Lettre au Secrétariat international, 26 janvier 1938

---

Ajouter une sous-page à ce texte

Lisez l’aide pour comprendre l’utilisation.

 

Une Caricature du défaitisme

Chers Camarades,

Dans ma lettre au camarade Van du 2 janvier 1938, j’avais admis la possibilité que, dans le compte rendu sténographique (The Case of Leon Trotsky), quelques expressions malheureuses se soient glissées, car je n’avais pas, à ce moment-là, le livre sous la main. Aucun homme qui pense de façon saine et honnête ne se mettra d’ailleurs à chercher une réponse aux problèmes fondamentaux de notre politique pendant la guerre dans une remarque orale succincte au milieu de débats qui durèrent une semaine. Je constate cependant avec satisfaction maintenant que ma réponse à Stolberg est transcrite dans le compte rendu avec suffisamment d'exactitude et qu’elle se trouve en plein accord avec nos thèses v programmatiques.

Je n’ai cependant pas besoin de revenir sur cette question. Le camarade W[alter] St[een] a écrit à ce sujet un article en allemand : « Zu den Aufgaben des Prolétariats im Kriege ». Je recommande le plus chaleureusement possible cet article à l’attention de tous les camarades. Comme il ne contient aucune polémique « interne », il peut et doit, à mon avis, être reproduit dans toutes nos publications.

L’excellent article du W[alter] St[een] montre une fois de plus que de nouveaux cadres marxistes très sérieux ont grandi chez nous. Cet article m’a personnellement complètement affranchi de la nécessité de polémiquer contre les récents écrits du camarade Vereecken où il n’y a rien d’autre que scolastique et casuistique.

Au sujet de l’article du camarade W[alter] St[een], je me permets de faire une seule remarque particulière. W[alter] St[een] fait une différence de principe tout à fait juste entre le « défaitisme révolutionnaire » à l'égard de son propre gouvernement impérialiste et des actes de sabotage militaire direct en faveur d’un autre pays (État ouvrier, pays colonial, etc.). Il ne serait guère juste cependant de compter au nombre d’actes de cette sorte la « désertion de masses ». La désertion de caractère révolutionnaire ne peut devenir « de masse » qu’à la condition que le parti révolutionnaire ait une influence énorme. Mais une telle situation de l’armée et du pays signifie déjà en elle-même l’approche ou le début de la révolution. Il ne serait guère admissible dans ces conditions de couper l’avant-garde révolutionnaire de l’armée de la masse de cette dernière au nom d’une aide militaire épisodique à un État ouvrier ou un pays opprimé. De la « désertion de masse », on peut dire dans ce cas la même chose que dans beaucoup d’autres, elle est soit impossible, soit superflue et nuisible.

J’espère que le texte allemand de l’article de W[alter] St[een] a été envoyé à toutes les sections et sera traduit dans les différentes langues.