Vivre libre ou mourir

Vivre libre ou mourir est une devise de la Révolution française.
Elle a eu une profonde influence sur les mouvements progressistes par la suite, puisqu'on la retrouve dans d'autres révolutions de l'Atlantique, dans le mouvement ouvrier et dans des mouvements de décolonisation.
Dans beaucoup de contextes de luttes d'indépendance, cela a donné la variante : l'indépendance ou la mort, la patrie ou la mort.
1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Révolution française[modifier | modifier le wikicode]
La devise « Vivre libre ou mourir » a été utilisée dès le mois de société des Amis de la Constitution (alias club des jacobins[1]) et le bataillon des Filles-Saint-Thomas de la Garde nationale.
Elle figure également en-tête du Journal d'État et du citoyen écrit et édité par Louise-Félicité de Kéralio en dont le père est le commandant du bataillon des Filles-Saint-Thomas. Dans son célèbre ouvrage publié en 1791, Les crimes des reines de France depuis le commencement de la monarchie jusqu'à Marie-Antoinette, Louise-Félicité de Kéralio conclut par l'être qui a juré de vivre libre ou mourir, se joue de la colère des tyrans.
L'anecdote raconte qu'après la fuite de Varennes, dans le carrosse qui ramenait la famille royale à Paris, le Dauphin Louis XVII déchiffra la devise gravée sur les boutons du député Antoine Barnave[2].
La dévise est reprise par Camille Desmoulins pour son journal Le Vieux Cordelier en 1793-1794.
La devise sur le monument central du Panthéon à Paris dédié à la Convention (ajouté en 1920).
La devise circule à l'international, dans les mouvements démocratiques, et dans ce qu'on appelé les révolutions de l'Atlantique. Le poète romantique anglais William Wordsworth, proche des républicains français, écrit dans son poème It is not to be Thought of (écrit pendant la Révolution) : « Nous devons être libres ou mourir ». Une société secrète, la Filikí Etería, diffuse des idées révolutionnaires et la devise « La liberté ou la mort » dans les Balkans.
En 1848, pendant le Printemps des Peuples, le poète Andrei Mureșanu écrit un hymne qui contient « La liberté ou la mort ». Il deviendra le principal chant des luttes en Roumanie, et l'hymne national depuis 1989. La devise Svoboda ili smart (La liberté ou la mort) a aussi été beaucoup utilisée en Bulgarie à partir des années 1850.
En France, lors de leur révolte, les Canuts utilisent le slogan « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».
En France elle a resurgi à différentes occasions où le nationalisme français a été plus vif, de façon plus ou moins progressiste. Par exemple, elle a été utilisée au cours de la guerre franco-prussienne (1870-1871). Elle figure notamment sur le monument aux Savoyards morts pour la France situé à Annecy, au carrefour de l'avenue de Genève et de la rue de l'Intendance.
Enfin, cette devise a été celle des résistants du Maquis des Glières[3].
Au cours de l'hiver 1944, un groupe de résistants de l'Armée secrète formé de militaires et de maquisards et rejoint par des républicains espagnols puis par des FTP est monté sur le plateau des Glières pour réceptionner des parachutages d'armes et y est resté deux mois. C'est Alphonse Métral - qui, quelques années auparavant, passait tous les jours devant le monument aux morts de la guerre de 1870-1871 pour aller travailler -, qui suggère à Tom Morel, chef du Maquis des Glières, cette devise qui est aussitôt adoptée.
1.2 Lutte contre l'esclavage[modifier | modifier le wikicode]
La formule a été reprise par Louis Delgrès et ses compagnons, anti-esclavagistes, avant leur suicide à Matouba en Guadeloupe en 1802.
1.3 Révolution états-unienne[modifier | modifier le wikicode]
La devise "Liberty or Death" devient immédiatement populaire lors de la révolution états-unienne de 1763-1783 (indépendance contre les britanniques mais aussi vraie lutte de classe contre les aristocrates en faveur du statu quo).
En 1775, le révolutionnaire Patrick Henry proclame devant la convention de Virginie, et face aux britanniques, "Give me liberty or give me death!".
Emblème du New Hampshire depuis 1945[4]
Drapeau des Minutemen de Culpeper (1775)
L'expression est aussi retrouvée dans un mot rédigé le par le Général John Stark, le plus célèbre soldat du New Hampshire de laa mauvaise santé l’obligeant à décliner une invitation à une commémoration de la bataille de Bennington, il a envoyé son mot par lettre: « Vivre libre ou mourir : la Mort n'est pas le pire des maux ».
Le New Hampshire a adopté officiellement la devise "Live Free or Die" en 1945[5].
1.4 Révolution grecque[modifier | modifier le wikicode]
Lors de la révolution grecque de 1821-1829 contre l'Empire ottoman, les rebelles utilisent le slogan Ελευθερία ή θάνατος (La liberté ou la mort), qui devient par la suite la devise nationale de la Grèce.
On la retrouve également en Crète, en Macédoine du Nord et à Chypre.
1.5 Révolution turque[modifier | modifier le wikicode]
En Turquie aussi, pendant la révolution kémaliste (1919), le slogan Ya istiklâl ya ölüm (L'indépendance ou la mort) a été populaire.
1.6 Révolutions sud-américaines[modifier | modifier le wikicode]
Le slogan a été aussi beaucoup utilisé dans les guerres d'indépendance des pays d'Amérique du Sud, avec des variantes.
En 1822, l'Empire du Brésil proclame son indépendance du Portugal, et adopte la devise « L'indépendance ou la mort ! ». En 1825, le groupe révolutionnaire des Trente-trois Orientaux, qui a combattu pour l'indépendance de l'Uruguay par rapport au Brésil, reprend la devise Libertad o Muerte (La liberté ou la mort). Cela deviendra la devise officielle de l'Uruguay.
Le slogan Patria o Muerte (la patrie ou la mort) devient hymne officiel de Cuba après la révolution de 1959.
Le drapeau des Trente-Trois avec sa devise, au Stade Centenario de Montevideo.
Affiche castriste à Cuba
1.7 Dachnak arménien[modifier | modifier le wikicode]
La Fédération révolutionnaire arménienne, appelée Dachnak, a utilisé la devise.

1.8 Tchetniks serbes[modifier | modifier le wikicode]
Les Tchetniks étaient des combattants armés de droite royaliste, actifs dans la résistance yougoslave de 1941-1945 (même si certains collaboraient avec l'occupant, les Tchetniks noirs), en concurrence avec les partisans communistes qui étaient majoritaires.
1.9 Révolution indonésienne[modifier | modifier le wikicode]
La guerre indépendance indonésienne (1947-1949) a repris le slogan Merdeka atau Mati! (l'indépendance ou la mort) de Sutomo.
1.10 Extrême gauche[modifier | modifier le wikicode]
L'extrême gauche au sens large continue à faire vivre cette devise.
Cette devise est aussi le titre d'une chanson du groupe Bérurier noir[6].
2 Références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Alphonse Aulard (éditeur), La Société des jacobins : recueil de documents pour l'histoire du Club des jacobins de Paris, t. Ier : 1789-1790, Paris, Librairie Jouaust / Librairie Noblet / Maison Quantin, , CXXVI-494 p., 6 tomes (lire en ligne), p. 29
- ↑ Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, [1]
- ↑ Nicole Baud-Bévillard, Le maquis des Glières en 20 questions, Annecy, Association des Glières, , 173 p. (ISBN 9782954800929), Question 10, note 1, p. 85
- ↑ « State emblems, flag, etc/ » (consulté le 12 août 2014)
- ↑ « CHAPTER 3 STATE EMBLEMS, FLAG, ETC », Gencourt.state.nh.us (consulté le 21 juin 2013)
- ↑ Stéphane C. Jonathan., « Fanfan, le chanteur de Bérurier Noir, attendu samedi à Bordeaux », SudOuest.fr, (lire en ligne)
3 Liens externes[modifier | modifier le wikicode]
- Objets portant la devise Vivre libre ou mourir dans les collections des musées de Paris