Trois Glorieuses

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Prise de l'Hôtel de ville : le Pont d'Arcole.

La révolution de Juillet 1830 est une révolution qui fait tomber le régime monarchique de la Restauration, et qui entraînera la mise en place de la « monarchie de Juillet ». La révolution se déroule sur trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites « Trois Glorieuses ».

C'est une révolution politique qui fait basculer le pouvoir d'une fraction des classes dominantes vers une autre : des grands propriétaires terriens (se retrouvant derrière l'idéologie légitimiste) vers l'aristocratie financière (orléanistes). Elle porte sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe Ier.

1 Contexte[modifier | modifier le wikicode]

La révolution de 1789, révolution démocratique-bourgeoise, avait aboli les vestiges de féodalisme (abolition de la noblesse, du servage et des corporations, abolition des douanes internes et création d'un marché intérieur...).

Le processus révolutionnaire avait conduit à une intensification de la lutte des classes qui culmine en 1793, puis à un recul réactionnaire avec le Directoire, puis le règne de Napoléon Bonaparte. Celui stabilisera les institutions et la société, dans l'intérêt de « la Nation », c'est-à-dire des classes dominantes, même si celles-ci n'exerçaient plus leurs libertés politiques.

Suite à la chute de l'Empire de Bonaparte (1814), la monarchie est restaurée (Restauration). Mais derrière l'apparence, il ne s'agissait pas d'un retour à l'Ancien régime. D'une part la haute noblesse n'osait pas rétablir l'absolutisme et devait se contenter d'une monarchie constitutionnelle. Mais surtout, aussi bien sous l'Empire que sous la Restauration, il n'y a pas eu de tentative de rétablir les rapports de production féodaux et de freiner le développement capitaliste. Il y avait contre-révolution politique, mais pas contre-révolution sociale.

2 Événements[modifier | modifier le wikicode]

3 Le nouveau pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Tocqueville écrivit à propos de la bourgeoisie : « Elle se logea dans toutes les places, augmenta prodigieusement le nombre de celles-ci et s’habitua à vivre presque autant du Trésor public que de sa propre industrie »

Marx écrit dans Les luttes de classes en France, ouvrage qu'il écrit en 1850 pour analyser la révolution de 1848 :

« Après la révolution de juillet 1830, (…) Laffitte laissa échapper ce mot  : “Désormais, ce sera le règne des banquiers.” (…) Ce n’est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais seulement une fraction de celle-ci (…) : l’aristocratie financière. »

Par cette expression, il désignait les "rois de la bourse" et autres "magnats des chemins de fer". Contrairement à l'aristocratie nobiliaire classique, cette couche ne tire pas son pouvoir d'une lignée, mais des banques ou des grands monopoles.

4 Le rôle des ouvriers[modifier | modifier le wikicode]

Au cours des Trois Glorieuses l’intervention des ouvriers parisiens a été décisive. Les patrons imprimeurs en fermant leurs ateliers ont jeté leurs ouvriers dans le combat. L’exemple est suivi par des manufacturiers et par des négociants (en particulier ceux du port de Paris). Quoi qu’il en soit, il y a unanimité parmi les contemporains. Au soir du 29 juillet, Alfred de Vigny note dans son journal : « Depuis ce matin, on se bat ; les ouvriers sont d’une bravoure de Vendéens. » A la question : qui a vaincu ? Prosper Enfantin répond dans L’Organisateur du 15 août : « C’est la classe pauvre... celle des prolétaires. »

Même Le National, organe de la bourgeoisie modérée, concède le 30 juillet que le peuple « a été puissant et sublime ». « C’est lui qui a vaincu ; c’est pour lui que devront être tous les résultats de la lutte. »

Le 10 août, le ministre Charles Dupin déclare devant la Chambre : « Lorsqu’il arrive, comme aujourd’hui, qu’une dynastie est fondée par suite de l’héroïsme des ouvriers, la dynastie doit fonder quelque chose pour la prospérité de ces ouvriers héroïques. »

« Ceux qui ont fait la Révolution de 1830, écrit Alexandre Dumas père, c’est cette jeunesse ardente du prolétariat héroïque qui allume l’incendie, il est vrai, mais qui l’éteint avec son sang. »

Des bourgeois républicains ou simplement libéraux découvrent ainsi qu’une classe ouvrière commence à exister et qu’elle est déjà assez forte pour que son intervention soit décisive dans certaines circonstances.

Lamennais écrivit : « Le peuple après juillet se demande pour qui il a vaincu et s’il n’a rien à attendre d’une victoire qu’il a si richement payée ; s’il doit éternellement languir dans la même misère, dans le même abaissement. Non ! Telle est sa réponse. Alors se pose la grande question, commence la grande lutte... »

Un journal ouvrier, Le Semeur, écrit de façon clairvoyante (20 et 27 novembre 1833) :

« Depuis que la cause du peuple a été irrévocablement gagnée, les ouvriers ont eu conscience de leur force, puisque, sans eux, la grande victoire de juillet n’aurait pas été obtenue, ni peut-être même disputée ; et ils ont confusément senti, de plus, que la bourgeoisie allait séparer son drapeau du leur, parce qu’elle cessait d’avoir besoin d’eux pour lutter contre les classes privilégiées. De là, sentiment d’orgueil dans les classes ouvrières, défiance contre les classes plus élevées, besoin d’obtenir des garanties, exigences pour le prix de la main-d’œuvre, émeutes et coalitions. »

Mais les antagonismes ne sont pas encore assez marqués pour être réellement saisis dans leur profondeur. Il faudra pour cela la révolution de 1848, qui verra le passage très rapide des illusions œcuméniques de février jusqu'au massacre des ouvriers par la République bourgeoise en juin.

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]