Grande grève des mineurs d'Anzin
La grande grève des mineurs d'Anzin est une longue grève des mineurs de la compagnie des mines d'Anzin en 1884 qui aboutit à l'autorisation des syndicats par la loi Waldeck-Rousseau.
Elle regroupa 40000 grévistes pendant 56 jours et, répercutée par la presse, eut un retentissement national. Émile Zola s'en inspira pour écrire Germinal.
1 Contexte[modifier | modifier le wikicode]
La Restauration créa un contexte économique favorable au développement des industries du Nord, entre autres par son protectionnisme. La Compagnie des mines d'Anzin devint une société importante, comptant parmi les membres de son conseil d'administration des personnalités politiques influentes.
En 1833, les mineurs de la compagnie entamèrent une grève connue sous le nom d'émeute des quatre sous, la revendication étant l'annulation d'une baisse de salaire de ce montant décidée par la compagnie. Au bout de quatre jours de grève, et d'occupation du siège, la compagnie des mines fit appel à la troupe, et 3000 occupèrent les corons et les fosses[1]. Les mineurs reprirent le travail sans avoir rien obtenu. Les meneurs furent jugés pour coalition, et condamnés pour certains à des peines légères ; mais les journaux se faisant l'écho du procès révélèrent la condition des mineurs, et la Compagnie finit par céder sur la question de salaire[2].
Avec la découverte de la continuation du gisement houiller dans le Pas-de-Calais en 1841, la Compagnie des mines d'Anzin, qui se trouvait jusque-là en situation de quasi-monopole, fut soumise à plus forte concurrence, face à des sociétés plus modernes. Répercutant sur son personnel les nouvelles contraintes de rentabilité, elle connut plusieurs grèves dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui affectèrent la ville d'Anzin dont elle demeurait le principal employeur, et où les corons furent occupés par la troupe à plusieurs reprises[3].
En 1882, le krach de l'Union générale, né de spéculations boursières des milieux catholiques, mit en difficulté les compagnies minières pour plusieurs années.
En 1883, Émile Basly créa à Anzin le premier syndicat de mineurs.
2 Causes directes[modifier | modifier le wikicode]
C'est en 1884 qu'éclata la grande grève des mineurs d'Anzin.
La cause en était un changement d'organisation : le boisage de galeries, jusque là confié aux raccommodeurs fut affecté aux mineurs de fond eux-mêmes. Non seulement cela leur faisait un manque à gagner, puisqu'ils étaient payés à la quantité de houille remontée, mais de plus cela privait d'emploi les mineurs les plus âgés, à qui était traditionnellement attribué le rôle de raccommodeur.
3 Déroulement[modifier | modifier le wikicode]
Dès le début de la grève, le renvoi de 140 syndicalistes durcit le conflit.
Elle regroupa plus de 10000 pendant 56 jours et, répercutée par la presse, eut un retentissement national[4]. C'est à cette occasion qu'Émile Zola vint se documenter à Anzin pour son roman Germinal[5]. Mais la compagnie des mines ne céda pas, et le 17 avril les mineurs durent reprendre le travail.
4 Conséquences[modifier | modifier le wikicode]
Une conséquence de cette grèves fut l'autorisation des syndicats par la loi Waldeck-Rousseau, mais paradoxalement, il fallut attendre 1898 pour qu'un syndicats existat de nouveau à Anzin[4].
5 Sources[modifier | modifier le wikicode]
5.1 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Bruno Mattei, Rebelle, rebelle!: révoltes et mythes du mineur, 1830-1946, Editions Champ Vallon, (lire en ligne), p. 14 à 17
- ↑ Diana Cooper-Richet, Le Peuple de la nuit, Ed Perrin - Terre d'histoire, (ISBN 2262013284), p. 212
- ↑ Gérard Dumont et Valérie Debrabant, Les 3 âges de la mine, La Voix du Nord & Centre historique minier de Lewarde (ISBN 978-2-84393-107-9), p. 32, tome 2
- ↑ 4,0 et 4,1 Collectif, Le Nord, de la Préhistoire à nos jours, Bordessoules, 1988, p. 263 (ISBN 2-903504-28-8)
- ↑ « Zola à Anzin » Article de Henri Mitterand dans le dossier Le Travail dans les fictions littéraires, revue Travailler n° 7 2002/1