Autocritique

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Lénine était souvent très dur dans ses critiques, mais il savait aussi exercer une autocritique.

Dans le vocabulaire politique, l'autocritique est le fait, pour un militant, un groupe de militants, ou un responsable politique d'analyser et de reconnaître ses erreurs.

Dans les partis communistes bureaucratisés (staliniens et en particulier maoïstes) , l'autocritique devient une mise en scène publique, consistant à reconnaître ses « déviations » sous la pression de la direction du Parti, souvent en tant que sanction. Cela peut aussi être une méthode pour rechercher une réhabilitation politique, qui en pratique n'a rien de garantie.

1 Exemples[modifier | modifier le wikicode]

Au début des années 1890, les social-démocrates russes décident se tourner vers l'agitation de masse, pour essayer de sortir des petits cercles propagandistes. Cela a conduit à toute une dérive « économiciste », certains en venant à théoriser que seules les luttes dans les usines comptaient. Lénine lui-même s'est beaucoup focalisé sur cet aspect dans ces années, et a reconnu avoir trop tordu le bâton, s'accusant y compris d'avoir joué un rôle dans la dérive de certains autres, comme Struve.[1]

Dans son Que faire ?, Lénine prône une organisation centralisée et efficace, critiquant durement l'inefficacité des cercles isolés, mais s'incluant dans la critique :

Par nos méthodes artisanales nous avons compromis le prestige des révolutionnaires en Russie (...) Un révolutionnaire inexpérimenté et maladroit dans son art professionnel - la lutte contre la police politique, - est-ce là un révolutionnaire, voyons ? Non, ce n'est qu'un pitoyable manœuvrier. Qu'aucun praticien ne m'en veuille pour cette épithète sévère : en ce qui concerne l'impréparation, je m'applique cette épithète à moi-même tout le premier. J’ai travaillé dans un cercle qui s’assignait des tâches très vastes, multiples ; nous tous, membres de ce cercle, nous souffrions, jusqu’à en éprouver une véritable douleur, de sentir que nous n’étions que des manouvriers.

Bien plus tard il écrivait :

Au parti en lutte de la classe d’avant-garde les erreurs ne font pas peur. Ce qui serait terrible, ce serait l’obstination dans l’erreur, une fausse honte à la reconnaître et à la corriger.[2]

Ou encore :

L’attitude d’un parti politique en face de ses erreurs est un des critériums les plus importants et les plus sûrs pour juger si ce parti est sérieux et s’il remplit réellement ses obligations envers sa classe et envers les masses laborieuses. Reconnaître ouvertement son erreur, en découvrir les causes, analyser la situation qui l’a fait naître, examiner attentivement les moyens de corriger cette erreur, voilà la marque d’un parti sérieux, voilà ce qui s’appelle, pour lui, remplir ses obligations, éduquer et instruire la classe, et puis les masses.[3]

Fin 1923, Trotski écrivait : « Nous ne serions que des impuissants si nous renoncions à l’auto-critique de crainte de fournir par là un atout à nos ennemis. Les avantages d’une auto-critique salutaire sont incomparablement supérieurs au tort qui peut résulter pour nous ».[4]

Les purges de Moscou, dans la seconde moitié des années 1930, en sont un exemple célèbre : les condamnés devaient faire leur autocritique publique, en avouant toutes sortes de crimes et en s'accusant d'avoir voulu nuire à l'URSS ou au Parti, ce qui ne les empêchait pas d'être pour la plupart condamnés à mort.

L'autocritique était très répandue en Chine pendant la Révolution culturelle.

L'auto-critique se disait en Union soviétique samokritika, en République populaire de Pologne samokrytyka. En Chine, on parle de jiǎntǎo (检讨).

2 Notes[modifier | modifier le wikicode]