Utilité

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Une pile rechargeable a une utilité plus grande qu'une pile jetable (à capacité égale).

Une chose utile est un moyen pour un usage donné. La notion d'utilité a alimenté de nombreuses réflexions, que ce soit en économie, en philosophie, en morale...

1 Économie[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Utilité et valeur[modifier | modifier le wikicode]

En économie la notion d'utilité d'un bien correspond à une quantification de la satisfaction que sa consommation peut apporter.

Cette notion d'utilité est fondamentale dans les discussions sur la valeur des marchandises, mais les différentes écoles d'économie n'apportent pas les mêmes réponses.

Assez tôt certains économistes ont soutenu que l'utilité déterminait la valeur d'un bien. Cependant d'autres constats contredisent cette idée. La notion de rareté en particulier doit être prise en compte. Adam Smith a par exemple soulevé le paradoxe de l'eau et du diamant : l'eau est le bien le plus utile, mais ne vaut rien, alors que le diamant est très superflu, mais a une valeur élevée.

L'école classique (Smith, Ricardo...) a alors considéré qu'il fallait distinguer deux valeurs :

  • la valeur d'usage : un marché pour un bien donné ne peut se développer que si ce bien a une utilité pour un nombre significatif de personnes, mais ce n'est pas cette utilité qui détermine sa valeur sur le marché (valeur d'échange) ;
  • la valeur d'échange : la valeur d'un bien va être déterminée par la quantité de travail socialement nécessaire pour le produire.

C'est la théorie de la valeur travail, que Karl Marx a repris avec quelques nuances.

A la fin du 19e siècle, la majorité des économistes vont se tourner vers une nouvelle théorie, qui ne se fonde que sur l'utilité. Selon eux le paradoxe de l'eau et du diamant serait résolu en considérant que ce n'est pas directement l'utilité des différents biens qu'il faut comparer, mais leur utilité marginale. C'est ce qui a donné l'école néoclassique, qui a abandonné toute conception objective de la valeur.

De nombreux économistes développant sur l'utilité se sont inspirés de l'utilitarisme (philosophique)[1], ce qui fait que l'on voit parfois dans ce dernier un courant intrinsèquement bourgeois. Cependant les deux notions doivent être distinguées, et il existe aussi des penseurs utilisant l'utilitarisme pour critiquer le capitalisme.

Icon-Wikipedia.png Voir sur Wikipédia : Utilité (économie).

1.2 Autres sens[modifier | modifier le wikicode]

  • Des « utilités » dans l'industrie
    Une utilité en industrie est un fluide énergétique utile à plusieurs lignes de production (électricité, eau chaude, air comprimé...). Dans le même sens on parle de services d'utilité publique[2] pour la fourniture d'eau, de gaz, d'électricité...
  • Sous le capitalisme, la notion d'utilité publique est utilisée pour justifier certains cas d'intervention de l'État au nom de « l'intérêt général ».

2 Philosophie morale[modifier | modifier le wikicode]

« Utiliser » quelqu'un, l'instrumentaliser, est mal vu. C'est quelque chose qui est cependant fait en permanence : demander à quelqu'un un briquet ou une adresse, se rapprocher de quelqu'un pour être mis en relation avec une autre personne... Nous trouvons habituellement cet usage tolérable si les demandes ne coûtent pas trop à autrui et/ou si elles ne sont pas cachées. A l'extrême, réduire quelqu'un en esclavage, ou le manipuler pour obtenir quelque chose à son insu, c'est le réduire à un instrument sans se soucier de ses limites.

Les morales de type déontologiques (dérivées de Kant), proclament qu'un être humain ne doit pas être utilisé comme un moyen. Elles posent un principe absolu, duquel dérivent d'autres principes absolus (ne jamais mentir, ne jamais tuer...). Ce type de morale est critiqué comme idéaliste et comme conduisant à certains choix contredisant nos intuitions morales (dans certains cas mentir peut épargner beaucoup de souffrance à quelqu'un, tuer Hitler peut se justifier...).

Les morales de type utilitaristes se fondent sur une logique se voulant pragmatique : si l'objectif moral est le bonheur de l'humanité, alors entre plusieurs options il faut choisir celle qui est la plus utile pour maximiser le bonheur, maximiser la somme des utilités. Ce type de morale est aussi critiqué comme conduisant à certains choix contredisant nos intuitions morales (tuer une personne pour en sauver deux devrait être évident or c'est loin d'être le cas...). L'utilitarisme peut être nuancé pour correspondre plus à nos intuitions morales, par exemple avec l'utilitarisme de la règle.

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]