Action directe (théorie politique)

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Activiste des Anarchistes contre le Mur lors d'une opération contre la barrière de sécurité à Beit Mirsim

L'action directe est une vision politique qui valorise les actions d'individus ou de groupes sans passer par de la délégation à des représentants. Cela s'oppose par exemple à des stratégies qui sont définies au niveau national par des partis, comme des campagnes politiques, ou par des syndicats (lorsqu'il s'agit de suivre une consigne pour une date commune de grève interprofessionnelle).

Cela peut être n'importe quel type d'action, même si le terme est souvent connoté « action illégale ». L'action directe peut être motivée par diverses stratégies et rattachée à divers courants politiques.

1 Chez les syndicalistes[modifier | modifier le wikicode]

Émile Pouget, Le Sabotage, 1898

Au sein du syndicalisme, ce sont les syndicalistes révolutionnaires et les anarcho-syndicalistes qui ont le plus doctrinairement promu l'action directe. On peut notamment citer le français Émile Pouget[1]. Les syndicalistes révolutionnaires et les anarcho-syndicalistes sont toutefois loin d'être les seuls à la pratiquer. Généralement plus le syndicalisme est de lutte, plus il a tendance à privilégier l'action directe.

1.1 Réflexions stratégiques sur l'action directe chez les syndicalistes[modifier | modifier le wikicode]

1.1.1 Arguments pour[modifier | modifier le wikicode]

  • Il faut instaurer un rapport de force favorable. Le citoyennisme est un leurre en système capitaliste, donc on ne peut compter sur les institutions bourgeoises.
  • Ça visibilise la lutte des classes et les adversaires, à contrario notamment de la judiciarisation. C'est donc bien pour recruter et donner une image de chiant·e·s aux patron·ne·s qui les rend plus susceptibles de négocier.
  • Ça crée de la cohésion, donc de la force collective.
  • Ça donne confiance dans sa propre force.
  • Ça favorise l'activité, la capacité à mobiliser .
  • Ça favorise la prise en main collective de nos problèmes, l'autonomie de classe.
  • C'est le moyen pour faire remplacer le capitalisme par le communisme[2], et non juste prendre le palais d'hiver avec à la fin le remplacement d'une caste exploiteuse par une autre de par la contradiction substitutiste de ne faire qu'initialement s'appuyer sur elle pour prendre le pouvoir d'État et de n'avoir vocation qu'à former une élite dirigeante.

1.1.2 Arguments contre[modifier | modifier le wikicode]

  • Ça nécessite du temps et de l'énergie. Or on doit déjà passer pas mal de temps à bosser pour les capitalistes et après ça peut nous avoir lessivé.
  • Le rapport coût-investissement n'est pas forcément avantageux.
  • Ça peut être jugé exagéré, ne pas respecter les procédures de l'État bourgeois, ce qui peut braquer des gens attachés au capitalo-républicanisme.

1.2 Formes d'action directes adoptées par les syndicalistes[modifier | modifier le wikicode]

  • en tant que producteur·e
    • la grève
    • le sabotage des moyens de production[3]
    • l'entrave des jaunes et des forces de fait pro-patronales
      • l'occupation
      • le blocage
        • piquet devant l'entrée
        • obstruction par du matériel (des chaises dans les universités par exemple) ou destruction des moyens d'ouverture
  • en tant que consommateur·e
    • le boycott
    • le label[4]
  • en tant que citoyen·ne
    • le rassemblement statique ou mobile
    • le sabotage du mobilier urbain

2 Chez les anarchistes[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Réflexions stratégiques sur l'action directe chez les anarchistes[modifier | modifier le wikicode]

2.1.1 Arguments pour[modifier | modifier le wikicode]

  • Il faut abattre « le pouvoir ».

2.2 Formes d'action directes adoptées spécifiquement par les anarchistes[modifier | modifier le wikicode]

Bien des anarchistes étant pro-syndicalistes, illes peuvent bien sûr être syndiqué·e·s et adopter les formes syndicalistes. Nous ne traiterons ci-après que les formes spécifiques aux anarchistes et ne répéterons donc pas les formes syndicales.

3 Chez les marxistes[modifier | modifier le wikicode]

Étant moins hostile et méfiant vis-à-vis de l'État que les anarchistes et dans une moindre mesure les syndicalistes, les marxistes ont été et sont moins friands de l'action directe. C'est l'importance relative de l'action directe qui est en moins forte, mais pas forcément son importance dans l'absolu.

3.1 Réflexions stratégiques sur l'action directe chez les marxistes[modifier | modifier le wikicode]

3.1.1 Arguments pour[modifier | modifier le wikicode]

  • L'action via l'État ne serait être suffisante.
  • L'action directe permet de faire pression sur l'État tant qu'on ne l'a pas pris pour notre propre compte[5].
  • Ça favorise l'autonomie de classe. Ça va contre les réflexes capitalo-républicains, l'assimilation au système adversaire.
  • Ça pourrait permettre de financer le Parti[6].

3.1.2 Arguments contre[modifier | modifier le wikicode]

  • L'État est trop névralgique et difficilement remplaçable depuis une société capitaliste. Il faut donc s'en emparer. Ce n'est qu'après une première phase socialiste avec État, que ça pourra éventuellement être le règne de l'auto-gestion. Sans avoir à rejeter l'action directe, il faut néanmoins ne pas abusivement miser dessus.

4 Chez les fascistes[modifier | modifier le wikicode]

4.1 Formes d'action directes adoptées par les fascistes[modifier | modifier le wikicode]

  • la ratonnade
  • l'attaque de locaux

5 Sources et bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  1. Émile Pouget, l'Action Directe, 1904 ; Émile Pouget, La Confédération Générale du Travail, 1910, « La Tactique » ; Émile Pataud, Émile Pouget, Comment nous ferons la Révolution, 1909.
  2. Comités Syndicalistes Révolutionnaires : La grève générale, tome 1, Stratégie de la grève générale, 2015 ; La grève générale, tome 2, Quelques expériences historiques, 2016 ; Asturies 1934 – Une révolution inconnue, 2010.
  3. Émile Pouget, Le Sabotage, 1911 ; Émile Pouget, La Confédération Générale du Travail, 1910, « La Tactique » : « Le Boycottage et le Label ; le Sabotage ».
  4. Guillaume Goutte, « Le label syndical a-t-il un avenir ? », site web des Comités Syndicalistes Révolutionnaires, septembre 2019 ; Émile Pouget, La Confédération Générale du Travail, 1910, « La Tactique » : « Le Boycottage et le Label ; le Sabotage ».
  5. Andreas Malm, Comment saboter un pipeline, éditions La Fabrique, 2020.
  6. Par exemple avant la révolution russe de 1917, certains militants bolchéviks (dont Joseph Staline) ont braqué des banques.