Nouveau Parti Anticapitaliste
Le Nouveau Parti Anticapitaliste est un parti politique français communément considéré d'extrême-gauche, fondé en février 2009. C'est un parti dont les contours politiques ont toujours été en cours de définition, et qui a donc abrité en son sein de nombreux courants parfois divergents. Le NPA connaît la plus grosse scission de son histoire lors de son 5e congrès en décembre 2022, aboutissant à une situation où deux organisations se revendiquent aujourd'hui du nom et du logo du NPA.
1 Origine[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Vers un parti plus large[modifier | modifier le wikicode]
Le NPA a succédé à la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) quand celle-ci a décidé de lancer un appel à la constitution d'un nouveau parti anticapitaliste plus large, notamment pour réunir des militants ne se reconnaissant pas nécessairement dans le trotskysme.
Les succès électoraux de son porte-parole Olivier Besancenot ont donné un certain prestige à la LCR, qui lui a permis d'espérer un appel d'air militant. Il y a effectivement eu une grande augmentation du nombre d'adhérents, même s'il y a eu un reflux depuis.
1.2 Nombre d'adhérents[modifier | modifier le wikicode]
Membres de la LCR et des JCR avant le NPA : 3 500.
Membres du NPA en Juin 2008 : 10 000 (300 comités, dont 50 « comités jeunes »).[1]
Membres du NPA en Décembre 2009 : 8 000 militants[2]
Membres du NPA en décembre 2022 : environ 1800
1.3 Chronologie[modifier | modifier le wikicode]
- De mai à septembre 2007 : annonce et réunions publiques
- Janvier 2008 : congrès national de la LCR
- Juin 2008 : réunion nationale des comités
- Novembre 2008 : deuxième rencontre nationale des comités
- 5 février 2009 : Dissolution de la Ligue communiste révolutionnaire
- 6-8 Février 2009 : Congrès de fondation
- Décembre 2022 : scission du parti en deux organisations
1.4 Composantes lors de la fondation[modifier | modifier le wikicode]
- la Ligue communiste révolutionnaire, dont sont issus 45 % des représentants au conseil politique national (et environ un tiers des militants),
- les Jeunesses communistes révolutionnaires, organisation de jeunesse liée à la LCR et dissoute le 13 décembre 2008,
- la Gauche révolutionnaire, dont deux représentants siègent au conseil politique national,
- le Groupe La Commune, dirigé par Pedro Carrasquedo et Jean-Paul Cros, se revendique "membre fondateur", bien que n'ayant pas participé au processus de fondation.
- Le Groupe CRI s'est fondu dans le NPA, impulsant la naissance de la Tendance "CLAIRE".
- le Collectif Carré Rouge, dirigé par François Chesnais
- le réseau intellectuel et politique SELS (Sensibilité écologiste libertaire et radicalement sociale-démocrate), créé en décembre 1997 avec d'anciens militants et sympathisants de la Fédération anarchiste, du PS et des Verts, et dont les animateurs ont rejoint la LCR en juin 1999, s'est également inscrit dans le processus de constitution du NPA.
- le reste des militants, représentant la majorité du conseil politique national, ne sont pas issus d'organisations politiques nationales.
- La fraction L'Étincelle dispose quant à elle d'un statut d'observateur au sein du conseil politique national.
2 Positions de congrès et de conférences nationales[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Consultation nationale sur les régionales de 2009[modifier | modifier le wikicode]
En décembre 2009, le Conseil Politique National (CPN) a lancé une procédure de consultation de l’ensemble des membres concernant l’orientation du NPA pour les élections régionales du 13-20 Mars 2010.
Trois positions ont été défendues (positions A, B et C), qui ont cristallisé des divergences politiques.[3]
Position A
Position de la majorité de l'ex-LCR, et ayant obtenu la majorité au vote. Elle tente un compromis entre les ailes gauche et droite du parti, en permettant les accords locaux (avec le PG, le PCF...) lorsque c'est possible.
Position B
Position de la "gauche" du parti, qui refuse les "fusions techniques" ou "fusions démocratiques" avec le PS, qui réaffirme la nécessite de la rupture avec le capitalisme, et le besoin d'une clarté au niveau national (une même consigne pour toutes les régions). Elle a reçu le soutien de la Fraction l'Etincelle et de la Tendance CLAIRE, malgré leurs réserves sur certains points.
Position C
Position de la "droite" du parti, prônant l'unité électorale avec les partis "antilibéraux" (PCF, PG...) et la recherche des concessions possibles pour y parvenir.
Les textes des 3 positions sont disponibles ici.
Résultats[4]
Position A : 36, 3% des suffrages exprimés
Position B : 28, 5%
2.1.1 Alliances pour les régionales en 2009[modifier | modifier le wikicode]
Le NPA s'est allié avec différentes forces de la "gauche de gauche" dans certaines régions.
- En Auvergne, campagne avec les Alterékolos et le Mouvement des Objecteurs de Croissance (MOC).
- En PACA, avec les Alternatifs
- En Basse-Normandie, campagne avec le Parti de Gauche.
- En Champagne-Ardennes, campagne avec le Parti de Gauche et les Alternatifs.
- En Bretagne, campagne avec les Objecteurs de Croissance et l'association « Militer pour la gauche » qui regroupe d'anciens et actuels militants du Parti de Gauche.
- En Languedoc-Roussillon avec le Front de Gauche, la FASE, les Alternatifs, le MOC et le MPEP
- En Limousin, liste avec le Front de gauche, la FASE, les Alternatifs et le MOC
- En Pays de Loire, campagne avec le Parti de Gauche, 2 fédérations du PCF sur les 5 que comptent la région, et d'autres organisations.
- Poitou-Charentes : avec les Alternatifs et la FASE
- Bourgogne : avec le Parti de Gauche, FASE
3 Débats ouverts[modifier | modifier le wikicode]
3.1 Recul idéologique ?[modifier | modifier le wikicode]
La LCR se revendiquait, évidemment, du communisme révolutionnaire, et du trotskysme. Le NPA lui, souhaite réunir des militants aux origines politiques plus diverses (anarchistes, autres communistes...) ou des primo-militants radicalisés possiblement rebutés par les termes comme "trotskysme" ou "révolution".
Très critiquée parmi l'extrême-gauche, cet abandon à ces références idéologiques est parfois jugé comme symptomatique d'un virage droitier et réformiste. Certains y voient l'aboutissement d'une dérive entamée de longue date par la LCR, notamment Lutte Ouvrière.
D'autres, et c'est notamment la stratégie d'une partie des dirigeants de l'ex-LCR, considèrent que regrouper de nouveaux militants avec un noyau de révolutionnaires plus formés politiquement permettra de les "gauchiser".
3.2 Virage droitier ?[modifier | modifier le wikicode]
Beaucoup de militants du NPA (surtout parmi les tenants de la position B lors de la consultation nationale sur les régionales) s'inquiètent d'une dérive droitière du NPA. Dérive qui se manifeste par des campagnes électorales au ton réformiste (prévoyant notamment l'octroi d'ènièmes subventions à des entreprises) [5][6], le peu de visibilité de la question révolutionnaire dans les prises de parole du NPA, et la priorité de l'effort du parti donné aux élections plutôts qu'aux luttes.
Pour certains, dont la Fraction l'Etincelle et la Tendance CLAIRE, les principes fondateurs laissent planer des ambigüités sur la question du pouvoir d'Etat, et donc de la résolution de la question "réforme ou révolution".
4 Courants et sensibilités dans le NPA avant la scission[modifier | modifier le wikicode]
4.1 Convergences & Alternatives (C&A)[modifier | modifier le wikicode]
C'est un courant de la droite du parti. Il bénéficie d'une tribune dans Tout est à nous. Il a été créé le 17 mai 2009 pour défendre les alliances avec les partis de la gauche antilibérale aux élections autour de l'idée d'un « front unitaire dans les luttes comme dans les élections ». [7]
Ce courant quitte le NPA pour rejoindre le Front de Gauche en 2011, puis intègre Ensemble! .
4.2 Fraction "L'Etincelle"[modifier | modifier le wikicode]
La fraction "L'Etincelle" est un courant de la gauche du parti, dont une partie des membres viennent de Lutte Ouvrière, qui revendique l'héritage du mouvement trotskyste :
"Notre programme est celui des communistes internationalistes trotskistes qui militent pour le pouvoir des travailleurs et le socialisme. Notre objectif est la constitution d’un parti ouvrier révolutionnaire en France et d’une Quatrième internationale dans le monde qui puissent contribuer au développement de la lutte de classe jusqu’à la prise du pouvoir effectif, politique et économique, par le prolétariat."
La fraction a une place d’observateurs au Conseil politique national (CPN).
Elle publie la revue Convergences révolutionnaires.
http://www.convergencesrevolutionnaires.org
4.3 Tendance CLAIRE (TC)[modifier | modifier le wikicode]
La Tendance CLAIRE (pour le Communisme, la Lutte Auto-organisée, Internationaliste et RévolutionnairE) est un courant de la gauche du parti. Elle a été fondée le 14 février 2009 par des militants du NPA dont les uns viennent de l’ex-Groupe CRI, d’autres de l’ex-LCR, d’autres sans parti auparavant.
Sa base [...] est constituée par le programme fondateur de la IVe Internationale et par les textes du Projet de Tendance défendant le communisme, la révolution et l’auto-organisation, adoptés le 13 décembre 2008. [...] Sa nécessité est due aux importantes limites et faiblesses cristallisées par ce congrès. Son objectif est de convaincre la majorité des militants du NPA d’adopter les orientations révolutionnaires qu’elle propose.
http://tendanceclaire.npa.free.fr
En 2018, la tendance CLAIRE fusionne avec la plateforme Y, ce qui donnera naissance au courant Alternative révolutionnaire communiste (ARC). Exclus de l'ARC, une partie des anciens membres de la Tendance CLAIRE réactivent la tendance en mai 2021, puis s'orientent sur une tactique d'entrisme dans la France Insoumise. En 2022, la TC annonce ne pas participer au congrès du NPA.
4.4 Anticapitalisme & Révolution (AetR)[modifier | modifier le wikicode]
Anticapitalisme & Révolution est un courant composé d'anciens membre de la JCR, organisation de jeunesse de la LCR, principalement implantée dans le 92 Nord.
4.5 Alternative révolutionnaire communiste (ARC)[modifier | modifier le wikicode]
Courant issu de la fusion entre la plateforme Y du congrès de 2018 et la Tendance CLAIRE. La majorité de l'ARC exclut une partie de la TC en 2021 et garde la dénomination ARC. L'ARC a cherché à incarner une "troisième voie" entre les fractions d'opposition de gauche et la majorité droitière du parti.
4.6 Courant communiste révolutionnaire (CCR)[modifier | modifier le wikicode]
Section française de la FT-QI, le CCR quitte le NPA en juin 2021, en disant avoir été "exclu". S'il a bien existé des pressions à l'exclusion du CCR, le CCR n'a en réalité jamais été formellement exclu de l'organisation. Le CCR fondera ensuite une nouvelle organisation, Révolution Permanente, du nom de son média.
4.7 Démocratie révolutionnaire (DR)[modifier | modifier le wikicode]
Démocratie révolutionnaire est un courant issu de Lutte Ouvrière mais qui se démarque de la fraction l'Etincelle notamment par son attention plus forte sur les questions de programme et une recherche d'actualisation de l'analyse marxiste.
4.8 Socialisme ou barbarie (SoB)[modifier | modifier le wikicode]
Section française du courant international dirigé par le "Nuevo Mas" argentin.
5 La scission du NPA en 2022[modifier | modifier le wikicode]
Lors du 5e congrès de décembre 2022, trois plateformes sont en présence :
- La plateforme B qui regroupe la majorité sortante.
- La plateforme A, initiée par l'ARC
- La plateforme C, qui regroupe la Fraction l'Etincelle, Anticapitaliste et Révolution, Démocratie Révolutionnaire, Socialisme ou Barbarie, ainsi qu'un regroupements d'ex-ARC et ex-TC apportant leur soutien critique à la plateforme, le Regroupement pour la refondation révolutionnaire du NPA.
L'ex-majorité du NPA rassemblée dans la plateforme B finit par quitter le congrès en actant une "séparation", mais en se revendiquant encore du NPA.
La séparation n'ayant pas été votée et étant en réalité minoritaire dans l'organisation, l'opposition de gauche, rassemblée dans la plateforme C a décidé de "maintenir" le NPA. Désormais, deux organisations se revendiquent du NPA :
- Une organisation qui rassemble l'ex-majorité ainsi que la majorité des membres de l'ex-pfA, se revendiquant d'une forme de "légitimité historique". Son journal est L'Anticapitaliste, le journal du NPA pré-congrès et son site reste https://nouveaupartianticapitaliste.org/.
- Une organisation qui rassemble les fractions de l'opposition de gauche (AetR et Fraction l'Etincelle), le Regroupement pour la refondation révolutionnaire du NPA (ex-ARC et ex-TC ayant soutenu de façon critique la plateforme C) et une minorité de la plateforme A les ayant rejoint après que la majorité de cette plateforme ait décidé de rejoindre l'ex-majorité. Les scissionnistes étant partis avec l'appareil médiatique du NPA, ce NPA lance un nouveau journal mensuel nommé Révolutionnaires, et un nouveau site : https://www.nouveaupartianticapitaliste.fr
Les deux organisations sont en conflit autour de l'attribution du nom et du partage du patrimoine du NPA.
6 Liens[modifier | modifier le wikicode]
Site officiel du NPA issu de la plateforme B
Site officiel du NPA issu de l'opposition de gauche
7 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Article de Libération
- ↑ Le Monde, 16 Avril 2010
- ↑ "On a été un peu pris en tenaille entre ceux pour qui la politique unitaire est vouée à l'échec, et ceux qui reprochent de ne pas être allés jusqu'au bout dans les discussions unitaires." Pierre-François Grond
- ↑ Communiqué du NPA
- ↑ Campagne en Languedoc-Roussillon
- ↑ Campagne en Limousin
- ↑ "Convergences et alternative", un courant pro-unité à gauche au sein du NPA