Les forces productives ont cessé de croître

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Il est écrit en introduction du Programme de transition (1938) que « les forces productives de l'humanité ont cessé de croître »[1]. Dans ce texte fondateur de la Quatrième internationale, Trotski faisait référence à la grande dépression des années 1930, et plus largement à la théorisation d'un stade impérialiste du capitalisme, selon laquelle celui-ci était de plus en plus sénile.

Or, les années 1945-1975 ont été celles d'une croissance record du capitalisme. Certains trotskistes (notamment les principaux dirigeants du courant « lambertiste ») ont nié ou fortement minimisé cette croissance, et ont soutenu que cette phrase de Trotski restait valide.[2]

1 Éléments de discussion[modifier | modifier le wikicode]

Il y avait une certaine tendance parmi les communistes du début du 20e siècle à penser que le capitalisme, vieillissant, ne sortirait pas de sa stagnation. On pensait alors que le capitalisme (en tout cas européen) avait atteint « son point culminant »[3] dans la première décennie du 20e siècle. C'était un des éléments qui sous tend la caractérisation du « stade suprême du capitalisme, le stade impérialiste », faite par Lénine.

Trotski a hérité de l'Internationale communiste cette vision d'un capitalisme en déclin.

Dans certains de ses écrits, il parle toutefois de rebonds possibles, même aussi tôt que 1921, époque où les communistes sont convaincus que le capitalisme est en crise terminale :

« Si l'on admet (nous allons le faire un instant) que la classe ouvrière ne se lance pas dans le combat révolutionnaire et donne à la bourgeoisie la possibilité, durant une longue série d'années - disons deux ou trois décennies -de mener la destinée du monde, il est indubitable qu'un certain équilibre, différent du précédent, va s'établir . L'Europe reculera fortement. Des milliers de travailleurs européens vont mourir de faim, à cause du chômage et de la sous-alimentation. Les États-Unis devront changer d'orientation sur le marché mondial, restructurer leur industrie, et connaîtront une dépression pour une période prolongée. Dès qu'une nouvelle division du travail se sera instaurée dans le monde sur ce chemin de souffrance, au cours de quinze-vingt-vingt cinq ans, une nouvelle période d'essor capitaliste pourrait peut-être commencer. »[4]

Et de manière encore plus précise dans L'Internationale communiste après Lénine (1928):

« La bourgeoisie peut-elle s'assurer une nouvelle époque de croissance capitaliste ? Nier une telle possibilité, compter sur la situation sans issue du capitalisme, serait simplement du verbalisme révolutionnaire. « il n 'y a pas de situation absolument sans issue » (Lénine). L'état actuel d'équilibre instable où se trouvent les classes dans les pays européens -précisément à cause de cette instabilité - ne peut durer indéfiniment [...] Une situation aussi instable, où le prolétariat ne peut prendre le pouvoir et où la bourgeoisie ne se sent pas pleinement maîtresse chez elle, doit, tôt ou tard, une année ou l'autre, tourner dans un sens ou dans l'autre, vers la dictature du prolétariat ou vers la consolidation sérieuse et durable de la bourgeoisie sur le dos des masses populaires, sur les ossements des peuples coloniaux et... qui sait, sur les nôtres. »[5]

Dans le Programme de transition (1938), après l'expérience de la grande dépression des années 1930, il écrit que « les forces productives ont cessé de croître ».

2 Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Léon Trotski, Quatrième internationale, Programme de transition, 1938
  2. Voir notamment ces débats internes au CCI du Parti des travailleurs en 2000.
  3. Trotski, La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale, 14 novembre 1922
  4. «La nouvelle étape», rapport de L. Trotski au IIIe Congrès de l'Internationale communiste, 1921
  5. Léon Trotski, L'Internationale Communiste après Lenine, 1928