Alfred Binet

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Alfred Binet, né le à Nice et mort le à Paris, est un pédagogue et psychologue français. Il est connu pour sa contribution essentielle à la psychométrie notamment pour avoir réalisé la première échelle métrique sur l'intelligence qui reste valable dans son aspect et sa finalité originels.

L'échelle métrique de Binet a été :

  • Adaptée suite à des discussion avec Binet à la pédagogie par Ovide Decroly et Amélie Hamaïde afin d'évaluer les résultats escomptés dans le temps des enfants avec déficiences mentales,
  • Discutée avec les autres tests par Henri Wallon
  • Améliorée par René Zazzo créant ainsi une Nouvelle échelle métrique de l'intelligence (NEMI) tout en reconnaissant des intelligences (cf le cas de Josiane en 1945-1946 in Intelligence)

Contrairement aux interprétations unidirectionnelles des tests par les neurocognitivistes et les recherches sur l'intelligence aux USA, la psychométrie de Binet (et par extension Wallon et Zazzo) ne fait pas dans l'héréditarisme.

« L'intelligence que Binet et ses disciples prétendaient mesurer était non seulement globale et générale au sens ou nous l'avions déjà défini, mais native. » [1]

Cependant, contrairement aux innéistes pures,

« le milieu pouvait favoriser et défavoriser le développement mental »[1]

Ainsi, comme l'affirme Stephen Jay Gould :

Binet rejetait l'interprétation héréditariste, et ne voulait se servir de ce test que comme moyen de déceler les enfants ayant besoin d'une aide éducative particulière; je ne peux que faire l'éloge d'un tel objectif parfaitement humain. [Or], la Mal-mesure de l'homme constitue la critique d'une théorie spécifique de l'intelligence, s'appuyant souvent sur une interprétation particulière d'une certaine façon de pratiquer les tests mentaux : il s'agit autrement, dit de la critique d'une théorie concevant l'intelligence comme une entité uni-modale, génétiquement déterminée, et inchangeable.[2]

Ainsi, les tests multi-directionnels de Binet sont de simples outils de mesure afin de diriger et d'améliorer l'éducation des enfants ayant des difficultés scolaires. Ce ne sont pas des outils de sélection.

« Le mot mesure n'est pas pris ici au sens mathématique... il y a là tout un système d'évaluation que nous croyons nouveau et dont nous n'avons pas le temps d'exposer les principales conséquences philosophiques »[3]

Or, sous couvert de lutte contre l'échec scolaire et de démarches fondées sur les faits (Evidence-based), les tests de rentrée appliqués en CP et 6ème en France sous le gouvernement Édouard Philippe de la présidence d'Emmanuel Macron par le ministère de l'Éducation Nationale sous la direction de Jean-Michel Blanquer rentrent dans le cadre du sélectionnisme, du nativisme, de l'associationnisme... issu des USA. On est aujourd'hui loin des motifs sociaux et d'équité d'Alfred Binet et du ministère de l'Instruction Publique du début du XX siècle.

1 Binet par Stephen Jay Gould[modifier | modifier le wikicode]

=> Gould, S.-J. (2009). Afred Binet ou les buts initiaux de l'échelle Binet (p.183-191). In La théorie de l'hérédité du QI (Chap IV, p.183-272).In Stephen Jay Gould, La Mal-Mesure de l'homme, Odile Jacob.

[Avec commentaires et suppléments]

1.1 Binet Flirte avec la craniométrie[modifier | modifier le wikicode]

p. 183 > « Lorsque Alfred Binet (1957-1911), directeur du laboratoire de psychologie de la Sorbonne, décida pour la première fois d'étudier la mesure de l'intellgende, il se tourna tout naturellement vers la méthode alors en vigueur en ce siècle déclinant, c'est-à-dire vers le travail de son grand compatriote Paul Broca. Il se mis, en bref, à mesurer les crânes, sans mettre un seul instant en doute, au départ, la conclusion fondamentale de l'école de Broca.

La relation cherchée entre l'intelligence des sujets et le volume de la tête [...] est une relation bien réelle, qui a été constatée par tous les investigateurs méthodiques, sans exception [...] ... (Binet, 1898, pp294-295)

 Au cours des trois années suivantes, Binet publia neuf articles sur la craniométrie dans L'Année psychologique, revue qu'il avait fondée en 1895. Au terme de ces investigations, ses convictions furent quelque peu ébranlées. Cinq études sur la tête des écoliers avaient raison de ses certitudes primitives. »

p. 185 > « La craniométrie, ce joyau de l'objectivité du XIXé siècle, ne devait plus conserver son statut longtemps encore. »

1.2 L'échelle de Binet et la naissance du Qi[modifier | modifier le wikicode]

1.2.1 À la recherche d'outils afin de détecter et de diriger les enfants en difficulté scolaire[modifier | modifier le wikicode]

p. 185 > « Lorsque Binet, en 1904, s'attaqua de nouveau au problème de la mesure de l'intelligence, il se souvient de ses précédentes frustrations et (p. 186 >) adopta d'autres techniques. Il abandonna ce qu'il appelait les approches « médicales » de  la craniométrie et de la recherche des stigmates anatomiques de Lombroso et décida d'appliquer des méthodes « psychologiques ». [...] Binet décida d'élaborer un ensemble d'épreuves qui pourrait permettre d'évaluer plus directement divers aspects de l'intelligence.

En 1904, Binet fut chargé par le ministère de l'Instruction publique de réaliser une étude dans un but pratique bien spécifique : mettre au point des techniques permettant de dépister les enfants qui, réussissant mal dans les classes normales, semblaient nécessiter un recours à quelques formes d'éducation spécialisée. Binet opta pour une démarche purement pragmatique.

Il rassembla un évantail très large d'épreuves brèves, en relation avec les problèmes de la vie quotidienne ..., mais qui, ... faisaient appel à des processus fondamentaux de raisonnement, tels que la « direction, la compréhension, l'invention et la censure » (Binet, 1909). Les techniques apprises comme la lecture, n'étaient pas utilisées directement.  [...]

Contrairement aux tests précédents, conçus pour mesurer des « facultés » de l'esprit spécifiques et indépendantes, l'échelle de Binet était un amas hétéroclite d'activités diverses. Il espérait [avec] un nombre suffisant de tests d'aptitudes différents [abstraire] un résultat unique, les potentialités gérérales d'un enfant. [Comme chez Yves Richez, la potentialité n'est pas ici un en-soi mais un résultat rendu visible par des tests variés et multiples]. Il insista, ..., sur le caractère empirique de son travail dans une phrase célèbre (1911, p. 201) :

« On pourra presque aller jusqu'à dire : “Peu importent les tests pourvu qu'ils soient nombreux” »

Binet publia trois version de son échelle avant sa mort en 1911.

  • L'édition originale de 1905 se borne à classer les épreuves dans un ordre croissant de difficulté.
  • La version de 1908 établit les critères utilisés dans la mesure de ce que l'on appelle maintenant le QI.

Binet attribua un niveau d'âge à chaque épreuve, qui se définissait comme l'âge le plus jeune auquel un enfant d'intelligence normale devait être capable de l'accomplir avec succès [ou plutôt avec réussite, avec un résultat escompté vis à vis du test]. L'enfant commençait le test de Binet par les épreuves de l'âge le plus jeune et poursuivait la série jusqu'à ce qu'il ne puisse plus remplir les tâches demandées. L'âge  associé à ces dernières épreuves devenait son « âge mental » et son niveau intellectuel général était calculé en soustrayant son âge mental de son âge chronologique.  

Après avoir repété les enfants dont l'âge mental était nettement inférieur à l'âge réel, (p. 187 >) on pouvait les diriger vers des filières d'éducations spécialisée, ce qui correspondait à la mission que le ministère avait confié à Binet.

En 1912, le psychologue allemand W. Stern proposa que l'âge mental soit divisé par l'âge chronologique plutôt que soustrait de celui ici : le quotien intellectuelle ou QI était né.

La division correspond mieux au but recherché, car ce qui importe, c'est l'amplitude relative, et non absolue, de la disparité entre âge mental et âge réel. Un écart de deux ans entre un âge mental et un âge réel de quatre ans est l'expression d'une déficience beaucoup plus grave que la même différence de deux ans entre un âge mental de quatorze ans et un âge réel de seize ans [âge limite des possibilités du test du QI]. Dans les deux cas, la soustraction de Binet aboutirait au même résultat, alors que le QI de Stern mesure 50 dans le premier cas et 88 dans le second; (Stern multipliait le quotient par 100 pour éliminer la décimale). »

[Par la suite, dans cette lignée, il y eu moult étalonnage du QI dans les écoles réalisées par les psychologues. Le véritable continuateur des tests de Binet est René Zazzo.]

1.2.2 Les motifs de Binet[modifier | modifier le wikicode]

  • Une échelle métrique pratique mais un refus de son interprétation théorique

p. 187 > « Si les démarches de Binet fut essentiellement d'ordre intellectuel, l'aspect le plus curieux de l'outil qu'il a élaboré est son caractère pratique, empirique. ... Binet est avant tout un théoricien. [Contrairement aux chercheurs de la « psychologie scientifique » dont le cognitivisme enfermé dans l'associationnisme), il maniait les grands idées et participait avec enthousiasme à tous les débats philosophiques qui agitaient sa profession.

[Aujourd'hui, les débats se réduisent à des combats manichéens entre la bonne science contre la mauvaise. C'est le cas du pseudo-scepticisme (AFIS) où les néo-zététiciens du XXI accusent de pseudo-sciences toutes méthodes ne correspondant à pas aux critères les plus faibles de l'épistémologie de Karl Popper, ni aux démarches purement empriques nommées aujourd'hui Evidence-based. Ils agissent sous couvert d'Evidence-based policy de la même manière que les pouvoirs religieux envers les philosophes matérialistes accusés d'hérésie. En fait, il n'y a plus de débat, ni scientifique et donc ni philosophique. Ce sont les « faits » sous contrôle forcé des « pairs » (peer review) qui fait foi. Or, la technique avec sa démarche linéaire et athéorique ne fait que re-découvrir, avec sur-coûts,  des « faits » déjà mises en lumière dans la démarche en spirale de la science et de la connaissance. Ces faits redécouverts sont présentés comme de purs nouveautés et sont interprétés à la lumière de la techonloge actuelle : la cybernétique à partir des années 40/50, l'informatique à partir des années 60/70, le numérique à partir des années 2010. On retombe sous couvert de High-tech dans les interprétations caduques et représentations erronées de l'homme-machine des empiristes classiques.]

[Binet] publia son premier livre sur La psychologie du raisonnement (1886), suivi en 1903 par son célèbre ouvrage, L'étude expérimental de l'intelligence, dans lequel il abjura ses précédents engagements [craniométrie, associationnisme] et mis au point une nouvelle structure permettant l'analyse de la pensée humaine. Cependant Binet refusa de fournir la moindre interprétation théorique de son échelle métrique, qui représentait pourtant le plus approfondi et le plus important qu'il ait accompli sur son sujet préféré. Qu'est-ce qui a poussé un grand théoricien à agir de la sorte, d'une manière apparemment aussi contradictoire ? »

  • La recherche de l'intelligence naturelle en reconnaisant un objet complexe et hétérogène

p. 187-188 > Binet cherchait ... à séparer « l'intelligence naturelle et l'instruction (105, p196) avec son échelle métrique :

« C'est l'intelligence seule que nous cherchons à mesurer, en faisant abstraction autant que possible du degré d'instruction dont  jouit le sujet. [...]. Nous ne lui donnons rien à lire, ni à écrire, et nous ne le soumettons à aucune épreuve dont il pourrait se tirer avec de l'érudition » (1905, p. 196).

« C'est même l'intérêt de ces tests qu'ils permettent, quand le besoin s'en fait sentir, de dégager de la gangue scolaire la belle intelligence native » (1908, p. 80) »

p. 188 > « Néanmoins, au-delà de ce désir évident de supprimer les effets supperficiels dus aux connaissances acquises, Binet se refusa à dégager la signification du chiffre qu'il attribuait à chaque enfant. L'intelligence, affirmait-il avec force, est trop complexe pour qu'un seul nombre puisse le définir.

CE CHIFFRE QUE L'ON APPELERA PLUS TARD QI N'EST Q'UN GUIDE EMPIRIQUE, GROSSIER, CONÇU DANS UN BUT PRATIQUE BIEN LIMITÉ.

« Cette échelle permet, non pas à proprement parler la mesure de l'intelligence - car les qualités intellectuelles ne se mesurent pas comme les longueurs, elles ne sont pas superposable (1905, pp 194-195).

En outre ce chiffre n'est qu'une moyenne de plusieurs tests, non une entité en lui-même.

L'INTELLEGENCE, nous rappelle Binet, N'est PAS une chose UNIQUE et MESURABLE, comme peut l'être la taille de l'individu.

Il sent nécessairement d'insister sur ce point, car plus tard, pour simplifier son propos, il sera amené à parler d'un enfant de huit ans ayant l'intelligence de sept ou de neuf ans et ces expressions, si on les acceptent arbitrairement, peuvent donner lieu à des illusions. [C'est comme les expressions de «  fossile vivant » pour le coelacanthe ou la limule ou d'« animaux préhistoriques » pour le requin lézard. Ces expressions font faire croire que ses animaux n'ont pas subit de processus de développement biologique et environnental depuis leurs ancêtres préhistoriques. Or, les « fossiles vivants » sont des plus actuel. Les sémantiques et les associations d'idées sont trompeuses. C'est ainsi que Binet dépasse les associationnistes. On rappelera aussi qu'Yves Rcihez, père de la théorie sur le talent, est sémiologue.]

Binet était un trop bon théoricien pour tomber dans l'erreur logique que John Stuart Mill avait dénoncée, « Croire que tout ce qui a reçu un nom doit être une entité ou un être, ayant une existence propre ». [C'est une dénonciation du nominalisme. Si John Stuart Mill reste d'un point de vue philosophique empiriste et associassionniste par l'influence de son père, grand économiste libéral, il est dans son domaine la logique dans une pratique matérialiste et dialectique. Ce qui l'amène de plus en plus vers des pensées et des pratiques socialistes au quotidien vivement critiquées au début du XX par le néo-libéral Ludwig Von Mise. Gould semble citer assez souvent John Stuart Mill dans ses essais.]  

  • Des réticences d'ordre social

p. 188 >

« Binet redoutait particulièrement cet instrument, si l'on en faisait une entité, puisse être perverti et utilisé comme une étiquette indélébile, plutôt que comme guide permettre de sélectionner [où plutôt d'orienter] les enfants ayant besoin d'aide.

Il s'inquiétait [à raison comme il est constaté encore aujourd'hui] que des maîtres d'école [et plus largement des professeurs] au « zèle exagéré » [ou par ignorance, préjugé ou exaspération] puissent se servir du QI comme une excuse commode :

« Ils paraissent se faire le raisonnement [avec Raison] suivant : “Voilà une bonne occasion de nous débarrasser des enfants qui nous gênent“; et sans aucun esprit critique [sans Réflexion] ils désignent au hasard tout ce qu'il y a de turbulent ou d'apathique dans une écoles » (1905, p. 324) » »

« Binet craignait encore plus » l'[étiquetage de lenfant], cette « prophètie qui s'accomplit d'elle même » [selon l'expression actuelle] où si l'instituteur prend une certaine attitude envers l'enfant et « l'enfant lui-même  adopte un comportement conforme à la prévision ». [...] [produisant un effet nocebo contraire à l'effet Pygmalion (placebo)].

p. 189 > « Non seulement Binet s'interdisait d'assimiler QI et intelligence innée, mais encore il refusait de le considérer comme un moyen de classer les élèves selon leur valeur mentale.

Il conçu son échelle métrique dans le seul cadre de la mission dont l'avait chargé le ministère de l'Instruction, c'est-à-dire pour reconnaître les enfants ayant subi des échecs scolaires et qui relevaient de systèmes d'éducation spécialisée - ceux que l'on appelerait aujourd'hui des dyslexiques ou des arriérés mentaux légers.

[Bien que dyslexique suite à un problème de reconnaissance dans l'espace, Josiane avait obtenu un Qi de 120. Il n'y a pas de corrélation absolue entre arriération mentale et Qi. Mais, le test de Qi réalisé par René Zazzo a permis de rechercher l'origine de son incapacité à lire et à résoudre ce problème en 2 ans.]

« Nous sommes d'avis, écrivait Binet (1908, p. 85), que les précieuses applications de notre échelle NE seront PAS pour le sujet normal, mais bien pour les degrès inférieurs de l'intelligence. »

Quand aux causes de ces faibles résultats, Binet refusait d'échaffauder des théories sur ce sujet [et encore moins des hypothèses sur la congénitalité ou l'acquisition]. Ses tests, en tout cas, ne pouvaient pas apporter de lumière [sur ces causes. Les tests se bornent à « recueillir la vérité sur l'état présent » selon Binet (1905, à. 191)].

1.2.3 Détecter afin d'apporter de l'aide et des améliorations, non pour cataloguer, ni fixer[modifier | modifier le wikicode]

  • Les tests de Binet contre les préjugés

p. 190 > « [...]. Les antihéréditaristes comme Binet font passer des tests pour mieux connaître les enfants et les aider. Sans nier le fait évident que tous les enfants, quelle que soit leur formation, ne deviendront pas des Newton ou des Einstein,[Les antihéréditaristes] insistent sur l'importance de l'éducation créatrice pour améliorer les résultats obtenus par tous les enfants, et cela souvent dans des proportions importantes et inattendues.

[De la sorte], LES TESTS MENTAUX FORMENT AINSI UNE THÉORIE SERVANT À ACCROÎTRE [ou plutôt à actualiser] LE POTENTIEL [ou l'habilité]  DES INDIVIDUS [ou des personnes] À TRAVERS UNE ÉDUCATION APPROPRIÉE [soit en apportant AUTOUR de l'enfant une configuration et des projets pédagogiques appropriés ou plus largement d'un « milieu » adéquat représenté par la dynamique « situation/configuration < échange/ affectivité-utilité > moyens d'action appliqués/potentialisation » selon la théorie sur le milieu de Wallon (Jacqueline Nadel, 1980) et la théorie C.U.P. d'Yves Richez. (S.L.)] »

p. 190 > [Binet s'emporta contre les « a priori héréditaires » des maîtres qui déclarent inapte les enfants par leur biologie ou leur manque d'intelligence. Or,]

« [Ces professeurs] n'ont pour eux ni sympathie ni même de respect, car leur intempérance de langage leur fait tenir devant ces enfants des propos tels que celui-ci : “ C'est un enfant qui ne fera jamais rien... Il est MAL DOUÉ... il n'est pas intelligent du tout.” J'ai entendu trop souvent dire ces paroles imprudentes. » (1909, pp. 100-101).

p. 190 > Anecdote : « Binet racconte ... qu'en passant son baccalauréat, l'examinateur lui déclara qu'il n'aurait jamais « l'esprit philosophique » [cf aussi dans les recherches internets, Yves Richez qui a été qualifié d'intelligence inférieure par ses professeurs qui l'ont amené à le diriger (sans orienter) vers un CAP auto. Il est aujourd'hui, docteur en sémiologie, et père de la théorie SUR le talent.]  :

« Jamais ! Quel gros mot ! Quelques philosophes récents semblent avoir donné leur appui moral à ces verdicts déplorables en affirmant que l'intelligence d'un individu est une quantité fixe, un quantité qu'on ne peut augmenter. Nous devons protester et réagir contre ce pessimisme brutal; nous allons essayer de démontrer qu'il ne se fonde sur rien [pas mêmes sur la génétique] » (1909, p. 101). »

p. 190 > « Les enfants que signalait le test de Binet devaient être aidés, et non étiquetés de manière indélébiles. »

  • Des suggestions pédagogiques adaptées aux besoins individuels des enfants défavorisés

p. 191 > « ... Cette éducation spécialisée devait se fonder « sur leurs caractères, leurs aptitudes, et sur la nécessité de s'adapter à leurs besoins et à leurs capacités » (1909, p.15)  Binet recommandait de petites classes de quinze à vingt élèves [contre 60 à 80 dans les écoles publiques des quartiers pauvres.]. En particulier, il était partisan de méthodes éducatives spéciales comprenant un programme préparatoire qu'il appelait « orthopédie mentale ».

« Ce qu'il faut leur apprendre ce ne sont pas telles ou telles notions, si intéressantes qu'elles soient, il faut leur donner des leçon d'attention, de volonté, de discipline; avant les exercices de grammaire, il faut les assouplir dans des exercices d'orthopédie mentale, il faut en un mot, leur apprendre à apprendre. » (p. 1908, p. 78). 

Cette intéressante orthopédie mentale de Binet comprenant un ensemble d'exercices physiques permettant, par le transfert au fonctionnement mental, d'améliorer la volonté, l'attention et la discipline [...]. Binet se réjouissait des succès [ou plutôt des réussistes avec résultats escomptés] remportés dans ses classes spéciales (1909, p. 104). Selon lui, les élèves qui en avaient bénéficié avaient accru non seulement leurs connaissances, mais aussi leur intelligence. »

p. 191 > « L'intelligence, prise dans tous les sens significatifs du mot, peut être développée par une bonne éducation; ce n'est pas une quantité fixe et innée.

C'est dans ce sens pratique, le seul accessible pour nous, que nous disons que l'intelligence de ces enfants a pu être augmentée. On a augmenté ce qui constitue l'intelligence d'un écolier, la capacité d'apprendre et de s'assimiler l'instruction. »

1.3 Résumé sur l'échelle métrique de l'intelligence d'Alfred Binet[modifier | modifier le wikicode]

1.3.1 Trois principes essentiels[modifier | modifier le wikicode]

  1. « Le résultat obtenu est un simple outils; il ne vient étayer aucune théorie de l'intellect. Il ne définit rien d'inné ou de permanent. Il ne convient pas de désigner ce qu'il mesure sous le nom d' « intelligence » ou de quelque autre entité. »
  2. L'échelle  est un guide empirique, grossier, servant à signaler à l'attention des éducateurs des enfants légèrement arriérés ou dyslexiques, ayant besoin d'une aide spécialisée. Ce n'est pas un outil pour classer les enfants normaux. »
  3. « Quelle que soit la cause des difficultés que rencontrent les enfants ainsi sélectionnés, il faut s'attacher avant tout à leur venir en aide grâce à un apprentissage spécial. On ne doit pas tirer prétexte des faibles résultats obtenus à ces tests pour considérer ces enfants comme congénitalement inaptes. »

p. 192 > « Si les principes de Binet avaient étés suivis et ses tests utilisés comme il les avait conçus, nous aurions fait l'économie d'un des abus scientifiques majeurs de ce siècle. »

1.3.2 Les abus aux États-Unis (mais arrivent en Europe par le neuro-cognitivisme)[modifier | modifier le wikicode]

p. 191 > « Tous les avertissements de Binet ont été négligés et ses intentions bafouées par le héréditaristes américains qui transposèrent son échelle sous forme écrite et en firent un instrument d'usage général servant à tester tous les enfants. »

p. 192 > « La mauvaise utilisation des tests mentaux n'est pas liée à l'idée de soumettre les individus à ce genre d'épreuve. Elle est due ... à deux illusions dans lesquelles tombent ... ceux pour qui les tests constituent un moyen de maintenir les hiérarchies et les divisions sociales : la réitification et l'héréditarisme. »

p. 194.  « Alfred Binet a évité ces erreurs et est resté ferme sur ces trois principes. Les psychologues américains ont perverti les intentions de Binet et inventé la théorie de l'hérédité du QI. Ils ont réifié les notes de Binet et les ont considérées comme des mesures d'une entité appelé intelligence. Ils pensaient que celle-ci était en grande partie héréditaire et ont élaboré une série d'arguments spécieux où les différences culturelles se confondaient avec les propriétés innées. Ils croyaient que des notes de QI héréditaires indiquaient de façon indélébile la place des personnes et des groupes dans la société. Et, selon eux, les différences moyennes entres les groupes étaient le résultat de l'hérédité, en dépit des inégalités patentes et profondes du cadre de vie. »

p. 194 > « La théorie héréditariste du QI est un produit typiquement américain »

[Cependant, cette théorie héréditariste touche aujourd'hui l'Europe à travers la psychologie neuro-cognitiviste et ses démarches ultra-empiristes fondée sur les faits. Le haut-fonctionnaire Jean-Michel Blanquer n'avait-t-il pas sous la présidence de Nicolas Sarkosy conseillé le ministère de l'éducation nationale de faire passer des tests dans les écoles maternelles afin de diagnostiquer les futurs délinquants ?]  


2 Articles externes sur Binet[modifier | modifier le wikicode]


  • Huteau, M. (2007). L'étude de l'intelligence : nouveauté et portée de l'œuvre d'Alfred Binet. Bulletin de psychologie, numéro 490(4), 357-370. doi:10.3917/bupsy.490.0357.
  • Andrieu, B. (2001). De la mesure de l'intelligence au développement mental : la mobilité épistémologique d'Alfred Binet. Enfance, vol. 53(1), 101-107. doi:10.3917/enf.531.0101.
  1. 1,0 et 1,1 Zazzo, R (1945). Devenir de l'intelligence (p.126). PUF.
  2. La Mal-Mesure de l'homme, Stephen Jay Gould (trad. Jacque Chabert et Marcel Blanc), éd. Odile Jacob, 2009, p. 37
  3. Alfred Binet cité par René Zazzo. De Binet à Wallon : la psychologie de l'enfant. In: L'année psychologique. 1989 vol. 89, n°2. pp. 181-197. URL : https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1989_num_89_2_29333