Monopole du commerce extérieur
Le monopole du commerce extérieur est une mesure prise par certains États pour contrôler les échanges commerciaux entre l'intérieur et l'extérieur du pays. Il s'agit d'une mesure prise dans le but de lutter contre une domination économique (impérialisme) créé par le capital des puissances étrangères. Il a été mis en place en Russie soviétique, dans les États du Bloc de l'Est, et dans certains autres pays. C'est une mesure protectionniste.
1 Antécédents[modifier | modifier le wikicode]
Dans son Utopie, Thomas More prévoit le monopole du commerce extérieur.
2 En URSS[modifier | modifier le wikicode]
Le monopole du commerce extérieur fut mis en place aussitôt après la Révolution d'Octobre 1917. Pendant la période du « communisme de guerre », le contrôle de l'État était très étroit, mais par ailleurs, en plein conflit militaire avec les puissances impérialistes, le capital étranger ne cherchait pas du tout à s'investir en Russie.
Après le tournant de la Nouvelle politique économique en mars 1921, l'économie soviétique est partiellement libéralisée. Si les principaux secteurs de l'industrie restent publics, les petites entreprises et les exploitations agricoles peuvent librement commercer dans le pays.
Un important courant se développe dans le parti bolchévique en faveur de l'utilisation accrue des mécanismes de marché. En 1922, celui-ci prône l'assouplissement du contrôle du commerce extérieur. Il s'agit, pour éviter l'inflation qui nuit au commerce intérieur, de maintenir une balance commerciale favorable. Cela pouvait les conduire à accepter l'importation de biens de consommation moins chers, même si cela menaçait la fragile industrie soviétique. Il s'agissait aussi de stimuler la reprise des échanges internationaux considérés comme nécessaires au succès de la NEP. Trotski, lui, était fermement opposé à une mesure qui désarmait, selon lui, l'État ouvrier face à ses ennemis de classe. Lénine était également hostile à l'abolition et l'avait nettement exprimé en mars 1922.
Le 6 octobre 1922, le commissaire du peuple aux Finances Sokolnikov, avec le soutien de Boukharine et de Staline, s'assura du passage d'une résolution au Comité central contre le monopole du commerce extérieur. La décision du Comité central, prise en l'absence à la fois de Lénine et de Trotski, n'allait pas jusqu'à autoriser le commerce privé dans les échanges internationaux, mais il assouplissait le contrôle central sur les agences commerciales soviétiques et ouvrait la porte à l'abandon de la politique que Trotski avait appelé le « protectionnisme socialiste ».
Lénine protesta contre ce projet après en avoir été informé et fit appel à Trotski pour défendre leur vue commune à propos de la nécessité de préserver et de renforcer le monopole du commerce extérieur. Trotski approuva Lénine, mais souligna que le mouvement d'opposition au monopole du commerce extérieur était une conséquence de la tendance à la soumission aux forces du marché. C'était précisément pour contrer la pression du marché que la planification sous la direction du Gosplan devait être entreprise.
« Quelqu'un doit savoir et décider ce qui peut ou non être importé et ce qui doit être exporté. [...] Ce devrait, de toute évidence, être le travail de la Commission du Plan d'Etat. »
Lénine, malade, tomba d'accord avec Trotski et le chargea de défendre leur position commune au comité central. Les deux hommes conviennent que s'ils ne sont pas en mesure de faire annuler la décision du Comité central, ils s'y opposeront publiquement.
En l'occurrence, cela ne fut pas nécessaire, étant donné que Trotski fut en mesure de faire annuler la décision lorsqu'elle fut examinée à nouveau dans la deuxième moitié de décembre. Le 18 décembre 1922, le comité central annulait ses décisions d'octobre. Le 27 décembre 1922, Lénine écrivit au Politburo, proposant un tournant significatif sur la question de la planification et du Gosplan.
Certains capitalistes étrangers proposent à nouveau d'investir en Russie (dont un des premiers fut un magnat du secteur minier, Leslie Urquhart[1]).
3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- Trotski, Les tâches du XIIe congrès, avril 1923
- Pierre Broué, Trotski - XX – Le « bloc» avec Lénine, 1988
- ↑ Trotski, La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale, 14 novembre 1922