Pour la ligne léniniste dans les questions de la politique au village

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Les perspectives économiques au village

I. La dictature ou Thermidor[modifier le wikicode]

Conquêtes ou contre-révolution[modifier le wikicode]

Où est la droite, où est la gauche ?[modifier le wikicode]

Dans la Xe année de la dictature prolétarienne en U. S., voici ce que dit le paragraphe 2 des thèses de l’opposition :

« L’opposition voit et reconnaît tous les changements considérables qui sont les résultats de la Révolution d’Octobre. La dictature du prolétariat, la nationalisation de l’industrie, des transports, du crédit, la socialisation du commerce, le monopole du commerce extérieur, les coopératives — tout cela crée la possibilité du succès de l’édification socialiste. Cette édification a amené déjà des résultats considérables. »

Ainsi il nous sera donné, grâce à ces messieurs de l’opposition, d’entendre dire que l’opposition « voit » et même « reconnaît » la Révolution d’Octobre... C’est un grand honneur pour l’opposition d’avoir remarqué pareille « bagatelle ». Il semble, il est vrai, assez étrange que l’opposition ait été contrainte de reconnaître et de « remarquer » les « changements considérables qui sont le résultat de la Révolution d’Octobre ». La formulation elle-même, « voit » et « reconnaît », n’est, il est vrai, pas très heureuse. Sans doute, on ne peut pas envier les gens qui sont obligés de souligner qu’ils ne sont pas passés à côté du bouleversement d’Octobre. Nous les en remercions beaucoup. Enfin, il nous a été à même d’entendre qu’il y a chez nous une dictature du prolétariat et même... que l’édification socialiste « a déjà amené des résultats considérables ».

Tout ceci est très bien. Cependant, nous entendons en même temps quelque chose de différent. Et ce « quelque chose de différent » a un son tout à fait différent. On dit que chez nous, c’est Thermidor qui a remporté la victoire. Abstraction faite du manque de culture qu’il y a dans cette analogie, nous avons tout à fait le droit d’en déduire qu’il s’agit ici de la victoire de la contre-révolution. On dit par là que notre Etat, à son étape actuelle, est un Etat des Alexinski, des Kerenski et des Pereversev, c’est-à- dire un Etat bourgeois qui oppresse le prolétariat. On dit par là que les choses sont meilleures sous Hindenburg que chez nous. On parle de la restauration du régime d’avant-guerre dans les usines. On parle de la dégénérescence du parti et du pouvoir soviétique par les koulaks et les nepmans. On parle de beaucoup d’autres choses sur le même ton.

Que signifie tout cela ? Quelles sont les « conquêtes » ? Chacun ne comprend-il pas que si l’on est obligé de constater chez nous une victoire de la contre-révolution (« Thermidor »), il n’y a déjà plus chez nous de dictature prolétarienne.

Est-ce que chaque jeune pionnier ne comprend pas lui-même que si, chez nous, dans les fabriques on instaure à nouveau le régime d’avant-guerre et si le gouvernement défend une ligne des koulaks et des nepmans, il n’y a déjà plus, chez nous, ni industrie socialiste, ni gouvernement ouvrier.

Est-ce que tous ceux qui n’ont pas perdu la raison ne comprennent pas que si cela va mieux chez Hindenburg que chez nous, il est impossible alors de parler de « conquêtes » quelconques ?

Nous avons affaire à deux séries d’affirmations de l’opposition : les unes en faveur de la dictature du prolétariat qui est reconnue comme un fait et les autres contre la reconnaissance de ces faits, pour le Thermidor.

La question se pose de savoir quelle est l’opinion constante de l’opposition. Le critérium est dans ses actions. L’opposition viole la légalité soviétique, organise des manifestations de rues « contre la dictature prolétarienne », ce qui est une des formes « suprêmes de la lutte ». Elle n’a pas peur de dénoncer calomnieusement le gouverneront soviétique aux yeux de la bourgeoisie étrangère, elle fuit la liberté de la presse soviétique pour se réfugier ou bien dans les caves ou, tout à fait comme les menchéviks et les socialistes révolutionnaires, à l’étranger. Ce sont autant de faits. Et des faits — ainsi que Lénine aimait à le dire — sont une chose « entêtée ». Enfin, l’opposition construit son deuxième parti.

N’est-il pas clair que l’on fait tout ceci — en supposant honnêteté politique la plus élémentaire — qu’on ne fait tout ceci que lorsqu’on n’est pas d’accord avec la reconnaissance de la dictature prolétarienne dans notre pays, mais avec « Thermidor » ?

Il ne sert à rien de dire qu’il ne s’agit que de quelques « tendances » (c’est la ligne ordinaire de retraite de l’opposition lorsque elle est acculée par les ouvriers rassemblés dans nos rangs). Pourquoi ?

Pour la raison suivante :

L’opposition prétend aussi que la dégénérescence chez nous se produit dans tout le réseau social de l’économie. Elle existe dans l’usine et dans l’atelier (directeur, administration, etc., etc...), dans les organes économiques dans les soviets, dans le parti, dans le C. C., dans le gouvernement. Plus encore. L’opposition parle explicitement de Thermidor, c’est-à-dire de la victoire de la contre-révolution, du regroupement des classes, des classes qui sont au pouvoir. Mais la politique, c’est de « l’économie concentrée ». Si le « Thermidor » a déjà remporté la victoire dans la question du pouvoir, cela signifie que les processus quantitatifs de la désagrégation dans le domaine économique se sont développés au point que, au sommet, au pouvoir, la victoire de la contre-révolution est déjà manifeste. Sinon tous les bavardages sur Thermidor (c’est-à-dire sur le coup d’Etat contre-révolutionnaire) sont manifestement stupides. Si nous disons, nous, c’est-à-dire tout le parti, que les discours sur Thermidor sont une calomnie contre le parti, contre l’U. S., contre la classe ouvrière dans notre parti, on nous accuse « d’embellir la réalité ». En vérité l’opposition s’est perdue dans les broussailles, en vérité elle se trouve déjà un pied dans le marécage menchéviste.

Car enfin, la social-démocratie ne peut pas empêcher, elle aussi, de reconnaître le succès « en général » (essor des forces productives). Mais la social-démocratie est d’avis que nos succès, d’après leur nature, sont des succès d’un capitalisme particulier et qu’il existe un pouvoir de riches banquiers et de nepman. Inversement dans les pays capitalistes et dans les « plus riches », mai foi [ ?] , elle colle sur les trusts industriels les plus puissants, l’étiquette socialiste « Hilferding ». Notre opposition chante la même chanson sur l’U. S. et se ravale à vanter l’ordre social-bourgeois (« sous Hindenburg, c’est mieux »). N’est-il pas temps de s’arrêter avant qu’il soit trop tard ?

On n’a pas le droit de plaisanter avec des affirmations importantes, on n’a pas le droit de comprendre en même temps la dictature et Thermidor. On n’a pas le droit, pareils à de mauvais plaisants ivres, de vaciller entre deux appréciations fondamentalement opposées. De pareilles plaisanteries ne peuvent rien amener de bon. Il est nécessaire de finir le jeu avec le « crépuscule des dieux » politique.

II. Est-ce comme chez les capitalistes ou autrement[modifier le wikicode]

Y a-t-il du léninisme ou du trotskisme dans la question agraire ?[modifier le wikicode]

On peut reconnaître aussi, sur d’autres points, des oscillations entre la dictature et Thermidor. L’opposition est contrainte par la logique des choses à prendre inévitablement une position non léniniste dans la question des voies de développement à la campagne. Voici la thèse du C. C. :

« La dictature du prolétariat en U. S. change foncièrement les conditions et, par suite, aussi le cours du développement de l’agriculture, en créant un type foncièrement nouveau de développement des rapports agricoles et un nouveau type de regroupement de classes au village ainsi qu’une nouvelle direction du développement des formes économiques. » (Thèses du C. C. sur le travail à la campagne, §1.)

Là dessus, Smilga déclare à l’assemblée plénière du C. C.

« Au lieu de l’exposé de Lénine, nous avons celui de Boukharine qui consiste à dire que les choses au sein du capitalisme sont de telle et telle façon, alors que « chez nous », par contre, tout est « foncièrement différent ». Vos thèses se distinguent aussi par le fait qu’elles ne contiennent point de chiffres, qu’on y prononce seulement un jugement et, à vrai dire, un jugement faux, d’après lequel chez nous, à la différence d’autres pays, tout « se passe de façon foncièrement différente. »

Mais les thèses de l’opposition disent que le paragraphe 1 des thèses du C. C. est faux sous cette « forme absolue ». De plus, les thèses prétendent, avec un zèle qui serait digne d’un meilleur sort, que la question « l’un ou l’autre ? » ne peut pas être écartée, qu’il se produit un processus de différenciation visible, etc., etc...

Or, nous voulons montrer clairement en quoi consiste l’objet du litige sans permettre à l’opposition de transformer une question en une autre et de jongler avec les concepts de façon impudente.

Avant tout, pourquoi le paragraphe 1 des thèses du C. C. est-il faux ? L’opposition déclare :

« Le fait seul de la dictature prolétarienne ne transforme pas encore le capitalisme en socialisme. La dictature du prolétariat ouvre la période de transition du socialisme au capitalisme. Lénine, dans son livre, L’Impôt en nature, a donne la meilleure caractéristique de cette transition. La caractéristique léniniste de cette transition avec sa lutte de classe interne, avec l’interpénétration d’éléments capitalistes et socialistes, avec la question « l’un ou l’autre ? », tout ceci est transformé dans les thèses du C. C. en une explication opportuniste vulgaire qui jette pêle-mêle la Nep et le socialisme. »

Ainsi : 1° le C. C. « jette pêle-mêle la Nep et le socialisme » ; et 2° le fait seul « de la dictature » n’est pas du socialisme.

La première affirmation est tout simplement stupide. La Nep est « la nouvelle politique économique », elle n’est pas un ordre social quelconque. Elle correspond à la période de transition qui n’est pas encore du socialisme et qui comprend elle-même différentes étapes de développement. La seconde affirmation est tout à fait juste, mais elle n’a rien à faire avec la chose. Dans les thèses du C. C., on dit que la dictature du prolétariat modifie les conditions du développement, le cours de ce développement, son type, le type des regroupements, la direction du développement Celui qui veut seulement réfléchir un peu sur ces questions verra immédiatement qu’il s’agit ici précisément de la période de transition.

On lit dans le paragraphe 7 des thèses du C. C. :

« 7. — Le processus de développement de l’agriculture, considéré du point de vue social de classe, est caractérisé actuellement par la lutte entre les tendances socialistes et capitalistes. Cette lutte donne au processus son cachet particulier de différenciation à la campagne qui témoigne de symptômes caractéristiques et fortement saillants dans les conditions actuelles. »

Ceci signifie que la discussion ne roule pas du tout autour de la question de savoir s’il y a ou non une lutte de classe au village (ce sont des vérités élémentaires). La discussion ne roule pas du tout non plus autour de la question de savoir si la dictature seule signifie en soi la socialisme ou ne la signifie pas (ce qui est aussi une vérité élémentaire). La discussion, c’est précisément de savoir si la dictature du prolétariat et les postes de commandement socialistes permettent d’autres possibilités de développement, un autre type de ce développement au village qu’au sein du capitalisme.

La réponse négative à cette question (Smilga, Thèses de l’opposition) est aussi la négation du léninisme sous sa forme la plus grossière. Supposons que les processus au village sa produisent chez nous exactement comme sous le capitalisme ; évincement des paysans moyens, cristallisation du koulak, prolétarisation et disparition de la paysannerie moyenne, accroissement des deux pôles extrêmes, et ceci seulement.

Comment serait-il possible en ce cas de bâtir le socialisme en commun avec la masse principale de la paysannerie qui, dans sa majorité, n’est pas acquise à la socialisation immédiate de sa production ?... Comment peut-on donc détendre le plan coopératif de Lénine qui compte sur la transition « vers le nouveau régime par la voie la plus simple, la plus facile possible et la plus accessible au paysan » ? (Lénine). Ne s’appuie-t-on pas alors sur le koulak ?

Or, les prolétaires n’ont pas d’économies propres. Dans la mesure où ils ne sont pas déjà unis avec les éléments pauvres de la campagne dans les économies collectives de production, on peut et on ne doit pas les défendre contre l’entrepreneur, organiser leurs rangs, mais on ne peut pas intégrer leur économie individuelle dans la construction du socialisme s’il n’y a point d’économie de ce genre. Le paysan moyen est une figure agonisante et on ne peut pas beaucoup bâtir sur lui non plus. Que reste-t-il ? Tout simplement rien. Tout se révèle en utopie, le plan de Lénine disparaît en même temps que la figure centrale de l’agriculture.

Les thèses de l’opposition faussent sciemment la conception du P. C. en voulant lui imposer l’« idylle » d’un accroissement égal (!!!) du bien-être de toutes les couches à la campagne. On ne peut expliquer de telles intrigues perpétuelles que par le sans-gêne le plus complet et l’absence complète de toute responsabilité chez ces bavards qui ne veulent pas même réfléchir sur la véritable question.

On lit dans le même paragraphe 7 des thèses du C. C. concernant la différenciation à la campagne :

« Les particularités de ce regroupement résultent du changement des conditions sociales.

Ces particularités consistent dans le fait que contrairement au type de reconstruction socialiste qui s’exprime dans un affaiblissement de la paysannerie moyenne alors que les groupes extrêmes des éléments pauvres de la campagne et de la riche paysannerie s’accroissent, on peut constater chez nous un processus de renforcement des groupes de paysans moyens en même temps qu’un certain accroissement encore durable, du groupe des koulaks aux dépens de la partie la plus aisée de la paysannerie moyenne, en même temps qu’une diminution de la paysannerie pauvre. Une partie des paysans est prolétarisée et une autre moitié passe dans le groupe des paysans moyens. Ces particularités résultant fatalement des antagonismes internes du développement économique dans les conditions actuelles de la dictature du prolétariat. »

Cela ressemble-t-il à la croissance égale du bien-être de tous les groupes et à cette « idylle » dont parle l’opposition ? Mentez, mes chers amis, mais gardez la mesure !

La divergence fondamentale de vues entre le parti et l’opposition (la divergence réelle et non imaginée) consiste dans le fait que l’opposition suppose que chez nous tout continue à se passer à la campagne comme sous le capitalisme, alors que nous disons qu’il est loin d’en être ainsi (sinon il serait absurde de parler de la lutte des éléments socialistes et capitalistes à la campagne, car quelles sont les tendances socialistes qui existent à la campagne sous le capitalisme ?) Pour l’opposition, toute la marche et tout le type du développement en U. S. sont les .mêmes qu’en Allemagne, en France, etc., etc... L’opposition exclut ainsi la possibilité de construire le socialisme au village sous la direction de la ville, se borne à défendre les intérêts des paysans pauvres, défense qui est opposée à l’édification du socialisme.

III. La ville et le village[modifier le wikicode]

Qui conduit l’autre ?[modifier le wikicode]

La question traitée jusqu’ici a encore un autre côté. Lénine a écrit :

« Bien que les démocrates petits-bourgeois qui s’appellent socialistes et social-démocrates, les Tchernov, Martov, Kautsky, Longuet. Mac Donald et Cie, courbent encore si souvent le front devant les déesses de la légalité, du droit de vote, de la démocratie, de la démocratie pure et de la démocratie conséquente, le fait économique et politique de l’inégalité entre la ville et la campagne n’en disparaît pas pour cela.

« C’est un fait nécessaire dans la société capitaliste en général et pendant le passage du capitalisme au communisme en particulier.

« La ville ne peut pas être semblable à la campagne. La campagne ne peut pas être semblable à la ville dans les conditions historiques de cette époque. La ville dirige incontestablement la campagne. La campagne suit inévitablement la ville. La question, c’est seulement de savoir quelle classe parmi les classes citadines, sera capable de diriger la campagne, de venir à bout de cette tâche et de savoir quelles formes prendra cette direction par la ville, » (Œuvres complètes, édition russe, tome 12, page 442, tous les mots sont soulignés par Lénine.)

De cela seul il ressort clairement que chez nous, c’est à-dire dans la ville prolétarienne, il ne peut moins faire que d’y avoir des différences tout à fait aiguës par rapport à l’allure et au type du développement de la campagne. Lorsqu’on (avec les Smilga et les thèses de l’opposition) suppose que tout se passe ainsi que sous le capitalisme, cela signifie que l’on ne comprend pas le rôle dirigeant de la ville prolétarienne. (Si Thermidor règne chez nous, alors et seulement alors, tout se passe à la campagne « comme chez les capitalistes ».)

L’opposition n’a jamais compris cela. C’est précisément pour cela que j’ai écrit dans ma brochure contre Oustrialov :

« Malheureusement même des communistes oublient parfois la revendication méthodologique fondamentale dont la réalisation est nécessaire pour l’analyse des différents domaines économiques importants, par exemple de l’agriculture. Ces gens croient qu’il serait possible d’indiquer justement les voies générales du développement sans considérer la campagne dans ses rapports avec la ville, l’agriculture dans ses rapports avec l’industrie, avec les transports, avec le crédit. Ils considèrent je ne sais quelle campagne isolée, qui remplace le sphynx, qui est soumise dans son développement à je ne sais quelles lois tout à fait particulières qui n’ont aucun point commun avec les lois de développement de toute l’économie nationale.

« Ce pitoyable point de vue a été déjà plus d’une fuis démoli sous les coups destructeurs de la critique marxiste, et plus d’une fois il s’est redressé comme un petit diable afin de proclamer à nouveau de sa voix fluette les sottises qui sont immanentes pour lui. Plus d’un considère comme nécessaire de lui faire cette fois encore un accompagnement de musique, mais Lénine lui-même a déjà exigé le droit dans sa critique du livre de Kautsky, de faire l’analyse en connexion avec tout le développement ».

Et, auparavant encore, dans la brochure Le Chemin du socialisme, j’ai souligné de façon très accusée cette position de la question :

« On ne peut pas se représenter les choses de telle façon que la campagne se développe de façon autonome et indépendamment de la ville. Nous avons déjà dit qu’avec la croissance des forces productives dans le pays, l’influence de la ville deviendra de plus en plus décisive sur le développement de notre agriculture. Le battement de cœur de cette ville, son industrie prolétarienne, son système bancaire, etc., tout cela a le visage tourné vers la campagne, c’est-à-dire tout cela sert de soutien puissant aux paysans moyens et aux paysans pauvres à la campagne, de soutien contre les couches de la paysannerie riche. »

Cela a été écrit il y a quelques années et maintenant, comme les thèses du C.C. disent la même chose, l’opposition a l’impudence de prétendre :

« C’est vrai, mais il faut que le parti sache que ceci est une thèse de l’opposition et qu’elle s’est heurtée au début, à la résistance la plus violente de la part de la direction du C. C. Maintenant, le C. C. s’est approprié cette thèse. »

Que dites-vous de pareils « amis de la vérité » et de leur « modestie » ?

Mais l’opposition, en reconnaissant le rôle dirigeant de l’industrie, tombe dans un désarroi définitif, car, ou bien l’industrie socialiste dirige la campagne et comment le développement à la campagne pourrait-il être le même, du point de vue des principes, que sous le capitalisme ? Ou inversement : si le développement est le même, comment peut-on parler du rôle dirigeant de la ville ?

Ou alors les choses seraient-elles telles que c’est Thermidor qui a décidé de ces questions ? Alors, dites cela clairement et ne faites pas les fous !

En ce qui concerne l’état arriéré de l’industrie et autres choses du même genre (paragraphe 3, fin de l’alinéa dans les thèses de l’opposition), les poules en rient déjà et à plus font raison les ouvriers adultes.

IV. La tactique du parti.[modifier le wikicode]

Qui révise Lénine ?[modifier le wikicode]

Les paragraphes suivants des thèses oppositionnelles sont consacrés à la tactique du parti et à l’opposition concernant « Enrichisses-vous ». Ils surprennent tout à fait par leur pauvreté et leur indigence d’idées.

Avant d’en arriver à leur essence, je me permets de faire une petite remarque. Les auteurs des thèses qui essaient de compromettre la ligne du parti disent :

« Lénine a dit autrefois : « Lorsqu’on manœuvre à la façon de Boukharine, on peut amener une bonne révolution à la faillite. » (Œuvres de Lénine, tome XV, page 145.) On se rappelle involontairement, malgré soi, maintenant, ces mots de Lénine. »

Lénine, comme toujours, avait raison ici également. Mais pourquoi les auteurs oublient-ils d’ajouter qu’il s’agissait de Boukharine qui était alors avec Trotski. Pourquoi cachent-ils que, dans la même page (page 145, du XVe tome des œuvres de Lénine), on peut lire :

« Trotski dit que la paix (Il s’agit de la paix de Brest. — N. B.) signifierait une trahison dans un nouveau sens du mot. J’affirme que c’est une façon tout à fait fausse d’argumenter que de recourir à la phrase. » (Ibidem, souligné par moi. — N. B.)

Donc Trotski accusait Lénine de trahison. Malgré cela, Lénine répondait seulement qu’on ne trouve chez Trotski que des phrases. Boukharine s est détourné maintenant de la politique de phraséologie de Trotski. Mais Trotski, maintenant aussi, n’a rien d’autre que des phrases et son accusation de trahison à l’adresse de tout le parti et du C. C. C’est tout à fait vainement que vous rappelez le XVe tome !

Les auteurs des thèses de l’opposition ont tout fait pour rechercher dans Bogouchevski toutes les citations qu’ils ont déjà faites cent fois, mais ils ne disent pas un mot de la formule du « village qui s’enrichit » de Kamenev, de Zinoviev prêt à « s’incliner » devant les besoins économiques paysan, ni des organes sans parti de bas en haut et de beaucoup d’autres choses. Les auteurs des thèses savent qu’ils mentent lorsqu’ils parlent de la négation de la lutte de classe. Ceci fut prouvé des dizaines et des centaines de fois, et on ne peut que rire de pareils arguments.

Nous ne voulons prêter d’attention qu’à une « objection » : Pourquoi disait-on d’une façon à la XIVe Conférence du parti et au XIVe Congrès du parti et qu’on dit maintenant autrement. (Nous faisons remarquer que les héros de l’opposition ont voté pour les décisions de la XIVe Conférence au parti.)

La chose n’est pas difficile à comprendre si l’on pose bien la question et si on part en même temps de certaines prémisses élémentaires, et notamment de la prémisse qu’il faut que la tactique change sur la base de la modification des conditions objectives et des rapports de classes eux-mêmes. L’appréciation de ces modifications trouve son expression dans le passage suivant des thèses du C. C. :

« Du point de vue de classe, le parti peut constater un accroissement et une consolidation du prolétariat, ainsi qu’un affermissement de l’alliance avec la paysannerie moyenne sur la base fixée par la XIVe Conférence du parti et par le XIVe Congrès du parti, ainsi que finalement une offensive renforcée contre le capital privé. Ce processus fut accompagné d’une augmentation de la production agricole et d’un accroissement de l’organisation des syndicats d’ouvriers agricoles, de l’organisation de groupes des éléments pauvres de la campagne ainsi que d’une animation des soviets. Ces conditions préalables créent la possibilité de continuer à englober les couches des paysans pauvres et moyens dans les coopératives, de continuer à renforcer l’effet du plan rationnel sur l’économie paysanne et d’attaquer de façon résolue le koulak sur la base des succès qui ont été obtenue dans la direction de l’affermissement de l’alliance du prolétariat et des éléments pauvres du village avec les paysans moyens ».

L’exécution des décisions du Xe Congrès du parti a renforcé l’alliance devenue vacillante avec le paysan moyen C’est une conquête énorme de la politique prolétarienne. C’est précisément ce que l’opposition n’a pas compris (dans les décisions du Congrès, elle a vu le cours « dirigé sur le Koulak »), elle ne comprend pas non plus que c’est seulement lorsque cette tâche est réglée, qu’il est possible de marcher, d’accord avec le paysan moyen et avec le soutien renforcé des éléments pauvres du village contre la paysannerie riche. Ceux qui, dans les résolutions du XIVe Congrès du parti voient le cours dirigé sur le koulak ne peuvent pas non plus comprendre maintenant le sens des thèses sur le XVe Congrès du parti. C’est tout à fait naturel. Mais pourquoi se faire un mérite de son propre aveuglement et de critiquer ceux qui voient clair du point de vue des aveugles ?

En renforçant les postes de commandement économiques et en affermissant l’alliance avec la paysannerie moyenne, créant ainsi une plus grande possibilité d’aide réelle aux éléments pauvres de la campagne, le parti va véritablement de l’avant sans s’émouvoir des cris de « trahison », « Thermidor », etc. Le parti suit soigneusement l’accroissement de la paysannerie riche, mais il ne crie pas à la « disparition » (seuls des petits bourgeois peuvent croire que le paysan riche commence à diriger maintenant la ville socialiste qui se développe et s’affermit.) Mais il crée les conditions préalables concrètes à la lutte réelle et non à des phrases de charlatan qui ne tromperont plus personne maintenant.

« Les forces économiques dans les mains de l’Etat russe prolétarien suffisent tout à fait à assurer le passage aux communistes [sic]. Que manque-t-il ? Ce qui manque est clair. Il manque la culture nécessaire chez les communistes qui dirigent l’administration. » (Œuvres complètes, édition russe, tome XVII, page 43.)

[Traduction de l’édition des Œuvres de 1963 : « La force économique dont dispose l’Etat prolétarien de Russie est tout-à-fait suffisante pour assurer le passage au communisme. Qu’est-ce donc qui manque ? C’est clair : ce qui manque, c’est la culture chez les communistes dirigeants. » Lénine, Œuvres, t. 33, p. 293 (rapport au XIe Congrès du parti)]

Ceci fut dit, il y a presque six ans, au XIe Congrès du parti. Aujourd’hui, nous disposons « de forces économiques » considérablement plus grandes, et si quelqu’un révise le léninisme, c’est l’opposition qui met tous les rapports sens dessus dessous et qui couronne son appréciation du développement de l’U. S. par des cris insensés et calomniateurs de Thermidor. Ces phrases, à la place de la politique, sont un jeu dangereux.