Réformes sociales

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Les réformes sociales sont des réformes visant à une plus grande égalité et à améliorer les conditions de travail ou de vie des plus grandes masses. C'est un terme qui a été popularisé à partir du 19e siècle sous l'effet des revendications du mouvement ouvrier.

On parle parfois d'acquis sociaux. Cependant les contre-attaques patronales montrent que rien n'est jamais acquis sous le capitalisme, c'est pourquoi certain·es militant·es préfèrent parler de conquis sociaux.

1 Origines du besoin de réformes[modifier | modifier le wikicode]

L'apparition progressive du système capitalisme s'est accompagné d'une tendance à la régression sociale pour les travailleur·ses, alors même qu'une minorité bourgeoise s'enrichissait à grande vitesse : le temps de travail a augmenté du 15e au 18e siècle, le travail et le logement, conditionnés à l'emploi sont devenus précaires...

Aux débuts de la révolution industrielle au 19e siècle, la situation sociale devenait intenable dans de nombreux quartiers ouvriers, menaçant gravement la santé des ouvrier·ères, et conduisant à des révoltes de plus en plus explosives. L'opinion bourgeoise a commencé à parler de « question sociale » pour désigner ce problème qui lui donnait mauvaise conscience et qui menaçait l'État lui-même (par exemple, les ouvriers étaient si chétifs qu'il devenir impossible d'en faire des soldats). Un certain nombre de réglementations ont été à l'initiative de réformateurs bourgeois qui sentaient la nécessité de limiter l'avarice des bourgeois individuels dans l'intérêt général de la classe.

2 Principales réformes sociales[modifier | modifier le wikicode]

Puis, grâce au renforcement du mouvement ouvrier et notamment du syndicalisme, le rapport de force a commencé à changer, et un certain nombre de conquêtes sociales ont été arrachées.

Les principales réformes sociales ont d'abord été dans les conditions de travail, par l'encadrement et la limitation de l'existant :

Plus tard, en général au 20e siècle, des réformes sociales plus structurelles ont commencé à être mises en place :

  • Avancées vers un code du travail plus systématique
  • Instauration de systèmes d'assurance sociale (maladie, chômage, retraites...) plus systématiques que les systèmes d'entraide (avec le revers que la gestion par l'État, à la place des caisses autogérées par le mouvement ouvrier, a servi à canaliser ce dernier).
  • Instauration de congés payés (poursuite du mouvement de baisse du temps de travail)
  • Conventions collectives permettant à tous les salarié·es d'une même branche de bénéficier des mêmes régulations, limitant la concurrence entre elles et eux.
  • Développement de services publics et parfois d'entreprises publiques
  • Avancées des notions de qualification (surtout dans la fonction publique), limitant la concurrence entre travailleur·ses et la précarité des emplois.

3 Des réformes aux contre-réformes[modifier | modifier le wikicode]

Les conquêtes sociales du mouvement ouvrier ne suivent pas un mouvement linéaire et pacifique. Dans certaines périodes, de nombreuses réformes ont été obtenues d'un coup, tandis que dans d'autres périodes, des reculs importants ont eu lieu.

Par exemple la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle (« Belle Époque ») ont été une période de renforcement lent du syndicalisme dans les pays capitalistes d'Europe et d'Amérique. La Première guerre mondiale a été un moment de profond recul momentané, qui a été suivi d'une vague de révolutions en Europe, qui ont effrayé la bourgeoisie. Les luttes de classes sont assez dures pendant les années 1920, et plus encore dans le contexte des années 1930 qui voient les pays capitalistes sombrer dans la Grande dépression. Le rapport de force ouvrier permet un certain nombre de réformes sociales dans cette période (des congés payés de 1936 en France au New Deal aux États-Unis) mais la situation sociale est loin d'être idyllique et stable. Surtout, l'instabilité du système ouvre la voie à toutes les remises en question de l'idéologie démocratique-bourgeoise : celle-ci est contestée non seulement par le mouvement socialiste et communiste, mais aussi à ce moment-là par le fascisme qui balaye le monde, et qui malheureusement emporte toute une série de victoires.

Après la Seconde guerre mondiale, le rapport de force des syndicats et notamment des communistes (qui n'ont plus pour objectif la révolution mais un statu quo sous hégémonie stalinienne) permet d'arracher un certain nombre de grandes réformes sociales dans la plupart des pays capitalistes. La période de croissance exceptionnelle des années 1945-1975 permet de donner à beaucoup l'illusion que le progrès social linéaire est finalement possible.

Puis, suite au tournant néolibéral des années 1980, tous les gouvernements capitalistes commencent progressivement à s'en prendre aux conquêtes sociales pour les détricoter, au nom du fait qu'il faudrait être compétitifs (la stagnation économique augmente la concurrence de tous contre tous et les États capitalistes ont favorisé cette tendance à approfondissant la mondialisation néolibérale) n'y aurait plus d'argent dans les caisses de l'État.

De plus, les politiciens bourgeois ont réussi à complètement subvertir le sens du mot réforme. Auparavant associé à l'idée de progrès démocratique (réforme politique) ou social (réforme sociale), le mot signifie aujourd'hui pour le plus grand nombre une régression sociale qu'il faudrait accepter par réalisme. Les militant·es attaché·es à la mémoire des grandes réformes sociales emploient souvent le terme de « contre-réformes » pour distinguer ces attaques anti-sociales et les distinguer des réformes sociales.

4 Réformes, réformisme et révolution[modifier | modifier le wikicode]

L'ensemble du mouvement ouvrier et du mouvement socialiste revendique des réformes sociales plus ou moins fortes. En revanche, c'est l'attitude et le discours qui accompagnent ces revendications de réformes qui différencie les courants :

Au sein du socialisme en plein essor de la Deuxième internationale (à partir de 1889), des débats avaient lieu sur le rapport entre les réformes sociales et la révolution. Certains ont alors voulu assumer qu'il n'y aurait pas besoin de révolution, ou en tout cas qu'il n'y avait à se soucier de ce « but final », et que seul importait « le chemin ». Ils ont alors été désignés comme « réformistes ».

La majorité des socialistes condamnaient alors mollement le réformisme, mais restaient évasifs sur ce que pourrait être la révolution. Beaucoup d'entre eux étaient de fait des réformistes ou des « centristes ». Seuls quelques minoritaires comme Rosa Luxemburg peuvent être qualifiés de socialistes révolutionnaires.

Bien évidemment les révolutionnaires ne tournent pas le dos aux réformes sociales. Ce n'est pas faire campagne pour une réforme sociale ou voter en sa faveur dans un parlement bourgeois qui fait d'un socialiste un réformiste. C'est lorsque ce soutien aux réformes sociales est accompagné d'une attitude conciliatrice envers les forces bourgeoises, d'un discours qui atténue la contradiction entre les intérêts de classe, et qui fait baisser la vigilance du mouvement ouvrier sur les risques que les capitalistes reprennent les acquis à la moindre occasion.

Jean Jaurès se disait « réformiste et révolutionnaire » pour se présenter comme au delà de ce débat. Cela contribue en réalité à obscurcir les idées, puisque réformiste ne signifie pas basiquement « être pro réformes sociales ». Cette attitude est assez symbolique de Jaurès, qui malgré sa sincérité, n'avait pas beaucoup de clairvoyance dans la tactique et la stratégie révolutionnaire.

5 Notes[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi la page Acquis sociaux sur Wikipédia