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== 1920 : Fondation de la SFIC ==
 
== 1920 : Fondation de la SFIC ==
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À la suite du congrès de Strasbourg, deux dirigeants [[centristes|centristes]], [[Ludovic-Oscar_Frossard|Ludovic-Oscar Frossard]] et [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]] sont envoyés durant l'été 1920 à Moscou, dont ils reviennent en ayant accepté (dans l'ensemble) les [[21_conditions]] d'entrée dans l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]].
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À la suite du congrès de Strasbourg, deux dirigeants [[Centristes|centristes]], [[Ludovic-Oscar_Frossard|Ludovic-Oscar Frossard]] et [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]] sont envoyés durant l'été 1920 à Moscou, dont ils reviennent en ayant accepté (dans l'ensemble) les [[21_conditions|21 conditions]] d'entrée dans l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]].
    
Au [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|congrès de Tours]] en décembre 1920, une large majorité approuve donc l'entrée dans l'IC, en votant la motion rédigée pour l'essentiel par [[Loriot|Loriot]], [[Monatte|Monatte]] et [[Souvarine|Souvarine]], mais acceptable pour les centristes. Le parti prend le nom de ''« Parti socialiste - Section française de l'Internationale communiste (SFIC) »'', devenant un peu plus tard le [[Parti_communiste_français|Parti communiste français]], le secrétariat général restant à Frossard.
 
Au [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|congrès de Tours]] en décembre 1920, une large majorité approuve donc l'entrée dans l'IC, en votant la motion rédigée pour l'essentiel par [[Loriot|Loriot]], [[Monatte|Monatte]] et [[Souvarine|Souvarine]], mais acceptable pour les centristes. Le parti prend le nom de ''« Parti socialiste - Section française de l'Internationale communiste (SFIC) »'', devenant un peu plus tard le [[Parti_communiste_français|Parti communiste français]], le secrétariat général restant à Frossard.
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La droite ([[Léon_Blum|Léon Blum]], [[Paul_Faure|Paul Faure]]) décide de maintenir la SFIO : ils sont minoritaires, mais gardent la majorité des élus, et pendant longtemps le crédit électoral. De son côté, la SFIC a pour elle le celèbre journal [[L'humanité|''L'humanité'']] fondé par [[Jaurès|Jaurès]], et a les militants les plus actifs ainsi qu'une meilleure implantation ouvrière.
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La droite ([[Léon_Blum|Léon Blum]], [[Paul_Faure|Paul Faure]]) décide de maintenir la SFIO : ils sont minoritaires, mais gardent la majorité des élus, et pendant longtemps le crédit électoral. De son côté, la SFIC a pour elle le celèbre journal [[L'humanité|''L'humanité'']] fondé par [[Jaurès|Jaurès]], et a les militants les plus actifs ainsi qu'une meilleure implantation ouvrière.
    
Un clivage similaire grossit dans la [[CGT|CGT]], avec une forte minorité partisane de l'adhésion à l'[[Internationale_Syndicale_Rouge|Internationale Syndicale Rouge]] et proche de la SFIC. La direction [[Réformiste|réformiste]] pousse les minoritaires à scissionner pour former la [[CGTU|CGTU]] en 1921.
 
Un clivage similaire grossit dans la [[CGT|CGT]], avec une forte minorité partisane de l'adhésion à l'[[Internationale_Syndicale_Rouge|Internationale Syndicale Rouge]] et proche de la SFIC. La direction [[Réformiste|réformiste]] pousse les minoritaires à scissionner pour former la [[CGTU|CGTU]] en 1921.
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La SFIC s'organise officiellement selon les principes du [[Centralisme_démocratique|centralisme démocratique]], et en particulier les élus doivent cesser d'être des [[carriéristes|carriéristes]] et sont dirigés par le parti. Mais la nouvelle direction est centriste. Une aile gauche pro-bolchévique s'organise, notamment autour de [[Boris_Souvarine|Boris Souvarine]], qui est élu au premier comité directeur de la SFIC.
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La SFIC s'organise officiellement selon les principes du [[Centralisme_démocratique|centralisme démocratique]], et en particulier les élus doivent cesser d'être des [[Carriéristes|carriéristes]] et sont dirigés par le parti. Mais la nouvelle direction est centriste. Une aile gauche pro-bolchévique s'organise, notamment autour de [[Boris_Souvarine|Boris Souvarine]], qui est élu au premier comité directeur de la SFIC.
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Souvarine fait partie, en 1921, des délégués français au 3<sup>e</sup> congrès de l'[[Internationale_communiste|IC]] ; il est élu à la fois au comité exécutif et au Praesidium qui compte alors 7 membres. Le 17 juillet 1921, il entre au secrétariat de l'IC. Aucun Français n'y exercera de fonctions aussi élevées. À cette époque, Souvarine vit principalement à Moscou, mais est également engagé dans la vie du parti français&nbsp;: il s'oppose au «&nbsp;centre&nbsp;», formé autour du Premier Secrétaire, Ludovic-Oscar Frossard et de Marcel Cachin. Il perd son siège au comité directeur au congrès de Marseille en décembre 1921, mais, après le départ (janvier 1923) de Frossard et de ses proches, qui regagnent la SFIO, le conseil national de Boulogne marque la victoire de l'aile gauche pro-bolchévique&nbsp;; Souvarine revient au comité directeur, puis entre au bureau politique.
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Souvarine fait partie, en 1921, des délégués français au 3<sup>e</sup> congrès de l'[[Internationale_communiste|IC]]&nbsp;; il est élu à la fois au comité exécutif et au Praesidium qui compte alors 7 membres. Le 17 juillet 1921, il entre au secrétariat de l'IC. Aucun Français n'y exercera de fonctions aussi élevées. À cette époque, Souvarine vit principalement à Moscou, mais est également engagé dans la vie du parti français&nbsp;: il s'oppose au «&nbsp;centre&nbsp;», formé autour du Premier Secrétaire, [[Ludovic-Oscar_Frossard|Ludovic-Oscar Frossard]] et de [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]]. Il perd son siège au comité directeur au congrès de Marseille en décembre 1921, mais, après le départ (janvier 1923) de Frossard et de ses proches, qui regagnent la SFIO, le conseil national de Boulogne marque la victoire de l'aile gauche pro-bolchévique&nbsp;; Souvarine revient au comité directeur, puis entre au bureau politique.
    
== Années 1920 ==
 
== Années 1920 ==
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=== L'épisode anti-impérialiste ===
 
=== L'épisode anti-impérialiste ===
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Le combat [[Anti-militarisme|anti-militariste]] et [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] est alors très présent. Un groupe autour de Nguyen-Ai-Quac (le futur [[Ho_Chi_Minh|<span class="new">Ho Chi Minh</span>]]) fut très impliqué dans l’organisation des travailleurs d’origine coloniale vivant en France – l’[[Union_intercoloniale|Union intercoloniale]]<ref>[http://www.contretemps.eu/interventions/politiques-antimilitaristes-anticoloniales-internationale-communiste-1919-1926 Politiques antimilitaristes et anticoloniales de l’Internationale communiste (1919-1926)], Ian Birchall, 2012</ref>. A partir d’avril 1922, une publication spécifique fut lancée&nbsp;: ''[[Le_Paria|Le Paria]]<ref>[http://www.contretemps.eu/interventions/paria-parti-communiste-fran%C3%A7ais-travailleurs-immigr%C3%A9s-lanti-imp%C3%A9rialisme-1920-24 </ref>.''&nbsp;En mai 1924, la SFIC présenta [[Hadjali_Abdelkader|Hadjali Abdelkader]] comme candidat aux élections parlementaires pour le deuxième secteur de Paris (il était un des rares maghrébins qui avait la citoyenneté française). Parmi ceux qui assistèrent à une de ses réunions électorales, un jeune ouvrier de chez Renault&nbsp;: [[Messali_Hadj|Messali Hadj]]. Hadjali fit une très forte impression sur lui, et leur amitié se noua à cette occasion. L’année suivante Messali devint membre du parti communiste. En 1926, Messali et Hadjali fondèrent l’Étoile Nord-Africaine, le premier grand mouvement pour l’indépendance de l’Algérie. Des manifestations contre la [[Guerre_du_Rif|guerre du Rif]] seront organisées par le parti en 1925... Les deux grandes guerres de libération nationale qui ont secoué la France après 1945 – l’Indochine et l’Algérie – ont eu leurs origines dans les milieux communistes à Paris dans les années 1920.
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Le combat [[Anti-militarisme|anti-militariste]] et [[Anti-impérialisme|anti-impérialiste]] est alors très présent. Un groupe autour de Nguyễn Ái Quốc (le futur [[Ho_Chi_Minh|<span class="new">Ho Chi Minh</span>]]) fut très impliqué dans l’organisation des travailleurs d’origine coloniale vivant en France – l’[[Union_intercoloniale|Union intercoloniale]]<ref>[http://www.contretemps.eu/interventions/politiques-antimilitaristes-anticoloniales-internationale-communiste-1919-1926 Politiques antimilitaristes et anticoloniales de l’Internationale communiste (1919-1926)], Ian Birchall, 2012</ref>. A partir d’avril 1922, une publication spécifique fut lancée&nbsp;: ''[[Le_Paria|Le Paria]]<ref>Ian Birchall, ''[http://www.contretemps.eu/le-paria-le-parti-communiste-francais-les-travailleurs-immigres-et-lanti-imperialisme-1920-24/ « Le Paria ». Le Parti communiste français, les travailleurs immigrés, et l’anti-impérialisme (1920-24)]'', Revue Contretemps, 2011</ref>.''&nbsp;En mai 1924, la SFIC présenta [[Hadjali_Abdelkader|Hadjali Abdelkader]] comme candidat aux élections parlementaires pour le deuxième secteur de Paris (il était un des rares maghrébins qui avait la citoyenneté française). Parmi ceux qui assistèrent à une de ses réunions électorales, un jeune ouvrier de chez Renault&nbsp;: [[Messali_Hadj|Messali Hadj]]. Hadjali fit une très forte impression sur lui, et leur amitié se noua à cette occasion. L’année suivante Messali devint membre du parti communiste. En 1926, Messali et Hadjali fondèrent l’Étoile Nord-Africaine, le premier grand mouvement pour l’indépendance de l’Algérie. Des manifestations contre la [[Guerre_du_Rif|guerre du Rif]] seront organisées par le parti en 1925... Les deux grandes guerres de libération nationale qui ont secoué la France après 1945 – l’Indochine et l’Algérie – ont eu leurs origines dans les milieux communistes à Paris dans les années 1920.
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Le parti est encore malgré tout très imprégné des préjugés [[Social-chauvins|social-chauvins]]. C'est une minorité qui est motrice sur ces sujets, mais elle a l'appui de l'[[Internationale_communiste|Internationale]]. Surtout en Afrique du nord, le mouvement communiste était organisé par des Français qui vivaient sur place et le nombre des membres autochtones était peu important. Le 24 septembre 1922, un rapport fut adopté à l’unanimité par le 2<sup>e</sup> Congrès Interfédéral Communiste de l’Afrique du Nord, et disait que «&nbsp;ce qui caractérise la masse indigène, c’est son ignorance. C’est, avant tout, le principal obstacle à son émancipation&nbsp;».&nbsp;Envisager ainsi, «&nbsp;l’émancipation des populations indigènes d’Algérie ne pourra être que la conséquence de la Révolution en France&nbsp;». «&nbsp;La propagande communiste directe auprès des indigènes algériens [...] est ''actuellement'' inutile et dangereuse.&nbsp;»<ref>Bulletin communiste du 7 et 14 décembre 1922</ref>
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Le parti est encore malgré tout très imprégné des préjugés [[Social-chauvins|social-chauvins]], y compris ses dirigeants comme [[Ludovic-Oscar_Frossard|Frossart]] et [[Marcel_Cachin|Cachin]].<ref>Selim Nadi, [http://www.contretemps.eu/anticolonialisme-pcf/ ''Sur l’anticolonialisme et les communistes français (1919-1939)''], Revue Contretemps, 2016</ref> Une déclaration du [[Bulletin_Communiste|''Bulletin Communiste'']] du 14 février 1922 affirme que les peuples colonisés ne pourront pas s'émanciper par eux-mêmes car ils n'ont pas de ''«&nbsp;passé révolutionnaire&nbsp;»'' et annonce la création d'un Comité d'études coloniales (CEC). La section de Sidi Bel Abbès (une des plus importantes en Algérie) provoqua des remous en écrivant une lettre à la direction du parti déclarant son désaccord total avec la ligne de Moscou et affirmant que si les indigènes se révoltaient l'Algérie sombrerait dans un régime féodal. Une attitude que [[Trotsky|Trotsky]] qualifia de « point de vue purement esclavagiste »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/12/lt19221202.htm Résolution sur la question française]'', décembre 1922</ref>. Même la mobilisation du parti contre la guerre du Rif n'associe pas réellement les travailleurs tunisiens.
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C'est une minorité qui est motrice sur ces sujets, mais elle a l'appui de l'[[Internationale_communiste|Internationale]]. En Afrique du nord, le mouvement communiste était organisé par des Français qui vivaient sur place et le nombre des membres autochtones était peu important. Le 24 septembre 1922, un rapport fut adopté à l’unanimité par le 2<sup>e</sup> Congrès Interfédéral Communiste de l’Afrique du Nord, et disait que ''«&nbsp;ce qui caractérise la masse indigène, c’est son ignorance. C’est, avant tout, le principal obstacle à son émancipation&nbsp;»''.&nbsp;Envisagée ainsi, ''«&nbsp;l’émancipation des populations indigènes d’Algérie ne pourra être que la conséquence de la Révolution en France&nbsp;»''. «&nbsp;La propagande communiste directe auprès des indigènes algériens [...] est ''actuellement'' inutile et dangereuse.&nbsp;»<ref>Bulletin communiste du 7 et 14 décembre 1922</ref> Le parti a par ailleurs une grande faiblesse théorique sur la question de l'impérialisme, et par exemple connaît à peine les élaborations de Lénine.
    
Heureusement, il y avait en Afrique du nord d’authentiques internationalistes, en particulier [[Robert_Louzon|Robert Louzon]], secrétaire de la Fédération communiste tunisienne, laquelle lança en 1921 le premier quotidien communiste en langue arabe. Au bout de huit jours, le journal fut interdit. Pendant une dizaine de jours, de nouveaux quotidiens en arabe furent lancés, chaque jour sous un titre différent&nbsp;; tous furent interdits immédiatement. Dans un article intitulé ''Une Honte''<ref>http://www.contretemps.eu/lectures/gauche-fran%C3%A7aise-colonialisme-%C2%AB-honte-%C2%BB-robert-louzon</ref>, Louzon condamna la résolution. Il insistait sur le fait qu’''«&nbsp;il n’y a pas d’équivalence entre le nationalisme d’un peuple oppresseur dont le nationalisme consiste à opprimer un autre peuple, et le nationalisme d’un peuple opprimé dont le nationalisme ne tend qu’à se débarrasser du peuple oppresseur&nbsp;»''. Il ajoute que le communiste européen ''«&nbsp;ne doit pas se croire supérieur à l’indigène parce qu’il porte un chapeau au lieu d’un fez&nbsp;»''.
 
Heureusement, il y avait en Afrique du nord d’authentiques internationalistes, en particulier [[Robert_Louzon|Robert Louzon]], secrétaire de la Fédération communiste tunisienne, laquelle lança en 1921 le premier quotidien communiste en langue arabe. Au bout de huit jours, le journal fut interdit. Pendant une dizaine de jours, de nouveaux quotidiens en arabe furent lancés, chaque jour sous un titre différent&nbsp;; tous furent interdits immédiatement. Dans un article intitulé ''Une Honte''<ref>http://www.contretemps.eu/lectures/gauche-fran%C3%A7aise-colonialisme-%C2%AB-honte-%C2%BB-robert-louzon</ref>, Louzon condamna la résolution. Il insistait sur le fait qu’''«&nbsp;il n’y a pas d’équivalence entre le nationalisme d’un peuple oppresseur dont le nationalisme consiste à opprimer un autre peuple, et le nationalisme d’un peuple opprimé dont le nationalisme ne tend qu’à se débarrasser du peuple oppresseur&nbsp;»''. Il ajoute que le communiste européen ''«&nbsp;ne doit pas se croire supérieur à l’indigène parce qu’il porte un chapeau au lieu d’un fez&nbsp;»''.
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Le CEC fut restructuré au milieu des années 1920 en Comité colonial, qui sera principalement animé par des jeunes communistes et par des de «&nbsp;spécialistes&nbsp;». comme [[Nguyễn_Ái_Quốc|Nguyễn Ái Quốc]].
    
=== Stalinisation et sectarisme ===
 
=== Stalinisation et sectarisme ===
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Mais malheureusement, très vite le parti est marqué par la stalinisation. En 1923 éclatent entre les dirigeants bolcheviques les conflits qui couvent depuis le début de la maladie de Lénine. Souvarine, qui prend le parti de l’esprit critique face à la direction, et relaie donc parfois les points de vue de [[Léon_Trotski|Léon Trotski]], s'oppose en France à [[Albert_Treint|Albert Treint]] qui a les faveurs de [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] et de la direction de l'Internationale.<ref name="Allavena">David Allavena, [http://wikirouge.net/ebooks/Trotskisme/Le%20P.C.F.%20et%20Trotsky%20-%20David%20Allavena.epub ''Le PCF et Trotsky''], 1993</ref>
 
Mais malheureusement, très vite le parti est marqué par la stalinisation. En 1923 éclatent entre les dirigeants bolcheviques les conflits qui couvent depuis le début de la maladie de Lénine. Souvarine, qui prend le parti de l’esprit critique face à la direction, et relaie donc parfois les points de vue de [[Léon_Trotski|Léon Trotski]], s'oppose en France à [[Albert_Treint|Albert Treint]] qui a les faveurs de [[Grigori_Zinoviev|Grigori Zinoviev]] et de la direction de l'Internationale.<ref name="Allavena">David Allavena, [http://wikirouge.net/ebooks/Trotskisme/Le%20P.C.F.%20et%20Trotsky%20-%20David%20Allavena.epub ''Le PCF et Trotsky''], 1993</ref>
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En janvier 1924, au congrès de Lyon, Souvarine sort vainqueur de la confrontation, mais Treint, avec l'appui de [[Dmitri_Manouïlski|Dmitri Manouïlski]] et de tous les envoyés de l'IC, fait basculer le Comité directeur courant mars. Dans un texte de mars 1924, Souvarine dénonce le ''«&nbsp;centralisme mécanique, bureaucratique, et irresponsable&nbsp;»'' au sein de la SFIC. La publication par Souvarine d'un texte de Trotski, [[Cours_nouveau|''Cours nouveau'']], dans une brochure financée par souscriptions (notamment du jeune [[Maurice_Thorez|Maurice Thorez]]), sert de prétexte à son éviction de l'IC et donc de la SFIC, annoncée par ''[[L'Humanité|L'Humanité]]'' le 19 juillet 1924. Son exclusion est une conséquence de son opposition à la ''«&nbsp;[[Bolchevisation|bolchevisation]]&nbsp;»'' de la SFIC (en fait «&nbsp;stalinisation&nbsp;»). Les exclusions de [[Pierre_Monatte|Pierre Monatte]] et [[Alfred_Rosmer|Alfred Rosmer]] suivent.
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En janvier 1924, au congrès de Lyon, Souvarine sort vainqueur de la confrontation, mais Treint, avec l'appui de [[Dmitri_Manouïlski|Dmitri Manouïlski]] et de tous les envoyés de l'IC, fait basculer le Comité directeur courant mars. Dans un texte de mars 1924, Souvarine dénonce le ''«&nbsp;centralisme mécanique, bureaucratique, et irresponsable&nbsp;»'' au sein de la SFIC. La publication par Souvarine d'un texte de Trotski, [[Cours_nouveau|''Cours nouveau'']], dans une brochure financée par souscriptions (notamment du jeune [[Maurice_Thorez|Maurice Thorez]]), sert de prétexte à son éviction de l'IC et donc de la SFIC, annoncée par ''[[L'Humanité|L'Humanité]]'' le 19 juillet 1924. Son exclusion est une conséquence de son opposition à la ''«&nbsp;[[Bolchevisation|bolchevisation]]&nbsp;»'' de la SFIC (en fait «&nbsp;stalinisation&nbsp;»). Les exclusions de [[Pierre_Monatte|Pierre Monatte]] et [[Alfred_Rosmer|Alfred Rosmer]] suivent. C'est aussi à ce moment qu'un anti-impérialiste comme [[Robert_Louzon|Louzon]] quitte le parti.
    
Après avoir dirigé ces exclusions,&nbsp;[[Albert_Treint|Albert Treint]] sera exclu à son tour en 1928 après avoir dénoncé la politique de Staline comme contre-révolutionnaire.
 
Après avoir dirigé ces exclusions,&nbsp;[[Albert_Treint|Albert Treint]] sera exclu à son tour en 1928 après avoir dénoncé la politique de Staline comme contre-révolutionnaire.
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Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, et les [[6_février_1934|manifestations d'extrême droite de 1934]] en France, la clique stalinienne se sent militairement menacée. Elle va alors opérer un revirement stratégique total, passant du sectarisme à l'opportunisme, afin de se concilier la bourgeoisie démocrate. En France, le PC va prôner l'unité contre le [[Fascisme|fascisme]], ce qui répond dans un premier temps à une forte aspiration des travailleurs. Le 12 février 1934, les cortèges SFIO et SFIC fusionnent dans l’enthousiasme au cri de "Unité, Unité&nbsp;!" et les grèves et manifestations se multiplient dès lors. Mais ce ne sera pas un&nbsp;[[Front_unique|front unique]]. Non seulement le PC va remettre à plus tard sa visée révolutionnaire, mais il va jusqu'à brouiller les lignes de [[Classe_sociale|classe]] en cherchant l'alliance des communistes jusqu'au [[Parti_radical|Parti radical]], qui est un parti bourgeois.
 
Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, et les [[6_février_1934|manifestations d'extrême droite de 1934]] en France, la clique stalinienne se sent militairement menacée. Elle va alors opérer un revirement stratégique total, passant du sectarisme à l'opportunisme, afin de se concilier la bourgeoisie démocrate. En France, le PC va prôner l'unité contre le [[Fascisme|fascisme]], ce qui répond dans un premier temps à une forte aspiration des travailleurs. Le 12 février 1934, les cortèges SFIO et SFIC fusionnent dans l’enthousiasme au cri de "Unité, Unité&nbsp;!" et les grèves et manifestations se multiplient dès lors. Mais ce ne sera pas un&nbsp;[[Front_unique|front unique]]. Non seulement le PC va remettre à plus tard sa visée révolutionnaire, mais il va jusqu'à brouiller les lignes de [[Classe_sociale|classe]] en cherchant l'alliance des communistes jusqu'au [[Parti_radical|Parti radical]], qui est un parti bourgeois.
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En mai 1935 fut signé le pacte d’assistance mutuelle franco-soviétique entre Staline et Laval, Ministre des Affaires Etrangères. A cette occasion, Staline déclara qu’il approuvait la politique de défense nationale menée par le gouvernement [[Réactionnaire|réactionnaire]] de Flandin. Le PC cesse alors de critiquer l'impérialisme français. Afin de "défendre l’URSS", le PC se fait [[Nationaliste|nationaliste]], ses élus portent l’écharpe tricolore, ses militants se mettent à chanter [[La_Marseillaise|''la Marseillaise'']]...
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En mai 1935 fut signé le pacte d’assistance mutuelle franco-soviétique entre Staline et Laval, Ministre des Affaires Etrangères. A cette occasion, Staline déclara qu’il approuvait la politique de défense nationale menée par le gouvernement [[Réactionnaire|réactionnaire]] de Flandin. Le PC cesse alors de critiquer l'impérialisme français. Afin de "défendre l’URSS", le PC se fait [[Nationaliste|nationaliste]], ses élus portent l’écharpe tricolore, ses militants se mettent à chanter [[La_Marseillaise|''la Marseillaise'']], et à défiler avec des drapeaux tricolores le 14 juillet... Le PCF se met à parler souvent de «&nbsp;peuple français », alors que jusque là on employait surtout ce terme pour parler des peuples opprimés. Avec la menace [[fasciste|fasciste]], l’anticolonialisme fut abandonné car il était perçu comme une possibilité d’affaiblir la France. Le parti connaît alors une vague d'adhésions sur cette base. Il n'y a plus que de rares figures comme [[André_Morel|André Morel]] qui défendent l’idée que les communistes devaient s’allier aux mouvements nationalistes des colonies afin de lutter à la fois contre le fascisme et le colonialisme.
    
=== Front populaire ===
 
=== Front populaire ===

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