La Semaine sanglante

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Une rue de Paris en mai 1871, de Maximilien Luce (1903-1905).

La Semaine sanglante est une chanson révolutionnaire de Jean Baptiste Clément, écrite en 1871 à Paris où il combattait pour la Commune de Paris.

1 Circonstances[modifier | modifier le wikicode]

La semaine sanglante est le nom donné aux massacres qui suivent immédiatement la reprise de la ville par les troupes gouvernementales à la fin de la Commune de Paris. Cette chanson-témoignage est composée pendant les événements. Son auteur, personnellement recherché est caché dans Paris.

La chanson détaille la situation politique à la fin de la Commune, désastreuse pour les insurgés. Le refrain affirme cependant que la lutte n’est pas terminée.

2 La chanson [modifier | modifier le wikicode]

Paroles

Sauf des mouchards et des gendarmes,

On ne voit plus par les chemins,

Que des vieillards tristes en larmes,

Des veuves et des orphelins.

Paris suinte la misère,

Les heureux mêmes sont tremblants.

La mode est aux conseils de guerre,

Et les pavés sont tous sanglants.

Refrain :

Oui mais!

Ça branle dans le manche,

Les mauvais jours finiront.

Et gare! à la revanche,

Quand tous les pauvres s'y mettront.

Quand tous les pauvres s'y mettront.

Les journaux de l'ex-préfecture,

Les flibustiers, les gens tarés,

Les parvenus par aventure,

Les complaisants, les décorés

Gens de Bourse et de coin de rues,

Amants de filles au rebut,

Grouillent comme un tas de verrues,

Sur les cadavres des vaincus.


On traque, on enchaîne, on fusille

Tout ceux qu'on ramasse au hasard.

La mère à côté de sa fille,

L'enfant dans les bras du vieillard.

Les châtiments du drapeau rouge

Sont remplacés par la terreur

De tous les chenapans de bouges,

Valets de rois et d'empereurs.

Nous voilà rendus aux jésuites

Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.

Il va pleuvoir des eaux bénites,

Les troncs vont faire un argent fou.

Dès demain, en réjouissance

Et Saint Eustache et l'Opéra

Vont se refaire concurrence,

Et le bagne se peuplera.

Demain les manons, les lorettes

Refleuriront sur les trottoirs

Et les dames des beaux faubourgs

Porteront sur leurs collerettes

Des chassepots et des tambours

On mettra tout au tricolore,

Les plats du jour et les rubans,

Pendant que le héros Pandore

Fera fusiller nos enfants.


Demain les gens de la police

Refleuriront sur le trottoir,

Fiers de leurs états de service,

Et le pistolet en sautoir.

Sans pain, sans travail et sans armes,

Nous allons être gouvernés

Par des mouchards et des gendarmes,

Des sabre-peuple et des curés.

Le peuple au collier de misère

Sera-t-il donc toujours rivé?

Jusque à quand les gens de guerre

Tiendront-ils le haut du pavé ?

Jusques à quand la Sainte Clique

Nous croira-t-elle un vil bétail ?

À quand enfin la République

De la Justice et du Travail ?

3 Quelques précisions[modifier | modifier le wikicode]

Le général Mac-Mahon proclame à la fin de la semaine sanglante : « Habitants de Paris, l'armée de la France est venue vous sauver (...) Aujourd'hui la lutte est terminée ; l'ordre, le travail et la sécurité vont renaître. » , Dupanloup est un prêtre célèbre pour ses prêches enflammés.

Le chassepot est le fusil de l’armée française. Un pandore désigne un policier, depuis que Nadeau, un autre chansonnier a écrit une chanson dans laquelle son personnage, un gendarme obéissant et stupide porte ce nom.

Une manon est une fille du peuple, une lorette est une prostituée, qui se fait entretenir par un ou plusieurs amants bourgeois.

Il est question des mouchards ; pour deux millions d’habitants que comptait Paris à l’époque, on compte 400 000 dénonciations de communards.

La haine de classe est à son comble. Le peuple a été fusillé au tas, il subit l’humiliation des vaincu et est placé sous étroite surveillance. Il se sent plus que jamais considéré comme du bétail. L’anticléricalisme est à son comble, la religion est perçue par les Internationalistes comme une pièce essentielle du système bourgeois capitaliste.

La chanson n’exagère pas : la semaine sanglante fait entre 10 000 et 35 000 morts, suivant les historiens (rares sont ceux qui estiment que la répression fait moins de 20 000 morts.

La chanson reste très populaire dans les ZAD actuellement.

4 L’auteur[modifier | modifier le wikicode]

Jean Baptiste Clément (1836-1903)

Les Hommes de Révolution N 6 J B Clément.jpg

Ses parents sont des meuniers aisés. Il quitte rapidement le domicile familial, est ouvrier, puis fréquente les cercles socialistes. Il écrit dans diverses publications et compose des chansons. En butte au pouvoir impérial, il doit s'exiler quelque temps en Belgique. Délégué du XVIIIe arrondissement au conseil de la Commune, il se bat sur l’une des toutes dernières barricade, se cache puis parvient à fuir la capitale. Après quelques années en exil à Londres, il revient en France où il vit dans la clandestinité avec sa famille. Lorsque les communards sont amnistiés, il reprend des activités politiques, adhère au Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire de Jules Guesde et organise des grèves et des mouvements ouvriers. Il milite jusqu'à sa mort. 5000 personnes assistent à son enterrement.

5 La musique[modifier | modifier le wikicode]

La chanson est chantée sur l'air du Chant des Paysans de Pierre Dupont.

6 Interprètes[modifier | modifier le wikicode]

La chanson a été enregistrée notamment par Marc Ogeret, Rosalie Dubois, Michèle Bernard, Francesca Solleville, les Croquants (dans l’album collectif « la Commune Refleurira), la compagnie « Jolie Mome », le « Cœur Mégaphone », les Glottes Rebelles.

7 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]