Réforme sociale ou révolution ?
Réforme sociale ou révolution ? est un ouvrage de Rosa Luxemburg publié en 1898.
1 Contexte[modifier | modifier le wikicode]
A la fin du 19e siècle, le Parti Social-Démocrate Allemand (SPD) est le parti le plus puissant de la IIe Internationale. C'est la principale force du Reichstag (Parlement allemand), il organisait et éduquait le prolétariat allemand par le biais de journaux, de syndicats, d'associations, d'écoles et de clubs sportifs. C'était encore un parti révolutionnaire (officiellement) et son organisation était même un modèle (notamment pour Lénine et les bolcheviks).
Mais le développement de ce parti s'accompagnait d'un mouvement contraire : certains cadres du parti pensaient qu'on pouvait s'adapter aux institutions de l'État bourgeois. Le réformisme était né. Ce courant avait trouvé son théoricien en Eduard Bernstein, qui publia une série d’articles visant à donner une base théorique au réformisme. Rosa Luxemburg, polonaise née en 1871, qui allait incarner l'aile révolutionnaire du SPD avec Karl Liebknecht, fut la principale théoricienne socialiste à polémiquer contre le «révisionnisme » de Bernstein.
Réforme sociale ou Révolution ?, publié en 1898, est une critique percutante des thèses de Bernstein.
2 Contenu[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Le crédit[modifier | modifier le wikicode]
Bernstein prétendait par exemple que le capitalisme avait réussi à enrayer ses crises cycliques notamment grâce au crédit. Rosa Luxemburg lui répondit dans sa brochure que le crédit n’est en fait qu’un moyen de repousser temporairement les crises en injectant artificiellement de la monnaie dans le processus de production. Rosa Luxemburg rappelle aussi que les crises du capitalisme ne sont pas une anomalie de ce mode de production, mais un moment de régulation indispensable, car elles lui permettent de régler les problèmes de surproduction en détruisant des forces productives (un moment dramatique pour le prolétariat).
2.2 Les organisations patronales[modifier | modifier le wikicode]
De la même façon, Bernstein voyait dans les organisations patronales une solution contre l’anarchie générée par la concurrence entre capitalistes croyant que que ces organisation visaient à « organiser » la concurrence en coordonnant la production dans une branche donnée. En fait, ces accords entre patrons ne peuvent se faire dans une branche d’industrie qu’au détriment des autres et en allant chercher à l’étranger le profit qui est réduit sur le marché intérieur (Impérialisme selon la qualification de Lénine). Un capitalisme sans crise ou sans anarchie dans la production est donc impossible. Et s’il l’était, la nécessité d’un passage au socialisme disparaîtrait.
2.3 Réforme sociale ou révolution ?[modifier | modifier le wikicode]
Rosa Luxemburg démontre que des réformes sociales graduelles ne permettront pas d'arriver au socialisme. D’après Bernstein, il serait possible de restreindre petit à petit les droits de propriété aux capitalistes, jusqu’au jour où, cette propriété ayant perdu toute valeur à leurs yeux, ils se la laisseraient enlever sans résistance. Il oublie ainsi deux choses : premièrement, que l’État est un instrument de classe, il défend la propriété privée (Aujourd'hui, par exemple, parmi les 4000 pages du Code Civil, la grande majorité stipule la protection de la propriété) ; deuxièmement, que la bourgeoisie peut et va se défendre si l’on attaque son droit d’exploiter « ses » travailleurs (C'est notamment le rôle du Conseil d’État ou du Conseil Constitutionnel). Les réformes sociales consenties par l’État bourgeois sont en fait, pour les capitalistes, un moyen d’acheter la paix sociale, en amadouant la classe ouvrière (Le premier système de retraites ouvrières fut ainsi inventé par Bismarck pour contrebalancer l’interdiction du parti socialiste et calmer un peu l’agitation des travailleurs). Rosa Luxemburg rappelle qu’aucun marxiste conséquent n’est opposé aux réformes immédiates, bien au contraire, mais que pour autant il n’abandonne pas la perspective et la nécessité de la révolution socialiste. Pour le marxisme, la lutte pour les réformes sociales est avant tout une école pratique grâce à laquelle la classe ouvrière apprend à lutter et prend conscience de sa force. Cet apprentissage étant indispensable à la victoire d’une révolution socialiste, il est absurde d’opposer les réformes immédiates à la révolution, comme le faisait Bernstein et comme le font toujours les réformistes d’aujourd’hui.
3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- Réforme sociale ou révolution ? sur Archives militantes