blanche est mise en œuvre par les troupes hongroises contre-révolutionnaires, et les communistes n'ayant pas pu fuir sont soumis à des purges ou des massacres. Le Parti communiste est ensuite interdit par le Royaume de Hongrie restauré, mais conserve une existence en exil en tant que membre du Komintern, dont Béla Kun demeure longtemps un membre éminent.
Durant l'entre-deux-guerres, les communistes tentent d'exister en Hongrie par le biais du Parti des travailleurs socialistes de Hongrie, mais ce mouvement-paravent est rapidement interdit par le régime de Miklós Horthy. Touché durement par la répression en Hongrie, le Parti communiste cesse pratiquement d'exister vers 1936.
Mais les exilés politiques hongrois en URSS subissent aussi les Grandes Purges de Staline. Béla Kun est lui-même exécuté en 1938. En 1940, Mátyás Rákosi est libéré après 16 ans d'emprisonnement et transféré en URSS.
En Hongrie, János Kádár est durant la Seconde Guerre mondiale le chef du Parti communiste clandestin réduit à une poignée de membres, dirigeant à partir de 1943 le Parti de la paix, qui fait office de paravent. À la fin 1944, le Parti des communistes de Hongrie réapparait sous le nom de Parti communiste hongrois alors que le régime de Horthy s'effondre.
2 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
Miklós Molnar, Histoire de la Hongrie, Hatier, 1996