John Francis Bray

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John Francis Bray (26 juin 1809 - 1er février 1897) était un radical, chartiste, et économiste socialiste, militant en Grande-Bretagne et dans son Amérique natale. Il a été salué plus tard comme le "Benjamin Franklin" du travail américain.

Il fut le seul parmi les théoriciens du socialisme anglais à être authentiquement ouvrier.

1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Né à Washington en 1809 d’un père acteur émigré et d’une mère américaine, Bray vient s’installer avec sa famille à Leeds où il travaille comme imprimeur au journal radical, le Leeds Times. Il lui arrive aussi de collaborer à la rédaction. En même temps il milite dans le trade-unionisme local. A partir de 1836, alors que Leeds devient l’une des capitales du chartisme, Bray participe à l’agitation en tant que secrétaire de l’Association des Travailleurs de Leeds.

Bray publie en 1839, Labour‘s Wrongs and Labour’s Remedy (Les maux du travail et leur remède), ouvrage qui aura du succès remarqué parce qu'il synthétise certaines des idées mises en circulation depuis une vingtaine d’années par les réformateurs sociaux, en particulier celles de Robert Owen et du socialisme ricardien.

Autre titre de Bray à la célébrité : sa pensée originale sur a été reconnue par Marx cite élogieusement Bray dans Misère de la philosophie, pour son analyse de la valeur, de la survaleur et de l’échange.

Peu après la publication de son livre, il repart définitivement pour les États-Unis, où il continue de propager ses idées, non sans les édulcorer progressivement. Il y meurt en 1895.

2 Pensée[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Analyse[modifier | modifier le wikicode]

Préoccupée par la recherche du bonheur, la pensée de Bray part, comme celle de beaucoup de contemporains, d’une condamnation sans appel de la société existante. Cette société, Babel d’intérêts, fait d’autant plus le malheur des hommes que ceux-ci sont déterminés par leurs conditions d’existence. L’influence du milieu est décisive — idée qui rappelle Godwin et Owen — et le milieu est le pire que l’on puisse imaginer. En effet, alors que les hommes sont faits pour vivre en communion les uns avec les autres, le monde est corrompu par l’existence de la propriété et l’antagonisme entre les oisifs et les travailleurs. Ainsi sont bafoués les principes naturels.

Quels sont ces principes conformes au droit naturel ? Au premier rang, l’égalité. Chacun a un égal droit et un égal devoir de travailler. Mais pour que règne l’égalité, il faut substituer la propriété collective à la propriété privée, en particulier la propriété du sol, puisque c’est de la terre principalement que les hommes tirent leur subsistance. Seconde idée de Bray : l’égalité du travail doit entraîner l’égalité de la rémunération. En effet, c’est du travail seul que procède la valeur. Tout être humain a droit aux fruits de son travail, alors que le régime de la propriété privée, en le privant de sa juste rémunération, entraîne tyrannie, injustice, inégalité et misère. La division en deux classes, les capitalistes et les ouvriers, vient du système inégal de l’échange. Le salarié donne au patron une journée de travail, alors qu’il reçoit la valeur d’une demi-journée : ainsi le riche s’enrichit et le pauvre s’appauvrit. En réalité, il n’y a pas vraiment d’échange. Le capitaliste ne donne rien car il n’a rien à donner, il se contente de payer le travail d’une semaine avec l’argent gagné sur le dos des travailleurs la semaine précédente. Mais il s’enrichit sans cesse, grâce à la survaleur et à l’accumulation capitaliste. La relation entre capitaliste et travailleur n’est donc que tromperie légalisée.

2.2 Remèdes[modifier | modifier le wikicode]

Où trouver le remède ? Non pas dans l’action politique ou la législation du travail, vouées d’avance à l’échec. Ni dans le syndicalisme, qui ne peut viser qu’à l’amélioration partielle de la condition ouvrière, sans changer cette condition elle-même. Ni dans l’émigration — solution alors à la mode, mais qui ne fait que transférer le travailleur d’un lieu d’infortune à un autre. Pour aller à la racine du mal, il faut changer la base du système, c’est-à-dire introduire la propriété collective : « La communauté des biens est à tous égards la forme la plus parfaite de société que l’homme pourra introduire. » A cette économie communiste doit s’adjoindre un système collectif d’éducation des enfants, retirés à leur famille et élevés par l’Etat.

Un tel changement ne peut s’opérer en un jour, en raison des qualités de dévouement et de générosité qu’il requiert. C’est la raison de l’échec de certaines expériences communistes, où étaient venus dans la promiscuité s’agglutiner des êtres encore esclaves de leurs habitudes, de leurs préjugés et de leur égoïsme. Aussi à titre transitoire, en attendant un système à la manière d’Owen avec coopératives de production, de consommation et d’échange, Bray conseille le recours à des sociétés par actions, gérées par les ouvriers et formant une sorte de confédération des activités de travail. Ainsi, conformément au sous-titre du livre de Bray, à l’ère de la Puissance (Age of Might) se substituera, dans une vision optimiste de progrès indéfini de l’humanité, l’ère du Droit (Age of Right).

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]