Socialisme de la chaire
Le « socialisme de la chaire » est le nom donné à des formes de « socialisme » non militant, professées par des intellectuels hauts placés dans le milieu académique. Il s'agit en réalité plus d'un courant bourgeois réformateur que d'un courant du mouvement ouvrier.
Il s'agit d'un socialisme d'État[1], de connivence avec le nationalisme allemand.
1 Le socialisme de la chaire allemand[modifier | modifier le wikicode]
Après la révolution de 1848, le socialisme collectiviste appuyé sur le mouvement ouvrier prend de l'ampleur, et conteste les économistes bourgeois, qui eut défendent le libéralisme de l'école autrichienne.
Entre ces deux pôles va se développer un courant bourgeois contestant le laissez-faire économique et défendant un rôle accru de l'État (présenté bien entendu comme au dessus des classes). Ce courant est notamment représenté par Adolf Wagner (1835-1917) ou Gustav Schmoller (1838-1917). Wagner insiste sur les vertus de l'autorité de l'État et se définit comme un « socialiste de la chaire », intellectuel engagé dans le refus tant de l'automatisme du marché que du marxisme.
Devenue une grande puissance après 1871, l'Allemagne rivalise avec la Grande-Bretagne. Pour cela, un fort courant d'idée parmi les bourgeois refuse les raisonnements abstraits des économistes de Vienne comme Carl Menger ou Eugen von Böhm-Bawerk, mais veut définir une politique pragmatique pour les intérêts nationaux (en fait, de la bourgeoisie allemande), ce qui les porte au protectionnisme.
Schmoller se concentre sur des travaux d'analyse de séries statistiques, qui à la longue se révèlent trop détaillés pour permettre l'expression concrète d'une politique économique. Néanmoins, il s'investit dans la vie politique, de même que Wagner qui conseille Bismarck. Wagner soutient que la croissance crée un sentiment d'inégalité et donc des frustrations sociales qui appellent une intervention de l'État. D'où la « loi de Wagner », selon laquelle le poids des dépenses publiques dans la production ne peut qu'augmenter avec le temps. Plusieurs tenants du « socialisme de la chaire » entouraient Bismarck, et ont fourni un enrobage théorique aux mesures « d'État providence » prises par Bismarck, qui visaient essentiellement à saper la contestation du mouvement ouvrier marxiste.
Les tenants de l'école historique allemande apportent leur soutien aux thèses hégémoniques du pangermanisme. La défaite de 1918 amorce le déclin de l'école et, après 1945, plus aucun économiste allemand ne s'inscrira dans cette logique intellectuelle.[2]
2 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Élie Halévy, in André Lalande (dir), Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Presses Universitaires de France, édition de 1992, page 1000
- ↑ Jean-Marc DANIEL, « HISTORIQUE ALLEMANDE ÉCOLE », Encyclopædia Universalis