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Lettre à Lu Märten, 24 mai 1930
Chère camarade Lu Mârten,
Je n'ai hélas pas pu répondre immédiatement à votre lettre pour des raisons qui ne méritent pas d'être mentionnées. Je possédais votre livre à Moscou et je me proposais de l'étudier attentivement dès que j'aurais à nouveau l'occasion de m'occuper de près des problèmes de l'art. Mais je l'ai reçu après avoir terminé mon livre Littérature et Révolution. Puis sont arrivés les temps les plus troublés et j'ai dû me consacrer à des problèmes tout autres, fort éloignés de l'esthétique et touchant à des questions hautement anti-esthétiques. J'ai emmené votre livre à Alma-Ata dans l'espoir, ou si l'on veut dans la crainte de devoir rester coupé pour un certain temps de toute activité politique et d'avoir ainsi le loisir d'aborder les questions qu'on appelle "éternelles".
Mais cela ne s'est pas confirmé. Une correspondance très active s'est établie entre moi-même et mes amis restés au pays ou en exil. Je raconte d'ailleurs tout cela dans mon autobiographie. J'étais occupé en permanence par des questions d'actualité, de sorte que je n'ai de nouveau pas trouvé le temps d'étudier votre livre. J'ai été contraint de le laisser sur place de même que l'ensemble de ma bibliothèque d'Alma-Ata, au reste pas très volumineuse. Mais je n'ai pas pour autant abandonné l'intention de lire votre livre ni l'espoir d'être en mesure de le faire. J'en aurai l'occasion, et ce sera avec joie, quand je travaillerai à la nouvelle édition de mon livre sur la littérature, et, j'en ai bien l'intention. Malgré mon parfait dilettantisme dans ce domaine, la question des formes artistiques m'a paru être l'une des plus intéressantes du point de vue de la conception matérialiste de l'histoire. Plekhanov s'est intéressé assez longtemps à cette question. Mais je ne sais pas si ses travaux à ce sujet ont été édités dans une langue qui vous soit accessible. Il a travaillé sur des matériaux nombreux et intéressants, mais sa synthèse demeure assez tâtonnante, inachevée et abstraite. En tout état de cause, il s'est consacré surtout à la nature primitive.
La préface de Thalheimer que vous évoquez ne m'est pas connue. Mais si ce que cet auteur produit dans le domaine de la théorie de l'art est du même ordre que dans celui de la théorie politique, je ne crois pas avoir à regretter de ne pas avoir lu cet ouvrage.