Islamophobie

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L'islamophobie est la stigmatisation de personnes de confession musulmane, ou supposées musulmanes. Dans la mesure où cette stigmatisation sert la plupart du temps à exprimer un racisme anti-arabes, elle est considérée comme une forme de racisme par plusieurs organisations anti-racistes.

1 Actualité[modifier | modifier le wikicode]

Dans les dernières décennies du 20e siècle, le racisme « biologisant » (postulant une inégalité naturelle de races) a beaucoup reculé dans les discours grand public. Cependant il a souvent été remplacé par des discours culturalistes (de supposées valeurs véhiculées par les immigrés qui seraient fondamentalement incompatibles avec « la République »), et en particulier portant sur l'Islam. L'islamophobie est probablement aujourd'hui la plus importante forme de racisme envers les Maghrébins.[1]

L’islamophobie prend de plus en plus d'ampleur, particulièrement depuis les attentats du 11 septembre 2001. C’est lié à la stratégie des grandes puissances occidentales, qui depuis la chute de l’Union soviétique ont besoin de se trouver un nouvel ennemi pour maintenir l’ordre et faire taire les critiques de la mondialisation capitaliste qui se développent de plus en plus.

Il était impossible pour les gouvernements occidentaux, pour le G8 de dire que les « Arabes » ou les « Africains » sont « nos ennemis ». Par contre dénoncer la « barbarie de l’Islam » et chercher à faire des musulmans des boucs émissaires, est clairement la stratégie qui se développe de plus en plus. L’islamophobie n’est donc pas un phénomène isolé aujourd’hui. C’est une forme de racisme qui permet de justifier des politiques discriminatoires à l'intérieur et de multiplier des interventions impérialistes contre le soi-disant « axe du Mal » à l'extérieur.[2] L'islamophobie s'inscrit de ce fait dans la grille d'analyse culturaliste de Samuel Huntington d'un "choc des civilisations". 

Vincent Geisser décrit l'émergence d'une "nouvelle islamophobie" qui est à distinguer du racisme anti-arabe auparavant dominant. Désormais, les cibles du racisme sont constituées de Français dont la religion ferait problème à la Nation et à la République. Il ne s'agit plus seulement d'étrangers "inintégrables" ou en difficultés d'"intégration" mais d'un "ennemi de l'intérieur".

L'islamophobie se construit à partir d'une vision d'un "monde musulman", perçu à travers le filtre d'un orientalisme renouvelé; mettant exclusivement en avant des dimensions négatives : la peur, la différence, la distance, l'étrangeté, etc. L'islamophobie est également une xénophobie, puisqu'elle désigne le plus souvent l'islam comme une composante étrangère à la "culture française". Elle procède comme toutes les autres formes du racisme par amalgame, réduction et globalisation: les personnes immigrées ou issues de l'immigration sont "lues" d'abord/uniquement comme musulmanes dans leurs interactions sociales, dans leurs comportements quotidiens et dans leurs prises de positions politiques. Le musulman n'est ainsi que musulman. Il n'est ni locataire, ni parent d'élève, ni travailleur, etc.

Par ailleurs, certains cherchent à désarmer la lutte contre l'islamophobie en affirmant que l’islamophobie n’existe pas, car c’est un mot qui serait répandu par les intégristes musulmans.

1.1 France[modifier | modifier le wikicode]

En France dans les années 1980, le discours contre le « péril musulman » a notamment été initié par le PS au moment-même où il décevait les espoirs ouvriers, et avait besoin de boucs émissaires[3]. Ainsi, pour décrédibiliser de grandes grèves à Renault-Flins et PSA Aulnay (usines qui exploitaient un certain nombre d'ouvriers immigrés). Pierre Mauroy lâchait :

« Les immigrés sont agités par des groupes politiques et religieux qui ont peu à voir avec les réalités sociales françaises. »

Une grande partie du milieu de la gauche PS, récusant tout racisme traditionnel (associé à la droite) s'est abritée derrière la critique de « l'islamisme » (aux contours flous) et la laïcité pour masquer son racisme culturaliste. Cela est assez bien symbolisé par la dérive raciste du journal Charlie Hebdo.

Les médias ont un rôle important dans la montée de l'islamophobie. A l'origine, il s'agit avant tout d'un processus non délibéré, de diffusion d'images aux conséquences islamophobes (sans un travail journalistique suffisant). Le journaliste Thomas Deltombe a étudié comment le traitement par la télévision française de la révolution iranienne de 1979, de la marche pour l'égalité de 1983 et l'affaire Rushdie (1988) et des débats sur le "foulard" a construit l'image d'un islam dangereux.

Dans les années 2000, l'islamophobie a culminé dans les différentes lois anti-voile. L'extrême gauche n'a pas été épargnée par cette islamophobie. Des enseignants de LO et de la LCR ont cautionné voire été à l'initiative d'exclusions de jeunes filles portant des foulards de leurs établissements scolaires[4][5]. La LCR adoptait alors une position « Ni loi ni voile »[6]. Par la suite, notamment dans le NPA, la lutte contre l'islamophobie a été reconnue comme une lutte d'une importance majeure, non sans difficultés. Aux régionales de 2010, une candidate portant un foulard islamique est présente sur une liste du NPA, et cela provoque beaucoup de déclarations haineuses de la droite, mais aussi des critiques à gauche (du PS, du PCF, de Mélenchon...) et en interne[7].

La joueuse de handball Fanta Diagouraga.

Un vent de stigmatisation s'est levé dans les années 2000 sur les musulmanes portant un voile, entretenant un climat délétère permanent[8]. Les lois racistes - parce que faites intentionnellement pour stigmatiser la population musulmane - se sont alors multipliées : loi de 2004 contre le voile à l'école, loi de 2010 contre le niqab, arrêtés anti-burkini, loi « contre le séparatisme » de 2020...

Alors que la FIFA et le Comité international olympique autorisent les athlètes à porter un foulard, la France l'a refusé (pour sa délégation) lors des JO de Paris de 2024.[9]

Sur le plan international, la conception française de la laïcité apparaît particulièrement étroite. Par exemple, dans les pays anglo-saxons, le fait qu'une fonctionnaire porte un foulard n'est pas considéré comme du prosélytisme et n'est donc pas interdit.

2 Historique[modifier | modifier le wikicode]

Même si elle connaît un regain notable depuis les années 2000, l’islamophobie est historiquement bien plus ancienne que le racisme anti arabe qui s’est développé avec la colonisation du Maghreb.

John Tolan a mis en évidence la construction au Moyen-âge d'un imaginaire européen caricatural de l'islam et des musulmans. A partir d'une multitude de matériaux courant du 8e au 13e siècle, il met en exergue les images négatives et péjoratives qui s'ancrent dans la culture européenne au cours de cette période de confrontation.

L’islamophobie s’enracine dans l’histoire des Croisades menées à l’époque médiévale par les États européens. Elle s’appuie ensuite sur le refoulement des origines arabes et islamiques de la culture européenne. Il n’y aurait pas eu de développement des Lumières, de la culture occidentale et du capitalisme sans l’apport de la civilisation musulmane et de l’Islam qui font partie des bases de notre culture. Mais la culture bourgeoise européenne s’est développée depuis cette période en refoulant ce lien avec la culture musulmane, ce qui participait de l’idée de la supériorité de l’occident sur le reste du monde.

La première mosquée construite au Royaume-Uni a été la mosquée de Liverpool en 1889. En décembre 1891, une foule de 400 personnes attaque la mosquée avec des jets de pierres, de boue et de feux d'artifices.

3 Positions de différentes organisations et courants[modifier | modifier le wikicode]

En France, l'usage du terme islamophobie dans les réseaux antiracistes est récent, et fait l'objet de polémiques.

Pour certains, l'islamophobie n'existe pas. Elle ne serait qu'une invention des "islamistes" et/ou des "islamo-gauchistes". Le terme d'"islamophobie" est souvent considéré comme une manipulation islamiste (ils affirment qu'il aurait été créé par les mollahs du régime iranien) en raison du récent rapprochement entre l'extrême gauche et l'islam politique.

Certains courants du mouvement ouvrier refusent d'utiliser le terme d'islamophobie, au nom du fait qu'il reviendrait à défendre une religion plutôt que des personnes victimes de racisme. Ce à quoi il est généralement répondu que le fait de dénoncer une religion comme "plus dangereuse" qu'une autre est un racisme. L'islamophobie se démarque de l'antisémitisme qui cible les juifs aussi bien en tant que membres d'une religion que membres d'un peuple.

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

www.islamophobie.net - Site du Collectif contre l'islamophobie en France