Indexation des salaires sur les prix

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Salaire nominal en gris. Salaire réel en rouge. (États-Unis) Quand les prix augmentent plus vite que les salaires, le salaire réel diminue.

L'échelle mobile des salaires est l'indexation des salaires sur les prix : quand les prix augmentent, les salaires suivent. C'est une mesure destinée à préserver le salaire réel de l'inflation. L'échelle mobile des salaires est une des revendications historiques des franges radicales du mouvement ouvrier, âprement combattue par les capitalistes.

Suite au ralentissement de la croissance survenu dans les années 1970, la tendance a été dans tous les pays à ce que les prix augmentent plus vite que les salaires. Cela s'est produit du fait de la dégradation du rapport de force pour les salarié·es (en raison du chômage, des défaites du mouvement ouvrier...) et du fait de mesures politiques plus ou moins directes pour faciliter cette désindexation des salaires par rapport aux prix.[1]

1 Exemples[modifier | modifier le wikicode]

1.1 France[modifier | modifier le wikicode]

L'échelle mobile des salaires a été introduite en France en juillet 1952 sous la présidence de Vincent Auriol (SFIO) par le gouvernement Antoine Pinay. Il s'agissait d'un mécanisme informel.

La France a connu dans les années 1970 une forte inflation, notamment causée par les politiques de relance keynésienne (qui injectaient de l'argent dans l'économie alors que les investissements déclinaient du fait d'une baisse de rentabilité), et accentuée par le maintien de l'indexation des salaires sur les prix (les salaires réels ont connu une hausse notable).

En 1982 lorsque Mitterrand (et son gouvernement PS-PCF) a entamé le tournant de la rigueur, des mesures ont été prises pour minimiser la prise en compte de l'inflation : pour limiter l'instabilité pour les investisseurs, le gouvernement s'est mis à afficher des objectifs de hausse des prix et des salaires, et rapidement, les négociations sur les salaires se sont calquées sur ces estimations de l'inflation, et non sur l'inflation constatée. L'inflation est certes structurellement basse depuis les années 1980, mais elle est néanmoins toujours légèrement plus élevée que l'estimation, ce qui a conduit à une baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée.

La désindexation des salaires a été poursuivie par les gouvernements successifs (Fabius, Chirac, Rocard...). Dès 1990, d'après les statistiques de l'INSEE, l'effet cumulé représentait entre 6% et 7% des salaires versés.[2]

1.2 Belgique[modifier | modifier le wikicode]

En Belgique, l'indexation a fait l'objet d'un mécanisme formalisé par l'État. Ce mécanisme est toujours en vigueur, même si l'indexation qu'il permet a été minimisée par des réformes en 1982-1983.

L'index qui sert à calculer l'effet sur les salaires a été érodé en 1993 en ne tenant plus compte des prix de l’essence, du tabac, et de l’alcool (sous des prétextes de santé).

1.3 Italie[modifier | modifier le wikicode]

En Italie, l'échelle mobile des salaires a été obtenue dans les puissantes luttes des années 1970 (Mai rampant). En 1975, Luciano Lama, secrétaire de la Confédération générale italienne du travail, la négocie.

Puis dans le contexte international de stagnation économique des années 1980, la bourgeoisie italienne va tout faire pour en finir avec cet acquis. L'indexation est réduite sous le Gouvernement Craxi I le 14 Février 1984, puis en 1985, son abrogation est rejetée par la population lors d'un référendum. L'argument officiel est que c'est un passage obligé pour intégrer l'Union monétaire européenne. Finalement, l'échelle mobile est abrogée le 31 Juillet 1992 sous le Gouvernement Amato I, avec l'accord des bureaucraties syndicales.

1.4 Royaume-Uni[modifier | modifier le wikicode]

Au Royaume-Uni, où l'indexation informelle était un élément important des négociations salariales, une réorientation est intervenue en 1979 qui a accentué la décentralisation du processus.

1.5 Portugal[modifier | modifier le wikicode]

Au Portugal, depuis 1986, les négociations salariales se fondent également sur les hausses de prix attendues et non passées.

1.6 États-Unis[modifier | modifier le wikicode]

En Amérique du Nord, les clauses d'ajustement au titre du coût de la vie résultant des négociations directes entre syndicats et employeurs ont peu à peu prévu des ajustements moins importants depuis la fin des années 1970, ajustements parfois même nuls au cours de la période 1982-1984, lorsque les salaires nominaux ont diminué dans certains cas.

1.7 Brésil[modifier | modifier le wikicode]

Sous la présidence de José Sarney (1985-1990), le Brésil essaie de lutter contre la stagnation et l'inflation par diverses mesures en opposition avec les recettes néolibérales prônées par le FMI. Une de ces mesures fut l'échelle mobile des salaires. Cette politique fut ensuite abandonnée pour se soumettre plus totalement à l'impérialisme.

1.8 Scandinavie[modifier | modifier le wikicode]

L'indexation a été suspendue en 1983 au Danemark, tandis qu'en Suède et en Finlande, où les clauses d'indexation avaient été provisoirement autorisées, cette indexation se fait sur la base du taux d'inflation attendu.

2 Références[modifier | modifier le wikicode]

Audio

Podcast : Splash, Est-il délirant d'indexer les salaires? (2022)

Notes

  1. Pierre Ralle, Joël Toujas-Bernate, L'indexation des salaires : la rupture de 1983, Économie & prévision Année 1990 92-93 pp. 187-194
  2. Pierre Ivorra, "OPA sur les salaires", L'Humanité, 19 avril 1990