Tendre la main aux catholiques ?

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Avant Propos[modifier le wikicode]

Le 17 avril 1936, Maurice Thorez, secrétaire du  Parti Communiste, faisait a la radio un appel à la  collaboration « entre travailleurs communistes et  catholiques ». 

Le 27 octobre 1937, dans une assemblée d'information des militants communistes de la Région parisienne, il développait ce thème et annonçait la résolution du Parti Communiste de « persévérer dans  cette politique de la main tendue aux catholiques ». 

Comme l'unité organique de la classe ouvrière est  une des nécessités historiques que tout socialiste digne de ce nom doit préparer avec ferveur, comme  d'autre part, un socialiste conscient doit se refuser,  par principe, a toute complaisance envers une erreur  de cette taille, il convient, dans l'intérêt de l'unité  et dans l'intérêt du socialisme, d'appeler l'attention  des ouvriers communistes sur les illusions et les  dangers que présente une telle politique.

 Tel est l'objet de ces quelques pages, dictées exclusivement par le souci très vif de servir la cause  de la Révolution prolétarienne. 


M.P.

Première proposition :[modifier le wikicode]

  « L'idée lancée par les communistes a  fait son chemin. Si quelques alliés et amis  ont d'abord, au sein du Front populaire,  raillé les communistes, des socialistes et  des radicaux se sont, par la suite, publiquement prononcés pour la collaboration  avec les catholiques. 

« Une fois de plus, s'est écrié  M. THOREZ, nous avions raison. Il  semble donc opportun de préciser notre attitude, d'en définir les raisons,  d'en fixer les buts. ››  

Le fait qu'une erreur politique se propage n'empêche pas qu'elle soit une erreur... Il prouve tout  simplement que l'éducation marxiste des travailleurs  n'est pas suffisamment développée. Quant aux radicaux, il est tout à fait normal que l'indulgence de  certains de leurs dirigeants à l'égard de l'Eglise soit  d'autant plus marquée qu'ils deviennent plus conservateurs. Mais il n'empêche que les socialistes et    les radicaux éclairés et désintéressés sont et demeureront intransigeants sur la question cléricale. On  ne peut pas être socialiste, on ne peut pas être simplement républicain sans constater que l'Eglise catholique a toujours été une puissance réactionnaire  extrêmement efficace et dangereuse. 

Si « l'idée fait son chemin" c'est la preuve que  ses protagonistes ont tout simplement abandonné  leur terrain de classe... et le chemin qu'ils font l'est  au détriment du prolétariat et à l'avantage de ses  ennemis.

Dans un autre domaine, beaucoup de socialistes  et tous les radicaux se prononcent pour « la défense nationale ›. Est-ce que cela change quelque  chose à la position de classe que les marxistes internationalistes adoptent, après Rosa Luxembourg,  Karl Liebknecht, Lénine... ? Ce qui importe ce n'est  pas le degré de perméabilité des masses à la pénétration d'une erreur, mais le repérage précis de la position de classe sur un sujet déterminé.  

Deuxième proposition :  [modifier le wikicode]

"Nous te tendons la main catholique, ouvrier, employé, artisan, paysan,  nous qui sommes des laïcs, parce que  tu es noire frère et que tu es, comme  nous, accablé par les mêmes soucis."  

"Cette proposition contient deux  affirmations : 

1° Les communistes sont des laïcs,  partisans du matérialisme philosophique ;

Il existe une solidarité de fait, matérielle, économique et sociale, entre travailleurs catholiques et communistes"           

La première affirmation n'est-elle qu'un coup de  chapeau au matérialisme ? (Au matérialisme dialectique et non pas seulement au matérialisme philosophique). On a bien cette impression à la lecture  de la deuxième affirmation. 

Certes, la solidarité de fait, matérielle, économique et sociale existe entre tous les travailleurs quel.  les que soient leurs opinions philosophiques ou religieuses. 

Mais elle existe aussi entre les travailleurs socialistes ou communistes et les doriotistes, entre les  paysans rouges et les chouans, entre les syndica-listes révolutionnaires et les jaunes groupés dans  le syndicat patronal. 

Quelle conclusion doit en tirer le marxiste ? 

Il doit en déduire la nécessité d'aider ses frères  de classe à se débarrasser de la gangue de préjugés de croyances et de superstitions qui en font des  instruments entre les mains de l'Etat capitaliste, de  l'Eglise, du patronat, de toutes les forces de coercition matérielles et morales qui asservissent les travailleurs et les enchaînent à leurs exploiteurs. 

Une attitude marxiste commande donc, pour commencer, la dénonciation de l'armature cléricale dont  la classe dominante se sert comme elle se sert de  son armée, de ses tribunaux, de sa police, de son  appareil d'Etat en vue de la défense de ses privilèges. 

La différence entre l'anticlérical bourgeois et l'anticlérical prolétarien apparait dans la méthode de  lutte contre l'Eglise et contre la religion. 

Le premier s'attaque aux idées (et ce n'est pas  absolument inutile mais c`est inefficace dans Ie cas  où la propagande rationaliste s'adresse a des masses  misérables et férocement asservies). 

Le second s'attaque à la cause économique profonde : l'exploitation capitaliste, et c`est par rapport  à la lutte de classes qu'il définit son hostilité :  croyances et armature cléricale se trouvant automatiquement au service de l'ennemi de classe, il devient   nécessaire de les considérer comme des obstacles à briser par le mouvement même du prolétariat.


Dans cette lutte, il arrive que des catholiques,  conservant leurs croyances, sont entraînés aux côtés des masses révolutionnaires. Mais ce n'est pas  parce qu'on leur a tendu la main en ménageant le  système d'exploitation intellectuelle dont ils sont victimes, c'est au contraire en conduisant une attaque  vigoureuse contre leurs exploiteurs : Frères en tant  qu' exploités mais non pas frères en tant que catholiques !

 Le fait élémentaire de la « solidarité économique,  matérielle, sociale » ne peut donc, pour un marxiste,  que servir de point de départ à une propagande  anticléricale, du point de vue de la communauté des  intérêts de classe. 

En effet, comme contenu, la religion catholique  est autoritaire, dogmatique et contre-révolutionnaire : son rôle consiste à dire au travailleur qui  souffre : "Patiente et tu auras ta récompense au  ciel", ce qui, objectivement, constitue le meilleur  service à rendre au patronat et aux privilégiés.

Et comme institution, l'Eglise s'est toujours dressée contre tous les mouvements d'émancipation.

C'est elle qui, par l'organisation des travailleurs  chrétiens, des patronages, des écoles libres, des jocistes, de la presse, de la radio, du cinéma, tient en  tutelle des masses considérables de prolétaires et dément par là même la solidarité de fait des exploités ; à. cette solidarité qui devrait entraîner l'unité  d'organisation dans la lutte contre l'exploiteur,  l'Eglise substitue la solidarité dans un système de  croyances qui divise le prolétariat et tend à le paralyser en le maintenant dans une attitude de Prière  et de résignation.  

Si l'on se tait sur cette réalité lorsqu'on aborde  les ouvriers catholiques, on favorise tout simplement  la pénétration des influences cléricales au sein de la  classe ouvrière.