Matvei Ivanovitch Skobelev
Matvei Ivanovitch Skobelev (1885‑1939), en russe Матве́й Ива́нович Ско́белев, était un social-démocrate menchévik.
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
Skobelev naît le 9 novembre 1885 à Bakou, dans la famille d'un riche pétrolier.[1][2]
Il rejoint le POSDR en 1903.
1.1 Disciple de Trotski à Vienne (1908–1912)[modifier | modifier le wikicode]
Après la révolution_de_1905, il part étudier à l'étranger, à l'université polytechnique de Vienne. Il y devient un ami et un partisan de Léon Trotski, qu'il aide à éditer son journal bi-hebdomadaire Pravda de 1908 à 1912.
Skobelev et Joffé, également d'une famille riche, aida à financer le journal.
1.2 Député à la Douma (1912–1917)[modifier | modifier le wikicode]
A l'été 1912, Skobelev rentre dans son Caucase natal et est élu à la 4e Douma (1912–1917) pour les social-démocrates.
Il est alors influencé par Nicolas Tchkhéidzé, qui est à la tête du groupe social-démocrate à la Douma, et qui lutte contre les leaders bolchéviks émigrés (Lénine, Zinoviev, Kamenev) qui cherchent en 1912-1913 à organiser la scission des députés bolchéviks avec la majorité menchévique pour former un groupe séparé à la Douma.
Quand le groupe scissionne au milieu de l'année 1913, Skobelev et Tchkhéidzé vont à Londres le 1er décembre 1913 pour demander au Bureau socialiste international de faire pression sur les bolchéviks pour préserver l'unité. Sans succès.[3]
Lorsque la Première guerre mondiale éclate en 1914, Skobelev et Tchkhéidzé soutiennent l'effort de guerre (défensisme), tout en continuant à critiquer la politique intérieure du Tsar.
1.3 Leader en février 1917[modifier | modifier le wikicode]
Pendant la révolution de Février 1917, Skobelev se retrouve vite en position dirigeante en tant que dirigeant menchévik, malgré le fait que ceux-ci avaient d'abord pris de haut les initiatives des masses. Ainsi Trotski rapporte que :
Un journaliste appartenant à l'émigration bourgeoise relate la rencontre qu'il fit, dans un tramway, le 24 février, de Skobélev, futur ministre du gouvernement provisoire : « Ce social-démocrate, un des leaders du mouvement, me déclara que les désordres tournaient en déprédations qu'il était indispensable de réprimer. Cela n'empêcha pas Skobélev, un mois plus tard, de prétendre que lui et ses amis avaient fait la révolution. » Les couleurs sont ici visiblement chargées. Mais, dans l'essentiel, la position des social-démocrates mencheviks est rendue d'une façon qui correspond assez bien à la réalité.[4]
Skobelev et d'autres députés menchéviks de la Douma deviennent dirigeants du Soviet de Petrograd à sa formation le 27 février. Skobelev est le premier président.
Le 7 mars, Skobelev est un des 5 premiers membres du Comité de contact du Soviet de Petrograd, qui assure la coordination avec le gouvernement provisoire bourgeois. Le 12 mars, il est élu vice-président du Comité exécutif du Soviet de Petrograd, avec Tchkhéidzé comme président. Quand les menchéviks acceptent d'entrer au gouvernement provisoire le 5 mai, il devient ministre du travail (ce que Tchkhéidzé avait refusé).
Les 23-24 mai, Skobelev et Irakli Tsereteli établissent un compromis avec les marins rebelles de Kronstadt , dirigés par les bolcheviks Fedor Raskolnikov et Semion Roshal, qui venaient de former une « République autonome de Kronstadt ». Le compromis évita un conflit avec le gouvernement provisoire.[5] Il est aussi élu vice-président du Comité exécutif central pan-russe (VTsIK) issu du 1er congrès des soviets (juin 1917).
En août 1917, il publie deux circulaires gouvernementales qui visaient à limiter les droits des ouvriers :
- 23 août : réaffirme le droit des cadres d'embaucher et de licencier, et menace de poursuites judiciaires les ouvriers qui exerceraient une « coercition ».
- 28 août : rapelle aux inspecteurs et commissaires d'entreprises que les comités d'usine pouvaient seulement se réunir en dehors des heures de travail, et que les ouvriers avaient le devoir de maintenir la productivité « pour répondre aux exigences de la défense nationale et aux besoins urgents de la population ».[6]
Après sa démission du ministère du travail en septembre, il devient le 3-5 octobre représentant du VTsIK à la Conférence de Paris de l'Entente[7]. Un rôle périmé suite à la prise du pouvoir par les bolchéviks en Octobre.
1.4 Après la révolution d'Octobre (1918-1938)[modifier | modifier le wikicode]
Opposé au pouvoir bolchévik, Skobelev retourne vers 1919 dans sa ville natale de Bakou, dans l'Azerbaidjan nouvellement indépendant.[8]
Après la victoire des bolchéviks dans la guerre civile, et la réintégration de l'Azerbaidjan dans le giron soviétique en 1920, il part pour Paris. Suite à l'instauration de la Nouvelle politique économique (NEP) en 1921, il se rapproche du pouvoir soviétique, et finit par rejoindre le parti bolchévik en 1922. Trotski racontera plus tard :
« Peu après la victoire d'Octobre, Skobélev se déclara bolchevik. Lénine et moi étions d'avis de ne pas l'admettre au parti. Maintenant, il est, bien entendu, staliniste. Sous ce rapport, tout est dans l'ordre. »[9]
Fin 1922, il aide au rétablissement des rapports commerciaux entre la France et l'Union Soviétique. Il continuera à travailler sur le commerce extérieur soviétique.
Il est arrêté en 1937 et fusillé le 29 juillet 1938, pendant les Grandes purges.
2 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Alan Wood, A History of the Bolshevik Party, Partie 3, Chapitre 6, 1999
- ↑ Dans son autobiographie, Trotski dit que le père de Skobelev possédait un moulin, probablement parce que les frères Skobelev avaient construit le plus grand moulin à farine de Bakou en 1903–1909.
- ↑ Alan Woods, Bolshevism: The Road to Revolution, Partie 4
- ↑ Léon Trotski, Histoire de la révolution russe, 1930
- ↑ Israel Getzler, Kronstadt 1917–1921: The Fate of a Soviet Democracy, Cambridge University Press, 1983, ISBN 0-521-24479-X and ISBN 0-521-89442-5, pages 91–94.
- ↑ The Russian Provisional Government 1917: Documents, edited by Robert P. Browder and Alexander F. Kerensky, Stanford University Press, 1961
- ↑ Instructions to Skobelev
- ↑ Voir le Chapitre 9 des mémoires de Naki Keykurun
- ↑ Léon Trotski, Ma vie, 1930