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[[File:Black-blocks.jpg|right|Black-blocks.jpg]]Le '''mouvement autonome''' est un ensemble assez diffus de mouvements [[Gauchistes|gauchistes]], dont la forme contemporaine remonte aux années 1970 en Italie.
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[[Fichier:Kraak-logo.svg|lien=https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Kraak-logo.svg|vignette|320x320px|Un des symboles utilisés par certains autonomes.]]
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Le '''mouvement autonome''' est un ensemble assez diffus de mouvements [[gauchistes]], dont la forme contemporaine remonte aux années 1970 en Italie.
    
== Caractéristiques générales ==
 
== Caractéristiques générales ==
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De façon très générale, on peut dire que ce mouvement revendique une « [[Autonomie|autonomie]] totale » par rapport aux cadres établis, aussi bien ceux que combat le [[Socialisme|socialisme]] (propriété bourgeoise, [[Etat|Etat]], [[Patriarcat|patriarcat]]…) mais aussi aux organisations ouvrières traditionnelles ([[Parti|partis]], [[Syndicats|syndicats]]…). Les "autonomes" prônent l'action directe (braquages de banques, provocations de policier, vols dans les supermarchés...) et l'horizontalité totale (pas de structure formelle, de direction ni de porte-parole), et cherchent à mettre en place des modes de vie alternatifs et marginaux.
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De façon très générale, on peut dire que ce mouvement revendique une « [[autonomie]] totale » par rapport aux cadres établis, aussi bien ceux que combat le [[socialisme]] (propriété bourgeoise, [[Etat]], [[patriarcat]]…) mais aussi aux organisations ouvrières traditionnelles ([[Parti|partis]], [[syndicats]]…). Les "autonomes" prônent l'action directe (braquages de banques, provocations de policier, vols dans les supermarchés...) et l'horizontalité totale (pas de structure formelle, de direction ni de porte-parole), et cherchent à mettre en place des modes de vie alternatifs et marginaux.
    
== Histoire ==
 
== Histoire ==
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=== Antécédants ===
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=== Antécédents ===
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Le "mouvement autonome" désigne un courant récent, mais ce courant s'inscrit dans des tendances présentes depuis longtemps dans le [[Socialisme|mouvement socialiste]]. On peut notamment remonter aux tentatives de communautés des [[Socialistes_utopiques|socialistes utopiques]], à la "[[Propagande_par_le_fait|propagande par le fait]]" ou au [[Nihilisme_russe|nihilisme russe]] qui ont marqué l'[[Anarchisme|anarchisme]], aux squats, "amour libre" et autres "nudisme révolutionnaire" fréquents dans l'[[Anarchisme_individualiste|anarchisme individualiste]]<ref>[[Victor Serge]], militant passé de l'[[Anarchisme|anarchisme]] (et proche un temps de la Bande à Bonnot) au [[Marxisme|marxisme]], est très instructif sur le sujet.</ref>...
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Le "mouvement autonome" désigne un courant récent, mais ce courant s'inscrit dans des tendances présentes depuis longtemps dans le [[Socialisme|mouvement socialiste]]. On peut notamment remonter aux tentatives de [[Communautés idéales|communautés]] des [[socialistes utopiques]], à la "[[propagande par le fait]]" ou au [[nihilisme russe]] qui ont marqué l'[[anarchisme]], aux squats, "[[amour libre]]" et autres "nudisme révolutionnaire" fréquents dans l'[[anarchisme individualiste]]<ref>[[Victor Serge]], militant passé de l'[[Anarchisme|anarchisme]] (et proche un temps de la Bande à Bonnot) au [[Marxisme|marxisme]], est très instructif sur le sujet.</ref>...
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Les [[Situationnistes|situationnistes]] de [[Mai_68|Mai 68]], avec leurs slogans [[Gauchistes|gauchistes]] ("ne travaillez jamais, "Mieux vaut voler que de se vendre", "Les syndicats sont des bordels, l'UNEF est une putain"...) ont également toute leur place dans l'arbre généalogique des autonomes.
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Les [[situationnistes]] de [[Mai 68]], avec leurs slogans [[gauchistes]] ("ne travaillez jamais, "Mieux vaut voler que de se vendre", "Les syndicats sont des bordels, l'UNEF est une putain"...) ont également toute leur place dans l'arbre généalogique des autonomes.
    
=== Opéraïsme et action directe ===
 
=== Opéraïsme et action directe ===
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Les racines idéologiques récentes du mouvement autonome peuvent être vues dans l'[[Opéraïsme|opéraïsme]], un ensemble de concepts critiques envers le [[Socialisme|socialisme]] traditionnel formulé dès les années 1960 par des [[Marxistes|marxistes]] comme [[Mario_Tronti|Mario Tronti]] et [[Toni_Negri|Toni Negri]]. Si certains comme Toni Negri conservent une certaine idée d'un "Parti autonome", une bonne partie penche vers le [[Mouvementisme|mouvementisme]] et le [[Spontanéisme|spontanéisme]].
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Les racines idéologiques récentes du mouvement autonome peuvent être vues dans l'[[opéraïsme]], un ensemble de concepts critiques envers le [[socialisme]] traditionnel formulé dès les années 1960 par des [[marxistes]] comme [[Mario Tronti]] et [[Toni Negri]]. Si certains comme Toni Negri conservent une certaine idée d'un "Parti autonome", une bonne partie penche vers le [[mouvementisme]] et le [[spontanéisme]].
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C'est au début des années 1970 en Italie que le mouvement prend de l'ampleur. Il imprègne surtout des étudiants d'[[Extrême-gauche|extrême-gauche]] ([[Anarchistes|anarchistes]], [[Maoïstes|maoïstes]], ex-PCI...) mais aussi des collectifs de quartiers, des comités ouvriers ou encore des regroupements artistiques. On parle alors d’[[Autonomie_ouvrière|Autonomie ouvrière]]. A partir du milieu des années 1970, le mouvement italien se rapproche du grand banditisme, commettant braquages, sabotages, meurtres et attentats&nbsp;: les fameuses «&nbsp;années de plomb&nbsp;». L'[[Etat|Etat]] met un brusque coup d'arrêt en 1979, lorsque 25 000 activistes sont emprisonnés.
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C'est au début des années 1970 en Italie que le mouvement prend de l'ampleur. Il imprègne surtout des étudiants d'[[extrême-gauche]] ([[anarchistes]], [[maoïstes]], ex-PCI...) mais aussi des collectifs de quartiers, des comités ouvriers ou encore des regroupements artistiques. On parle alors d’[[Autonomie ouvrière]]. A partir du milieu des années 1970, le mouvement italien se rapproche du grand banditisme, commettant braquages, sabotages, meurtres et attentats&nbsp;: les fameuses «&nbsp;années de plomb&nbsp;». L'[[Etat]] met un brusque coup d'arrêt en 1979, lorsque 25 000 activistes sont emprisonnés.
    
L'extrême-gauche est rejetée en bloc, en singant les termes que celle-ci utilise pour caractérister les bureaucraties opportunistes du mouvement ouvrier. Exemple avec le [[Movimiento_Ibérico_de_Liberación|MIL]]&nbsp;:
 
L'extrême-gauche est rejetée en bloc, en singant les termes que celle-ci utilise pour caractérister les bureaucraties opportunistes du mouvement ouvrier. Exemple avec le [[Movimiento_Ibérico_de_Liberación|MIL]]&nbsp;:
 
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«&nbsp;Il n’y a pas de pratique communiste possible sans lutte systématique contre le mouvement ouvrier traditionnel et ses alliés. Inversement, il n’y a pas d’actions efficaces contre eux sans compréhension claire de leur fonction contre-révolutionnaire… La société actuelle possède ses lois, sa justice, ses gardiens, ses juges, ses tribunaux, ses prisons, ses crimes, sa «&nbsp;normalité&nbsp;». Devant cette situation, apparaissent une série d’organes politiques (partis et syndicats, réformistes et gauchistes,…) qui feignent de contester cette situation alors qu’en réalité ils ne font pas autre chose que de consolider la société actuelle… Le «&nbsp;gauchisme&nbsp;» n’est pas autre chose que l’extrème-gauche du programme du capital.&nbsp;» <ref>Conclusions définitives du congrès du MIL, août 1973</ref><br/>
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«&nbsp;Il n’y a pas de pratique communiste possible sans lutte systématique contre le mouvement ouvrier traditionnel et ses alliés. Inversement, il n’y a pas d’actions efficaces contre eux sans compréhension claire de leur fonction contre-révolutionnaire… La société actuelle possède ses lois, sa justice, ses gardiens, ses juges, ses tribunaux, ses prisons, ses crimes, sa «&nbsp;normalité&nbsp;». Devant cette situation, apparaissent une série d’organes politiques (partis et syndicats, réformistes et gauchistes,…) qui feignent de contester cette situation alors qu’en réalité ils ne font pas autre chose que de consolider la société actuelle… Le «&nbsp;gauchisme&nbsp;» n’est pas autre chose que l’extrème-gauche du programme du capital.&nbsp;» <ref>Conclusions définitives du congrès du MIL, août 1973</ref><br />
 
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Le mouvement trouve un écho -atténué- ailleurs en Europe&nbsp;: en France avec les «&nbsp;[[Mao-spontex|mao-spontex]]&nbsp;» ou [[Action_Directe|Action Directe]], en Allemagne avec la [[Rote_Armee_Fraktion|RAF]], en Belgique avec les Cellules Communistes Combattantes, aux Etats-Unis avec la Symbionese Liberation Army, au Japon avec le Nihon Sekigun... Mais de la même façon, lorsque leur violence minoritaire s'est retrouvée marginalisée et réprimée, tous ont périclité. Du milieu des années 1980 à la fin des années 1990, on peut même considérer les autonomes comme absent de la scène politique.
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Le mouvement trouve un écho -atténué- ailleurs en Europe&nbsp;: en France avec les «&nbsp;[[mao-spontex]]&nbsp;» ou [[Action Directe]], en Allemagne avec la [[Rote_Armee_Fraktion|RAF]], en Belgique avec les Cellules Communistes Combattantes, aux Etats-Unis avec la Symbionese Liberation Army, au Japon avec le Nihon Sekigun... Mais de la même façon, lorsque leur violence minoritaire s'est retrouvée marginalisée et réprimée, tous ont périclité. Du milieu des années 1980 à la fin des années 1990, on peut même considérer les autonomes comme absent de la scène politique.
    
=== Résurgence des années 2000 ===
 
=== Résurgence des années 2000 ===
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[[File:Black-blocks.jpg|right|Black-blocks.jpg]]Au tournant des années 2000, ce mouvement refait pourtant son apparition, en tant que composante du [[Altermondialisme|mouvement altermondialiste]]. L'aspect le plus connu est celui des [[Black Blocks]], groupes d'individus cagoulés de noir qui tentent de transformer les manifestations en [[Insurrection|insurrections]] ([[Forum_social_de_Gênes|Gênes 2001]]...). Le discours des autonomes est repris, mais les nouveaux [[Activisme|activistes]], souvent très jeunes, sont beaucoup moins formés politiquement. D'autres autonomes expérimentent plutôt des [[communautés idéales]], sous formes de squats, communes rurales...
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Au tournant des années 2000, ce mouvement refait pourtant son apparition, en tant que composante du [[Altermondialisme|mouvement altermondialiste]]. L'aspect le plus connu est celui des [[Black_Blocks|Black Blocks]], groupes d'individus cagoulés de noir qui tentent de transformer les manifestations en [[Insurrection|insurrections]] ([[Forum_social_de_Gênes|Gênes 2001]]...). Le discours des autonomes est repris, mais les nouveaux [[Activisme|activistes]], souvent très jeunes, sont beaucoup moins formés politiquement. Le résultat est un ensemble [[Idéologique|idéologique]] qui est souvent une mosaïque de différentes sensibilités ([[Libertaire|libertaire]], [[Antifasciste|antifasciste]], [[Écologiste|écologiste]]...) qui ne font pas système, ce qui est en général assumé.
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Le résultat est un ensemble [[idéologique]] qui est souvent une mosaïque de différentes sensibilités ([[libertaire]], [[antifasciste]], [[écologiste]]...) qui ne font pas système, ce qui est en général assumé.
    
=== Période récente ===
 
=== Période récente ===
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== Dénomination ==
 
== Dénomination ==
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A la fin des années 1980, la police utilise le terme d’ «&nbsp;anarcho-libertaire&nbsp;» pour englober les "révolutionnaires" gravitant autour du mouvement punk et des combats [[Antifascisme|antifascistes]], qui se définissaient eux même de manière très floue. Ce terme inventé par la police sera, au début des années 2000, remplacé par celui d’ «&nbsp;anarcho-autonome&nbsp;». Si certains de ces mouvements se sont approprié ces formules, beaucoup préférent en bon [[Idéalisme|idéalistes]] se définir comme des individus libres de toute [[Idéologie|idéologie]].
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A la fin des années 1980, la police utilise le terme d’ «&nbsp;anarcho-libertaire&nbsp;» pour englober les "révolutionnaires" gravitant autour du mouvement punk et des combats [[Antifascisme|antifascistes]], qui se définissaient eux même de manière très floue. Ce terme inventé par la police sera, au début des années 2000, remplacé par celui d’ «&nbsp;anarcho-autonome&nbsp;». Si certains de ces mouvements se sont approprié ces formules, beaucoup préfèrent en bon [[Idéalisme|idéalistes]] se définir comme des individus libres de toute [[Idéologie|idéologie]].
    
Le terme plus large d’ «&nbsp;[[Ultragauche|ultragauche]]&nbsp;» est plus ancien. Les [[Communistes|communistes]] l'emploieront dès les années 1920 pour désigner le [[Gauchisme|gauchisme]] allemand, puis les [[Staliniens|staliniens]] reprendront caricaturalement cette critique. Il sera réutilisé lors de l'émergence des groupes gauchistes violents dans les années 1970, notamment par la police.
 
Le terme plus large d’ «&nbsp;[[Ultragauche|ultragauche]]&nbsp;» est plus ancien. Les [[Communistes|communistes]] l'emploieront dès les années 1920 pour désigner le [[Gauchisme|gauchisme]] allemand, puis les [[Staliniens|staliniens]] reprendront caricaturalement cette critique. Il sera réutilisé lors de l'émergence des groupes gauchistes violents dans les années 1970, notamment par la police.
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== Analyse critique ==
 
== Analyse critique ==
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=== Absence de démocratie ===
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=== Manque de démocratie ===
    
La [[Bureaucratisation|bureaucratisation]] est un mal qui guette toutes les structures évoluant dans des [[Sociétés_de_classe|sociétés de classe]]. Dans la [[Capitalisme|société capitaliste]] sont touchés aussi bien les administrations publiques et privées, les [[Syndicats|syndicats]] et les [[Partis|partis]], même ceux des travailleurs. Mais c'est une profonde illusion de penser que se passer de toute structure est la voie à suivre vers la [[Liberté|liberté]].<ref>Sur le sujet, on peut lire avec intérêt ''La Tyrannie de l'absence de structure'', de l'activiste féministe Jo Freeman.</ref> La raison première est qu'il existe toujours une structure au sein de groupes humains, qu'elle soit formelle ([[Esclavage|esclavage]], hiérarchie d'entreprise...) ou informelle (domination implicite d'un homme sur sa compagne, réseau d'amis...).
 
La [[Bureaucratisation|bureaucratisation]] est un mal qui guette toutes les structures évoluant dans des [[Sociétés_de_classe|sociétés de classe]]. Dans la [[Capitalisme|société capitaliste]] sont touchés aussi bien les administrations publiques et privées, les [[Syndicats|syndicats]] et les [[Partis|partis]], même ceux des travailleurs. Mais c'est une profonde illusion de penser que se passer de toute structure est la voie à suivre vers la [[Liberté|liberté]].<ref>Sur le sujet, on peut lire avec intérêt ''La Tyrannie de l'absence de structure'', de l'activiste féministe Jo Freeman.</ref> La raison première est qu'il existe toujours une structure au sein de groupes humains, qu'elle soit formelle ([[Esclavage|esclavage]], hiérarchie d'entreprise...) ou informelle (domination implicite d'un homme sur sa compagne, réseau d'amis...).
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Les individus formant un groupe ont tendance à s'homogénéiser et à exclure -le plus souvent inconsciemment- les individus qu'ils considèrent comme trop éloignés d'eux, par leur talent, ancienneté, sexe, âge ou autre caractéristique influant sur leur capacité d'intégration. Dans une société de classe s'ajoutent les différences de revenus, de temps libre, d'accès aux connaissances... Ces facteurs sont autant de freins pour des forces révolutionnaires, en premier lieu par la mise à l'écart de camarades jugés pas assez "in", la mauvaise mutualisation de compétences, l'étouffement des critiques... C'est pourquoi dans tous les groupes autonomes existent des élites, non élues, et donc non criticables sur des bases politiques. La formalisation d'une structure avec un fonctionnement lisible par tous et permettant à ses membres reconnus d'avoir des droits égaux est une nécessité pour les militants [[Socialistes|socialistes]].
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Les individus formant un groupe ont tendance à s'homogénéiser et à exclure -le plus souvent inconsciemment- les individus qu'ils considèrent comme trop éloignés d'eux, par leur talent, ancienneté, sexe, âge ou autre caractéristique influant sur leur capacité d'intégration. Dans une société de classe s'ajoutent les différences de revenus, de temps libre, d'accès aux connaissances... Ces facteurs sont autant de freins pour des forces révolutionnaires, en premier lieu par la mise à l'écart de camarades jugés pas assez "in", la mauvaise mutualisation de compétences, l'étouffement des critiques... C'est pourquoi dans tous les groupes autonomes existent des élites, non élues, et donc non critiquables sur des bases politiques. La formalisation d'une structure avec un fonctionnement lisible par tous et permettant à ses membres reconnus d'avoir des droits égaux est une nécessité pour les militants [[Socialistes|socialistes]].
    
La lacune démocratique du mouvement autonome se traduit aussi dans le refus de tout [[Porte-parolat|porte-parolat]], chaque activiste étant "son propre représentant". Or cela revient en pratique à ce que les média "starifient" eux-mêmes certaines figures, sans que les autres aient pu décidé collectivement de ce qui sera dit.
 
La lacune démocratique du mouvement autonome se traduit aussi dans le refus de tout [[Porte-parolat|porte-parolat]], chaque activiste étant "son propre représentant". Or cela revient en pratique à ce que les média "starifient" eux-mêmes certaines figures, sans que les autres aient pu décidé collectivement de ce qui sera dit.
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Un des principaux problèmes des mouvements autonomes est leur profonde inefficacité politique.
 
Un des principaux problèmes des mouvements autonomes est leur profonde inefficacité politique.
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Celle-ci tiend d'abord à leur fonctionnement interne. Comme décrit plus haut, l'absence de [[Démocratie|démocratie]] a un fort effet discriminant, mais également, elle réduit de beaucoup la cohésion de l'ensemble puisque si un nombre suffisant d'[[Activistes|activistes]] est frustré de la direction que prend le groupe, il n'a pas vraiment d'autre perspective que de scissionner pour fonder un nouveau groupuscule. En plus de l'aspect proprement démocratique, l'absence de structure rend tout simplement impossible la coordination à l'échelle régionale, nationale, et encore moins internationale. Etant donné que le [[Capitalisme|capitalisme]] fonctionne à une [[Mondialisation|échelle mondiale]], de telles luttes éparpillées n'ont aucune chance.
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Celle-ci tient d'abord à leur fonctionnement interne. Comme décrit plus haut, l'absence de [[Démocratie|démocratie]] a un fort effet discriminant, mais également, elle réduit de beaucoup la cohésion de l'ensemble puisque si un nombre suffisant d'[[Activistes|activistes]] est frustré de la direction que prend le groupe, il n'a pas vraiment d'autre perspective que de scissionner pour fonder un nouveau groupuscule. En plus de l'aspect proprement démocratique, l'absence de structure rend tout simplement impossible la coordination à l'échelle régionale, nationale, et encore moins internationale. Étant donné que le [[Capitalisme|capitalisme]] fonctionne à une [[Mondialisation|échelle mondiale]], de telles luttes éparpillées n'ont aucune chance.
    
Mais cette inefficacité tient aussi beaucoup aux méthodes de lutte des autonomes. En s'isolant dans une violence minoritaire ou dans l'illégalité, ils ne peuvent pas entraîner derrière eux les masses. Imprégnés d'[[Idéologie_dominante|idéologie dominante]], les prolétaires ne sont pas portés "spontanément" à la sympathie envers ces groupes, que la [[Police|police]] peut réprimer à sa guise. Et les justifications du vol ("''reprends ce qu'on t'a volé''"), du refus du travail ("''non à l'exploitation et à l'aliénation''") ou de la violence ("''ce sont eux les plus grands casseurs''") n'ont aucun effet à part en consommation interne, même si elles sont souvent vraies. Le point capital est qu'en se coupant du monde du travail, les autonomes se coupent aussi des [[Travailleurs|travailleurs]], qui sont les seuls à pouvoir collectivement renverser le capitalisme.
 
Mais cette inefficacité tient aussi beaucoup aux méthodes de lutte des autonomes. En s'isolant dans une violence minoritaire ou dans l'illégalité, ils ne peuvent pas entraîner derrière eux les masses. Imprégnés d'[[Idéologie_dominante|idéologie dominante]], les prolétaires ne sont pas portés "spontanément" à la sympathie envers ces groupes, que la [[Police|police]] peut réprimer à sa guise. Et les justifications du vol ("''reprends ce qu'on t'a volé''"), du refus du travail ("''non à l'exploitation et à l'aliénation''") ou de la violence ("''ce sont eux les plus grands casseurs''") n'ont aucun effet à part en consommation interne, même si elles sont souvent vraies. Le point capital est qu'en se coupant du monde du travail, les autonomes se coupent aussi des [[Travailleurs|travailleurs]], qui sont les seuls à pouvoir collectivement renverser le capitalisme.
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Un autre symptome de cette stratégie d'isolement est le culte de l'"invisibilité". D'où les cagoules, les habits noirs, d'où encore les justifications du "comité invisible" qui écrit dans [[L'Insurection_qui_vient|''L'Insurection qui vient'']]&nbsp;:
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Un autre symptôme de cette stratégie d'isolement est le culte de l'"invisibilité". D'où les cagoules, les habits noirs, d'où encore les justifications du "comité invisible" qui écrit dans [[L'Insurection_qui_vient|''L'Insurection qui vient'']]&nbsp;:
 
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«&nbsp;Dans une manifestation, une syndicaliste arrache le masque d’un anonyme, qui vient de casser une vitrine&nbsp;: «Assume ce que tu fais, plutôt que de te cacher.&nbsp;» Être visible, c’est être à découvert, c’est-à-dire avant tout vulnérable. Quand les gauchistes de tous pays ne cessent de «&nbsp;visibiliser&nbsp;» leur cause – qui celle des clochards, qui celle des femmes, qui celle des sans-papiers – dans l’espoir qu’elle soit prise en charge, ils font l’exact contraire de ce qu’il faudrait faire. Non pas se rendre visible, mais tourner à notre avantage l’anonymat où nous avons été relégués et, par la conspiration, l’action nocturne ou cagoulée, en faire une inattaquable position d’attaque.&nbsp;»
 
«&nbsp;Dans une manifestation, une syndicaliste arrache le masque d’un anonyme, qui vient de casser une vitrine&nbsp;: «Assume ce que tu fais, plutôt que de te cacher.&nbsp;» Être visible, c’est être à découvert, c’est-à-dire avant tout vulnérable. Quand les gauchistes de tous pays ne cessent de «&nbsp;visibiliser&nbsp;» leur cause – qui celle des clochards, qui celle des femmes, qui celle des sans-papiers – dans l’espoir qu’elle soit prise en charge, ils font l’exact contraire de ce qu’il faudrait faire. Non pas se rendre visible, mais tourner à notre avantage l’anonymat où nous avons été relégués et, par la conspiration, l’action nocturne ou cagoulée, en faire une inattaquable position d’attaque.&nbsp;»
 
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Pourtant la seule lutte efficace n'est pas celle d'un anonyme comettant un délit et blâmé par la société entière, mais celle de militants reconnus (comme... une syndicaliste) pour leur combat quotidien. Lorsque des peuples se soulèvent contre des [[Dictatures|dictatures]], ils courent bien plus de risques que de jeunes gauchistes romantiques d'Europe. Et pourtant leur visibilité totale est une condition nécessaire (et ils ne se posent pas la question) d'une lutte populaire, de masse.
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Pourtant la seule lutte efficace n'est pas celle d'un anonyme commettant un délit et blâmé par la société entière, mais celle de militants reconnus (comme... une syndicaliste) pour leur combat quotidien. Lorsque des peuples se soulèvent contre des [[Dictatures|dictatures]], ils courent bien plus de risques que de jeunes gauchistes romantiques d'Europe. Et pourtant leur visibilité totale est une condition nécessaire (et ils ne se posent pas la question) d'une lutte populaire, de masse.
    
=== Lutte des classes ou lutte idéologique&nbsp;? ===
 
=== Lutte des classes ou lutte idéologique&nbsp;? ===
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== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
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[http://www.lafabrique.fr/spip/IMG/pdf_Insurrection.pdf ''L'insurrection qui vient''], texte du Comité invisible, influent dans le milieu autonome contemporain en France
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* [http://www.lafabrique.fr/spip/IMG/pdf_Insurrection.pdf ''L'insurrection qui vient''], texte du Comité invisible, influent dans le milieu autonome contemporain en France
 
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* [http://tendanceclaire.org/contenu/autre/revolution.pdf ''La révolution qui vient''], réponse à l'''Insurrection qui vient''.
[http://tendanceclaire.org/contenu/autre/revolution.pdf ''La révolution qui vient''], réponse à l'''Insurrection qui vient''.
      
<references />
 
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