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S.L. Colère et Peur
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===Sur l'Émotion :===
 
===Sur l'Émotion :===
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====Généralité====
 
Utile ou nocive, l'intervention des fonctions neurovégétatives dans les émotions est reconnue de tous. Pour les uns, elles sont ce qui en alimente l'énergie; pour les autres, ce qui risque d'enrayer le développement des automatismes opportuns en s'y mêlant. par les uns et par les autres les émotions sont identifiées avec l'action sur le monde extérieur. Les réactions viscérales et toniques n'y joueraient qu'un rôle subsidiaire ou perturbateur.  C'est ce postulat commun que résulte la contradiction.
 
Utile ou nocive, l'intervention des fonctions neurovégétatives dans les émotions est reconnue de tous. Pour les uns, elles sont ce qui en alimente l'énergie; pour les autres, ce qui risque d'enrayer le développement des automatismes opportuns en s'y mêlant. par les uns et par les autres les émotions sont identifiées avec l'action sur le monde extérieur. Les réactions viscérales et toniques n'y joueraient qu'un rôle subsidiaire ou perturbateur.  C'est ce postulat commun que résulte la contradiction.
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*''La vie mentale'', Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, p. 209
 
*''La vie mentale'', Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, p. 209
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=== L'angoisse ===
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==== La colère ====
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=> '''Wallon, H (1982). La vie mentale (p. 209-210). Éditions sociales'''
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« La colère survient quand il y a excès de l'excitation sur les possibilités de liquidation. Les plaisirs que font éprouver les caresses [ou plutôt les sourires et les regards] se changent rapidement en irritation.
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Un chien trop longtemps choyé grogne et montre les dents.
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Un enfant que sa mère s'obstine à câliner, croyant l'apaiser, ne s'en débat que d'avantage, et, d'ailleurs, en se débattant, peut finir par se calmer.
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Chez certains idiots l'agitation motrice en s'exagérant déchaine des vociférations irritées.
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La colère les ayant soulagés, leurs mouvements redeviennent plus modérés et s'accompagnent de hennissement joyeux, mais, à mesure que la cadence s'en accélère, l'irritation renaît et ainsi de suite par périodes alternées.
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Chez l'enfant énervé par une journée de jeu, une crise de colère peut être la préface indispensable d'un bon sommeil.
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[Colère et activité]
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Érasme Darwin raconte qu'un de ses amis, après être monté à cheval, cherchait l'occasion de se mettre en colère pour se sentir plus dispos.
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Certains travaux où l'attente, la surveillance, la préparation, la prévision l'emportent sur les possibilités de réalisation effective semblent sécrété une irritabilité latente.
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Certaines personnes, qui prennent une sorte d'avance inquiète sur ce qu'elles sont en train de faire, qui ne s'abandonnent pas à l'action sans en exagérer la préparation ou retenir l'exécution, ou qui se sentent des velléités sans avoir les aptitudes qui permettent de les satisfaire, sont perpétuellement au seuil de la colère.
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[Colère et entourage]
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Mais ce sont les rapports avec l'entourage qui en sont l'occasion la plus fréquente.
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Ils peuvent à la fois faire naître l'excitation et faire obstacle aux réactions où elle pourrait se dépenser. ||-
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Tantôt c'est la personnalité de l'antagoniste qui, interdisant la réaction appropriée, détermine du ressentiment et son explosion sous des prétextes ou sous des formes plus ou moins détournés.
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Tantôt c'est l'acharnement de l'adversaire qui, multipliant les ordres, les questions, les reproches, sans laisser le loisir de répondre, font monter l'exaspération à son paroxysme.
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Tantôt la situation trop vaste ou trop difficile pour les possibilités actuelles du sujet qui ne laisse d'issue à son excitation que dans la révoltes ou la fureur. ||-
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[Épanchement et drame]
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La colère qui arrive à la résolution finit par s'épancher en mouvement.
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Assurément, ils sont à tendance agressive et cette agressivité peut même se tourner contre des choses inanimées et insensibles, par un retour à une sorte d'animisme puéril : des adultes brisent ce qui les entoure comme l'enfant châtie la chaise contre laquelle il s'est cogné.
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MAIS, l'agression s'accompagne de réactions qui peuvent en être le prélude et qui en stimulent la vigueur, à conditions toutefois de disparaître à temps et de s'éclipser devant le déclenchement des automatismes de lutte. Avec elles s'éliminent et les manifestations et la conscience de l'émotion proprement dite.
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Si elles persistent, au contraire, c'est l'émotion qui l'emporte sur l'automatisme.
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Aux simples invectives et provocations méprisantes s'ajoutent des attitudes d'attestation dramatique; l'exaltation croît et n'a plus pour exutoire que des vocifération et des gesticulations incohérentes, suivies par des raidissements, des spasmes et des sanglots. ||-
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[Colère blanche]
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Mais l'excitation de la colère peut généraliser la contracture et ne pas aboutir aux décharges motrices. Ce sont les colères blanches ou cyanotiques qui tendent à la syncope. Elles sont fréquentes chez l'enfant que chez l'adulte et sont souvent un signe de spasmophilie.
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Il arrive alors que le sujet tourne ses coups contre lui-même, se roule par terre, se cogne la tête sur le sol ou contre un mur, se frappe du point le visage, se mordre les mains.
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Par excitations sensitives, il semble réagir contre la menace d'immobilisation et de petit mort qu'est l'hypertonie, gagnant la musculature viscérale et respiratoire [souffle coupé ou saccadé], fait peser sur lui.
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C'est effectivement par d'énergiques révulsions périphériques que l'enfant peut être le plus rapidement arraché à sa pâmoison. Dans ces sortes de colère, le facteur angoisse l'emporte sur l'agressivité et sur la dramatisation. »
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==== L'angoisse ====
 
« <nowiki>[</nowiki>210 ><nowiki>]</nowiki> Comme la souffrance, l'angoisse est à l'opposé du plaisir. Un spasme, s'il se résout, est cause de plaisir, et s'il dure, de souffrance.
 
« <nowiki>[</nowiki>210 ><nowiki>]</nowiki> Comme la souffrance, l'angoisse est à l'opposé du plaisir. Un spasme, s'il se résout, est cause de plaisir, et s'il dure, de souffrance.
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* Wallon, H (1982). La vie mentale (p. 210-211). Éditions sociales.
 
* Wallon, H (1982). La vie mentale (p. 210-211). Éditions sociales.
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=== Peur et timidité ===
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==== La Peur ====
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=> '''Wallon, H (1982). La vie mentale (p. 211-213). Éditions sociales'''
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A_ [Angoisse et peur ]
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(211 >) L'angoisse et la peur ont été bien souvent rapprochées. Entre les deux, il y a des intermédiaires, mais aussi des contrastes.
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Orientée vers l'avenir, la peur devient appréhension et s'apparente à l'angoisse. Elle développe l'hypertonie. C'est la peur stimulante de Stanley Hall.
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La femme qui redoute son mari ou son amant, l'enfant qui craint ses parents peuvent, dit-il, éprouver un certain plaisir par goût des aventures et réminiscence des appréhensions continuelles où (112 >) vivait l'homme primitif. Le mécanisme paraît beaucoup plus simple.
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B_ [Angoisse <> Plaisir, attente, phobie et obsession]
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Tout attente s'accompagne d'un état de tension tonique qui donne lieu à l'angoisse, mais qui peut aussi se résoudre en spasmes de plaisir, en orgasme vénérien ou en simple excitation.
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Il y a bien des jeu où l'ensemble semble se faire un divertissement de sa peur : jeu d'éviter une tape donnée par plaisanterie, jeu de cache-cache, etc.
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Le plaisir est proportion de l'attente. ||-
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Une surprise qui n'est pas attendu ne peut être objet de jeu, dit très justement Gros. '''Il n'y a plaisir que si l'événement est conforme à l'attente.''' Pour éviter une déception, l'enfant exige habituellement de son partenaire qu'il agisse d'une façon strictement déterminée. C'est de cette nécessité essentielle que les règles des jeux enfantins tirent leur origine primaire.
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MAIS, c'est là précisément qu'il y a contraste entre l'anxiété et la peur proprement dite.
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L'attente de quelque chose entraine une attitude correspondante; cette attitude peut, d'ailleurs, devenir obsession ou phobie.
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C_ [La peur, imprévisibilité, choque]
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'''La peur, au contraire, résulte souvent de circonstances imprévues, qui mettent en déroute notre attente et nos attitudes.''' ||-
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La surprise peut sans doute, elle aussi, être stimulante, et déclencher des automatismes utiles, telle une fuite soudaine et rapide. MAIS, alors les manifestations et la conscience même de la peur s'abolissent.
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C1_ [Automatisme]
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C'est une observation souvent faite que la fuite laisse d'autant moins de souvenirs qu'elle a été d'exécution plus sûre et plus parfaite. Entre la course et les obstacles qu'elle doit franchir s'opère une sorte d'appropriation exacte et immédiate qui ne laisse pas de place au sentiment de peur. C'est seulement après qu'il nous arrive de frémir ou de trembler en évoquant l'image des dangers courus. Encore cette image est-elle souvent lacunaire et difficile à reconstituer.
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C2_ [Émotion, hypotonie]
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Quand c'est, au contraire, l'émotion qui l'emporte sur l'automatisme, les mouvements s'altèrent, mais ce n'est plus par hypertonie, comme dans la colère ou l'angoisse, c'est par hypotonie.
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Parfois le sujet s'effondre comme une loque (ictus émotif). Ou bien il se sent cloué sur place; ses jambes se dérobent sous lui; la force en est comme brisée. Ses mains ne peuvent retenir ni saisir.
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Le relâchement et le tremblement de ses muscles lui interdisent d'opposer à l'événement un geste, une attitude approprié.
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C3_ [Désarroi des fonctions posturales]
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La peur se traduit essentiellement par le désarroi des fonctions posturales. Elle est l'effet des situations auxquelles il est momentanément impossible de réagir par une attitude correspondante. La situation peut-être simplement ambigüe, et produire un simple coincement d'attitudes.
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Ainsi s'explique le fait très justement noté par W. Stern qu'une nouveauté totale n'effraie pas l'enfant, mais qu'un trait nouveau dans un objet familier lui cause parfois de l'épouvante : l'attitude habituelle, à la fois évoquée et refoulée, le laisse en plein déséquilibre.
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L'attitude commandée par les circonstances peut être aussi en opposition complèter avec les possibilités actuelles de la situation. La disproportion peut être telle, enfin, entre l'événement et l'une quelconque des attitudes dont le sujet pourrait (213 >) disposer, que son expérience usuelle le laisse absolument sans point d'appui.
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Si, dans tous les domaines de l'activité, la peur est lié à l'impuissance .
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'''la peur est lié à l'impuissance de prendre position et de retrouver son équilibre'''.
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c'est qu'en effet elle a primitivement pour cause le dérobement des points d'appui sans lesquels il nous est impossible de nous stabiliser dans l'espace, à l'aide d'attitudes appropriées.
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Les premières manifestement de la peur s'obtiennent chez le tout jeune enfant en le laissant momentanément sans soutien ou en faisant fléchir sous lui la surface qui le supporte (Wallon, Watson). L'adulte, lui aussi, pour jouer avec sa propre peur, n'a rien su imaginer de mieux que les montagnes russes et le toboggan, qui lui donnent l'impression d'être abandonné soudain par son point d'appui.
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La peur pathologique régresse facilement jusqu'à l'agoraphobie, peur de ne pouvoir maintenir son équilibre à moins d'avoir près de soi des objets où s'accrocher au besoin.»
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==== Peur et timidité ====
 
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