Consommation d'eau

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Arrosage agricole en Californie

La ressource en eau est gérée de façon catastrophique dans la société capitaliste. En particulier, si l'eau est très abondante sur Terre, l'eau potable, elle, pourrait venir à manquer. Le risque de pénurie d'eau potable concerne surtout les pays pauvres.

1 Disponibilité[modifier | modifier le wikicode]

Sur le total de l’eau disponible sur terre, l’immense majorité est constituée de l’eau salée des océans. Seul 2,6 % de ce total est de l’eau douce (rivières, lacs principalement). La répartition géographique de cette ressource est très inégale. La région du Sahara est particulièrement vulnérable, mais le manque d’eau peut parfois se faire sentir également en Europe, ou en Chine.

DisponibilitéEauDouce.png

En France et en Europe, environ 90% des nappes d'eau souterraines sont en « bon état quantitatif » (non menacées d'épuisement).[1]

2 Consommation[modifier | modifier le wikicode]

A l’échelle mondiale, l’agriculture consomme 70% de la ressource en eau, l’industrie 20%, et l’usage domestique 10%.

Globalement, la consommation d'eau tend à se stabiliser dans les pays capitalistes occidentaux.

2.1 Par secteur[modifier | modifier le wikicode]

2.1.1 Agriculture[modifier | modifier le wikicode]

La part de l’agriculture est très élevée dans les pays cantonnés par l’impérialisme à l’agriculture d’exportation (autour de 90% dans beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie). Cette part a néanmoins tendu à augmenter dans certains pays industrialisés (45% dans les pays de l’OCDE) du fait d’une agriculture de plus en plus intensive. Celle-ci fait appel à davantage d’eau pour l’irrigation, notamment parce qu’elle appauvrit les sols. Dans certaines régions des États-Unis, l’irrigation agricole est supérieure au taux de recharge des nappes souterraines.

2.1.2 Industrie[modifier | modifier le wikicode]

La fabrication du papier est un procédé industriel qui consomme de grandes quantités d'eau

Dans les pays industrialisés, la part de l’industrie peut être prépondérante (45% aux États-Unis, 62% en Russie, 80% en Allemagne…). Il faut toutefois noter que dans certains cas, comme lorsqu’elle est utilisée pour le refroidissement de centrales (nucléaires, thermiques…) l’eau n’est a priori ni « consommée » ni polluée. Cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune incidence sur les écosystèmes (échauffement des rivières…). Ainsi, pour la France, on peut distinguer dans les 67% d’eau consommée par l’industrie[2], l’eau consommée (12%) et l’eau relâchée (55%).

2.1.3 Usage domestique[modifier | modifier le wikicode]

Ce qu'on appelle usage domestique comprend généralement :

  • l'utilisation dans les logements (boisson, cuisine, hygiène...) ;
  • l'utilisation dans les commerces et bureaux ;
  • l'utilisation ou l'approvisionnement municipal et l'utilisation pour les services publics.

L'usage domestique de l'eau en France fait référence à un prélèvement d’eau inférieur ou égal à 1 000 m3 d’eau par an et par personne (physique ou morale).[3]

2.2 Eau potable[modifier | modifier le wikicode]

L’eau potable peut être utilisée dans différents secteurs. Elle représente une part assez limitée du total (19 % en France en 2002)

700 millions d'êtres humains (9% de la population mondiale) n'ont pas accès à l'eau potable. 1,5 milliard (18 %), doivent s'approvisionner en un point d’eau situé à moins de 30 minutes.[4] 2,6 millions de de personnes meurent chaque année de maladies liées à une eau non potable[5]

2.3 Fuites de canalisations[modifier | modifier le wikicode]

Il y a souvent des fuites au niveau de certaines canalisations transportant l'eau.

En France on estime qu'environ le tiers de l'eau distribuée est perdue dans les canalisations. Parfois la connaissance de la localisation précise de canalisations anciennes a été tout bonnement perdue, ce qui complique les contrôles.[6]

2.4 Empreinte d'eau[modifier | modifier le wikicode]

Pour évaluer la consommation d'eau que nécessitent la fabrication de certains produits, on peut définir une « empreinte eau », de la même façon que l'on définit une empreinte carbone. Par exemple :

  • 11 000 litres d’eau pour un jean en coton ;
  • 3 920 litres d'eau pour 1 kg de poulet ;
  • 2 000 litres d’eau pour 1 kg de papier ;
  • 11 litres d’eau pour une bouteille de bière de 33 cl

2.5 Usages particuliers[modifier | modifier le wikicode]

On peut pointer certains usages qui consomment beaucoup d'eau pour des loisirs :

  • les canons à neige (l'équivalent de la consommation d’une ville de 170 000 habitants chaque année)
  • l’arrosage de grandes pelouses (terrains de golf…)
  • remplissage de nombreuses piscines...

Cela ne pose pas forcément « toujours » problème, puisque cela dépend des conditions climatiques.

Par exemple en France, l'utilisation de canons à neige, puisqu'elle se fait en hiver, pose a priori peu de problème en terme de besoin en eau, contrairement à certains canons à neige utilisés en plein déserts (Emirats Arabes Unis, etc.). En revanche l'utilisation de ces canons à eau est questionnable du point de vue de la dépense énergétique et des gaz à effet de serre émis.

L'arrosage de pelouses et le remplissage de piscines, pose a priori plus de problèmes, puisqu'ils augmentent en été lorsque la sécheresse peut conduire à un manque d'eau. Des communes du Sud de la France prennent des mesures pour limiter la prolifération de piscines.[7]

3 Cas de la France[modifier | modifier le wikicode]

En 2013, le volume d’eau douce prélevée en France métropolitaine pour la production d’eau potable s’élève à 33 milliards de m3.[8]

Plus de 80 % de ce volume est puisé dans les eaux de surface :

  • 17 milliards de m3 vont au refroidissement des centrales électriques (90% est ensuite restitué) ;
  • 5,6 milliards de m3 vont à l'alimentation des canaux ;
  • 1,7 milliard de m3 vont à des usages principalement industriels ;
  • 1,7 milliard de m3 vont à des usages principalement agricoles ;
  • 1,7 milliard de m3 vont à la production d'eau potable.

Les principaux usages des eaux souterraines sont l'eau potable et l'agriculture :

  • 3,6 milliards de m3 vont à la production d'eau potable ;
  • 1,7 milliard vont à des usages principalement agricoles.

La répartition par secteurs de l'eau consommée (en retirant ce qui est restitué) est la suivante :

Quartier pavillonnaire avec piscines privées (France, 2019)

La consommation moyenne d’eau du robinet en 2006 est autour de 137 litres/jour/personne et se répartit répartit comme suit[9] :

  • 49 litres pour les bains et les douches ;
  • 25 litres pour les W.C
  • 25 litres pour le linge ;
  • 12 litres pour la vaisselle ;
  • 8 litres pour le ménage ;
  • 8 litres pour l’arrosage des plantes ;
  • 9 litres pour la préparation de la nourriture ;
  • 1 litre pour la boisson.

Ces chiffres varient cependant beaucoup en fonction d’un certain nombre de critères :[10]

  • la classe sociale : 90 litres d’eau/jour pour les personnes à revenu modeste, bien plus si le niveau de vie est élevé ;
  • la géographie : le climat (région humide ou exposée à la sécheresse), la présence importante d’habitats individuels, l’existence de jardins, pelouses, piscines et l’activité touristique. Pour exemple, 109 litres/jour en région Hauts-de-France contre 228 litres/jour en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
  • le mode de vie : un· vacancier·ère se montre moins économe, son utilisation moyenne passe à 230 litres d’eau par jour

4 Gestion publique ou privée[modifier | modifier le wikicode]

4.1 France[modifier | modifier le wikicode]

En France, la gestion de la distribution de l'eau potable aux foyers est majoritairement déléguée au privé.

Les mairies PCF ne gèrent pas systématiquement les services publics en régie. Par exemple à Saint-Pierre-des-Corps, la gestion de l'eau a été déléguée après la Seconde guerre mondiale à une petite entreprise.

Avec le tournant néolibéral des années 1980, de nombreuses privatisations ont lieu. Parfois à l'occasion de chutes de mairies PCF, mais parfois aussi du fait de la droitisation des élu-e-s PCF. Par exemple à Saint-Pierre-des-Corps, la petite entreprise qui gérait traditionnellement la distribution d'eau a été rachetée par Véolia au début des années 1990, et Véolia est devenu un véritable lobby (Veolia payait 2 pages de publicité dans la revue municipale et rendait divers autres "services" à la mairie...). Cela est d'ailleurs une corruption plus générale du PCF (Robert Hue a admis que Véolia finançait le parti).[11]

Même dans des mairies gérées par les principaux partis bourgeois, il y a un changement notable de politique. En quelques décennies 80 % de la distribution de l’eau en France a été déléguée au privé.

Par exemple, jusqu’en 1984 Paris possédait un service des eaux qui fonctionnait totalement en régie directe municipale avec un prix de l’eau particulièrement bas. En 1984, Jacques Chirac privatise la gestion de l'eau (rive droite pour Véolia, rive gauche pour Suez, pour 25 ans).

L'eau potable a été partiellement reprise en régie à Paris en 2009

Depuis quelques années, de nombreuses critiques émergent contre les marges de monopoles privés qui gèrent certains services, comme la distribution de l'eau potable. Plusieurs mairies ont décidé de reprendre en régie publique cette compétence.

L'augmentation du prix suite aux privatisations est la principale motivation, car le prix de l’eau potable et de l'assainissement est en moyenne de 25 % moins cher lorsque l’exploitation est en régie communale[12]. La différence atteint même 44 % en cas d’intercommunalité. Les taux de marge nette oscillent entre 26 et 59 %.[13]

En 2008, la mairie de Paris décide le retour au public de la gestion de l'eau (les parts de Veolia et Suez sont rachetées).[14]

En 2013, la ville de Saint-Pierre-des-Corps prend en régie publique la gestion de l'eau, suite à un référendum impulsé notamment par le NPA.

4.2 Ailleurs[modifier | modifier le wikicode]

A Birmingham entre 1873 et 1875, la municipalité de Chamberlain (qui n’est pas socialiste, même s’il est réformateur, et influencé par les Fabiens) met en place un service public de de l'eau (et aussi du gaz et des parcs).

En Amérique du Nord, certains « progressistes » n’ont pas besoin de la référence au socialisme pour municipaliser des services de transport, d’eau et d’hygiène (en particulier à Montréal[15]).

En 2000, les Boliviens pauvres de la ville de Cochabamba se sont révoltés contre la privatisation de l'eau au profit de la compagnie états-unienne Bechtel, qui s'était traduit par une multiplication par deux des prix (« Guerre de l'eau »).

5 Mesures socialistes[modifier | modifier le wikicode]

Les premières mesures que pourraient mettre en œuvre un gouvernement des travailleur·ses au regard de ces problèmes sont :

  • rationalisation de l’agriculture, recherche accrue dans la microbiologie, la botanique et la zoologie pour mieux comprendre les écosystèmes et leurs équilibres ;
  • intégration de toutes les entreprises de distribution de l’eau dans un même organisme aux compétences mutualisées, géré aux échelles locales et nationales (sans hésiter à coopérer à travers les frontières actuelles) ;
  • recensement de toutes les canalisations, travaux de remise en état partout où nécessaire ;
  • décisions collectives sur la suppression ou reconversion avec alternatives à propos des installations générant une consommation élevée (grandes pelouses, canons à eau…) ;
  • généralisation de systèmes de plomberie économes (robinets mitigeurs, chasses économes…) ;
  • gratuité des premiers m3 d'eau consommés et tarification croissante en fonction du volume consommé ;
  • création de plus de piscines de quartiers en même temps que dissuasion de la création de piscines individuelles ;

6 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Statistiques publiques, Eau et milieux aquatiques, Les chiffres clés, Édition 2020
  2. IFEN, Les prélèvements d'eau en France et en Europe, juillet 2005
  3. Légifrance, Article R214-5 du Code de l'environnement (usage domestique)
  4. Observatoire des inégalités, L’accès à l’eau potable dans le monde, Janvier 2024
  5. ONG Solidarités, Journée Mondiale de l’Eau : 2,6 millions de personnes meurent chaque année des maladies liées à l’eau insalubre, mars 2016
  6. Alex Gaspar (2013) La recherche des fuites d'eau (ISBN 979-10-91089-06-7) ; avril 2013, Ed Johanet
  7. Libération, Piscines dans le Var : «A un moment donné, il faut se calmer», Février 2023
  8. Ministère de la Transition écologique et solidaire, Les prélèvements d’eau par usage et par ressource
  9. Henri Smets (Académie de l’Eau, France), Le droit à l'eau : quelle quantité minimum ?, octobre 2016
  10. Centre d'information sur l'eau, Quelle est la consommation d’eau moyenne par ménage ? (consulté le 8 juin 2019)
  11. La rotative, Gestion de l’eau à Saint-Pierre-des-Corps : « Veolia payait des publicités dans le journal municipal », Avril 2016
  12. Rapport d'une mission d'évaluation et de contrôle présentée devant l'Assemblée Nationale le 22 mai 2001
  13. D'après une enquête de janvier 2006 de l’UFC Que Choisir.
  14. http://www.acme-eau.org/Les-distributeurs-prives-sortent-du-Capital-d-EAU-DE-PARIS-Communiques-de-presse-Reactions-et-Souvenirs-LE-DOSSIER_a1459.html
  15. Ville de Montréal - Centre d’histoire de Montréal - Salubrité