Émigration

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Affiche d'une entreprise japonaise pour attirer des émigrants au Brésil, début du 20e siècle.

L'émigration est l'acte de quitter un pays pour s'installer ailleurs. On dit que l'on émigre de son pays d'origine pour immigrer dans un autre pays. Les deux sont des actes de migration.

On parle aussi parfois de l'émigration dans un sens qui désigne le milieu des émigrés politiques vivant entre eux.

1 Les « émigrés » politiques[modifier | modifier le wikicode]

Souvent, à la suite de répressions politiques, des vagues de réfugiés se retrouvent en groupe à vivre plus à moins entre eux ou à proximité à l'étranger. Ce sont souvent plutôt des intellectuels et autres milieux petit-bourgeois, les plus pauvres ayant souvent plus de mal à émigrer.

Un schéma se reproduit souvent : celui des « querelles d'immigrés », qui tirent les bilans des actions des uns et des autres et se divisent sur les causes qui ont conduit à leur défaite politique. Ces querelles sont souvent basées sur de vraies divergences, mais alimentées démesurément par l'impuissance et l'amertume des émigrés. Beaucoup d'intellectuels compensent alors cette impuissance par une surenchère de radicalité verbale.

1.1 Exemples d'émigrations politiques[modifier | modifier le wikicode]

Certaines vagues d'émigration sont à la fois dues à des raisons politiques et des raisons économiques :

1.2 Témoignages sur l'émigration politique[modifier | modifier le wikicode]

1.2.1 Marx et Engels[modifier | modifier le wikicode]

Après la répression des soulèvements de 1848, de nombreux révolutionnaires européens se retrouvent dans des villes libérales comme Londres. Engels raconte l'activité de la Ligue des communistes :

« Des liaisons étroites se nouèrent avec les révolutionnaires français, par le truchement des militants qui avaient participé à la journée du 12 mai 1839 et avaient dû se réfugier à Londres après leur échec. Puis ce furent des contacts avec les Polonais de l'aile la plus radicale. Comme il est normal, l'émigration polonaise officielle ainsi que Mazzini étaient plutôt des adversaires que des alliés de la Ligue. En raison du caractère spécifiquement anglais de leur agitation, les chartistes anglais étaient alors négligés, étant considérés comme non révolutionnaires. Ce n'est que plus tard, par mon intermédiaire, que les dirigeants londoniens de la Ligue entrèrent en liaison avec eux. »[1]

Mais Marx et Engels jettent très vite un regard très critique sur les querelles d'émigrés, surtout sur les démocrates bourgeois et petit-bourgeois, ceux qui avaient le plus failli pendant les évènements révolutionnaires. Ils décident de prendre leurs distances vis-à-vis de ces querelles, et de profiter du calme politique forcé pour avancer sur leur analyse théorique.[2][3][4]

« On s'aperçoit de plus en plus que l'émigration est une institution qui transforme chacun en fou, âne ou fripouille. Il faut donc s'en tenir à l'écart, et se contenter d'écrire en toute indépendance, se moquant même comme d'une guigne du prétendu parti révolutionnaire. C'est une véritable pépinière de scandales et de bassesses dans laquelle le premier âne venu se fait passer pour le sauveur de la patrie. Quoi qu'il en soit, nous réglerons son compte à ce petit chasseur de popularité ‑ Louis Blanc ‑dès que nous aurons de nouveau un organe de presse.

Nous, en revanche, nous avons la satisfaction d'être débarrassés de toute la racaille des réfugiés londoniens, forts en gueule, confus et impuissants, et nous pouvons enfin de nouveau travailler sans être dérangés. Les bassesses innombrables de la vie privée de cette canaille peuvent nous laisser froids. De tout temps, nous étions supérieurs à ces gens-là, et nous les avons dominés à chaque fois qu'on avait affaire à un mouvement sérieux. Mais depuis 1848, la pratique nous a appris énormément de choses, et nous avons dûment utilisé le calme qui s'est instauré depuis 1850 pour nous remettre à bûcher ferme. »[2]

1.2.2 Social-démocrates russes[modifier | modifier le wikicode]

Etant donné la répression du régime tsariste à l'encontre des opposants, de nombreux social-démocrates russe (alors une force marxiste révolutionnaire) étaient émigrés eu Europe. Il s'agissait même du centre effectif de la direction (au moins de la direction idéologique) du parti. C'est à partir de l'émigration que s'est opérée la rupture entre bolchéviks et menchéviks en 1903 (une rupture qui n'était pas comprise dans de nombreux comités en Russie, jusqu'en 1917). Au moment de la révolution de 1905, les cadres sont momentanément rentrés en Russie. Mais suite à la contre-révolution, ils se sont de nouveau retrouvés dans l'émigration, et plus divisés que jamais. C'était la déprime et l'aigreur qui dominait.[5] Cela donnait lieu à des batailles dans les journaux, que les comitards en Russie méprisaient. Sematchko, lui-même émigré, écrira : « la plupart du temps les disputes d’émigrés étaient considérés comme des histoires de militants au rancart coupés de la vie réelle. De façon significative, moi qui participais à ces querelles, j’étais du même avis. »[6]

2 Notes[modifier | modifier le wikicode]