Kommunistische Partei Deutschlands

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PremierMai-KPD-1929.jpg

Le Kommunistische Partei Deutschlands (KPD) était le parti communiste d'Allemagne. Fondé en 1918 lors des événements de la révolution allemande, il disparaît en 1945 suite à la partition de l'Allemagne. Par son gauchisme, le KPD a manqué à plusieurs reprises la rencontre avec la classe ouvrière allemande ou n'a pas su en tirer parti. Par la suite, sous direction stalinienne, son sectarisme vis-à-vis de la social-démocratie a été une des causes majeures de la défaite du mouvement ouvrier face à la montée du nazisme.

1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Fondation[modifier | modifier le wikicode]

Depuis la trahison de la social-démocratie en 1914, il n'y a plus de parti révolutionnaire en Allemagne. Les militants spartakistes derrière Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht se dotent d'une presse et d'un fonctionnement militant clandestin, mais ne veulent pas rompre avec, dans un premier temps le SPD, puis après avril 1917, avec l'USPD (parti social-démocrate indépendant). Or, la guerre impérialiste débouche sur une vague révolutionnaire.

C'est fin 1918 que la Ligue spartakiste crée, avec d'autres groupes moins importants, le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Pour marquer la continuité, le nom complet adopté le 30 décembre 1918 était Kommunistische Partei Deutschlands (Spartakus Bund) - Parti communiste d'Allemagne (Ligue spartakiste).

Le congrès de fondation se tient à partir du 29 décembre 1918.

1.2 1918-1923 - Révolution allemande[modifier | modifier le wikicode]

Dès le congrès de fondation, une profonde divergence stratégique apparaît. 

Les nombreux nouveaux délégués rejettent tout le passé social-démocrate, et jettent avec l'eau du bain l'analyse matérialiste et le recul politique. Ils veulent sans tarder appeler au renversement du gouvernement, alors même que le jeune KPD n'a absolument pas la légitimité dans les masses ouvrières pour le faire, en tous cas en dehors de Berlin. Plus fondamentalement, se voulant révolutionnaires ils trouvent hors de question de participer aux élections bourgeoises. Les dirigeants expérimentés (Luxemburg, Jogiches, Lévi, Mehring) sont mis en minorité. Ces délégués défendent des positions ultra-gauche et "négligent le sérieux, le calme et la réflexion nécessaire" (Luxemburg).

La décision prise, de ne pas participer aux élections, concourt d’emblée à l’isolement du parti communiste de larges couches populaires auxquelles il renonce de facto à s’adresser, et ce à un moment où la presse bourgeoise et social-démocrate lance des appels au meurtre contre les spartakistes "sanglants" et "dictatoriaux". Pire encore, le congrès refuse le principe de militer dans les vieux syndicats. Déjà, dans les jours et semaines précédentes, des militants communistes ont plus d’une fois refusé de siéger dans les conseils ouvriers en présence de sociaux-démocrates "majoritaires", des "socialistes des généraux" qu’ils sont. D’un sain rejet de la vieille social-démocratie pourrie, "cadavre puant" (Rosa Luxembourg) les communistes en question arrivent à une position de capitulation totale, livrant en fait la classe ouvrière à la direction des sociaux-démocrates, tant dans les conseils que dans les syndicats (ceux-ci regroupent 10 millions de travailleurs au sortir de la guerre !) Dans l’immédiat, cette position leur vaut de se couper des "délégués révolutionnaires", toujours membres du parti indépendant, et qui eux refusent de s’isoler de la majorité du prolétariat allemand.

A peine né, le Parti est ainsi affaibli politiquement comme numériquement par ses positions gauchistes. Cette inexpérience, son manque d’homogénéité politique, va se révéler particulièrement dramatique dès janvier 1919.

Exclusion des gauchistes

celle du KAPD en 1919 avec Herman Gorter, les exclus critiquant "l'autoritarisme" de Lénine et le parlementarisme.

Le fiasco de "l'action de mars"

La répression des révoltes de janvier et mars 1919 entraîne l'assassinat de nombreux militants et des principaux dirigeants du parti :  sont assassinés le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, et Leo Jogiches le 10 mars 1919. Paul Levi prend alors la tête du KPD.

L'organisation de jeunesse du parti est à partir de 1925 la Ligue des jeunes communistes d'Allemagne.

En 1927, 80% des membres du KPD appartiennent à la classe ouvrière.[1]

Stalinisation

En 1928, le KPD-O (Paul Frolich, August Thalheimer et Heinrich Brandler) est exclu pour son refus du stalinisme.

En 1929, le KPD est ainsi devenu un parti totalement sous domination du PCUS, et défend une politique stalinienne extrêmement différente, voire tout à fait contradictoire avec la politique luxemburgiste des fondateurs.

1.3 1923-1933 - sectarisme et montée du fascisme[modifier | modifier le wikicode]

KPD-Siège.jpg

Au sixième congrès de l'Internationale communiste à Moscou en septembre 1928, Staline décide de donner priorité à la lutte contre la social-démocratie. Les communistes allemands doivent suivre. Selon l'historien du socialisme Jacques Droz, ils « considèrent les sociaux-démocrates comme leur principal ennemi, et vont même jusqu’à leur préférer les nazis, dont les excès pensent-ils, provoqueront la guerre civile puis la dictature du prolétariat. (..) Dans ces conditions, il est évident que la collaboration entre les deux partis de gauche, qui aurait été indispensable pour résister à la terreur nazie, ne peut s’organiser. En novembre 1931, la Rote Fahne, l’organe communiste, ose écrire : « le fascisme de Brüning n’est pas meilleur que celui de Hitler… C’est contre la social-démocratie que nous menons le combat principal. »

En décembre 1931, le KPD refuse de participer au Front de fer républicain contre le Front de Hazburg (nationaliste).

En 1931-1932, le KPD et le parti nazi NSDAP mènent des actions parallèles et parfois concertées afin de renverser la République de Weimar : le référendum contre le gouvernement social-démocrate de Prusse en août 1931, la motion de censure contre le gouvernement social-démocrate de Prusse en mars 1932, la motion provoquant la dissolution du Parlement allemand de juillet 1932, la grève commune des transports de Berlin en novembre 1932.

Pour les législatives de la fin 1932, le KPD traine carrément dans la boue, le journal qui fut celui de Karl et Rosa, en publiant une « Lettre ouverte aux électeurs ouvriers du NSDAP » dans laquelle il lêche les bottes des nazis  (Die Rote Fahne du 1er novembre 1932). Walter Ulbricht  (futur dirigeant de la RDA)  y écrit : « Les membres prolétariens du NSDAP sont entrés dans les rangs du front uni du prolétariat. » et Ernst Thaelman déclare : « Nous avons même constitué un front unique de classe avec les prolétaires nazis. ».

Le 25 mai 1932, le KPD lance un groupe nommé « Action antifasciste » pour s'opposer au parti nazi. Il s'ensuit une collaboration entre quelques organisations du KPD et du SPD.

AfficheKPD-1920s.jpg

Les historiens soulignent également une attitude ambivalente à la base du parti. D'un côté, des combats de rue sans concession entre militants nazis et militants communistes. En 1931, on relève ainsi la mort de 103 militants communistes et de 79 militants nazis. De l'autre, une partie de la base prolétarienne oscille entre le parti communiste et le parti nazi. Le parti communiste tente à plusieurs reprises de séduire la gauche nazie, et en particulier les SA. Le cas le plus célèbre est celui de Richard Scheringer, héros nazi, converti au communisme et futur dirigeant communiste ouest-allemand après 1945.

1.4 1933-1945 - sous le nazisme[modifier | modifier le wikicode]

Les communistes allemands (membres ou non du KPD) sont massivement internés dès 1933 et l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, dans des camps de concentration comme Dachau. Une activité clandestine sera maintenue dans certains camps (notamment Buchenwald), organisant la solidarité, et une résistance extrêmement difficile et dangereuse.

Cependant, certains dirigeants ayant fui à temps organisent un KPD en exil. En France, le principal dirigeant du Parti communiste d’Allemagne (Kommunistische Partei Deutschlands - KPD), Franz Dahlem, qui a succédé en 1938 à Walter Ulbricht en tant que secrétaire du Comité central exilé à Paris, est interné au camp du Vernet (Département de l’Ariège). Au mois de septembre 1939, Dahlem demande au président Daladier de permettre aux antinazis allemands de combattre avec l’armée française, soustrayant ainsi des militants du KPD aux directives de la IIIe Internationale.[2] Ce sont des membres du comité central de ce parti qui, à l'instigation de Moscou, créèrent le 12 juillet 1943 à Krasnogorsk (à proximité de la capitale soviétique), dans le camp modèle n° 27, le « Comité national de l'Allemagne libre » (Nationalkomitee Freies Deutschland - NKFD) dont les membres les plus influents : Wilhelm Pieck et Walter Ulbricht, furent à l'origine de la création de la République démocratique allemande. Ce comité était présidé par le poète Erich Weinert.

D'autres courants communistes participent aussi activement à la résistance allemande au nazisme de 1933 à 1945.

1.5 1945 - dislocation[modifier | modifier le wikicode]

AfficheFusion-KPD-SPD.jpg

À la suite de la division de l'Allemagne, le parti se trouve divisé de fait.

Dans la zone d'occupation soviétique qui devient la « République démocratique allemande » (RDA), le KPD refuse d'abord une proposition de fusion du SPD. Mais Staline change d'avis, craignant une défaite électorale face à l'appareil du SPD qui se reconstitue rapidement. Il force alors les 2 partis à fusionner en Parti socialiste unifié d’Allemagne (SED), lors du congrès des 21-22 avril 1946.

En Allemagne de l'Ouest, le Tribunal constitutionnel fédéral déclare en 1956, le KPD comme inconstitutionnel et ce dernier est dissous. En 1968, l’interdiction est levée et le Parti communiste allemand (Deutsche Kommunistische Partei, DKP) prend la succession du KPD, mais demeure une force politique négligeable. Des militants poursuivent une activité clandestine, mais à partir de 1970 les restes du KPD de RFA se divisent en de nombreuses scissions et deviennent largement insignifiants.

À partir de 1989, lors de l'instauration du pluripartisme, le SED se transforme en PDS, parti de la gauche communiste de tendance réformatrice. Les communistes « orthodoxes » reconstituant pour leur part le KPD en 1990, auquel adhéra notamment l'ancien dirigeant de la RDA, Erich Honecker.

En 2009, certains petits groupes se revendiquent comme étant héritiers du KPD.

2 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Le Parti communiste allemand (K.P.D.) sous la République de Weimar, Kurt Flechtheim, éditions François Maspero BS 23, 1972
  • " Et notre drapeau est rouge. Du Spartakusbund à la IV ème Internationale " Oskar HIPPE Editions La Brèche 1985
  • Article publié en mai 2003 par le groupe Combattre pour le socialisme
  1. Kater, Michael H. 1983, The Nazi Party: A Social Profile of Members and Leaders 1919–1945, Oxford: Blackwell.
  2. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)