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Special pages :
Monatte, avocat des sociaux-patriotes
| Auteur·e(s) | Léon Trotski |
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| Écriture | 26 janvier 1931 |
Dans l’article consacré à la fraternisation de Monatte avec les réformistes et les sociaux-patriotes, nous disions qu’il dissimulait aux ouvriers les plus monstrueuses trahisons des sociaux-patriotes, facilitant ainsi ces trahisons. Que répond Monatte ? Trotsky, affirme t-il, est lié à Cachin, qui remplit un journal honteux durant la guerre. Monatte, modestement, ne dit pas que lui, étant provisoirement entré au PC, travailla avec Cachin. Mais cela ne sert qu'à voir avec qui nous traitons. Pour Monatte, le fait que le Komintern admette dans ses rangs Cachin et d'autres sociaux-patriotes est semblable à la "fraternisation" avec Dumoulin, Zyromski et autres du même style. C'est l'argument d'un homme qui, se trouvant dans une situation désespérée, se voit obligé d'employer les msiérables manoeuvres d'un avocat piégé le dos au mur.
Nous n'allâmes pas vers Cachin, c'est lui qui vint à nous. Pour entrer au Komintern, il se vit non seulement obligé de répudier ouvertement son passé et celui du Parti Socialiste français - surtout dans la période de la guerre - mais aussi de rompre organisationellement avec les réformistes et sociaux-patriotes. Il dût signer les vingt-et-une conditions imposées par nous. Que Monatte relise ce document: chacun des vingt-et-un paragraphes est un fer brûlant appliqué sur les plaies du réformisme et du patriotisme. Indépendamment des qualités personnelles de Cachin - nous nous intéressons ici à la politique, nous à l'individu - le passage des ex-sociaux-patriotes sous l'étendard de la Révolution d'Octobre et du bolchevisme fut un des coups les plus durs qu'ait à subir le social-patriotisme. Nous ne nous fîmes jamais d'illusions. Nous dîmes que chaque "recrue" serait mise à l'épreuve dans la lutte, les ouvriers d'avant-garde étant leurs juges. La sélection révolutionnaire et la rééducation socialiste construiraient un parti authentiquement prolétarien en France. Malgré les erreurs et les crimes des épigones, indépendamment des qualités personnelles de tel ou tel, Cachin ou autre, notre prévision fut entièrement judicieuse et s'avéra validée.
Que se passa t-il avec Monatte ? Il se sépara du communisme. Il abandonna la conception du parti révolutionnaire du prolétariat, c'est-à-dire la révolution prolétarienne.
Depuis, il est passé dans le camp des Dumoulin, Zyromsky et autres, qui ne pensent même pas à rompre avec la social-démocratie et le national-syndicalisme. Ils sont l'aile "gauche" du camp ennemi, qui défend l'état bourgeois et la propriété bourgeoise. Lors de sa rupture avec le communisme, Monatte s'est associé avec cette aile "gauche" de l'ennemi de classe..
Ainsi vont les choses. Ainsi y a t-il du "révolutionnaire" qui se voit obligé de dissimuler ses positions avec les manoeuvres mesquines d'un avocat !