Deuxième congrès des soviets

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Le deuxième congrès pan-russe des soviets est l'organe représentatif qui a voté les premières mesures révolutionnaires de la Révolution d'Octobre, les 25-26 octobre (7-8 novembre n.s.).

1 Contexte

La première réunion du Congrès des Soviets a eu lieu du 3 au 30 juin 1917. A ce moment-là les bolchéviks n’avaient que 13 % des délégués. Face aux socialistes conciliateurs (SR de droite et menchéviks) qui refusent le pouvoir aux soviets et veulent continuer à collaborer avec la bourgeoisie, Lénine proclame que les bolchéviks, eux, sont prêts à gouverner. Les dirigeants socialistes ne prennent pas Lénine au sérieux et éclatent de rire.

Le congrès élit un Comité exécutif central panrusse (VTsIK) qui assure le pouvoir jusqu'au prochain congrès, même si le rôle des organes soviétiques n'est pas clairement définit au milieu de la situation révolutionnaire russe et de sa dualité de pouvoir avec le gouvernement provisoire.

2 Déroulé du congrès

Le 2e congrès des soviets était initialement prévu le 20 octobre (a.s).

En septembre-octobre, les bolchéviks ont obtenu la majorité dans les soviets, et en particulier dans le Soviet de Petrograd. Pour Lénine et Trotsky, l'insurrection est à l'ordre du jour. Après s’être battu pendant plusieurs semaines contre les bolchéviks hésitants, ils parviennent à programmer l'insurrection pour le 15 octobre (a.s). Le Congrès des soviets pourrait ainsi approuver le renversement du gouvernement provisoire bourgeois.

Le congrès des soviets est finalement repoussé au 25 octobre (a.s) pour des raisons techniques. L'insurrection prend du retard, mais a finalement lieu dans la nuit du 24-25 octobre (n.s 6-7 novembre). Presque sans effusion de sang le Comité militaire révolutionnaire s'empare des points tratégiques de Petrograd. Le Palais d'Hiver, siège du gouvernement, est assiégé mais pas encore pris.

Le Congrès des soviets est déjà réuni depuis le matin du 25, et les conciliateurs ne représentent qu’un quart des délégués (649 délégués étaient présents, dont 382 bolcheviks et 70 SR de gauche). La première journée est consacrée aux réunions de fractions. Tous attendent le dénouement du siège du Palais d’hiver avant de commencer les discussions. Un bureau du Congrès est formé, avec 14 bolchéviks et 7 SR de gauche. Lénine, déguisé, n’apparaît pas encore publiquement.

Les conciliateurs refusent la proposition d’un front unique de la démocratie soviétique. Après l’annonce de la prise du Palais d’hiver par Trotsky, ils quittent le Congrès, ce qui se retournera contre eux aux yeux des masses. Trotsky improvise une motion :

« Le 2e Congrès doit constater que le départ des mencheviks et des SR est une tentative criminelle et sans espoir de briser la représentativité de cette assemblée au moment où les masses s’efforcent de défendre la révolution contre les attaques de la contre-révolution »

Il ne reste alors au Congrès que les bolchéviks, les SR de gauche et les mencheviks internationalistes.

Dans la nuit du 25 au 26, vers 2 heures, Kamenev lit à la tribune un téléphonogramme que l'on vient de recevoir d'Antonov : le palais d'Hiver a été pris par les troupes du Comité militaire révolutionnaire, et à l'exception de Kerensky, tout le gouvernement provisoire a été arrêté. Le pouvoir est désormais aux mains des soviets, et Lénine, qui  apparaît publiquement, est ovationné lorsqu'il proclame à la tribune qu'il s’agit « d’édifier l’ordre socialiste ». Le Congrès apprend aussi que les troupes du front qui avaient été désignées par Kérensky pour réprimer l’insurrection se rangent du côté de celle-ci, ce qui affermit l'enthousiasme.

Les premières mesures du nouveau pouvoir sont prises par le Congrès lui-même, dans la nuit du 26 au 27 :

  • appel à tous les pays belligérants pour mettre fin à la guerre et discuter d’une paix juste et démocratique,
  • décret qui reconnaît que la terre appartient aux paysans,
  • création du nouveau gouvernement : le « Soviet des commissaires du peuple » (Sovnarkom).

La conscience de l'importance de l'extension de la révolution est nette : Trotsky déclare « Ou bien la Révolution russe soulèvera le tourbillon de la lutte en Occident, ou bien les capitalistes de tous les pays étoufferont notre révolution. »[1]

Quant aux conciliateurs, ils créent le lendemain un « Comité de Salut de la Patrie et de la Révolution ».[2] Ils ne reconnaissent pas le Sovnarkom et appellent à son élargissement jusqu'aux troudoviks (parti de Kerensky). Ils refusent aussi de siéger au Comité exécutif central des soviets de Russie.

Par ailleurs le congrès vote aussi un appel invitant tous les soviets locaux « à prendre immédiatement les mesures les plus énergiques pour prévenir les actions contre-révolutionnaires, antijuives et toutes les sortes de pogromes. L'honneur de la révolution des ouvriers, des paysanes et des soldats exige qu'aucun pogrome ne soit admis. »[3]

3 Postérité

Les congrès des soviets ont été officialisés par la constitution de l'URSS en 1923.

Par la suite ils deviennent des instances fantoches manipulés par la bureaucratie soviétique.

4 Notes et sources

  1. Léon Trotsky, Histoire de la révolution Russe - Congrès de Smolny, 1930
  2. Jean-Jacques Marie, Lénine, Paris, Balland, 2004, p. 217
  3. Jean-Jacques Marie, Lénine, Paris, Balland, 2004, p. 217