Colonialisme

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Le colonialisme est une idéologie prétendant justifier la colonisation, c'est-à-dire la domination d'un ou plusieurs pays par un autre.

1 Colonialisme antique

Les colons de l'Antiquité s'embarrassaient moins de justifications idéologiques. Les grecs ont installé principalement des colonies de peuplement en Méditterrannée, tandis que les phéniciens/carthaginois, nation de commerçants, installaient surtout des comptoirs.

Les plus grands colons ont été les Romains, qui eux prenaient militairement le contrôle de vastes territoires en Europe. Mais le plus souvent ils ne cherchaient pas à assimiler de force les populations conquises, se contentant d'associer des élites locales au pouvoir impérial. Par ce biais, les anciennes cultures ont très rapidement reculé, surtout dans les milieux urbains (ainsi la "civilisation gallo-romaine" est avant tout... romaine).

2 Colonialisme médiéval

L'expansionnisme arabe à partir de Mahomet a été justifié par la religion (Djihad - guerre sainte). C'est à cette époque que la civilisation arabe s'est étendue à une bonne partie de l'Afrique (principalement au Nord), de l'Asie centrale et du Sud-Est. Le plus souvent, les vaincus (dhimmi) n'étaient pas contraints à la conversion, à condition qu'ils soient en mesure de payer un tribut.

Côté européen, ce sont les célèbres croisades, également justifiées par la religion (papauté chrétienne), qui s'étendent du XIème au XIIIème siècle.

Il faut également citer le Drang Nach Osten, mouvement de colonisation de l'Est slave par les Allemands. Là encore, la religion a servi de drapeau, avec des moines-soldats (Chevaliers Teutoniques) évangélisant les païens plus ou moins brutalement.

3 Colonialisme à l'Époque moderne

Les Grandes Découvertes, impulsées à la fois par les avancées techniques et le développement commercial (commerce des épices, des fruits exotiques, des esclaves...) porté par la bourgeoisie, vont accélérer le processus de mondialisation. La création d'États forts (absolutismes) va permettre de soutenir des expéditions de plus en plus audacieuses, et amorcer la domination de l'Occident sur le monde.

Les Portuguais seront les premiers à s'y lancer (comptoirs au Ghana, au Mozambique, en Indonésie, en Inde, au Brésil...), suivis des Espagnols (Canaries, Amérique Centrale et du Sud, Philippines...). La papauté se pose comme arbitre des querelles entre pays colonisateurs (partage du monde avec la bulle Inter Coetera, le traité de Tordesillas...).

Du XVIème au XVIIIème siècle, la doctrine économique mercantiliste préconise l'enrichissement de la Nation via le commerce extérieur et le protectionnisme. Le commerce triangulaire est alors à son apogée. La puissance Espagnole est peu à peu remplacée par de meilleurs capitalistes : les Pays-Bas, puis les Français et les Anglais.

4 Colonialisme capitaliste

4.1 Impérialisme colonial

La colonisation et le colonialisme européen connaissent un nouvel essor dans la seconde partie du XIXème siècle. C'est la période impérialiste qui s'inaugure dans le sang. La recherche de ressources et de nouveaux débouchés pour une industrie capitaliste qui sature rapidement les marchés des métropoles va générer le besoin ; les idéologies colonialistes viendront "légitimer" le tout.

Évidemment, ces idéologies sont quasiment toutes traversées de racisme, avec le thème récurrent de la race supérieure, qui serait dans son droit lorsqu'elle s'empire des terres occupées par des races inférieures, mais le thème le plus hypocritement répandu est alors celui de la "mission civilisatrice".

"Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se proposer exclusivement pour but l'extension de son commerce et se contenter de ce mobile unique, l'appât du gain ? Cette nation généreuse dont l'opinion régit l'Europe civilisée et dont les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de l'émancipation, de l'appel aux Lumières et à la liberté des races et des peuples encore esclaves de l'ignorance et du despotisme." Francis Garnier[1]

Et de ce point de vue, la gauche bourgeoise varie peu dans son discours, du républicain Jules Ferry au "socialiste" Léon Blum :

"Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures". Jules Ferry[2]

« Nous admettons qu'il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu'on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation » Léon Blum[3]

Concrètement, les colonisés ont peu vu les bienfaits de la colonisation (oppression brutale et méprisante, économie et infrastructure tournée vers l'export, besoins sociaux laissés béants...) bien qu'ils aient reçu beaucoup de missionnaires.

4.2 Relens coloniaux entre puissances

La thème de la colonisation n'est pas absent de la scène européenne, bien qu'il y devienne secondaire dans la période impérialiste. On peut y rattacher les conflits autour de l'annexion de certains territoires (Alsace-Lorraine...), dans le cadre des différents nationalismes. On peut également retrouver en tant de crise et de guerre des relens de colonialisme exprimés par les bourgeoisies belliqueuses : dans le racisme franco-allemand, dans le pangermanisme en quête de "Lebensraum" (espace vital)...

5 Néocolonialisme

Les luttes pour l'indépendance nationale ont fini par mettre officiellement fin aux Empires coloniaux (de l'Europe, mais aussi du Japon ou encore des Ottomans). Les États-Unis se sont posés comme soutiens de ce mouvement, de façon totalement intéressée. D'une part cela permettait d'affaiblir les puissances européennes, historiquement les premières, et d'autre part cela desserait un peu le privilège économique qui retenait les colonies à leur métropole. Depuis la fin du XXème siècle, les liens de domination ne sont donc plus directement politiques et militaires, mais économiques. Les ex-pays colonisateurs, mais aussi les États-Unis ou encore la Chine se font concurrence pour s'accaparer les marchés des pays dominés. C'est ce que l'on peut appeller le néocolonialisme.

Parmi quelques exemples typiques citons la "Françafrique", le pré-carré latino-américain des États-Unis...

6 Notes et sources

  1. La Cochinchine française en 1864, Francis Garnier, 1864
  2. Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885.
  3. Léon Blum, Débat sur le budget des Colonies à la Chambre des députés, 9 juillet 1925