Pierre-Joseph Proudhon

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Proudhon

Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) est un militant et théoricien français du socialisme, le premier à se dire anarchiste.

Sa vision du socialisme est celle d'une société de petits producteurs indépendants, échangeant leurs produits sur le marché.

1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]

« Né et élevé au sein de la classe ouvrière », écrira Proudhon en 1838. Proudhon est plus exact quand il note : « Je suis fils d’un pauvre artisan tonnelier et d’une fière paysanne. » Son père Claude Proudhon était garçon tonnelier dans une brasserie de Besançon. Sa mère était cuisinière et servante pour les gros travaux. La brasserie ayant été détruite, Claude Proudhon s’établit à son compte et vend de la bière qu’il fabrique lui-même. Il reprit plus tard le métier de tonnelier.

Né à Besançon, Proudhon est placé comme bouvier avant de rentrer, à dix ans, comme boursier au collège royal de Besançon où ses études sont brillantes, mais interrompues pour des raisons financières. Il multiplie alors les emplois précaires. Il devient ouvrier typographe. Puis l’entreprise où il travaillait ayant fait faillite, il lui fallut « prendre le costume et le bâton du compagnon du tour de France et chercher d’imprimerie en imprimerie quelques lignes à composer, quelques épreuves à lire ».

A Besançon où il est revenu, un de ses compatriotes, le fouriériste Just Muiron, lui offre un poste de rédacteur dans le journal L’Impartial qu’il a fondé en 1829. Proudhon refuse car il ne veut pas accepter la censure préfectorale. Il redevient typographe mais en 1838 il est encore victime de la ruine d’une imprimerie. C’est dans le même temps qu’il obtient pour trois ans la bourse de l’Académie de Besançon fondée par la veuve de l’académicien, le très conservateur J.-B. Suard.

Le voici donc à Paris où ce rural se sent « dépaysé ». Il a alors 29 ans. C’est un demi-autodidacte : brillant élève du collège de Besançon mais jusqu’en rhétorique seulement ; il a dû passer le baccalauréat plus tard pour obtenir la bourse Suard. Il a accumulé les connaissances au hasard de ses rencontres, apprenant l’hébreu et la théologie quand il imprime la Bible et des ouvrages des Pères de l’Eglise. Il s’initie à la grammaire comparée et à la linguistique. A Paris, il découvre l’économie politique.

L’Académie de Besançon ayant mis au concours le sujet De l’utilité de la célébration du dimanche sous les rapports de l’hygiène, de la morale, des relations de famille et de cité, Proudhon propose son mémoire. Il n’obtient qu’une médaille de bronze car les académiciens bisontins ont été effrayés par l’audace de leur « pensionnaire » qui dénonçait la propriété comme « le dernier des faux dieux » et terminait son discours par des menaces à l’encontre des riches qui ne veulent pas reconnaître les droits du travail : « Eh bien ! Nous appelons la force. Propriétaires défendez-vous ! Il y aura des combats et des massacres. »

L'année suivante, toujours pour répondre à une question mise au concours par l’Académie de Besançon, Proudhon lance son brûlot : Qu’est-ce que la propriété ? Ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement. C’est à Brissot qu’il avait emprunté cette formule qui faillit lui valoir des poursuites et qui, en tout cas, entraîna la suppression de sa bourse : « La propriété c est le vol ! » Le livre fait scandale et lui vaut l'admiration et l'estime du jeune Marx :

« Non seulement Proudhon écrit dans l'intérêt du prolétariat, mais il est lui-même un prolétaire, un ouvrier. Son travail est un manifeste scientifique du prolétariat français. »[1]

Il publie son second mémoire Lettres à M. Blanqui (1841), puis l’Avertissement aux propriétaires (1842) qui le conduit devant la cour d’assises du Doubs où il est d’ailleurs acquitté. Il entre comme fondé de pouvoirs dans une entreprise de transport de charbon, la Compagnie des bateaux de la Saône et du Rhône. Il va y rester cinq ans. Sa nouvelle profession, grâce à laquelle il apprend « l’ère du comptable », lui laisse des loisirs et lui permet de séjourner fréquemment à Paris. En 1843 il fait paraître La création de l’ordre dans l’humanité ou Principes d’organisation politique. Vient enfin en octobre 1846 son dernier ouvrage d’avant 1848 : Le système des contradictions économiques ou philosophie de la misère. Entre-temps il a probablement suivi les cours d’Ahrens, un émigré allemand qui enseignait au Collège de France histoire de la philosophie allemande. Il a rencontré Karl Marx, le journaliste allemand Karl Grün et plus tard Herzen et Bakounine.

En 1845, Marx écrit même à Proudhon pour lui proposer de prendre la tête de la Ligue des justes, car il l'admire encore, et pense que son influence est incontournable pour construire une organisation regroupant le mouvement ouvrier réel. Proudhon lui répond qu'il ne souhaite pas créer un dogme socialiste, et qu'il est revenu sur l'idée qu'il fallait nécessairement une révolution pour aboutir au progrès social.[2]

La pensée de Proudhon contenait de nombreuses faiblesses théoriques et ambiguïtés politiques (ancrage dans le libéralisme), et il va très vite modérer la portée de son discours.

En 1846, il écrit Philosophie de la misère, que Marx trouve très idéaliste en première lecture[3], ce qui le poussera à écrire une réponse cinglante, intitulée Misère de la philosophie.

En 1847, Proudhon s’installe définitivement à Paris et lance la même année, avec Charles Fauvety et Jules Viard, un journal : Le Représentant du Peuple.

Proudhon appuie ensuite, quoi qu'avec des réserves et des nuances, la Révolution de février 1848. Cette même année, il lance le premier journal qu'on pourrait qualifier d'anarchiste, Le Représentant du Peuple et il est élu à l'Assemblée Nationale. En janvier 1849 il crée une Banque du Peuple, que le pouvoir ferme bientôt. Proudhon est alors contraint à l'exil, puis, à son retour en France, à la prison, où il restera trois ans.

En 1851, il fait paraître Idée générale de la révolution au XIXème siècle, qui propose et défend un idéal de société anarchiste fondée sur des contrats librement consentis et sur l'idée de communes librement fédérées. À compter de cette date, il se déclare volontiers fédéraliste.

En 1858, Proudhon est de nouveau condamné à une peine de prison et il s'enfuit en Belgique. Il rentre en France en 1862. et meurt en 1865.

2 La pensée de Proudhon[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Considérations générales[modifier | modifier le wikicode]

Proudhon s'est d'abord revendiqué du socialisme par sa critique de la propriété. Il démystifiait frontalement la légitimité du propriétaire (principalement du propriétaire terrien) en démontrant qu'il s'arrogeait en fait une rente sur le dos du travail de ceux qui travaillent. Il insistait alors sur la différence entre propriété et possession.

Mais très vite, il s'est mis à critiquer de plus en plus frontalement à la fois le socialisme et le communisme. Son anarchisme s'est cristallisé en une doctrine de réformes libérales, visant une utopique répartition de la propriété entre petits producteurs, pour faire contrepoids à la fois au pouvoir des capitalistes (gros propriétaires) et de l'État.

Proudhon s'est enflammé contre des "excès" des capitalistes, contre les actes les plus ouvertement répressifs ou pro-riches de l'État, mais n'a jamais abouti à une critique radicale du système capitaliste. Au contraire il s'en est éloigné, et s'est toujours méfié de la classe ouvrière et de son action collective. A la place, il a cherché de plus en plus à imaginer des réformes économiques qui permettraient une "solution progressive à la question sociale", prétendant baser le tout sur des lois économiques idéales, sans faire intervenir la lutte de classe.

Globalement on peut distinguer deux Proudhon, celui d'avant 1848 et celui d'après.

2.2 La question de la propriété[modifier | modifier le wikicode]

Avec son brûlot de 1840 contre la propriété, Proudhon semblait faire une critique radicale de la propriété. Sa critique avait cependant surtout un caractère moral. Il entend démontrer par une méthode abstraite et déductive que la propriété ne peut pas être justifiée moralement. Aucune étude économique ou historique des formes de propriété (« L’histoire de la propriété chez les nations anciennes n’est plus pour nous qu’une affaire d’érudition et de curiosité. »). Sa critique porte surtout sur la propriété foncière, qui est juste le fruit d'un accaparement initial et apporte ensuite une rente injustifiée. Il critique aussi la propriété des grands capitalistes, qui bénéficieraient gratuitement du surproduit résultant de la force collective de nombreux travailleurs :

« Le capitaliste, dit-on, a payé les journées des ouvriers ; pour être exact, il faut dire que le capitaliste a payé autant de fois une journée qu’il a employé d’ouvriers chaque jour, ce qui n’est pas du tout la même chose. Car cette force immense qui résulte de l’union et de l’harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts, il ne l’a point payée. Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé l’obélisque de Louqsor sur sa base ; suppose-t-on qu’un seul homme en deux cents jours, en serait venu à bout ? Cependant, au compte du capitaliste, la somme des salaires eût été la même. »

Proudhon conclut alors triomphalement : « J’ai accompli l’œuvre que je m’étais proposée : la propriété est vaincue ; elle ne se relèvera jamais. Partout où sera lu et communiqué ce discours, là sera déposé un germe de mort pour la propriété. »

Mais après 1848, il va préciser qu'il n'est pas pour une critique radicale de la propriété. Au contraire, il va affirmer que "la propriété, c'est la liberté", tout en assurant que cette contradiction peut être résolue... en partageant mieux la propriété.

Que cela soit une clarification ou la justification d'un changement de position, il assura plus tard qu'il avait été mal compris dans ses premiers écrits. que sa célèbre formule : "la propriété, c'est le vol" a été mal comprise. Il s'en explique de la façon suivante :

« Dans mes premiers mémoires, attaquant de front l'ordre établi, je disais, par exemple : La propriété, c'est le vol ! Il s'agissait de protester, de mettre pour ainsi dire en relief le néant de nos institutions. Je n'avais point alors à m'occuper d'autre chose. Aussi, dans le mémoire où je démontrais, par A plus B, cette étourdissante proposition, avais-je soin de protester contre toute conclusion communiste. Dans le Système des Contradictions économiques, après avoir rappelé et confirmé ma première définition, j'en ajoute une toute contraire, mais fondée sur des considérations d'un autre ordre, qui ne pouvaient ni détruire la première argumentation, ni être détruites par elle : "La propriété, c'est la liberté !" » (Confessions d'un Révolutionnaire, 1849)

2.3 Mutuellisme[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Mutuellisme.
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2.4 Gradualisme contre révolution[modifier | modifier le wikicode]

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Dans Philosophie de la misère, Proudhon se prononce nettement contre les coalitions ouvrières.

2.5 Influence des libéraux bourgeois[modifier | modifier le wikicode]

La théorie de Proudhon est au fond assez hétéroclite, mélangeant des termes socialisants (« travailleur collectif »…) et libéraux, critiquant le libre-échange international mais l'acceptant au niveau local... Toutefois il est clair que l'influence des économistes libéraux avec qui il débattait sans cesse a eu une emprise grandissante sur lui, ce qui est nettement visible dans ses derniers ouvrages — la Théorie contre l'impôt (1860), Du principe fédératif (1863) et la Théorie de la propriété (1865).

Il était fasciné par l'économie politique dominante, citant abondamment Say, Passy, Dunoyer, Laboulaye, dévorant le Journal des économistes et admirant « Adam Smith, ce penseur si profond ». Il a notamment polémiqué pendant treize semaines en 1848-49 dans la Voix du peuple avec Frédéric Bastiat au sujet de la légitimité de l'intérêt et la gratuité du crédit.

« Voilà donc tout mon système : liberté de conscience, liberté de la presse, liberté du travail, liberté de l'enseignement, libre concurrence, libre disposition des fruits de son travail, liberté à l'infini, liberté absolue, liberté partout et toujours ! C'est le système de 1789 et 1793 ; le système de Quesnay, de Turgot, de Jean-Baptiste Say […] La liberté, donc, rien de plus, rien de moins. Le « laisser-faire, laissez-passer » dans l'acception la plus littérale et la plus large ; conséquemment, la propriété, en tant qu'elle découle légitimement de cette liberté : voilà mon principe. Pas d'autre solidarité entre les citoyens que celle des accidents de force majeure […] C'est la foi de Franklin, Washington, Lafayette, de Mirabeau, de Casimir Périer, d'Odilon Barrot, de Thiers… »

2.6 Focalisation contre l'État[modifier | modifier le wikicode]

C'est donc avant tout contre l'État que se focalise la critique de Proudhon. C'est l'État qui empêcherait la propriété de jouer son rôle d'harmonisation, face à la force progressiste de la propriété « généralisée », c'est-à-dire du marché. La position de Proudhon devient alors très proche de celle des économistes libéraux.

« La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir (...) Où trouver une puissance capable de contre-balancer cette puissance formidable de l’État ? Il n'y en a pas d'autre que la propriété (...) La propriété moderne peut être considérée comme le triomphe de la liberté (...) La propriété est destinée à devenir, par sa généralisation, le pivot et le ressort de tout le système social. » (Théorie de la propriété, 1862)

Pour Proudhon, au cours de l'histoire, l'humanité mûrissant va vers une société avec "moins d'État" :

« l’État, (…) c’est l’armée… la police… le système judiciaire… le fisc, etc. (…) L’anarchie est la condition d’existence des sociétés adultes, comme la hiérarchie est la condition des sociétés primitives : il y a progrès incessant dans les sociétés humaines de la hiérarchie à l’anarchie. » La Voix du Peuple du 3 décembre 1849

2.7 Contre les socialistes et communistes[modifier | modifier le wikicode]

Proudhon désapprouve l'action révolutionnaire. Fils d'artisans, il se méfie de la classe ouvrière dont il redoute la violence et il dénonce les projets politiques de réorganisation radicale de la société comme des "charlataneries".

Il critiqua à la fois les socialistes réformistes voulant s'appuyer sur l'État, comme Louis Blanc, et les communistes utopiques, comme les fouriéristes : le système phalanstérien « ne renferme que bêtise et ignorance ».

Karl Marx déplorait l'impact de Proudhon sur le mouvement ouvrier français, et par exemple sur la délégation française au congrès de Genève de l'AIT (1866) :

« Sous le prétexte de la liberté et de l'antigouvernementalisme, ou de l'individualisme anti-autoritaire, ces messieurs, qui ont supporté et supportent allégrement depuis seize ans le plus misérable despotisme, ne prêchent en fait que l'économie bourgeoise la plus ordinaire, idéalisée seulement de manière proudhonienne. Proudhon a causé un mal terrible. Son semblant de critique et son apparente opposition aux utopistes ‑ alors que lui-même n'est qu'un utopiste petit-bourgeois, alors que les utopies d'un Fourier ou d'un Owen sont le pressentiment et l'expression imaginaire d'un monde nouveau ‑ ont d'abord séduit et corrompu la « jeunesse brillante » et les étudiants, puis les ouvriers, les Parisiens qui, en tant qu'ouvriers de luxe, restent sans le savoir fortement attachés à toutes ces choses du passé. »[4]

Sa critique du communisme est la critique classique adressée par les libéraux bourgeois, selon laquelle toute initiative individuelle serait tarie sous l'effet d'une chape de plomb collective : « le communisme est synonyme de nihilisme, d'indivision, d'immobilité, de nuit, de silence » (Système des contradictions économiques)

Proudhon fit peu de critiques publiques de Karl Marx.

2.8 Rapport à Hegel et à la science[modifier | modifier le wikicode]

Proudhon se voulait disciple de Hegel, ce à quoi Marx répondait qu'il n'y avait visiblement rien compris.

Ce que Proudhon baptise dialectique est en réalité la prise en considération du bon et du mauvais côté des choses. La machine par exemple d’un côté réduit la peine des hommes et contribue à la multiplication des richesses. Mais d’un autre côté, en précipitant la concentration des entreprises, elle prolétarise une partie de la population et réduit au chômage bien des travailleurs. Il en est de même de la concurrence. Elle porte témoignage de « la liberté intelligente de l’homme ». Mais, en même temps, en éliminant les plus faibles, elle aboutit à son contraire : une situation de monopole. Le monopole aussi représente « le prix de la lutte, la glorification du génie ». Il est le triomphe de cette liberté dont la concurrence est l’expression. Mais il engendre misères et désordres car le « monopoleur » ne cherche que « la rentabilité ». Le monopole enfin est à l’origine des revenus prélevés sur le travailleur, des droits d’aubaine ? Ce droit d’aubaine reçoit « différents noms selon les choses qui le produisent : fermage pour les terres ; loyer pour les maisons et les meubles ; rente pour les fonds placés à perpétuité ; intérêt pour l’argent ; bénéfice, gain, profit pour les échanges ».

Par ailleurs, Proudhon se targuait souvent d'être scientifique, ce qui fit dire à Marx :

Aucune école n'a encore autant usé et abusé du mot «science» que l'Ecole proudhonienne, car

«Là où les idées manquent,

Il y a toujours un mot qui vient à point nommé». [Goethe, Faust, Ière partie, Scène du cabinet d'étude][5]

2.9 Sexisme[modifier | modifier le wikicode]

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2.10 Antisémitisme[modifier | modifier le wikicode]

Bien que Proudhon ne fasse pas de l'antisémitisme un fondement de sa pensée, au contraire d'Alphonse Toussenel, il est un des premiers penseurs français à utiliser la dimension raciale comme dans sa violente diatribe judéophobe de décembre 1847 « le Juif est l'ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l'exterminer... Par le fer, par le feu ou par l'expulsion il faut que le Juif disparaisse ». Parce qu'il croit que le Juif représente le capitalisme naissant, que les Juifs sont une « race insolente, obstinée, infernale » qui exercent une action dissolvante sur la société, et que les Juifs sont inassimilables et source de tensions sociales permanentes, Proudhon fait du Juif l'incarnation du Mal absolu. Cet antisémitisme radical, qui selon certains auteurs trouverait une part de son origine dans un contentieux idéologique et personnel avec Karl Marx (qui lui reprochait dans Misère de la philosophie son ignorance en matière d'économie), a influencé des penseurs d'extrême-droite comme Charles Maurras, Édouard Drumont et les collaborationnistes.

3 Les proudhoniens[modifier | modifier le wikicode]

Avant 1848, Proudhon a déjà une grande notoriété parmi les théoriciens du socialisme français naissant. Mais c’est surtout après 1848 qu’il influencera le mouvement ouvrier. Par ses origines, sa formation et aussi ses contradictions, il apparaît bien comme l’homme de cette société transitoire où coexistent les « nouveaux prolétaires » et les artisans. C’est à cette concordance avec son temps que Proudhon doit son influence. Dans une époque où le mouvement ouvrier est surtout encadré par des artisans ou des ouvriers artisanaux, ces « militants » se retrouvent en Proudhon.

Ses idées joueront un rôle important parmi les militants de la Première Internationale (AIT). Dans un premier temps, les militants proudhoniens sont progressivement minorisés dans l'AIT par les « collectivistes » (à la fois les marxistes et les bakouninistes). Puis, après la scission dans l'AIT en 1873 des partisans de Bakounine, qui se revendiquaient « anti-autoritaires », les proudhoniens (qui étaient alors beaucoup moins nombreux) furent du côté de Bakounine. La catégorie des « anarchistes » commençait à se cristalliser, contre ce qui allait devenir la social-démocratie. Proudhon sera alors souvent cité comme un père de ce courant, même si par la suite la plupart des anarchistes sont collectivistes.

4 Liste de ses œuvres[modifier | modifier le wikicode]

Édition de 1848.
Actes de la révolution : Résistance : Louis Blanc et Pierre Leroux, précédé de Qu'est-ce que le gouvernement ? qu'est-ce que Dieu ?, 1849.
De la Capacité politique des classes ouvrières, 1865.

4.1 Articles et discours[modifier | modifier le wikicode]

  • Les articles écrits par Proudhon de 1847 à 1850, dans Le Représentant du Peuple, Le Peuple, La Voix du Peuple, Le Peuple, (de 1850) ont été recueillis partiellement dans 3 volumes de Mélanges de l'édition Lacroix (t. XVII, XVIII, XIX), puis en Appendice à divers volumes de l'édition Rivière).
  • Le Miserere ou La pénitence d'un roi. Lettre au R.P. Lacordaire sur son Carême de 1845, Revue indépendante, .
  • Les Malthusiens, , texte intégral, écouter en ligne.
  • Toast à la Révolution, , texte intégral.
  • Programme révolutionnaire adressé aux électeurs de la Seine, Le Représentant du Peuple, , 1er et .
  • Intérêt et principal, entre M. Proudhon et M. Bastiat sur l'intérêt des capitaux, La Voix du Peuple, 1850.

4.2 Œuvres posthumes[modifier | modifier le wikicode]

N. B. Stricto sensu, seules Nouvelles observations sur l'unité italienne (article envoyé au journal Le Messager de Paris par Proudhon avant sa mort) et De la capacité politique des classes ouvrières sont des « œuvres posthumes » de Proudhon ; encore ce dernier texte a-t-il été corrigé et complété par Gustave Chaudey. Pour le reste, il s'agit d'ouvrages élaborés par ses exécuteurs testamentaires à partir de dossiers et de notes dont il pensait se servir pour écrire des livres. Voir par exemple l'Avertissement aux lecteurs du Principe de l'art[réf. nécessaire]. Il va de soi que les publications eussent été alors fort différentes. Proudhon avait demandé que toutes ses archives et carnets soient détruits à sa mort[réf. nécessaire].

4.3 Correspondance et carnets[modifier | modifier le wikicode]

  • Correspondance, 14 volumes, 1874-1875, notice par A. Langlois, (1493 lettres)
  • Carnets (1847-1851), Les Presses du réel, 2005, (ISBN 978-2-84066-102-3), notice éditeur.
  • Carnets inédits – Journal du Second Empire (1851-1865), Les Presses du réel, 2014, (ISBN 978-2-84066-348-5), notice éditeur.
  • Proudhon expliqué par lui-même, lettres inédites de P.-J. Proudhon à M. N. Villiaume [24 et ] sur l'ensemble de ses principes et notamment sur sa proposition : la propriété, c'est le vol, 1866, texte intégral.
  • Lettres inédites à Gustave Chaudey et à divers comtois [des années 1839, 1840, 1842, 1851, et 1856 à 1864], suivies de quelques fragments inédits de Proudhon et d'une lettre de Gustave Courbet sur la mort de Proudhon, 1911, texte intégral.
  • Lettres au citoyen Rolland, 1858-1862.
  • Lettres de Pierre Joseph PROUDHON, choisies et annotées, par Daniel Halévy et Louis Guilloux, préface de Sainte Beuve, Grasset, 1925.
  • Lettres à sa femme, Grasset 1950.
  • Carnets, La Grande Revue, 1er et , .
  • La bibliothèque municipale de Besançon conserve de nombreuses lettres et manuscrits inédits.

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Karl Marx - Friedrich Engels, La sainte famille, 1844
  2. Lettre de Proudhon à Marx, 17 mai 1846.
  3. Karl Marx, Lettre à Annenkov, 28 décembre 1846
  4. Karl Marx, Lettre à Ludwig Kugelmann, 9 octobre 1866
  5. Karl Marx, Le Capital, 1867 - Chapitre premier : La marchandise, Deuxième édition